Mattot/Massei

Le cours

Face A

Face B

Texte

/ Cette année la Parashah est double : Matot-Massei les deux dernières Parashiot du livre. Nous allons commencer par le début de la Parashah Matot.

Avant d’aborder le thème de la guerre contre les Midianites, je parlerai du début de la Parashah où il y a un enseignement important par rapport à l’état actuel de la sociologie des communautés juives.

Nous avons-là une Mitsvah qui concerne la disposition prise par la Torah concernant les voeux. Que ce soit un Néder ou une Nédarah. Il y a 2 catégories différentes : Néder – Néderah

Néder => faire un voeu de privation : c’est-à-dire s’engager à une sorte d’abstention.

Je sais qu’il y a en français une dimension positive dans le fait de s’engager à quelque chose.

De façon générale, il y a eu dans les sociétés de l’antiquité, des confréries dont descendent d’ailleurs probablement énormément de sectes de l’époque du 2nd Temple ; et probablement l’une d’entre elles, qui a fini par devenir le christianisme, procéde d’une de ces confréries mystiques.

Je dis cela un peu par association d’idée, car cela était beaucoup plus vaste à l’origine que la secte des Nazaréens qui a donné les Chrétiens. (Il y a tout un problème historique : s’agissait-il vraiment du terme de Nazareth puisqu’il y a 2 Beth Le’hem…etc. ) C’est ce qu’on appellait le naziréat en traduisant le terme hébreu de Nazir qui est devenue en hébreu moderne le terme employé pour désigner un moine ou une moniale.

D’une façon générale, la Torah n’aime pas du tout cette conduite qui consiste à faire un voeu.

Car cela consiste à s’engager sur une obligation que l’on se donne et que la Torah n’a pas prévu.

Or, personne ne peut garantir à l’avance qu’elle aura la force d’accomplir le voeur qui aura été formulé.

Premier principe : La Torah  n’aime pas du tout cette conduite des voeux. La Torah la tolère si c’est nécessaire pour aider la volonté à accomplir les devoirs que la Torah demande.

Les voeux sont ainsi considérés comme une sorte d’auxiliaire à la volonté, pour renforcer une volonté qui n’arriverait pas à s’exercer comme elle le voudrait, parce qu’il y a une différence entre le désir et la volonté, entre la volition et le vouloir, et il faut aider la volonté à réaliser ce que la vie intérieure profonde, ce que l’âme profonde voudrait, mais n’arriverait pas à décider de vouloir.

A la limite c’est tolérer comme une sorte de béquille de la volonté, comme une sorte d’aide à la bonne volonté mais la conduite de voeu ainsi défini n’est pas bien vu.

Dès que quelqu’un qui a formulé un voeu l’a accompli, il est appelé Tsadik. Non seulement il est appellé Tsadik, mais de plus on considère que c’est « Pélé » – La Torah dit : Adam ki afli lindor neder. Pelé, c’est une chose extraordinaire ,  miraculeux- c’est une performance.

Mais tant qu’il n’a pas accompli le voeu auquel il s’est engagé, il est appellé Rashâ. Rashâ d’une culpabilité pour laquelle il n’y a pas encore eu de faute, mais d’une culpabilité qui consiste à ne pas encore avoir réaliser un devoir à l’obligation duquel on s’est volontairement soumis. C’est le sens très précis du mot hébreu ‘Hayav : en hébreu « soumis à l’obligation » et donc couplable bien qu’il n’y ait pas encore de faute, coupable de na pas avoir réaliser l’obligation.

Je mets cela en évidence car c’est une catégorie qui n’existe pas en français car c’est le même terme qui signifie « soumis à obligation » et « coupable => Hayav. Alors qu’en français ce sont 2 catégories totalement différentes : être soumis à obligation, c’est avoir un devoir à accomplir. Et le fait de s’ajouter une devoir supplémentaire au devoir que la Torah a prévu, c’est cela ce voeu que la Torah n’aime pas.

En particulier, le Talmud établit cela sur un point qu’il me semble important à reformuler. Je paraphrase un peu à la manière du Midrash cette citation du Talmud : « au jugement dernier, on demandera compte des plaisirs permis que l’on s’est interdit ». C’est une donnée talmudique extrêmement importante. C’est complétement différent de ce qu’on pourrait considéré comme un puritanisme naturel qui irait de soit, alors que pour la Torah cela ne va pas de soi. C’est tout le contraire pour la Torah.

Nous avons un grand principe qui va éclairer tout ce que je viens de citer :

Dès qu’une conscience est soumise à obligation ou devoir, il y a une réaction – Méridah – une révolte de la nature humaine. Il y a une donnée naturelle de révolte contre les devoirs que l’on a.

Le Yetser hara est contre. Le Yetser Tov perçoit l’évidence de l’obligation et par définition puisqu’il y a obligation le Yetser Hara est contre. Il est donc prévu de recevoir (de l’aide) par grâce surhumaine qui s’appelle  Siyatah dishmayah – ezrat Hashem pour les Mitsvot que la Torah nous impose. C’est-à-dire que nous avons une aide contre cette révolte du Yetser Hara pour les Mitsvot de la Torah. C’est la raison pour laquelle la tradition n’aime pas les voeux car on cela revient à s’imposer une obligation par rapport à laquelle on n’a pas d’aide.

Il y a là une ruse de la morale de type gréco-romaine occidentale, il faut savoir que la force du Yetser est surhumaine.

En morale littéraire occidentale on feint de minimiser la force de ce que nous appelons en hébreu le Yetser. C’est plus que l’instinct, c’est la charge affective de l’instinct.

La Guemara dit : « le Yetser est de feu ».

Il y a des formules de ce genre qui sont rappellées à Rosh HaShanah et Kipour lorsque l’on plaide pour les faiblesses que l’on a eu vis-à-vis du Yetser, de l’instinct,  alors on rappelle que le Yester est de feu alors que nous ne sommes que ‘Bassar VaDam’ de chair et de sang. Enfin de cendres prématurées.

Il me revient à l’esprit une des plaidoiries de ce Moussar de Roshashanah et Kipour.

