Face A
Face B
Texte
/ C’est une parashah assez longue. Il y a 2 épisodes du récit auxquels je voudrais me référer:
– l’achat de la caverne de Makhpelah par Avraham à l’occasion de la mort de Sarah.
– le mariage d’Isaac et les enseignements que l’on peut en tirer.
23:2:
וַתָּמָת שָׂרָה, בְּקִרְיַת אַרְבַּע הִוא חֶבְרוֹן
On apprend des versets précédents que Sarah est morte à Qriat Arba que le verset nomme ‘Hevron.
Le mot de ‘Hévron donne déjà l’idée de dualité mais Qriat Arba la multiplie par deux si j’ose dire.
Le texte donne un certain nombre d’indications :
בְּקִרְיַת אַרְבַּע הִוא חֶבְרוֹן
Qriat Arba Hou ‘Hevron
Il y a donc une perspective historique. C’est qu’à un certain moment de l’histoire cette ville s’appelle ‘Hévron mais, je cite le Midrash, elle est depuis l’origine de l’humanité, sous l’appellation de « Qriat Arba la cité des quatres » – elle est l’endroit où a commencé l’histoire humaine. D’après le Midrash, y sont enterrés dans la caverne de Makhpelah, déjà Adam et ‘Hawah, et par la suite, Avraham et Sarah, Isaac et Rebeccah, Jacob et Léa. Il est important de signaler que c’est Jacob et Léah et non Jacob et Rachel.
La première question : pourquoi était-il nécessaire que Avraham achète la caverne de Makhpelah alors que le possesseur de cette caverne qui était Efron Ben Tso’har du peuple des Hittites était prêt à la lui donner en cadeau ? Quel est l’enseignement au fait que Avraham doit acheter – qiniane – acquérir la terre qu’il lui est donnée par Dieu ?
[la Torah n’emploie jamais le terme de « terre promise » qui est de mentalité chrétienne : il y a toute une philosophie derrière ce terme de « terre promise » la terre promise mais il faut la mériter, elle est promise ad vitam eternam. Et effectivement, il y a une certaine tendance dans la réflexion philosophique à considérer que le messianisme authentique est celui qui ne se réalise jamais… C’est une promesse, c’est une dynamique, c’est une espérance… Il y a là une mentalité qui n’a strictement rien à voir avec le Pshat de la Torah, même si vous entendez les discours de ce type, surtout universitaires, dans les milieux juifs. Ceux qui ont étudié le Talmud savent que indépendamment de tous les niveaux d’harmonique de sens, allégorique, mystique, métaphysique, le sens fondamental c’est le sens Pshat qui correspond à la réalité des choses. C’est l’imprégnation de mentalité chrétienne de prendre comme postulat à priori un cararctère abstrait, symbolique, de l’enseignment de la Torah. La ligne de partage entre ces deux mentalités c’est la relation à la Torah comme loi. Pour le judaïsme, la loi doit être pratiquée, réalisée. Les Mitsvot doivent être réalisées : Mitsvot Maassiot. Réalisées réellement. Tandis que dans d’autres registres, en particulier dans la mentalité chrétienne, c’est symboliquement que cela se réalise, mystiquement. Pneumatiquement, au niveau de l’esprit. Pneuma l’esprit c’est le Roua’h. Il faut être vigilant devant cet envahissement de la conscience juive à travers la culture moderne de cette perspective. On l’a trouvé surtout dans le judaïsme d’Alexandrie avec Philon : une lecture allégorique et non pas concrête et réelle du judaïsme. J’insiste un peu car nous sommes confrontés à des risques de ce genre par rapport à Erets Israël. On entend souvent dans les discours, même pieux, parler d’un Erets Israël symbolique.
Quoiqu’il en soit la véritable ligne de démarcation c’est Mitsvot Maassiot.
Je vous raconte une anécdote avec le père Dubois.
