Ki Tavo – 1985

Le cours

Face A

Face B

Texte

/ En géneral la Haftarah d’une Sidra prend un thème analogue à celui de la Parashah chez les Prophètes. Il y a une raison historique: il y a eu des époques et déjà dans l’exil de Babel quand la Perse occupait le pays, où il était interdit de lire la Parashah de la semaine.

A l’origine on lisait l’ensemble de la Torah en 3 ans. Ce n’est que un peu plus tard qu’on a décidé de le lire pendant un an de telle sorte qu’en 70 ans de vie on ait le temps de lire tout le contenu du ‘Houmash en tête.

Il y a eu des époques où les Perses et les Grecs ont interdit de lire la Torah pendant le Shabat et les fêtes mais ont permis les Prophètes. Cela recouvre certainement aussi des problèmes théologiques et idéologiques. Il est remarquable que quand les Goyim acceptent la Bible ils acceptent les Prophètes mais pas la Torah. Cela va dans ce sens-là. 

Nos rabbins ont décidé que les thèmes d’enseignements du Miqra

Nous avons vu d’autre part qu’il n’y a qu’une Mitsvah particulière d’étudier la Torah dans son texte. Pour réaliser la Mitsvah d’étude de la Torah, on étudie le Talmud. C’est pour cela qu’il s’appelle Talmud Torah. Mais il y a d’autre part une Mitsvah qui est Qriat haTorah qui est d’étudier le Miqra comme Miqra.

C’est-à-dire l’étude du ‘Houmash comme récit, comme texte qui raconte l’histoire d’Israël depuis le commencement jusqu’à la sortie d’Egypte. C’est Israël qui a pris la Torah comme loi. 

C’est très différent d’étudier le verset en tant qu’il fait partie du récit – le Miqra – ou d’étudier le verset pour savoir et appliquer ce qu’il demande – là cela implique le Talmud Torah avec le Talmud.

Pendant longtemps, cette Mitsvah d’étudier la Torah comme ‘Houmash (glissement de sens car originellement cela s’appelait ‘Hamishah ‘Houmsei Torah – la Torah des 5 1/5ème : en réalité chacun des 5 Sefarim est un ‘Houmash ) était un peu délaissée.

Il a fallut attendre le Maharal pour que cette Mitsvah d’étudier le ‘Houmash comme ‘Houmash soit réintégrée – d’où l’appelation universitaire de « Shitah du Maharal » bien que c’était la tradition du Talmud Torah depuis toujours d’étudier le ‘Houmash.

Mitsvah avant chaque Shabat, à partir de jeudi on lit 2 fois le texte en hébreu et un fois en araméen dans le Targoum. Shnaïm Miqra Vé E’had Targoum.

Depuis un millénaire on lit Shnaïm Miqra Vé E’had Rashi à la place du Targoum : on demandait 2 fois le texte hébreu et une fois le Targoum pour avoir une traduction du texte hébreu pour ceux qui ne comprennaient pas l’hébreu mais actuellement il faut aussi un traduction du Targoum. Alors avec Rashi, la Halakhah est accomplie.

[Cela ressemble aux fait que dans les communautés de l’exil le 2ème soir de Pessa’h on lisait la Hagadah en hébreu et dans la langue du pays. Dans beaucoup de familles on continue à la lire en hébreu et dans la langue du pays des ancêtres qu’on ne comprend plus alors qu’il faudrait la lire dans la langue que l’on comprend. Cf. Le cas des familles types d’Afrique du Nord en France qui lisent en hébreu et en arabe et judéo-espagnol alors qu’ils ne comprennent ni l’arabe, ni l’espagnol  et qu’ils devraient le lire en français qu’ils comprennent tous….]  

Pour accomplir cette Mitsvah qui a pour objet la connaissance du contenu du récit de la Torah comme tel – le Miqra – alors on a donc, au moment des décrêts interdisant l’étude aux communautés, choisi dans les prophètes des textes qui avaient les mêmes thèmes que dans la Parashah.

C’est la raison pour laquelle on peut trouver dans les trois grands rites qui sont les rites ashkénazes – séfarade et italien (peu de fidèles actuellement mais c’était un très grand rite) – des Haftarot un peu différentes selon les Sidrot parce qu’on a voulu dans telle ou telle tradition mettre l’accent sur tel ou tel autre thème de la Parashah.

Les Kbabalistes enseignent que même en l’absence de ces Gzeirot – décrêts d’interdiction – on aurait eu quand même la lecture des Haftarot.  

Dans les temps plus anciens, on avait l’habitude de lire Parashah – Haftarah – et aussi Kétouvim.

Le livre ‘Hok LéIsraël assemble les différents textes de la Torah à lire chaque jour (Parashah Haftarah Psaume Ketouvim Mishnah Midrash Zohar…) On s’interroge sur la capacité des ancêtres à lire à de tels niveaux d’intensité qui nous dépassent…  Le ‘Hok LéIsraël tenait la même place que le Sidour.

Introduction : 

Entre le 17 tamouz et le 9 Av – Tishâ béAv.

Il y a 3 semaines et 3 textes des Prophètes qui ne correspondent pas à la Parashah en question mais sont choisis pour eux-mêmes, et qui sont des textes de To’harah – des réprimandes.

Entre le 9 Av et Rosh hashanah, il y a 7 Haftarot que l’on appelle les 7 Haftarot de consolations

Nous allons suivre d’après ce Midrash les degrés de la consolation :

Tishâ béAv c’est la destruction du Temple, et jusqu’à Rosh hashanah qui est le commencement de l’année suivante, il y a donc toute une période de consolation de ce qui s’est passé à Tisha béAv.

La première Haftarah est celle de Parshat Vaet’hanane – Haftarah Na’hamou (1er mot de la Haftarah)… Amou…

Consolez consolez mon peuple dit notre Dieu.

Un Midrash en particulier nous demande de ne pas lire « Na’hamou Na’hamou Amou » mais « émou consolez Mon peuple avec moi… » 

Cela veut dire que Dieu demande que l’on console Son peuple et Lui-Même de ce qui est arrivé à Tishâ BéAv. Le verset dans le Midrash nous cite la réaction de la Knesset Israël. Dieu demande aux Prophètes de consoler Israël et de le consoler Lui-même. Cela veut dire que ce qui est arrivé est inconsolable par Dieu Lui-même.

Na’hamou Na’hamou : Dieu demande ici : qui peut nous consolez Israël et Moi ?

C’est pourquoi il y a deux fois le mot « Na’hamou consolez ».

Réponse de la Knesset Israël se trouve dans la Hafatrah de Ekev qui suit :

Et Tsion a dit : Hashem m’a abandonné et Adonaï ma oublié.