« Ha neshamah lekha vehagouf lekha oussa alpaourah… »

« La Neshamah est à toi et le corps est ton oeuvre, ait pitié de ton oeuvre. »

On plaide vraiment car on sait que le Yetser c’est sérieux !

Je vous ai cité un enseignement de mon maître Jacob Gordin qui disait « la définition de l’athée moderne ce n’est pas quelqu’un qui ne croit pas en Dieu puisque que par définition il ne sait pas de quoi il parle, puisqu’il n’y croit pas. »

Nous avons toute un enseignement dans une Sougiah du Talmud à ce sujet dans Perek ‘Helek 11ème  chapitre de la Massekhet Sanhédrin sur le sujet de l’Apikoros. C’est quelqu’un qui est censé être défini comme étant athée. La première proposition de définition c’est « quelqu’un qui ne reconnait pas la souverainté de Dieu». 

Déjà au temps du Talmud et on descend de degré : c’est quelqu’un qui n’a pas le respect des rabbins car Dieu se trouve lointain. Il ne respecte pas ceux qui savent parler de Dieu.

(La seule question qui reste c’est : qu’est-ce qu’un rabbin ? Sinon on serait plein d’Apikorsim.)

Jacob Gordin disait : « un athée moderne c’est quelqu’un qui ne croit pas en l’existence du mal. Il feint de ne pas admettre que le mal c’est le mal ».

Une dimension de cette ruse de la conscience moderne, c’est de feindre que la volonté humaine peut être plus forte que la force de l’instinct. Il y a là une illusion.

Le Talmud explique que la force de l’instinct c’est la force de l’espèce toute entière qui travaille à travers l’individu. Par exemple l’instinct sexuel. Sa force est colossale car c’est la force de l’espèce (Min – une espèce), alors que l’individu n’est qu’un individu.

Donc, étant donné la force considérable du Yetser, la Torah n’aime pas que l’on s’ajoute des obligations que Dieu n’a pas prévu et par conséquent par rapport auxquelles nous n’avons pas la Hashga’hah correspondante. Un voeu c’est donc très périlleux.

C’est pourquoi le verset dit : Adam ki afli tidor neder.  Lorsqu’un homme a ce courage de performance extraordinaire de faire un voeu…

Maintenant, si un voeu a été fait, impérativement il doit être accompli. Et par conséquent, la Torah doit prévoir le cas de voeu fait imprudement. Il y a des situations de la vie où l’on est pris d’un enthousiasme héroïque et où l’on fait un voeu, tout en sachant d’autre part que cela n’est pas facile. Alors la Torah prévoit les cas d’annulation d’un voeu, dans les cas où le voeu aurait été fait imprudemment.

Nous avons là un enseignement particulier de la Torah : qui est compétent pour délier ou annuler un voeur ?

Si vous étudier la question vous verrez qu’il y a deux niveaux :

”Meaper neder” ou «  meafer neder »  soit délier le voeu, soit l’annuler.

Nous allons étudier comment la Torah introduit cette Mitsvah.

30:2

וַיְדַבֵּר מֹשֶׁה אֶל-רָאשֵׁי הַמַּטּוֹת

Vaydaber Mosheh el rashei matot

Et Moïse parla aux chefs des tribus…

En hébreu, ‘tribu’ c’est classiquement ‘Shevet’ mais même le terme ‘Shevet’ a aussi le sens de ‘maté’ parfois. « Maté » cela veut dire un bâton, le bâton de commandement. Dans les sociétés traditionnelles les rois, les chefs de tribus avaient un bâton de commandement.

On apprend que cette Mitsvah va être formulée d’abord à l’intention des chefs de tribus. Mais on le sait d’autre part pour toutes les Mitsvot.

Le schéma de l’enseignement de Moïse à tout Israël est le suivant :

Lorsque Moïse reçoit un commandement, il l’enseigne d’abord à Aharon.

Certains commandements sont reçus d’abord par Aharon et d’abord Aharon l’enseigne à Moïse.

Après l’avoir enseigné à Aharon, Moïse  convoque les fils d’Aharon. Aaron étant présent, ce n’est pas le même niveau de retransmission. Cela veut dire que Moïse formule l’enseignement pour Aharon qui est à un certain niveau et il le reformule pour les fils de Aharon et Aharon assiste à la manière dont il formule pour ses fils après l’avoir entendu à la manière dont Moïse l’a formulé pour lui-même.

Après il convoque les chefs des tribus et leur enseigne au niveau où ils sont. Aharon entend l’enseignement une 3ème fois et les fils d’Aharon l’entendent une 2nde fois. Ils savent de là comment enseigner à un niveau inférieur au leur.

Aujourd’hui cette pédagogie a malheureusement disparu. La hiérarchie des connaissances. Du point de vue de la situation de connaissance et du point de vue de la vie spirituelle d’une façon générale personne n’est au même degré. L’étude que nous faisons maintenant n’est pas du tout traditionnelle.  

Le maitre enseigne traditionnelement à un élève, voire deux, qui vont vérifier les connaissances entre eux… Parce qu‘il y a une manière de formuler qui est propre pour chaque conscience. Le fait d’avoir une formulation objective, collective, devient une formulation impersonnelle.

En réalité, l’expérience montre que chacun écoute ce qu’il écoute : par conséquent c’est la même chose qui est dite mais chacun écoute quelque chose de différent.

C’est très difficile dès que l’on aborde les données spirituelles de formuler de la même manière pour chacun. Non seulement, il y a le risque d’incompréhension pour un autre  mais c’est beaucoup plus grave que cela : ce qui doit être dit à l’un est interdit de dire à l’autre parque c’est contradictoire pour l’autre : ce qui est positif pour l’un risque d’être négatif pour un autre. Donc chacun a son chemin dans la connaissance.

L’enseignement de type universitaire est absolument artificiel et non traditionnel.

Tout le monde sait que l’université c’est une Mafia où les universitaires cherchent à repérer de futurs universitaires qui perpétueront l’université…

Après il convocait l’ensemble du peuple pour leur enseigner et les chefs écoutaient comment on enseigne au peuple.