C’est une logique totalement différente. Dans la confrontation avec le christianisme on ne peut dialoguer qu’au niveau des connaissances – la logique intellectuelle – et non pas au niveau des convictions qui se situent au niveau des passions, de la logique affective. Dans la logique affective, on décide d’abord de la conclusion du raisonnement. Et ensuite on y arrive. C’est la logique des avocats. Rappelez vous de la Mishnah : le juge reçoit comme consigne : « ne te conduis pas comme un avocat », car la logique d’un avocat c’est de décider à l’avance de la conclusion des raisonnements, tandis que la logique intellectuelle prend des points de départs clairs et évidents et ne sait pas encore où le raisonnement mènera en conclusion. C’est pourquoi c’est de la perte de temps que de discuter au niveau des convictions. Bitoul Zman.
On discutait sur ce qui nous séparera toujours que le christianisme prétend que la loi est accomplie. Quelle loi ? La loi de Moïse. Que signifie accomplie dans cette affirmation ? On a discuté et pris des exemples : « Tu ne te feras pas d’image » Il m’a dit, oui la loi de Moïse interdit la représentation de l’image de Dieu. Mais Dieu a jugé dans sa grande bonté que les hommes ne pouvaient pas se passer d’image. Et pour pas qu’il y ait de faute Il s’est fait lui-même sa propre image. A ce niveau, il n’y a pas de discussion possible.]
L’acquisition – qiniane – de la caverne de Makhpelah par Avraham est la première acquisition d’Erets Israël. Cela commence par Abraham. Je citerais en particulier l’enseignement de Ibn Ezra et de Na’hmanide à ce sujet sur ce point précis : pourquoi cette nécessité pour Abraham d’acheter ce caveau précis que Efron ben Tso’har veut bien donner en cadeau ?
Cela va mettre en évidence le souci d’Abraham et de la Torah d’assurer les droits d’acquisition de la terre. Et cette préoccupation d’Abraham que l’acquisition soit irréversible n’a pas servi. Tous reconnaissent actuellement que la caverne de Makhpelah abrite les Patriarches mais cela semble ne servir à rien. C’est vrai pour l’ensemble d’Erets Israël.
L’enseignement central que je voudrais citer :
Bien sûr, la situation historique nous dépasse et nous n’arriveront jamais à l’identitifier de la manière dont le texte en parle. Les habitants de Canaan se conduisent avec Abraham comme avec un être exceptionnel : « נְשִׂיא אֱלֹהִים אַתָּה בְּתוֹכֵנוּ Nessi Elohim Atah Betokhenou- prince de Dieu parmi nous ».
Cela demande à être élucidé : nous n’avons pas l’habitude, ni l’expérience de cela. Les occupants du pays se conduisent avec Abraham revenu de la civilisation de Babel comme avec un être exceptionnel disant de lui : נְשִׂיא אֱלֹהִים Nessi Elohim prince de Dieu.
Une analogie historico-littéraire :
c’est le thème des familles de sang divin, de sang bleu. Il y a eu un temps de l’histoire des hommes, dans toutes les sociétés finalement où l’on admettait que certaines familles, certaines dynasties étaient divines. Cela continue sans doute sous une toute autre forme. C’est sans doute l’intuition de la civilisation qu’il y avait des dynasties qui étaient d’un autre ordre que les dynasties des sociétés dont elles étaient la fonction royale. C’est très connu pour l’Egypte en tout cas. Le Japon et la famille de l’empereur.
Quoiqu’il en soit, voilà donc ce dialogue avec quelqu’un que l’on respecte comme s’il était de sang bleu.
Verset 6 :
Lorsqu’Abraham demande un caveau en particulier et pas n’importe lequel, il faut essayer de comprendre ce qu’il savait pour demander ce caveau là et pas un autre ?