C’est relié au 1er verset de la Parashah précédente. Si Dieu demande aux Prophétes de consoler Tsion alors Tsion répond Dieu m’a abandonné c’est pas du tout une consolation !

3ème Haftarah : c’est Dieu qui s’adresse à Israël en lui disant:

«  Toi Tsion (Israël) tu es comme une aaniah tsoharah – une pauvre humble – comme dans une tempête (quand on est dans un état d’agitation car toujours sans consolation encore) – qui n’est pas consolée (sa réaction a été de dire : Tu m’envois des Prophétes pour me consoler et je ne suis pas consolée, c’est inconsolable)  j’enléverais tes pierres avec des plumes je te fondrais sur des Sapir…

C’est Dieu qui s’adresse à Israël pour lui dire je vais m’occuper de toi…

Ce qui est confirmé dans la Haftarah suivante :

4ème Haftarah

Anokhi anokhi… C’est Moi moi-même qui sera votre consolateur….

Ensuite la Haftarah de KiTetsé :

Chante, toi qui était stérile de ne pas avoir enfanter

Eclate d’allégresse et de joie

Car seront plus nombreux les fils de celle qui a été abandonnée (Erets Israël)

Que les fils de celle qui est marié (la diaspora)

Et aprés on arrive à la Parashah de KiTavo :

Lève-toi resplendit car est venue ta lumière

Et c’est la gloire de Dieu lui même qui brille sur toi

Et à la fin la réponse de Knesset Israël ce sera la 3ème Haftarah d’avant Rosh Hashana :

Israël dit :

Rejouir je me réjouirais en Dieu…

Vous voyez donc cette dialectique de la consolation. 

Aprés on étudiera la Haftarah de Vayelekh qui porte sur la Teshouvah.

Parshat KiTavo :

Q : pourquoi les Haftarot ne sont pas les mêmes ?

R : Parce que dans telle ou telle tradition on a appliqué les mêmes règles mais on a choisi un autre thème de la même Parashah. 

On croit à tort qu’il n’y a que deux grands rites, le séfarade et l’ashkénaze. En réalité, le monde ashkénaze lui-même est très diversifié, il comporte différents rites ; le monde séfarade lui-même est très diversifié. Et il y a d’autres grands rites que ces deux embranchements. En particulier, le rite italien. Il y avait aussi un rite français qui s’est perdu, probablement à partir des croisades. C’était le rite des grandes communautés du Nord. En particulier le rite de l’école de Rashi. C’était un rite en soi. Ce qu’on appelle le rite français aujourd’hui, c’est le résultat d’un mélange extraordinaire fonction des différentes vagues d’immigration qui sont arrivées en France. Et d’autre part, le rite babylonien, le rite babli, et le rite yéménite. Très rapidement, et là je vous brosse une histoire de 200 ans, les communautés qui se sont trouvées dans l’empire chrétien, quelque soit leur origine, 1er temple, 2ème temple, ont adopté en 2000 ans le rite de la communauté la plus forte qui était la communauté d’Allemagne. Plus exactement de Lotharingie que l’on a appellé Arshef (?) Ashkénaze

Et les communautés qui se trouvaient dans l’empire musulman, que ce soit Babli, Nord Africain… ont fini par adopter comme dominante le rite séfarade des Juifs d’Espagne.

Cela ne signifie pas que tous les ashkénazim soient des ashkénazim. Il n’y a que ceux de culture allemande qui l’étaient vraiment. Et cela ne signifie pas que tous les Sfardim soient des Sfardim. Il n’y a que les espagnols qui sont des Sfardim. Mais étant donné que l’ensemble du monde juif a été séparé pendant des siècles, il y avait des communications mais vraiment de l’élite. Pour nous cela a toujours été un mystère : j’ai étudié enfant au Talmud Torah chez mon père les livres des Ashkénazim. Et je fus surpris lorsque je les rencontrais pour la première fois en chair et en os…

On a vécu il y a 40-50 ans une période assez exceptionnelle dans le peuple juif quand les tribus ont  commencé à se retrouver après 2600 ans. Et parfois il y a des surprises. Les Ethiopiens…

J’ai entendu qu’ils font actuellement des recherches des tribus perdues dans le nord de l’Inde.

Un jour on va se retrouver avec un peuple de 30 millions d’israéliens de plus mais il ne faut pas attendre les catastrophe comme avec l’Ethiopie. (Il y aura les juifs de diaspora : que va t’on faire d’eux, je ne sais pas…)

En fait, en filligrane, soujacent à cette grande catégorisation que je vous ai schématisé en trois phrases, il y a une autre catégorisation: c’est la diaspora du 1er temple qui n’est pas revenue au 2ème. Et la diaspora du 2ème temple.

Grosso modo : dans la diaspora du 1er temple qui n’est pas revenue au 2ème , il y a les Ashkénazim, les Bablim et les Saloniciens. Et la diaspora du 2ème temple c’est les Sefardim.

Il y a donc deux niveaux de définition qui se recoupent plus ou moins. Ceci dit il y a des milliers de communautés différentes.

Alors, les communautés dont l’origine de tradition était l’exil du 1er temple et qui ne sont pas revenue au 2ème n’ont pas forcément les mêmes rituels que ceux de l’exil du 2ème temple. 

2000 ans c’est long, on s’est mélangé et à travers 2000 ans il y a des courants d’influence et c’est pourquoi finalement aujourd’hui on se trouve devant un problème, un fait de société, difficile à résoudre, il faudra le temps de plusieurs générations : la multiplicité énorme (des milliers) de rites de communautés différentes. Et parfois ce qu’on croit être des détails ne sont pas des détails.

Alors avant que tout cela refasse une société rituelle unie, il faudra du temps. En attendant la régle est que chacun continue le rite de sa communauté. Celui qui n’a aucune communauté prend le rite de son rabbin.

Q : le rite israélite ?

R : cela n’existe pas. Il y a un rite yéroushalmi séfardite qui est un mixte du rite salonicien et babylonien, mais c’est un rite séfardite particulier. Comme il a été celui des premières communautés séfarades qui se sont reconstituées après la destruction, alors il a une préséance, mais c’est un rite séfardite.  

…/…

On va vers un temps où il y aura un rite hébreu israélien mais ne croyez pas que c’est déjà fait. Cela prend du temps, des générations. En attendant, chacun son rite. C’est compliqué avec les mariages et les rites différents : il y a telle ou telle mitsvah ou min’hag incompatible… Dans le rite Séfarade/Ashkénaze on fait comme ça et surtout pas comme ça… Cela porte parfois sur des Halakhot importantes.