Traditionnellement dans les communautés traditionnelles, et nous avons gardés comme exemple priviliégié le Gaon de Vilna qui à Vilna enseignait la Parashat Hashavouah, le Min’hah de Shabat,  aux cochers de fiacres. Alors qu’aujourd’hui vous savez à quel point ce serait déchoir pour un grand que d’enseigner aux petits. Or, au point que lorsque le Gaon de Vilna est mort aucun rabbin de Vilna n’a osé prendre le nom de Vilna. On retrouve la même chose chez les ‘Hassidim. A la mort du maitre il n’y pas de successeurs qui ose prendre le titre.

Je reviens au sujet.

On savait d’autres parts que les Mitsvot étaient aussi transmises à un certain niveau aux chefs des tribus. On va se demander pourquoi pour celle-ci la Torah le précise et le rappelle.

30 :2

וַיְדַבֵּר מֹשֶׁה אֶל-רָאשֵׁי הַמַּטּוֹת, לִבְנֵי יִשְׂרָאֵל לֵאמֹר:  זֶה הַדָּבָר, אֲשֶׁר צִוָּה יְהוָה

Moïse parla aux chefs des tribus des enfants d’Israël, en ces termes: “Voici ce qu’a ordonné l’Éternel

אִישׁ כִּי-יִדֹּר נֶדֶר לַיהוָה, אוֹ-הִשָּׁבַע שְׁבֻעָה לֶאְסֹר אִסָּר עַל-נַפְשׁוֹ–לֹא יַחֵל, דְּבָרוֹ:  כְּכָל-הַיֹּצֵא מִפִּיו, יַעֲשֶׂה

לִבְנֵי יִשְׂרָאֵל לֵאמֹר

LeBnei Israel lémor

Pour-au sujet les enfants d’Israël en disant

זֶה הַדָּבָר, אֲשֶׁר צִוָּה יְהוָה

Zé hadavar

Voici la chose

Asher tsivah HM

Que Dieu a ordonné

אִישׁ כִּי-יִדֹּר נֶדֶר לַיהוָה,

Ish ki irdor neder lashem

Lorsqu’un homme formulera un voeu pour Dieu

אוֹ-הִשָּׁבַע שְׁבֻעָה

O-hishavaï shevoua

Ou bien prêtera serment

לֶאְסֹר אִסָּר עַל-נַפְשׁוֹ–לֹא יַחֵל, דְּבָרוֹ:  כְּכָל-הַיֹּצֵא מִפִּיו, יַעֲשֶׂה

lesor isar al-nafsho

lo yachel dvaro

kekhol-hayotse mipiv yaasseh.

Pour s’interdire une interdiction sur sa personne,

 il ne doit pas transgresser sa parole.

Comme tout ce qui est sorti de sa bouche, il fera.

C’est un Klal très important pour la Torah : ce qui est dit est irréversible.

On connait le cas du point de vue de la morale pratique dans la vie traditionnelle juive : l’attention à ne jamais faire de voeu : en cas de promesse on dit tout de suite Bli Néder !

Les plus érudits disent « Bli Néder ouShevouah ! »

Etant donné la gravité du voeu il faut comprendre qu’il y a des critères de compétences pour celui à qui on va confier la prérogative de diagnostiquer si le voeu est légitime ou pas.

Il y a différents cas où le voeu est illégitime, et que la Torah va énumérer et vous l’étudierez par vous-même.

Je reviens à ce que dit Rashi pour permettre de donner une réponse à cette question:

ראשי המטות: חלק כבוד לנשיאים ללמדם תחלה ואחר כך לכל בני ישראל. ומנין שאף שאר הדברות כן, תלמוד לומר (שמות לד, לא – לב) וישובו אליו אהרן וכל הנשיאים בעדה וידבר משה אליהם ואחרי כן נגשו כל בני ישראל. ומה ראה לאומרה כאן, למד שהפרת נדרים ביחיד מומחה ואם אין יחיד מומחה מפר בשלשה הדיוטות. או יכול שלא אמר משה פרשה זו אלא לנשיאים בלבד, נאמר כאן זה הדבר, ונאמר בשחוטי חוץ (ויקרא יז, ב) זה הדבר, מה להלן נאמרה לאהרן ולבניו ולכל בני ישראל, שנאמר דבר אל אהרן וגו’, אף זו נאמרה לכולן:

Rashei Hamatot : « Il a donné honneur aux princes pour leur enseigner cette Mitsvah d’abord et ensuite seulement à tout les enfants d’Israël. Et d’où savons nous que pour les autres paroles enseignées par Moise enseignant la Torah c’est vrai aussi ? On cite le verset qui l’indique pour tous les autres commandements.

On en vient à notre question, Rashi met bien cela en évidence. Nous savons d’autre part dit-il que ce Kavod cet honneur qui est partagé par Moïse avec les chefs des tribus c’est vrai également pour toutes les autres Mitsvot. Pourquoi en particulier ici ?

« Qu’a vu la Torah pour le préciser ici ? C’est pour nous enseigner que l’annulation des voeux peut se faire par un juge unique à condition qu’il soit compétent. »

Il y a une différence, un Dayan Moumré, un Dayan qui est compétent pour un certains nombres de cas, peut décider seul. C’est très détaillé dans le Talmud. C’est très rare, il nous indique un grand Klal, un principe donné dans une des Mishnayot des Pirqey Avot : « Ne sois pas juge unique car il y a un seul juge unique ». Sinon c’est courir le risque de devenir un juge « inique ».

Enormément de juges apprentis Dayanim jugent seuls et cela conduit à la catastrophe. Mais il y a certains cas de jurisprudences rabbiniques pour lesquelles un juge unique est compétent à condition qu’il soit Moumré spécialiste.

« Et s’il n’y a pas un juge unique alors on peut faire l’annulation des voeux avec un tribunal de trois juges habituels » [ « ediot » en hébreu (ordinaire) qui vient du mot grec qui a donné le mot idiot.]

Ce Rashi nous introduit un principe très important. Vu la nature de ce dont il est parlé ici : diagnostiquer si le voeu est légitime, valable ou pas, cela ne peut être que par un juge qui connait suffisamment la psychologie ou plutôt l’identité profonde des gens auxquels il aura à faire au tribunal.