Les ‘Hittites lui répondent :
שְׁמָעֵנוּ אֲדֹנִי, נְשִׂיא אֱלֹהִים אַתָּה בְּתוֹכֵנוּ–בְּמִבְחַר קְבָרֵינוּ, קְבֹר אֶת-מֵתֶךָ; אִישׁ מִמֶּנּוּ, אֶת-קִבְרוֹ לֹא-יִכְלֶה מִמְּךָ מִקְּבֹר מֵתֶךָ
Shma’enou adoni
Ecoutes-nous seigneur
Nessi Elohim atah betokhenou
tu es une prince de Dieu parmi nous
bemivekhar kevareynou
dans la meilleure de nos tombes
kevor et-metekha
enterre ton mort
ish mimenou et-kivero lo-yichleh mimekha
personne d’entre nous ne refusera sa tombe devant toi
mikevor metkha.
d’enterrer ton mort.
Vayakom Avraham vayishta’hou le’am-ha’arets livney-‘Het.
Avraham se leva et se protesterna devant le peuple de la terre les enfants de ‘Het.
Ici c’était un des 7 peuples qui occupaient le pays à l’époque du retour de la famille d’Abraham au pays des hébreux que l’on appelle à cette époque le pays de Canaan parce qu’il est en train d’être conquis pas les Cananéens qui se rangent parmi les peuples occupants du pays. Il y a 7 peuples dont les Cannéens, il y en a 10 ou 13 selon les sources différentes qui s’étudient très attentivement surtout dans le Zohar : ce sont des niveaux d’identités des nations qui occupent Erets Israël et réclament un droit de possession de la terre qui est appelée à l’origine la terre des hébreux.
Le Zohar dit qu’il faut comprendre l’expression « Bnei ‘Het » en relation déjà avec les premiers temps de l’humanité : les fils du péché – ‘Heth – s’écrit différemment mais le Zohar joue sur l’homophonie.
וַיְדַבֵּר אִתָּם, לֵאמֹר: אִם-יֵשׁ אֶת-נַפְשְׁכֶם, לִקְבֹּר אֶת-מֵתִי מִלְּפָנַי–שְׁמָעוּנִי, וּפִגְעוּ-לִי בְּעֶפְרוֹן בֶּן-צֹחַר
Vayedaber itam lemor
Et il parla avec eux en disant :
im-yesh et-nafshekhem
Si vous êtes d’accord
likbor et-meti milfanay
que j’enterre mon mort devant moi
shma’uni oufig’ou-li be’Efron ben-Tsohar
écoutez moi et intercédez pour moi chez Efron fils de Tsohar.
La racine de l’expression fig’ou-li signifie dans le sens immédiat heurter quelqu’un mais c’est un des mots dont on se sert pour dire la prière : Vayifgar bamaqom (il s’est heurté à l’endroit) à propos de Jacob. Il y a différentes conduites de la prière, il y a une prière insistante qui est désignée par cette racine de lifgouaa.
וְיִתֶּן-לִי, אֶת-מְעָרַת הַמַּכְפֵּלָה
Veyiten-li et-me’arat haMakhpelah
Et qu’il me donne la caverne double .
A retenir le verbe naton donner qui va être précisé dans la suite du verset.
אֲשֶׁר-לוֹ, אֲשֶׁר, בִּקְצֵה שָׂדֵהוּ:
asher-lo
qui est à lui
asher biktseh sadehou
qui se trouve à l’extrêmité de son champ .
Et Abraham va acquérir et le champs et la caverne. C’est surtout Na’hmanide qui va nous l’expliquer.
בְּכֶסֶף מָלֵא יִתְּנֶנָּה לִּי, בְּתוֹכְכֶם–לַאֲחֻזַּת-קָבֶ
Bekhesef male yitnenah li
en argent plein, il me la donnera
betokhekhem la’ahouzat kaver.
Parmi vous en héritage de sépulture
וְעֶפְרוֹן יֹשֵׁב, בְּתוֹךְ בְּנֵי-חֵת; וַיַּעַן עֶפְרוֹן הַחִתִּי אֶת-אַבְרָהָם בְּאָזְנֵי בְנֵי-חֵת, לְכֹל בָּאֵי שַׁעַר-עִירוֹ לֵאמֹר
Ve’Efron yoshev betokh beney-‘Het
Et Efron était assis au milieu des enfants de ‘Het.