*** 


KI TAVO

26 :1

וְהָיָה, כִּי-תָבוֹא אֶל-הָאָרֶץ, אֲשֶׁר יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, נֹתֵן לְךָ נַחֲלָה; וִירִשְׁתָּהּ, וְיָשַׁבְתָּ בָּהּ

Vehayah ki-tavo el-ha’arets

asher Adonay Eloheycha noten lecha

nachalah virishtah veyashavta bah

Et il arrivera lorsque tu viendras (il faudrait lire lorsque tu iras) dans le pays

Que Hashem ton Dieu te donne

en héritage, quand tu en auras pris possession et y seras établi,

Pourquoi le texte emploie-t’il si souvent cette expression « le pays que Hashem ton Dieu te donne » qui est déjà dite 100 fois ? Il y a, je crois, deux choses importantes : ne pas oublier que ce pays est à nous parce que Dieu nous l’a donné (et vous devinez le nombre de problèmes que cela signifie)

…/…

Rav Naori : ‘Hidoush sur la faute du veau d’or : au moment de la faute du veau d’or Moïse est sur la montagne et Josué va à sa rencontre, il se rencontre à mi-chemin sur la montagne et Moïse demande à Josué : « Quel est ce bruit que j’entend ? » Josué répond : « Ni un bruit de victoire, ni un bruit de défaite. C’est un bruit. ». C’est un thème important qui nous explique pourquoi sur tout les sujets importants on n’arrive pas à trancher entre le pour et le contre. 50-50 ou bien 49-51… Cela nous accompagne probablement jusqu’aux temps messianiques où nous aurons enfin une majorité pour décider pour le peuple.

Le Rav expliqua : un Midrash explique que le peuple avait exigé que ce soit Dieu qui lui parle directement (c’est un sujet pour lui-même). Et donc il a commencé à parler pour les 10 commandements – les Asseret Diberot – et le peuple a senti qu’il n’était pas capable, c’est pourquoi ils ont eu besoin de Moïse pour porter la parole jusqu’au peuple : « que Dieu te parle à toi et que tu nous parles sinon on va disparaître… »

Et alors il y a ce thème important qu’en réalité, seules les 2 premières paroles ont été entendues par tout le peuple et que les 8 autres Moïse les a retransmises comme toutes les autres paroles. Avec un Maamad différent, une situation différente, le Sinaï ; et l’expression du Talmud à ce sujet est : « Anokhi » vé « lo yihieh lekha »  mi pih al gvourah shamarnoun

Et on explique que le mot de Torah a pour valeur numérique 611 alors effarante qu’il y a 613 Mitsvot. Ce sont les 2 directement entendus : « Anokhi » vé « lo yihieh lekha »

Les 2 commandements de bases : Mitsvot Asseh & Mitsvot Lo Taasseh.

Le Rav dans son ‘Hidoush expliquait que les Hébreux répétaient ce qu’ils avaient entendu :

« Anokhi lo yiyeh lekha » 

« Moi toi tu n’auras pas »

« Moi, Il ne sera pas pour toi… »

Nous avons deux ennemis : l’égoïsme et l’égoïsme.

Je crois que c’est ce qui explique la situation de la société juive en générale et sa dispersion intérieure et extérieure effarante. Aucun peuple n’est aussi divisé que ce fameux peuple de l’unité. C’est aussi un thème pour lui-même.

Retour au verset :

=>  C’est Hashem Elohekha qui nous la donne. Bien sûr il faut la prendre mais on a le droit de la prendre que parce qu’Il nous l’a donné.

=>  Deuxièmement c’est le verbe employé : « donnée » et non « promise ». Cela veut dire qu’elle est déjà donnée. Et vous voyez vis-à-vis de quoi ces deux indications portent.  

Une terre donnée par Hashem on ne peut pas en négocier les frontières.

Une terre donnée et non promise n’a pas à être méritée.

Le texte dit qu’il nous l’a donné, elle n’est pas à mériter.

Ce sont les données du problème, en tout cas de notre temps. Il est évident qu’on ne pouvait pas y arriver et maintenant on peut. C’est donc que cela s’accomplit.

Rav Aviner : pendant 2000 ans il y avait un mur entre israël et Erets Israël. Et ceux qui ont oublié cela ne comprenne pas ce qui se passe aujourd’hui. Le bon Dieu était fâché avec nous. Toutes les tentatives avant le temps ont échoué. Une muraille doit s’abattre avec un bêlier. Sinon on se retire et on recommence. On a fini à s’habituer à cela : « un bélier le matin, un taureau le soir ». Et on ne s’est pas aperçu entretemps que subitement en 1948 en 5708 la muraille est tombée…

On continue mais on fait du tourisme…

Cette 2ème indication est importante pour elle-même :

וְהָיָה, כִּי-תָבוֹא אֶל-הָאָרֶץ, אֲשֶׁר יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, נֹתֵן לְךָ נַחֲלָה; וִירִשְׁתָּהּ, וְיָשַׁבְתָּ בָּהּ

Vehayah ki-tavo el-ha’arets

asher Adonay Eloheycha noten lecha

nachalah

virishtah veyashavta bah

Et il arrivera lorsque tu viendras (il faudrait lire lorsque tu iras) dans le pays

Que Hashem ton Dieu te donne

en héritage,

et tu la posséderas (en la peuplant) et tu t’y installeras

Ce qui vient après c’est le rite de ce qu’on va appeler à Shavouot. la fête des prémisses.

Ce rite consiste à apporter les premiers fruits en Korban en offrande. Ce verset introduit la fête des prémisses.

Je reprendrais une enseignement du Rav ‘Hazan à ce sujet.

26:2

וְלָקַחְתָּ מֵרֵאשִׁית כָּל-פְּרִי הָאֲדָמָה, אֲשֶׁר תָּבִיא מֵאַרְצְךָ אֲשֶׁר יְהוָה אֱלֹהֶיךָ נֹתֵן לָךְ–וְשַׂמְתָּ בַטֶּנֶא; וְהָלַכְתָּ, אֶל-הַמָּקוֹם, אֲשֶׁר יִבְחַר יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, לְשַׁכֵּן שְׁמוֹ שָׁם.

Velakachta mereshit kol-peri ha’adamah

asher tavi me’artsecha

asher Adonay Eloheycha noten lach

vesamta vatene

vehalachta el-hamakom

asher yivchar Adonay Eloheycha

leshaken shmo sham.

Et tu prendras le commencement de tous les fruit du sol

Que tu améneras de ton pays

Que Hashem ton Dieu te donne

Et tu les placeras dans un panier

Et tu iras à l’endroit

Que Hashem ton Dieu aura choisi

Pour y faire résider son nom là

C’est une des sources du mot Shekhinah.

Leshaken est le verbe dont le substantif est Shekhinah qui signifie « présence dévoilée ». Faire résider.

Que signifie « faire résider son nom » ?