Par conséquent il n’y a que le chef de la tribu qui connait les Juifs de sa tribu. Un chef de tribu ne peut pas être compétent pour une autre tribu.

Vous devinez déjà quelle conclusion nous allons en tirer.

Aujourd’hui, nous vivons un temps de rassemblement des communautés de profils d’identité très différents. Et nous avons malheureusement une sorte de règle qui a fini par s’installer et qui est très néfaste : une même façon de juger partout. C’est un écrasement de la justesse de la justice qui est très néfaste.

Il faut effectivement consulter une Dayan ou un rabbin capable de comprendre celui dont il s’agit.

Sinon c’est l’impersonnalisation du jugement.

Les grands rabbins d’Israël depuis plusieurs générations sont avertis du problème et font tout ce qu’ils peuvent pour que les tribunaux rabbiniques tiennent compte de cela.

Par exemple à Jérusalem les tribunaux rabbiniques comportent toujours 3 Dayanim d’origine différentes. Ashkénaze, Séfarade et Yéménite… etc. Trois approches différentes de la Halakha.

Pour cette Mitsvah en particulier, il fallait que la Torah dise qui est compétent : le chef de tribu !

Il ne s’agit pas du tout ici de perpétuer ces divisions de l’exil que nous avons eues. Elles finiront par s’intégrer dans la société israélienne, mais celle-ci aura elle-même une différenciation en province et en tribus, et l’origine en est les commaunautés de la Galout.

C’est devenu atavique à travers 2000 ans et il n’est pas question que nos origines disparaissent, elles finiront par se marier, par s’unifier mais elles seront là.

Depuis mes maitres, ma consigne c’est que mes élèves retrouvent le rite de leurs grands-pères.

Il faut rattacher cela à l’importance que la Torah accorde à la parole.

Dans Judah Halévi la classification des niveaux de l’être dans la créature :

=>  1- le domaine de l’inerte se dit en hébreu domen  le silencieux 

=>  2- le niveau du tsomea’h le végétal, en hébreu beaucoup de catégories verbales pour le végétal comme le «murmurant » sia’h – si’him : la végétation  

=>  3- le ’Haï le vivant

=>  4- le ’Haï Médaber le vivant parlant

=>  5- le Navi le prophéte

Toutes les traditions ont toujours hésité dans la définition à donner à l’humain par rapport aux autres êtres vivants. La philosophie en général a préféré la définition de vivant-pensant. La formule de Descartes est celle de l’animal doué de raison (raisonnable) comme être vivant-pensant.

La tradition talmudique a préféré la définition de ’Haï Médaber vivant-parlant.

La différence spécifique de l’homme plus que la pensée c’est la parole. La parole en tant que communication d’âme à âme. Et non en tant qu’échange de signaux de communication. 

Surtout, nous vivons dans un temps technique qui montre l’importance de ce choix. Nous savons maintenant à quel point la pensée peut être impersonnelle : il y a des machine à penser. Alors que la parole renvoit au sujet et à la dignité du sujet de la vie morale, alors que la pensée peut être impersonnelle et, au niveau de l’impersonnel, amoral, sinon immoral.

(Un théorème de mathématique n’a rien à voir avec le bien et le mal tandis qu’une phrase exprimant un jugement c’est quelqu’un qui parle. Chaque fois qu’une personne parle, elle juge que ce qu’elle dit est à dire.)

Ce sujet de la définition spécifique de l’homme en tant qu’être vivant, au moyen-âge, a occupé tous les théologues et tous les philosophes.

Plus haut, se trouve le Prophète : le vivant parlant la parole de vérité

Le fil conducteur sémantique de ces catégorisations des niveaux de l’être dans l’enseignement de Judah Halévi dans le Kouzari c’est bien la parole.

Il y a le silencieux qui ne parle pas, le murmurant qui commence à parler, le vivant, mais le vrai vivant c’est le vivant parlant…

J’ouvre une parenthèse à propos de l’ânesse de Bilaam dans Parashat Balak.

Je me souviens de l’enseignement du Rav Kouk à qui on a demandé des précisions sur cette ânesse parlante. Il a dit : le vrai problème ce n’est pas que l’ânesse ait parlé, mais c’est pourquoi les autres ne parlent pas ! Il nous l’a expliqué longuement : tous les animaux ont une bouche. Pourquoi toutes ces bouches ne parlent-elles pas ? Pour les besoins de la cause la bouche de l’ânesse de Bilaam a parlé. Mais Salomon comprenait le langages des animaux.

La définition de l’identité humaine pour la Torah réside essentiellement dans la parole. Peu de gens parlent, beaucoup de gens bavardent et font du bruit avec la bouche. Personne n’ose parler car cela implique la communication d’âme à âme. Il y a une panique de se livrer alors on n’ose pas délivrer un message, une parole. L’homme exprime son identité profonde dans sa parole.

Le ‘Hai Hamédaber parle rarement et il fait du bruit (Dévarim vétélim – si’ha vétélah) mais le prophète dit la parole de vérité.

C’est très important de savoir que, pour la Torah, la dignité des dignités c’est celle de la parole donnée. C’est la dignité de la parole tout court. Cf.  tout ce vocabulaire de la parole créatrice. Dieu créé le monde par Sa Parole…etc.

Et je vais vous donner un exemple pour voir comment le Talmud en tient compte dans le Chapitre 3 de la Massekhet Guitin là le Talmud parle de …/… 



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Parshat Matot 93 – Suite et fin

Commentaire Matot/Mass’ei (1993) 2ème. partie (qualité sonore bonne). 

…/…

Q : inaudible ?

R : Voilá le problème, il faut savoir cela: La différenciation des tribus c’est réel et profond. Ma famille a induit un mariage mixte dans le bon sens, mais je vous garantis qu’à travers les enfants et petits-enfants, cela se retrouve. J’ai des enfants qui sont plutôt ashkénazes et d’autres plutôt séfarades. Pour les petits-enfants aussi.

C’est très profond cet atavisme juif. L’hébreu c’est les Patriarches. Mais « Juif » c’est la tribu.

Q : la prérogative de l’annulation des voeux est donnée au mari ?