[Chaque fois qu’il y a cette expression « être assis au milieu de son peuple » c’est être assis à la porte de la ville au tribunal.]
vaya’an Efron ha’Hiti et-Avraham
et Efron le ‘Hittite répondit à Avraham
be’ozney veney-‘Het
aux oreilles des enfants de ‘Het
lekhol ba’ey sha’ar-iro lemor.
Devant tous les passant de la porte de la ville (c’est à dire le tribunal) en disant :
לֹא-אֲדֹנִי שְׁמָעֵנִי–הַשָּׂדֶה נָתַתִּי לָךְ, וְהַמְּעָרָה אֲשֶׁר-בּוֹ לְךָ נְתַתִּיהָ; לְעֵינֵי בְנֵי-עַמִּי נְתַתִּיהָ לָּךְ, קְבֹר מֵתֶךָ
Lo-adoni shma’eni
Non Monseigneur, écoutes-moi
hasadeh natati lakh
le champ, je te l’ai donné
vehame’arah asher-bo lecha netatiha
ainsi que la caverne qu’il y a dans le champ je t’ai donné
le’eyney veney ami
aux yeux des enfants de mon peuple
netatiha lakh kvor metekha.
Je te l’ai donné enterre ton mort.
C’est là que nous avons notre problème : Efron le propriétaire était prêt à lui donner et lui a donné. Pourtant Abraham n’est pas satisfait.
Verset 12 :
וַיִּשְׁתַּחוּ, אַבְרָהָם, לִפְנֵי, עַם הָאָרֶץ
Vayishta’hou Avraham lifney am-ha’arets
Et Avraham se prosterna devant le peuple de la terre.
וַיְדַבֵּר אֶל-עֶפְרוֹן בְּאָזְנֵי עַם-הָאָרֶץ, לֵאמֹר, אַךְ אִם-אַתָּה לוּ, שְׁמָעֵנִי: נָתַתִּי כֶּסֶף הַשָּׂדֶה, קַח מִמֶּנִּי, וְאֶקְבְּרָה אֶת-מֵתִי, שָׁמָּה
Vayedaber el-Efron be’ozney am-ha’arets
Et il parla à Efron aux oreilles du peuple de la terre
lemor akh im-atah lou shma’eni
pour dire : si seulement tu voulais bien m’entendre
natati kesef hasadeh ka’h mimeni.
Je t’ai (déjà) donné l’argent du champ prends le de moi
Efron dis j’ai donné mais il n’a rien donné, Abraham dis j’ai donné mais il n’a rien donné…
(si je te promets c’est que tu l’as déjà – il suffit aux tsadikim de parler) l’argent du champs prend le de moi
Tout ce qu’il lui demande c’est de prendre l’argent.
ve’ekberah et-meti shamah
et je pourrais enterrer mon mort là-bas.
Vaya’an Efron et-Avraham lemor lo.
Et Efron répondit à Avraham en lui disant
Adoni shma’eni
Seigneur écoutes-moi
erets arba me’ot shekel-kesef
une terre de 400 shekels d’argent
beyni ouveyneykha mah-hi.
entre moi et et entre toi qu’est-ce que c’est ?
ve’et-metecha kevor
enterre ton mort !
Donc on apprend que c’est au prix de 400 Shékalim d’argent que finalement la transaction a eu lieu. Ces 400 sicles d’argent ont une origine. Cela se relie à un tout autre épisode. C’est lorsque le Pharaon a reconnu que Sarah était la femme d’Abraham et qu’il l’a congédié et lui a donné en dédommagement 400 sicles d’argent que l’on retrouve ici. Il y a donc une filiation entre cette histoire de Sarah et Abraham en Egypte chez Abimelekh et d’autre part l’acquisition d’Erets Israël. Ce qui s’est passé en Egypte en ce temps-là fait qu’il va falloir acheter le pays d’Israël alors que ce pays est donné à Abraham. C’est la différence entre la terre promise et la terre donnée. Sans aucun lien possible entre les deux. André Chouraqui appelait la terre promise « la terre de promission » : toute une stratégie pour éviter que la promesse s’accomplisse…
Si c’est la terre des Hébreux, pourquoi faut-il l’acquérir ?