Il faudrait l’étudier, on y reviendra.

  …/…


*** 

Parasha – KiTavo 1985 – Suite & fin.

Commentaire Ki tavo (1985) 2ème. partie (qualité sonore moyenne).

…/…

Tout l’enseignement au sujet de cette expression Shem Hashem – le nom de Dieu – a été négligé. Le Pshat est vide. On ne sait pas de quoi on parle.

26:3

וּבָאתָ, אֶל-הַכֹּהֵן, אֲשֶׁר יִהְיֶה, בַּיָּמִים הָהֵם; וְאָמַרְתָּ אֵלָיו, הִגַּדְתִּי הַיּוֹם לַיהוָה אֱלֹהֶיךָ, כִּי-בָאתִי אֶל-הָאָרֶץ, אֲשֶׁר נִשְׁבַּע יְהוָה לַאֲבֹתֵינוּ לָתֶת לָנוּ

Uvata el-hakohen asher yiheyeh bayamim hahem

ve’amarta elav higadeti hayom l’Adonay Eloheycha

ki-vati el-ha’arets asher nishba Adonay la’avoteynu latet lanu.

Et tu iras chez le Kohen qui sera en ces jours-là

Quels jours ?

Les jours où tu auras réalisé ce qu’il y a dans le premier verset. C’est-à-dire :

וְהָיָה, כִּי-תָבוֹא אֶל-הָאָרֶץ, אֲשֶׁר יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, נֹתֵן לְךָ נַחֲלָה; וִירִשְׁתָּהּ, וְיָשַׁבְתָּ בָּהּ

Vehayah ki-tavo el-ha’arets

asher Adonay Eloheycha noten lecha

nachalah

virishtah

veyashavta bah

Et il arrivera lorsque tu viendras (il faudrait lire lorsque tu iras) dans le pays

Que Hashem ton Dieu te donne

en héritage,

et tu la posséderas (en la peuplant) et tu t’y installeras…

וּבָאתָ, אֶל-הַכֹּהֵן, אֲשֶׁר יִהְיֶה, בַּיָּמִים הָהֵם

Uvata el-hakohen asher yiheyeh bayamim hahem

Et tu iras chez le Kohen qui sera en ces jours-là.

Il y a plusieurs fois dans la Torah cette expression qui est elle aussi difficile. Est-ce que je peux aller chez un Kohen qui ne soit pas de ce temps-là ? Pourquoi la Torah utilise-t’elle une telle expression ? Vous avez compris l’importance de la question. Et la réponse est dans la question : cela nous explique que tous ces échecs de caducité lorsque l’on va chez un Kohen qui n’est pas de ce temps. Cela peut être dans les deux sens : soit on va chez un Kohen qui vit au 14ème siècle ou soit on va chez un Kohen qui vivra peut-être déjà au 22ème siécle et on se trouve à la rue Copernic…

Mais si nous sommes au 20ème siècle, il faut aller vers les Kohanim du 20ème siècle.

Je voudrais dédier cette enseignement à la mémoire du Rav Kook qui d’ailleurs était Kohen. Donc 1er Kohen Gadol d‘Erets Israël.

Il faut garder en mémoire que notre dispersion dans l’espace se double d’une dispersion dans le temps : nous sommes un rassemblement de toutes les caducités possibles et inimaginables.

C’est un problème très grave qu’on n’ose pas envisager, parce que le respect que nous devons aux Kohanim des autres siècles nous empêchent de voir le problème.

***

La Teshouvah doit se faire aujourd’hui par rapport à l’origine la plus ancienne. Si on fait une Teshouvah partielle si on se ressource à ce qui s’est passé entretemps. La Teshouvah authentique doit se faire à l’origine de notre identité, sinon elle est inféconde. Sinon on  réanime le cadavre.

Lorsque le juif fait Teshouvah, il doit faire Teshouvah à son identité hébraïque qui est sa source. S’il fait Teshouvah à telle ou telle juiverie qu’il y a eu entretemps la Teshouvah est un échec. Mais l’enthousiasme de la Teshouvah aidant on a réanimé un cadavre.  Cela reste un cadavre.

L’exemple historique se trouve dans le récit de Yehoudah et Tamar :

On s’aperçoit que la Torah nous raconte après le temps des Avot Abraham Yitshaq Yaaqov que va se poser un problème dans les Shvatim les tribus. L’identité d’Israël est déjà née : Yaaqov est Israël et les fils de Jacob sont les Bnei Israël. Il y a un problème insoluble : comment continuer les engendrements ? Avec qui ? Quelles femmes prendre ? 

L’histoire de deux tentatives nous sont racontées : l’histoire de Joseph et l’histoire de Judah. L’histoire de Joseph est la tentative de prendre femme à l’extérieur. C’est l’échec absolu, la femme de Putifar. Je résume en 4 mots. La Torah nous raconte cette tentation de Joseph avec toute la coquetterie dont est capable le juif de diaspora. C’est le drame, il est obligé de se dépouiller de son déguisement et la femme de Putifar frustrée de n’avoir qu’un déguisement l’envoie en camp de concentration…

C‘est l’histoire de la 1ère tentative de continuer l’histoire d’Israël. Le Midrash raconte avec beaucoup de sagacité qu’au moment où cela allait arriver il a vu la figure de son père. N’importe quel psychologue vous expliquera le rôle inhibiteur de la figure paternelle, mais le Midrash nous dit quelque chose de plus important : Joseph a compris que son fils ne ressemblerait pas à son père.

Chaque fois je ne peux m’empêcher de penser à tous les petits Joseph de l’histoire, jusqu’à l’histoire contemporaine. En France, il s’appelle Jacques Attali conseiller économique et financier du Pharaon… Le Juif du Mitterrand… Ce que lui dit la femme de Poutifar :

« Atah Li » : « tu m’appartiens ! »

C’est un garçon très sympatique mais si on devait raconter son histoire c’est celle de tous les Joseph de l’histoire. Ils sont parfois tréè proche de Joseph HaTsadik qui a fait un bilan et a conclu : ramenez avec vous mes ossements. Ou alors plus proche de Judah lors de sa rencontre avec Joseph : « Ki Kamokha kéParo ».

D’un côté Disraéli, de l’autre côté Mendés-France et Léon Blum au milieu, et Abrabanel… tous ces grands ministres des finances de l’économie mondiale qui représentent La vocation Joseph…

L’autre dimension est celle de Judah qui refuse la tentation de l’extérieur. Il y a déjà eu le modèle de Jacob chez Laban et on sait que c’est un échec avec toujours le même scénario : au début il est le neveu, le beau fils, la chair de ma chair, et très rapidement cela s’inverse.