R : je vous en parlerais un peu. A partir du moment où il y a contrat de mariage, alors il y a une unité qui apparait et qui est le couple. Par conséquent, les voeux engage le couple comme tel. Et pour les comportements où c’est le mari qui est le sujet c’est donc à lui qu’appartient la prérogative de savoir s’il va supporter le voeu de sa femme ou pas. En français on a un peu deviner le problème : on parle d’un « voeu de belle-mère ». Il faut voir que derrière l’unité du couple, existe cet entité qui est le couple et qui transcende le mari et la femme. Pour certain comportements, le mari est le sujet, pour d’autres la femme est le sujet.

Q : on pourrait penser l’inverse, que la femme annule le voeu du mari ?

R : et bien justement, il est possible que la Halakhah futuriste s’en occupera. Mais vous savez les femmes n’ont pas besoin d’aller au tribunal pour faire de leur mari ce qu’elle veulent.

Q : Concernant le voeu de Yiftah s’il revenait vainqueur de la guerre, que prévoit la tradition ?

R : nous avons dans notre histoire quelque chose d’analogue à Iphigénie, c’est la fille de Jephté. Il avait fait une guerre et fit le voeu que s’il gagnait il offrirait l’être vivant qui sortirait le premier de sa maison. Ce fut sa fille. Elle a été sacrifiée. La tradition prévoit-elle un remède à cette inconséquence ? C’est en clair dans le texte. Ce qui est arrive c’est une question d’orgueil entre le grand-prêtre du temps et Jephté. Il fallait que Jephté aille chez le grand-prêtre pour qu’il soit délier du voeu. Il voulait que le grand-prêtre vienne chez lui. Et le grand-prêtre était orgueilleux et demanda que le roi vienne chez lui… C’est le cas souvent entre le président et le rabbin de la communauté. Lequel va aller se déplacer chez l’autre ? Et il arrive que le président soit pieux… Pauvre fille…

Q : Peut-on annuler tous les voeux ? par exemple le voeu d’accomplir une Mitsvah ou de monter en Israël ? Peut-on les annuler ?

R : Faire une Mitsvah ce n’est pas un voeu et monter en Israël ce n’est pas un voeu. Faire une Mitvah c’est une Mitsvah et monter en Israël c’est une Mitsvah. Ce n’est pas un voeu. 

Définition du voeu :

Je vais revenir à la définition du voeu que j’ai donnée au début :

Vous avez des consciences qui veulent faire le bien mais elles n’y arrivent pas, alors elles s’imposent des règles de discipline. C’est une stratégie humaine pour aider la volonté. La Torah admet cela comme thérapeutique. Elle considère que quelqu’un qui est malade doit être soigné et prenne un médicament. Cela est toléré par la Torah. Alors le médicament fait du mal à l’être en bonne santé. Mais cela aide le malade, alors on le permet. Le voeu est nocif.

Une autre catégorie éclaire aussi cela : la ‘Houmrah. Quand la Torah dit 4 je dis 5…

Les Rabbins n’aiment pas les ’Houmrot (les rigueurs).

D’où sait-on qu’un rabbin est fort dans la Torah ? C’est quand il est capable de permettre parce que n’importe qui est capable d’interdire. Nous sommes dans ce stade où les rabbins se targuent d’interdire. Cf. le slogan de Mai 68 : il est interdit d’interdire…

Il y a des gens qui sont obligés de s’imposer des règles supplémentaires de ‘Houmrot pour tenir le coup. Alors, il faut les respecter : ils sont en convalescence de Teshouvah. Mais un homme bien portant ne doit pas imiter un convalescent. Au contraire cela lui est interdit. Cf. ces juifs qui se déguisent en juif pour se persuader qu’ils sont juifs… c’est qu’ils ont un doute : peut-être ne le sont-ils pas ?

Cela me rappelle un enseignement du Rav Kook : « être religieux c’est l’état normal du juif en bonne santé. Pour le Goï c’est l’inverse ».

Attention : Ce n’est pas déshonorant d’être goy. C’est cohérent et respectable.

Les voeux, comme les ’Houmrot, (rigueurs non exigées par la Hala’ha) sont là pour aider. Erigés en règle cela ne va plus.

Q : On a posé la question pour la femme mariée, mais la Parashah parle de la femme non-mariée ?

R : Déjà pour le couple c’est le problème de la relation de la femme à son mari. Mais dans la relation de la fille au père il y a aussi une entité de l’unité de la famille comme pour le couple. Nous n’avons plus la référence de la famille dont parle la Torah car elle a disparu dans la civilisation contemporaine. La Torah l’a diagnostiqué : le dernier verset de la dernière prophétie a diagnostiqué quelle sera la fonction de Eliyahou Hanavi. « Ramener le coeur des pères vers les fils et les fils vers les pères… ».

La Torah a vu le problème central de la fin des temps, (nous sommes en ce temps-là) : le rapport entre les pères et les fils. La fonction de Elie le prophète c’est de réconcilier les pères et les fils et les fils et les pères, sinon il y a une catastrophe prévoit la Torah.

Nous sommes dans un temps de civilisation où il est évident que nous sommes occupés à ce problème. Le problème de la communication d’une façon générale et surtout la communication entre les pères et les fils. J’étudie en ce moment des ouvrages de grands psychanalistes et psychiatres qui expliquent cela que les violences des hommes entre eux viennent de ce qu’ils ont subis dans leur enfance de la part de leurs parents. Il y a un problème : les familles ne sont plus les familles. Il y a une coupure entre les pères et les fils. Les familles sont devenus des hôtels-restaurants et encore, on n’y mange pas très bien. On y fait semblant de se parler. On fait du bruit avec la bouche…

A étudier un jour dans l’histoire des Patriarches, la figure de Isaac qui est une figure exceptionnellement méconnue dans les études juives. Personne ne sait parler de Isaac. Tous parlent beaucoup d’Abraham et de Jacob. Isaac représente ce problème : il est le fils du père et le père du fils. Et lui qui est-il ? Pourquoi la figure de Isaac a t’elle une telle importance pour le Talmud ?

Rav Kouk : nous sommes habitués au fait qu’Abraham qui est le commencement est très grand et que Jacob qui est l’aboutissement est très grand, mais le plus grand des trois c’est Isaac. 