Réponse :
Il y a deux contrats possible : le contrat de donation shta’h matanah , et le contrat d’acquisition – shta’h quiniane. La législation talmudique préfére tojours le shta’h quiniane même pour une prouta à un shta’h matanah. Les droit de possession sont apparemment les mêmes, mais il y a une force juridique et donc morale plus forte s’il s’agit d’un contrat d’aquisition.
Abraham pressent que ce pays sera disputé à sa descendance, et il veut alors en assurer les droits judiriquement et moralement de façon plus irréversible que par un contrat de donation.
La différence entre donner, prendre et acquérir, nous allons l’étudier dans une législation du Talmud concernant le mariage. Effectivement, c’est la forme de cette acquisition du champ par Abraham qui va servir de base à l’établissement des procédures du mariage.
Le verset 3 va nous aider à comprendre pourquoi Abraham doit quand même acquérir la terre qui lui appartient en tant qu’hébreu.
Abraham ramène de l’exil de Babel à Our-Qadim son identité hébraïque mais cette identitié est un peu à l’indice araméen, à l’indice de l’exil. L’araméen est l’hébreu de l’exil au temps de la civilisation de Babel, de la même manière que le juif est l’hébreu de l’exil au temps de la civilisation romaine.
On comprend pourquoi il va falloir tout un effort de désintoxication de ce que les Kabalistes appellent Qlipat Aram – l’écorce d’Aram. L’identité hébraïque est enfouïe et vit sous une écorce, l’écorce araméenne, qu’elle ramène d’exil. Et tout cet effort d’Abraham à Jacob qui recevra le nom Israël est pour se débarrasser de la sédimentation due à l’écorce de l’identité araméenne déposée sur l’identité hébraïque. Nous vivons un processus assez analogue.
D’une certaine manière, pour retrouver notre identité hébraïque profonde, il faut finir par se débarasser de ce qu’était le statut socio-politique du juif de l’exil. Je n’ai pas dit l’identité juive, parce que l’identité juive profonde c’est l’identité hébraïque traduite dans une autre langue. Puisque les Juifs de l’exil sont des Hébreux qui parlent une autre langue. La langue n’étant ici que le signe de l’identité culturelle profonde.
Nous vivons un processus analogue et trés dramatique : les problèmes de la société israélienne contemporaine en font foi. C’est cette histoire que la Torah nous raconte : le retour de « Abram l’hébreu » jusqu’à ce qu’il devienne Abraham l’hébreu, le point de départ de cette réhébraïsation de l’unique famille des rescapés de la fournaise de Our-Qasdim qui va fournir cet effort qui ménera à Jacob-Israël.
Trés schématiquement, cette Qlipat Aram est évacuée en deux niveaux : la Qlipah extérieure part avec Ishmaël (qui est extérieure comme Hagar était extérieure à Sarah), et la Qlipah intérieure partira avec Essav jumeau de Jacob et qui a la même mère. Ce sont deux effort d’épuration d’identité, de réhébraïsation d’identité, qui sont des processus historiques et sociaux et politiques que nous vivons actuellement bien plus qu’au simple niveau culturel.
Midrash : l’identité d’Israël est impossible à définir.
Deux noms dans la Torah qui sont de cet ordre : le nom de Dieu et le nom d’Israël. L’expression Dieu d’Israël en est la clef.
En ce qui concerne Israël il y a quand même deux limites extérieures de cette identité : l’une est Ishmaël et l’autre est Essav. Tous deux sont très facile à définir. C’est Jacob-Israël et surtout le mystère Israël qui est difficile à définir. Mais il y a quand même deux limites extérieures qui sont nominables.