Judah cherche a faire souche avec l’antérieur et non pas l’extérieur. Il y a une première tentative qui échoue stérile avec la fille du Cananéen qui s’appellait Choua’h. Jusqu’à ce qu’il rencontre Tamar qui est d’après le Midrash la fille de Shem, c’est-à-dire la racine la plus antérieure, la racine la plus indifférenciée de notre identité. Si on se ressource en cours de route Bat Shoua’h c’est impur. C’est réaliser un cadavre : Er, Onan, Shlah les trois échecs.

Tamar est la souche la plus indifférenciée, alors cela redevient fécond.

Cela veut dire que si la Téshouavh n’est pas, comme nous le verrons dans la Haftarah de Shabat Teshouvah « Teshouvah Hashem ad Hashem Eloheikha ». Si cela ne recommence pas au commencement le plus indifférencié, elle échoue. 

***

26:3

וּבָאתָ, אֶל-הַכֹּהֵן, אֲשֶׁר יִהְיֶה, בַּיָּמִים הָהֵם; וְאָמַרְתָּ אֵלָיו, הִגַּדְתִּי הַיּוֹם לַיהוָה אֱלֹהֶיךָ, כִּי-בָאתִי אֶל-הָאָרֶץ, אֲשֶׁר נִשְׁבַּע יְהוָה לַאֲבֹתֵינוּ לָתֶת לָנוּ

Uvata el-hakohen asher yiheyeh bayamim hahem

ve’amarta elav

higadeti hayom l’Adonay Eloheycha

ki-vati el-ha’arets asher nishba Adonay la’avoteynu latet lanu

Et tu iras chez le Kohen qui sera en ces jours-là

Et tu lui diras

Je viens dire aujourd’hui à HM ton Dieu

Que je suis venu au pays que HM a juré à nos pères de nous donner

Les termes sont très précis et clairs.

Il y a au moins 2 questions :

ð  L’enseignement cité par le rav ‘Hazan : cela se fait tous les ans à chaque génération qu’à Shavouot on apportait l’offrance des prémisses. Que dit le verset ? C’est le jour où l’on apporte l’offrande des prémisses qu’on arrive en Israël ? C’est le jour de la Aliah ? Alors que la Aliah a du se faire avant au temps du grand-pére ou bien il y a quelques années…

ð   

higadeti hayom l’Adonay Eloheycha Je viens dire aujourd’hui à HM ton Dieu

Avant que cette offrande ne soit offerte HM est encore le Dieu du Kohen Ce n’est qu’après l’offrande qu’il sera le Dieu du non-Kohen. C’est relié à Erets Israël.

26:4

וְלָקַח הַכֹּהֵן הַטֶּנֶא, מִיָּדֶךָ; וְהִנִּיחוֹ–לִפְנֵי, מִזְבַּח יְהוָה אֱלֹהֶיךָ

Velakach hakohen hatene miyadecha

vehinicho lifney mizbach Adonay Eloheycha

Et le Kohen prendra ce panier de ta main

Et le placera devant l’autel de HM ton Dieu

Comparez les deux expressions :

higadeti hayom l’Adonay Eloheycha

Je viens dire aujourd’hui à HM ton Dieu

C’est Israël qui s’adresse au Kohen et jusque- là c’est le Dieu du Kohen

Et puis lorsque le Kohen aura pris les prémisses, alors il pourra dire à Israël: Hashem Elohekha.

Nous avons donc relié étroitement deux notions importantes : Hashem n’est Hashem Elokei Israël qu’en Erets Israël. Et n’est Hashem Elokei Israël que si Israël pratique le rite de la fête de Shavouot. Va-t’on attendre Matan Torah ? Non, avant cela la fête de Pessa’h. Finalement c’est un hasard que Matan Torah soit le jour de Shavouot. Le jour de Shavouot c’est ‘Hag HaBikourim et c’est Matan Torah.

Cela veut dire que l’authentification d’Israël comme telle c’est d’être capable de l’offrande des prémices. Et l’offrande des prémices ne peut se faire qu’en Erets Israël. Et inversement : Erets israël n’est vraiment Erets d’Israël que corollairement à la fête des prémices. C’est dire que le jour de la Aliah vraiment c’est le jour de Shavouot – Matan Torah bien sur – mais Matan Torah ne concerne que la fête des prémices.  Le seul événement qui ne soit pas date dans la Torah c’est Matan Torah. Il n’y a pas de Mitsvah de commémorer le don de la Torah à ‘Hag HaShavouot.

C’est la tradition orale c’est Miderabanam que l’on a décidé que le jour de Shavouot on fêterait Matan Torah. Mais la Torah elle-même n’y fait aucune allusion.

La commémoration de l’événement historique du Matan Torah est indiquée comme la fête des prémices mais pas du tout comme le jour où Israël a reçu la Torah. Ce n’est que par allusion, il faut calculer que l’on s’aperçoit que c’est le 6ème jour (ou 7ème jour il y a controverse dans le Talmud) du mois de Sivan que la Torah a été donnée. Comment le sait-on ? Le 1er jour du 3ème mois  Sivan, Dieu dit à Moïse « rendez vous dans trois jours » et 3 jours après, il lui dit « rendez vous dans trois nuits ». Mais finalement on le compte par les 50 jours après Pessah et non pas du tout comme le 6 Sivan. Shavouot s’appelle Shavouot car c’est le lendemain des 7 fois 7 semaines après Pessa’h.

L’explication du Talmud et des Midrashim : il ne peut pas y avoir de jour qui commémore le fait que la Torah nous ait été donnée.

D’abord parce que la Torah nous est donnée tous les jours. Et on ne peut pas résorber la fidélité à la Torah dans le fait de commémorer le fait qu’elle nous ait été donnée. Parce que cela se résorberait dans une confession religieuse d’ordre mythique. On se relierait à la Torah par ce rappel qu’un jour elle nous aurait été donnée… Cette Mitsvah ne peut pas être une des simples Mitsvot.

Autre Midrash : Nous ne savons pas quel est l’endroit où la Torah nous a été donnée. Mais cela n’a aucune espèce d’importance de savoir où cela a été donné. L’important c’est qu’elle nous ait été donnée et que nous l’avons.

Tant les chrétiens que les musulmans cherchent à savoir sur quel rocher pour mettre une mosquée ou une chapelle… Mais cela est sans importance pour les juifs.

Alors que pour musulmans et chrétiens pour lesquels il y a un moment important pour l’humanité lorsque l’humanité a reçu la Torah qu’on ne pratiquera pas, alors ils leur faut la chapelle et la mosquée… C’est là la différence entre la religion mythique et la fidélité à la Torah.