La guerre contre Midyan

Chapitre 31 verset 1

31:1

וַיְדַבֵּר יְהוָה, אֶל-מֹשֶׁה לֵּאמֹר

Vaydaber Hashem el Mosheh lemor

Dieu parla à Moise pour dire

Juste après cela il y a une consigne particulière qui va rester une Mitsvah pour Israël jusqu’à la fin des temps, c’est que Moïse reçoit l’ordre de prendre la tête de l’armée d’Israël alors que d’habitude c’est Josué qui prend la tête de l’armée ? Par exemple, dans la guerre contre Amaleq, la Torah le précise. Mais là Moïse reçoit directement l’ordre :

31:2

נְקֹם, נִקְמַת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, מֵאֵת, הַמִּדְיָנִים; אַחַר, תֵּאָסֵף אֶל-עַמֶּיךָ

Nekom nikmat bney Yisra’el me’et haMidyanim

a’har te’assef el-ameykha.

« Venge la vengeance des enfants d’Israël de la part des Midianites, ensuite

Après seulement- je rajoute seulement à cause de l’accent disjonctif, ie. le mot est mis en exergue) tu t’adjoindras à ton peuple »

C’est un expression qui veut dire mourir dans l’hébreu biblique) »

Il y a 3 expressions :

=>  Vayidbar : il expira

=>  Vayamot : il mourut

=>  Vayassef al amav : il fut adjoint à son peuple

Le Ramhal a donné ce verset comme preuve dans le Miqra du Olam HaNeshamot.

=>  Vayidbar : Il expira =>  il a achevé la quantité de vie biologique qu’il avait à vivre jusqu’au dernier souffle ;

=>  Vayamot : Il mourut => l’âme s’est séparée du corps ;

=>  Vayassef al amav : Il fut adjoint à son peuple => son âme a rejoint sa famille d’âmes là-haut, cela ne veut pas dire qu’il a été enterré dans le caveau familial. C’est l’inverse. Le Ram’hal cite cette expression dans la controverse avec les théologiens chrétiens qui prétendaient que dans la Bible il n’y avait pas de référence à l’au-delà, comme preuve.

Mais littéralement cela veut dire « et après tu seras adjoint à ton peuple »

Au 1er niveau le Midrash dit à quel point Moïse était fidéle à ce que Dieu lui demande. Grâce à ce verset, il aurait pu devenir éternel. Dieu lui avait dit  « Venge la vengeance d’Israël sur les Midianites et après tu mourras ». C’est pourquoi je précisais « après seulement ». 

Il aurait pu décider ne rien faire et rester éternel. Ne croyez pas que c’est une blague. Parce que normalement, il y a un grand problème : Le problème est de savoir pourquoi Moïse est mort ? A cause de quelle faute ? Il y a énormément d’hypothèses. A cause de quelle faute ?  

Il y a un grand principe => eïn mitah bé lo ‘het « pas de mort sans faute »

Il n’y a pas de faute ! Apparemment, d’après le récit même, il y avait une faute, lorsque Dieu lui avait demandé de parler au rocher pour donner de l’eau au peuple Moïse a frappé le rocher au lieu de lui parler.

Selon le professeur Baruch avec lequel j’ai étudié : Pour Maïmonide c’était cette faute-là car le Talmud enseigne d’autre part que celui qui se met en colère la Shekhinah le quitte.

La faute de Moise serait donc sa colère. Et effectivement, le fait que Moïse se soit mis en colère contre les Hébreux est mis en exergue dans le récit.

Jusque-là quelque soit la faute des Hébreux, il arrivait à plaider pour eux et là il n’a pas plaidé mais les a traité de rebelles ? « Morim » en hébreu a le double sens de « maitres » et/ou de « rebelles ». Ce n’est pas la même racine mais c’est le même mot.

[Cela me rappelle une histoire juive : Il y a dans la prière deux des attributs de Dieu qui s’appellent  Rofé ‘Holim ouMatir Assourim. On raconte que le fils d’un rabbin était devenu médecin. Alors son père lui a dit : – fais attention, maintenant que tu es Rofé ‘Holim  ne soit pas Matir Yssourim ! ]

 Maïmonide explique que la faute de Moïse était sa colère : il a frappé le rocher !

« Ecoutez rebelles ! Est-ce que de ce rocher-là je vais vous sortir de l’eau ? »

Le Professeur Baruch sur cet enseignement a enseigné qu’il existe des saintes colères et que ce n’est donc pas une faute.

Cette fois-là Moïse n’a pas prié pour Israël et c’est là que Dieu lui a dit : c’est Josué qui les fera entrer en Israël. Cela veut dire: passe le relai à Josué car tu n’est plus capable d’être leur chef : tu es capable de leur donner la loi mais incapable de prier pour eux. Il doit passer le relai à plus bas que lui, Moïse était trop grand pour le niveau d’Israël à ce temps-là, et doit passer le relai.

On ne peut pas retenir la colère comme faute mais plutôt le fait qu’il n’a pas sû prier pour Israël : pas la colère mais sa conséquence !

Le Midrash cherche donc et trouve une réponse : au moment où Moïse a quitté Israël, quand Israël est entré en Israël, c’est pour le bien d’Israël. Il y a une clause avec le peuple Israël, la Torah et Erets Israël, c’est que si Israël viole la Torah, il n’est plus Israël… Le Temple n’est efficace que si Israël est Israël sinon le peuple disparaitrait. L’enseignement explique que si Moïse avait construit le Temple, il aurait été indestructible (Midah de Moïse = Netsa’h) et c’est le peuple qui aurait été détruit. Et pour sauver le peuple et pour que le Temple puisse être détruit, Moïse n’est pas entré en Israël. Il n’est donc pas mort de la mort habituelle des créatures, il est remonté au ciel vivant.

[Il y a 3 personnes pour lesquelles c’est le cas : ’Hanokh avant le déluge, Moïse après le déluge et Eliyahou hanavi à la fin des temps.]