Idem au niveau du temps : Si j’avais un jour de fête commémorant le don de la Torah cela signifierait que je n’ai pas la Torah et que je me réfère à l’événement historique…

C’est donc une Mitsvah qui ne peut figurer parmi les 613 Mitsvot.

Un Midrash de Guemara Shabat raconte que lorsque Moïse est monté au Sinaï chercher la Torah, les anges s’y sont opposés. C’est parallèle au Midrash de la création de l’homme à laquelle les anges se sont opposés. Je crois que c’est très parallèle au fait que lorsque Israël a voulu entrer en Erets Israël l’humanité entièe s’y est opposée.

C’est-à-dire que avant que Dieu n’ait créé l’homme, le fin des fins de la création ce sont les anges. Et voilà que Dieu entreprend de créer l’homme ? Alors ils s’y opposent par peur d’être disqualifé. 

De la même manière : avant que Dieu ne donne la Torah à Israël, les nations sont le fin des fins de la création… Et voilà que Dieu veut donner la Torah à Israël ? Alors les anges des nations s’y opposent…etc. ! Dès qu’apparait la mutation d’identité qui va plus loin, tout ce qu’il y a avant se coalise contre.

Jacob Gordin :

La différence entre la naissance d’un petit d’homme et la naissance d’un petit animal. Dès sa naissance l’animal est de suite opérationnel et fonctionne. Par contre, dès que le petit d’homme nait il est vulnérable. C’est l’histoire de la naissance d’Israël. Il faut le protéger. Sa vulnérabilité le rend soumis à tous les dangers….

Un Midrash explique comment Dieu a décidé de l’endroit où serait construit le temple : sur un champs habitaient deux frères. Ces deux fréres ont témoigné de leur amour fraternel. Après la moisson il y avait deux meules de blé, une pour chacun. Et chacun se levait pour ajouter de sa meule de blé à celle de l’autre…  Et le lendemain matin chacun trouva la même quantité que la veille… Dieu a décidé de choisir l’endroit comme lieu du temple.

Si on remonte dans l’histoire de l’humanité, dès qu’il y a eu deux frères c’est le meurtre de Hevel par Qaïn. C’est le problème de la rivalité des 2 offrandes. Le Midrash que rapporte Rashi montre la différence. L’offrande de Qaïn survient en fin d’année « Vayéhi miQets Yamin » c’était au moment de Soukot (il y a beaucoup de Midrashim sur ce thème je cite celui qui se relie à notre sujet) et le Midrash explique qu’il s’est d’abord servi et ce qui restait il l’a offert comme offrande. C’est exactement le contraire de l’offrande des prémices. Alors que Abel a d’abord donné les prémices en offrande et s’est ensuite contenté du reste. Le jugement de Dieu apparait et c’est l’offrande de Abel qui est choisie et non celle de Qaïn.

A simple lecture il semblait aparemment avoir quelque chose d’injuste : pourquoi Abel plutôt que Caïn ? D’autant plus que c’était Caïn qui avait pris l’initiative de l’offrande…

Donc cela se relie à notre sujet de façon très directe : la Torah ne concerne que celui qui est capable de l’offrande des prémices. Parce que toute la Torah c’est le Tiqoun de la faute de Caïn. Je vous cite rabi Akiva : véahavtah léreakhah kamokha zeh klal gadol batorah-

Et cela apparait avec la capacité d’être l’être des prémices.

Je reviens au sujet général :

Le Kohen en tant que tel selon la Torah c’est l’être des prémices. Le Kohen est par définition le Bekhor qui est celui qui s’occupe de son frère. Et donc, avant que quiconque d’autre ne témoigne de cette identité dans son comportement, Dieu n’est que le Dieu du Kohen. Ce n’est qu’après la Mitsvah des Bikourim qu’il est le Dieu de celui qui apporte son offrande.

L’histoire que raconte la Torah à travers l’histoire des Patriarches c’est d’arriver à faire un frère aîné qui soit vraiment frère. Le début de l’histoire de l’humanité, l’aîné a été assassin.

La Kaballah explique ainsi le plaidoyer de Caïn lorsque Dieu s’adresse à lui : « Ani lo rotsea’h »  Je ne suis pas assassin que la Kaballah nous fait lire en deux mot « Ani lo rotsé a’h »

C’est simultanément sa faute et son plaidoyer.

S’il arrive que le frère aîné, Caïn, n’est pas capable d’être frère – comme celui qui est appellé frère dans le récit, Abel : « Et A’hiv et ‘Hevel », on va donc chercher pour fonder Israël, un premier-né qui soit capable d’être frère.

Le Tiqoun commence avec Abraham. On lui donne 2 fils aînés et cela ne marche pas entre eux. Ishmaël et Yits’haq. Alors Ishmaël est disqualifié.

Cf. Le récit de la Aqedah :

Vayera 22 :2

וַיֹּאמֶר קַח-נָא אֶת-בִּנְךָ אֶת-יְחִידְךָ אֲשֶׁר-אָהַבְתָּ, אֶת-יִצְחָק, וְלֶךְ-לְךָ, אֶל-אֶרֶץ הַמֹּרִיָּה; וְהַעֲלֵהוּ שָׁם, לְעֹלָה, עַל אַחַד הֶהָרִים, אֲשֶׁר אֹמַר אֵלֶיךָ

Vayomer kach-na et-bincha et-yechidecha asher-ahavta et-Yitschak velech-lecha el-erets haMoriah veha’alehu sham le’olah al achad heharim asher omar eleycha.

Il dit prend ton fils, ton unique, qui est l’aimé, Isaac…

Et après, Isaac a lui aussi de nouveau 2 frères jumeaux comme Caïn et Abel et le 1er né c’est Esaü. Cela échoue de nouveau. Et puis dans l’histoire de la famille de Jacob où cela continue, on voit que la Torah nous explique que c’est le 1er né et de Léah et de Rachel qui vont être mis à l’épreuve pour savoir qui va être l’aîné. Réouben échoue quoique il a été nommé selon la Guemara Brakhot ainsi parce que Léah aurait dit : « Réou Ben » !

La Guemarah explique : regardez la différence entre mon fils et le fils de mon beau-père, Esaü !

Déjà avec Ruben on voit que l’aîné est fraternel. C’est Ruben qui va sauver Joseph du procès…etc.

Et puis apparait Joseph, qui est ce premier-né qui d’emblée aime ses frères, alors l’histoire de Bereshit s’arrête avec Joseph : Israêl est engendré…

Cela veut dire que le véritable Bekhor est celui qui est le A’h. La rédemption de Caïn c’est finalement Joseph. 

Vous remarquerez ce que représente la figure de Joseph chez les Goyim, tant chez les chrétiens que chez les musulmans qui vont l’appeller le sauveur. Youssouf hatsadik chez les musulmans a peut-être encore une plus grande place place que Saint Joseph chez les chrétiens…

L’importance de cette identité, du Kohen qui doit faire le Tiqoun du Bekhor. Et le comportement du Kohen c’est celui des Bikourim. (C’est d’ailleurs le même mot (Bekhor – Bikour). C’est alors là que la Aliah est authentifiée.

Et lorsque le Kohen aura pris le panier, tu entonneras :

26:5

וְעָנִיתָ וְאָמַרְתָּ לִפְנֵי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, אֲרַמִּי אֹבֵד אָבִי, וַיֵּרֶד מִצְרַיְמָה, וַיָּגָר שָׁם בִּמְתֵי מְעָט; וַיְהִי-שָׁם, לְגוֹי גָּדוֹל עָצוּם וָרָב

Ve’anita ve’amarta lifney Adonay Eloheycha Arami oved avi

Et tu diras à haute voix devant l’Éternel, ton Dieu: “mon pére était un araméen errant,

Au niveau du Drash : l’Araméen (Laban) a voulu perdre mon père

Nous savons que l’hébreu de l’exil s’appelle « araméen » et que Jacob est le dernier des araméens de l’exil. Lorsqu’il revient d’exil, il s’appelle Israël et il est hébreu…

וַיֵּרֶד מִצְרַיְמָה, וַיָּגָר שָׁם בִּמְתֵי מְעָט; וַיְהִי-שָׁם, לְגוֹי גָּדוֹל עָצוּם וָרָב

vayered Mitsraymah

vayagor sham bimtey me’at

vayehi-sham legoy gadol atsum varav

Et il descendit en Egypte, (en tant qu’hébreu en exil)

 Il a séjourné provisoirement en étranger, avec peu nombreux d’abord,

Et là-bas il devint une nation considérable, puissante et nombreuse.

26:6

וַיָּרֵעוּ אֹתָנוּ הַמִּצְרִים, וַיְעַנּוּנוּ; וַיִּתְּנוּ עָלֵינוּ, עֲבֹדָה קָשָׁה

Vayare’u otanu haMitsrim

vaye’anunu

vayitnu aleynu avodah kashah.

Et les Egyptiens nous ont opprimés

Nous ont persécutés

Et nous ont donné un travail de forçat.

26 :7

וַנִּצְעַק, אֶל-יְהוָה אֱלֹהֵי אֲבֹתֵינוּ; וַיִּשְׁמַע יְהוָה אֶת-קֹלֵנוּ, וַיַּרְא אֶת-עָנְיֵנוּ וְאֶת-עֲמָלֵנוּ וְאֶת-לַחֲצֵנוּ

Vanits’ak el-Adonay Elohey avoteynu

vayishma Adonay et-kolenu

 vayar et-onyenu

ve’et-amalenu

ve’et-lachatsenu

Et nous avons crié vers Hashem Dieu de nos pères

Il a entendu Hashem notre plainte,

Il a vu notre peine,

notre labeur

et notre détresse,

26:8

וַיּוֹצִאֵנוּ יְהוָה, מִמִּצְרַיִם, בְּיָד חֲזָקָה וּבִזְרֹעַ נְטוּיָה, וּבְמֹרָא גָּדֹל–וּבְאֹתוֹת, וּבְמֹפְתִים

Vayotsi’enu Adonay miMitsrayim beyad chazakah

uvizroa netuyah uvemorah gadol uve’otot uvemoftim.

Et Dieu nous sortit de l’Egypte avec une main forte

et un bras étendu, en imprimant la terreur, en opérant signes et prodiges…

Que vient faire ce récit avec l’offrande des prémices ?

Pourquoi rappeler toute l’histoire de la Galout et de la Aliah pour les prémices ?

26:9

וַיְבִאֵנוּ, אֶל-הַמָּקוֹם הַזֶּה; וַיִּתֶּן-לָנוּ אֶת-הָאָרֶץ הַזֹּאת, אֶרֶץ זָבַת חָלָב וּדְבָשׁ

Vayevi’enu el-hamakom hazeh

vayiten-lanu et-ha’arets hazot erots zavat chalav udvash.

Il nous a fait entré vers cet endroit-ci

Et nous a donné le pays, cette terre où coule le lait et le miel.

אֶרֶץ זָבַת חָלָב וּדְבָשׁ

zavat chalav udvash.

La terre où coule le lait et le miel.

Pendant 2000 ans ce fut une terre avec des cailloux et des moustiques… Il faut se défaire de cette habitude de langage.

26:10

וְעַתָּה, הִנֵּה הֵבֵאתִי אֶת-רֵאשִׁית פְּרִי הָאֲדָמָה, אֲשֶׁר-נָתַתָּה לִּי, יְהוָה; וְהִנַּחְתּוֹ, לִפְנֵי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, וְהִשְׁתַּחֲוִיתָ, לִפְנֵי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ

Ve’atah hineh heveti et-reshit pri ha’adamah

asher natatah li Adonay

vehinachto lifney Adonay Eloheycha

vehishtachavita lifney Adonay Eloheycha

Et maintenant voici, j’ai apporté les prémices des fruit de la terre

Que tu m’as donné toi Hashem

Et tu placeras (le panier des prémices) devant Hashem ton Dieu

Tu te prosterneras devant Hashem ton Dieu.

וְשָׂמַחְתָּ בְכָל-הַטּוֹב, אֲשֶׁר נָתַן-לְךָ יְהוָה אֱלֹהֶיךָ–וּלְבֵיתֶךָ:  אַתָּה, וְהַלֵּוִי, וְהַגֵּר, אֲשֶׁר בְּקִרְבֶּךָ.

Vesamachta vechol-hatov

asher natan-lecha Adonay Eloheycha uleveytecha

atah vehaLevi vehager asher bekirbecha.

et se réjouiront de tous les biens

que Hashem ton Dieu aura donné pour toi et pour ta maison 

toi, et le Lévite et le Guer qui sont au milieu de toi

le Guer est un étranger qui reste étranger au sein de ton peuple. On devrait dire le « naturalisé » et le Lévite celui qui n’a pas de possession économique.

Après, les prescriptions de la dîme et les autres prescriptions du même ordre que les Bikourim vont suivre. 

Je repose la même question globale pour mettre en évidence deux points:

ð  Semble-t’il, une des raisons de l’exil c’était que le comportement des Bikourim n’a pas été accompli ? Pourquoi commence-t’on par dire « Arami oved avi » en introduction à la réinstitution de ‘Hag haBikourim et du retour en Erets Israël ? C’est donc que le départ d’Erets Israël avait pour cause que le comportement des Bikourim n’était pas accompli.