Il y a un Midrash qui raconte la mort de Moïse : c’est le Midrash sur Vezot habrakha : au moment de la mort de Moïse l’ange de la mort est descendu pour prendre son âme et son âme commence à argumenter en comparant sa vie à celle des Patriarches et des grands du monde et en démontrant qu’elle leur est supérieure car elle n’a fait aucune faute. Alors Dieu se révèle sur les instances de l’ange de la mort qui voulait faire son travail, et dit à l’âme de Moïse :

–          Tu as fait une faute, tu as tué l’Egyptien !

–          Comment ! moi j’ai tué un Egyptien et Toi tu les as tué tous !

–          Oui mais Moi Je peux les ressuciter et toi non !

Il y a deux versions : selon les Séfardim, Moïse a dit « ah !»  et il est monté.

Et selon les Ashkénazim, il a dit « oh !» et il est monté.

Au moment de la réponse de Dieu à l’âme de Moïse celle-ci s’est tu.

C’est un thème extrêmement important : comment expier le fait que la mort des Egyptiens était nécessaire pour qu’Israël soit sauvé ? C’est toute une histoire.

Je reviens au sujet à un 2ème niveau :

C’est le fait que Moïse a un problème avec Midiane.

Non seulement il a épousé la fille de Jethro qui était le grand prêtre de Midiane, mais il a eu à un certain moment la tentation de remplacer Israël, disqualifié en Egypte à ses yeux à l’époque, par Midiane qui est une sorte d’ertsatz éventuel d’Israël si Israël échoue.

Israël c’est un goy converti. L’identité d’Israël c’est l’humanité devenu juive. Il ne faut pas l’oublier, nous n’avons pas été créés « Israël », nous avons été créés « Jacob ». Et Jacob devient Israël. C’est un autre sujet qu’on reprendra une autre fois.

Il y a un lien entre Moïse et Midiane.

Sefer Shmot chapitre 2 verset 11 :

וַיְהִי בַּיָּמִים הָהֵם, וַיִּגְדַּל מֹשֶׁה וַיֵּצֵא אֶל-אֶחָיו, וַיַּרְא, בְּסִבְלֹתָם; וַיַּרְא אִישׁ מִצְרִי, מַכֶּה אִישׁ-עִבְרִי מֵאֶחָיו. Vayehi bayamim hahem vayigdal Moshe

vayetse el-e’hav

vayar besivlotam

vayar ish Mitsri makeh ish-Ivri me’ehhav

Et il arriva en ce jour-là Moïse grandit et il sorti vers ses frères et fut témoin de leurs souffrances

Moïse est encore le fils adoptif et hériter présumé de Pharaon et était le chef des camps de concentration des hébreux.

Et il arriva en ce jour-là Moïse grandit et il sorti vers ses frères.

La traduction directe, parce que l’on connait la suite, serait de lire comme si Moïse était allé vers les hébreux car on sait que les hébreux sont ses frères. Mais  jusque-là on ne sait pas qui Moïse considère comme ses frères. Il a décidé de choisir entre les hébreux et les égyptiens. Les égyptiens auraient pu être ses frères, comme les hébreux auraient pu être ses frères.

Les Juifs en France serait dans le même dilemne s’il devait choisir.

« Et il vit leur fardeau

et il vit un homme égyptien frapper un homme hébreu de ses frères. »

C’est à la fin du verset qu’on apprend que Mosheh décide que c’est celui qui est frappé qui est son frère. Mais jusqu’à la fin du verset le choix aurait pu être différent.

Il y a énormément de Juifs assimilés qui au temps de l’occupation sont redevenus Juifs à cause du sort des Juifs. C’est exactement la même scène. Moïse a choisi les Hébreux et non pas les Egyptiens pour une raison d’ordre morale. Du point de vue de la civilisaiotn Moïse appartenait au deux civilisation, c’est une « double appartenance ». On oublie que Moïse a d’abord été pendant 40 ans un hébreu assimilé à l’Egypte dans sa vie privé, il était hébreu et seul sa mère et sa soeur le savait et Aharon son frère attendait le moment au ghetto de Goshen de rencontrer Moïse.

Tout le monde le prend pour un égyptien. Exactement comme, à énormément d’époques, les grands hommes d’Israël qui ont été les grands hommes des nations et qui ont fonctionné comme des Goyim. Disraéli pour ne parler que de lui. Léon Blum, Mendés-France…

Lorsque Ben Gourion a envoyé à tous les sages d’Israël son questionnaire pour savoir qui est juif, Mendés-France aurait répondu « je suis d’abord socialiste ensuite français et ensuite juif. »

Ben Gourion a répondu : « c’est pas grave nous on lit de droite à gauche ! »

Voilà le problème:

Moïse assiste à une scène où il voit l’homme égyptien, l’identité égyptienne frappant l’homme hébreu, alors il est du coté des Hébreux. C’est un choix qui a fait basculer l’histoire du monde. Au lieu que l’avenir de la civilisation passe par l’Egypte, elle passe par Israël. C’est Moïse qui a décidé.

Et verset suivant :

2 :12

וַיִּפֶן כֹּה וָכֹה, וַיַּרְא כִּי אֵין אִישׁ; וַיַּךְ, אֶת-הַמִּצְרִי, וַיִּטְמְנֵהוּ, בַּחוֹל

Vayifen koh vakhoh vayar ki eyn ish

Vaya’h et-haMitsri vayitmenehu ba’hol.

« Il se tourna ça et là et vit qu’il n’y avait personne, il frappa l’Egytien et l’enfouit dans les sables »

La civilisation égyptienne a été enfouie dans les sables comme vous le savez.

En hébreu ‘hol signifie aussi profane : cela veut dire « c’est fini ».

On se demande de quoi il a peur puisqu’il est tout puissant en Egypte ? Il a peur non d’avoir tué un égyptien, mais que l’on apprenne qu’il a choisi pour Israël contre l’Egypte et qu’il a tué l’Egypte. 

Verset 13

2 :13

וַיֵּצֵא בַּיּוֹם הַשֵּׁנִי, וְהִנֵּה שְׁנֵי-אֲנָשִׁים עִבְרִים נִצִּים; וַיֹּאמֶר, לָרָשָׁע, לָמָּה תַכֶּה, רֵעֶךָ

Vayetse bayom hasheni vehineh shney-anashim Ivrim nitsim

vayomer larasha lamah takeh reekha

« Le lendemain et voici 2 hommes hébreux qui se disputent »

Alors il dit au Rashâ : pourquoi frapperais-tu ton prochain ?

On entend l’harmonique par rapport à l’amour du prochain qu’il dévoilera plus tard.

וַיֹּאמֶר מִי שָׂמְךָ לְאִישׁ שַׂר וְשֹׁפֵט, עָלֵינוּ–הַלְהָרְגֵנִי אַתָּה אֹמֵר, כַּאֲשֶׁר הָרַגְתָּ אֶת-הַמִּצְרִי; וַיִּירָא מֹשֶׁה וַיֹּאמַר, אָכֵן נוֹדַע הַדָּבָר

Vayomer mi samekha le’ish sar veshofet aleynu

halehorgeni atah omer ka’asher haragta et-haMitsri

vayira Moshe vayomar achen noda hadavar.

Le Rasha se révolte contre Moïse…

Moïse prit peur et dit : Ainsi la chose est connue.

Sous-entendu : les Hébreux savent déjà que je suis de leur côté, cela va se savoir au palais…

Verset 15 :

 וַיִּשְׁמַע פַּרְעֹה אֶת-הַדָּבָר הַזֶּה, וַיְבַקֵּשׁ לַהֲרֹג אֶת-מֹשֶׁה; וַיִּבְרַח מֹשֶׁה מִפְּנֵי פַרְעֹה, וַיֵּשֶׁב בְּאֶרֶץ-מִדְיָן וַיֵּשֶׁב עַל-הַבְּאֵר

Vayishma Par’oh et-hadavar hazeh vayevakesh laharog et-Moshe

vayivrach Moshe mipney Far’oh

vayeshev be’erets-Midyan

vayeshev al-habe’er.

…Moïse s’enfuit de devant Paro

et s’installa au pays de Midiane

et s’assît près du puit.

וישב על הבאר: לשון ישיבה, למד מיעקב שנזדווג לו זווגו על הבאר:

Rashi explique : il s’assied auprès du puit => il a appris de son ancêtre Jacob qui s’est assis auprès du puit et de leur mariage est sorti Israël. Il attend de fonder un autre Israël !

Il attend la fille de Jethro qui est un descendant d’Abraham, grand prêtre de l’idolâtrie de Midiane.

Le Midrash nous apprend qu’il avait répudié l’idolâtrie et avait donc été mis au banc de la société midianite. On le déduit du fait que ce sont ses filles qui s’occupent des troupeaux…

Il avait fait comme Abraham et il restait disponible pour la révélation de vérité.

Alors, Moïse, déçu de l’Egypte, est aussi déçu de l’Israël de l’Egypte, part à Midiane. Il sait où il va et il attend de fonder un ertsatz d’Israël qui serait Midiane.

Vous voyez pourquoi la Torah va épingler ce cordon ombilical entre Midiane et Moïse qu’il faut rompre. Il n’y a que lui qui peut le rompre. Avant de mourir il faut qu’il régle les comptes avec Midiane, sinon cela va peser sur Israël : Midiane serait un Israël possible.    

Je vais vous dire quand j’ai compris la profondeur de cet enseignement-là. (Toutes les explications que je vous ai données sont dans le Shla’h.) C’est au moment de la nouvelle générations des philosophes en France : tous ces juifs déçus du marxisme, déçus de la civilisation occidentale mais qui ne sont pas entrés dans la communauté juive. Je ne citerais pas de noms. Il y en a une dizaine, plus ou moins brillants, démarxisés. Je n’en citerai qu’un : Bernard Henri-Lévi qui en est le roi. Ils prétendent enseigner la vérité de la Bible contre les Juifs…

Ils sont assimilés, non pas pour quitter Israël, mais au nom des vraies valeurs d’Israël que la communauté juive et l’Etat d’Israël auraient bafoué. C’est le profil des nouveaux philosophes juifs. Vous les connaissez et ils sont sympatiques. J’ai du mal avec Finkelkraut.

Cela m’a beaucoup frappé, c’est la 1ère fois dans notre histoire : au nom des valeurs juives, ils s’assimilent, et non pas pour les quitter. Ils ont été déçus du marxisme, et de la civilisaiton occidentale comme ils l’ont aimé. Ils arrivent au consistoire et y voient deux consistoriaux se battre… Chaque président y a son vice…. président. Ils se sont donc enfuient et c’est ce qui est arrivé à Moïse qui va à Midiane. Dans le même esprit : Tu sera mon Midiane et je serais ton Moïse…

Cela m’a également rassuré : si c’est arrivé à Moïse, alors ils sont sauvables eux aussi et on les attend…

Voilà pourquoi la Torah dit à Moïse : toi Moïse tu doit rompre avec Midiane d’autant plus que cela peut mener à une  catastrophe qui est une dénaturisation d’Israël avec les filles de Moav suite à leur coalition avec Midiane…

Il faut suivre Midiane depuis le temps des Patriarches jusqu’à la fin du Tanakh, il y a une ligne Midiane qui s’entremêle avec l’histoire d’Israël et il faut la dénouer pour que Moïse puisse rentrer en Israël. Le texte est très fort. On te considérera comme Moïse d’Israël que si tu romps avec Midiane

Au point de vue sagesse, Moïse a reçu de Jéthro mais au point de vue de la nation d’Israël, il a failli remplacer la nation d’Israël par un Midiane.

Cf. ces intellectuels juifs qui sont devenus des petits Moïse pour des causes étrangères. Je me rappelle du temps où j’étais président de l’U.E.J.F. et la mode était à Ché Guevara puis vint le temps des Maoistes. Aujourd’hui les pro-palestiniens etc…

On se cherche un Midiane quelque part parce qu’on est déçu de l’Égypte, la civilisation des nations du temps mais on est aussi déçu de la communauté, et on arrive pas à devenir tout simplement ce qu’on est. C’est la leçon que Dieu donne à Moïse : finis-en avec Midiane et après tu rejoindras ton peuple ! C’est là l’importance de cette question.

Fin

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