ð  Le fait que Caïn a été puni d’exil. Le Midrash établi que le 1er homme à avoir fait Teshouvah c’est Caïn. Ce n’est qu’à la faveur de la Teshouvah de Caïn que Adam HaRishon a fait Teshouvah.  La punition de Caïn a été effectivement l’exil.

Cf. le Midrash qui explique les causes profondes de la destruction du 2ème temple et qui indique très clairement que c’est la Sinat ’Hinam qui est la cause principale. Tout est cohérent.

Et n’oublions pas que la Torah a été donnée à ‘Hag Habikourim et c’est donc le jour de Matan Torah. Toute la Torah n’a été donnée que pour faire le Tiqoun de la faute de Caïn.

Effectivement on apprend à la fin du livre de Bereshit que le comportement liturgique rituel et religieux des égyptiens était celui de Caïn et que précisément les Hébreux étaient en exil chez les égyptiens en tant qu’Abel en exil chez Caïn.

Cette problématique Abel-Caïn nous la retrouvons dans la problématique d’identité de la société égyptienne et de la socitété hébraïque dans cet exil-là. Chez les égyptiens le Kohen possédait tout.

Alors que chez les hébreux le Kohen ne possède rien. Les Ègyptiens avaient les bergers en horreur. Les bergers sont les descendants typologique de Abel. Le système social et sociologique de Pharaon : il est celui qui possède la terre et ses habitants : Caïn. Et on voit au sein de la civilisation de Caïn, la société de Abel, c’est-à-dire les Hébreux. C’est ce conflit qui va se concrétiser entre Moïse et Pharaon. Moïse et l’Egyptien comme nous allons le voir. Pour la Kaballah, le conflit Caïn-Abel va trouver son Tiqoun dans la victoire de Moise sur l’Egypte. Moïse va venger Abel en Egypte qui représente la descendance de Caïn.

J’ai dit les choses très simplement, en réalité il y a 5 hérédités de Caïn : l’une d’entre elle c’est l’égyptien que Moïse a tué. Le Nefesh de Caïn c’est ce Mitsri. Nous verrons les autres niveaux en particulier Jéthro qui est le Roua’h de Caïn. Et sa Neshamah c’est Aharon. Et la relation entre Aharon et Moïse va faire le Tiqoun de la relation entre Abel et Caïn. Il y a encore deux autres niveaux puique la Kaballah retient 5 niveaux pour la Neshamah.

Cf. le verset de Bereshit «« shiva tayim youkam Caïn » 

Youkam est Rashei Teivot de Yitro Qora’h Mitsri 

Et il y a Aharon et Yossef. Ce sont les 5 degrés du Tiqoun de la Neshamah de Caïn.

Oubliez les détails mais retenez l’essentiel : c’est le premier-né aimant ses frères, le temps messianique commence, c’est Mashiah Ben Yossef. C’est le Tiqoun de la faute de Caïn.

Q : KiTavo ?

R : le texte aurait dû porter Ki-Telekh puisqu’on est dans le désert. Dieu s’adresse au peuple d’Israël en lui disant « Ki-Tavo quand tu viendras », Il aurait dû lui dire normalement « Ki-Telekh quand tu iras » ? En hébreu bibilique Ki-Tavo signifie aussi « aller », on l’apprend de la Bible.

Réponse du Rav Kouk : le propre de l’enseignement du Rav Kouk c’est qu’aux questions apparemment les plus compliquées, les réponses sont très simples. Il citait le verset « Ki-Mitsion… » Quelque soit l’endroit où Dieu s’adresse à quelqu’un, Il lui parle depuis Jérusalem. « Ki- Mitsion… »  Alors Il lui dit ”Ki-Tavo quand tu viendras chez Moi… » et non pas « quand tu iras là-bas… »

Q : Pourquoi il y a Parashah Bo El Paro? 

R:  Bonne question, c’est que Dieu parle à Moïse en lui disant Bo el Paro la Shekhinah est en exil viens Me délivrer là-bas…  la Shekhinah en exil appelle Moïse pour qu’il la délivre.

Nous l’apprendrons à propos de ce qui est dit dans la Hagadah de Pessa’h : « Vayered Mitsraïmah »

« Anouss al pih haGuibour » contraint par la parole de Dieu »

Nosu apprendrons indépendament du Pshat pour lequel la parole de Dieu dit à Abraham « Ta descendance sera exilée » alors Jacob, il fallait bien qu’il y aille… – que ce n’est pas si simple que cela : c’est la parole de Dieu en exil qui contraint Israël à aller la délivrer.  Pas descendre s’installer là où elle est pour faire des discours de Torah en exil mais aller la délivrer et revenir.

Q : Quel rapport entre l’offrande des prémices et la délivrance… ?

R : On ne peut faire les Bikourim qu’avec le Beit Hamiqdash mais il n’est pas écrit qu’il fallait attendre qu’il y ait le Beit Hamiqdash pour venir en Erets Israël. C’est écrit nulle part. Seulement il y a des niveaux d’accomplissement messianique.

Si vous faites l’histoire du mouvement sioniste, vous vous apercevrez que il y avait là entre autre chose, la vision d’une illusion utopique d’une société de type Abel et non pas Caïn. Et que c’est cela qui a travaillé et qui nous a fait au fond que la muraille dont j’ai parlé s’écroule.

Derrière les apparences, exactement parallèles dans la forme, Joseph en exil apparaissait comme le traitre vis-á-vis de ses fréres. Et finalement c’est Joseph qui va se révéler à ses frères comme étant « je suis Joseph votre frère », cette identité de Joseph qui cherche ses frères.

Qu’en est-il de cet idéal ? C’est un problème d’étude qui concerne la société israélienne : étudiez l’idéologie des mouvements sionistes qui ont amené à la création de l’état d’Israël, c’était une idéologie de type « Joseph », quelques soient les nuances, religieux, non religieux, de droite, de gauche…  Vous remarquerez que dans l’histoire de Jacob chez Laban c’est à la naissance de Joseph que Jacob quitte Laban. On attend l’apparition de cette manière d’être Israël qui s’appelle Joseph pour que l’exil prenne fin.

Le texte dit très clairement : quand Joseph est né, Jacob dit à Laban : « … »

Pourquoi ?  Parce que Joseph est né !

Maintenant, Halakhah LéMaasseh que se passe t’il ?

Il est évident que c’est à deux niveaux :

ð  d’une part au niveau des lois sociales elles-mêmes,

ð  et d’autre part au niveau des lois rituelles dans le temps.

Mais j’ai été personnellement très frappé par le fait que dans les Kiboutsim des fondateurs du pays, ila avaient une fête folklorique du Kibouts qui s’appellait ‘Hag Habikourim.  Ils n’avaient pas lu toutes ces sources-là mais ils ressentaient qu’il y avait quelque chose d’important là. 

…/…

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