Un des Midrashim explique ceci sur le thème suivant : il y a 4 catégories de personnes par rapport à la Torah :
– Ceux dont le comportement est bon mais dont le nom n’est pas beau.
– Ceux dont le nom est beau mais dont le comportement n’est pas beau
– Ceux dont ni le nom ni le comportement ne sont bons
– Ceux dont le nom et le comportement sont bons
En ce qui concerne une de ces catégories, ceux dont le nom est bon mais dont le comportement n’est pas bon, le Midrash explique qu’il s’agit de Ishmaël et de Essav. Ce sont deux noms très honorables, le Midrash poursuit :
Voilà comment le Midrash les explique :
Ishmaël dans le sens Pshat “Dieu écoutera” que le Midrash traduit => son identité est Shoméa El il écoute Dieu. Ceux qui connaissent la religiosité musulmanne, originairement idolâtre mais rentrée dans la foi d’Abraham après Mahomet, savent ce qu’est un musulman priant. C’est une identité humaine capable d’écouter la loi de Dieu. Le nom dans son sens Pshat signifie l’inverse : Dieu écoutera. Quand ? Dans l’avenir. La priére d’Ishmaël est prière authentique.
Cette grande difficulté de l’exil d’Israël chez les musulmans surtout pour les Sfardim et chez les Chrétiens surtout pour les ashkénazim est aux prises avec des sensibilités trés différentes.
Halakhah : il est possible pour un Juif de prier dans une mosquée.
La prière musulmanne est une prière monothéiste
Et puis Essav : osseh retson ossav il accomplit la volonté de celui qui l’a fait
C’est très frappant de voir à travers ce Midrash ces deux limites extérieures de l’identité d’Israël.
Ishmaël est à la tendance du Nishmah, alors que Essav est la tendance du Naasseh.
Et Israël c’est naassé venishmah. Il y a une espèce de problématique d’identité dans ce Midrash qui est très claire. Il y a en Israël des tendances d’échecs. Ceux qui sont que Naassé et pas Nishmah et ceux qui sont que Nishmah et pas Naassé. L’un a tendance à être Essav et l’autre a tendance à être Ishmaël. Y a des tendances à être les limites extérieures de l’identité d’Israël en Israël même.
Très schématiquement parce que toutes les exceptions sont possibles:
Les Séfardim en général ont plus tendance au Nishmah qu’au Naasséh
Les Ashkenazim en général ont plus tendance au Naasséh qu’au Nishmah.
[Le grand Rabbin Jaïs a été grand rabbin dans une communauté Séfarade à Constantine en Algérie et dans une communauté Ashkénaze en Alsace : en Algérie un notable du consistoire mais qui ne faisait aucune Mitsvah. Un jour il lui apporte une bouteille d’huile au grand rabbin pour mettre de l’huile dans la veilleuse de Eliyahou Hanavi parce qu’il avait rêvé du prophète Eliyahou Hanavi. Le grand rabbin exprima son étonnement : Comment ? vous m’apportez de l’huile pour la veilleuse d’Eliyahou Hanavi parce que vous avez rêvé de lui ? Réponse du juif : Quoi, Monsieur le rabbin, vous n’y croyez pas ? C’est un premier type de juif.
En Alsace le président de la communauté était un juif très pieux. Un soir de Pessa’h le grand rabbin Jaïs a fait un discours sur les miracles de la sortie d’Egypte. Alors à la fin de l’office le président l’a félicité : « Vous avez très bien parlé mais vous savez ces histoires de miracles il faut raconter cela au talmud Torah à ma petite fille.
Alors le grand rabbin Jaïs me demanda : Lequel des deux est juif ?
Vous voyez, l’un c’est Nishmah et rien du Naasseh. L’autre c’est Naasseh et Nishmah c’est un problème. Les deux limites de l’identité sont présentes ici. Je lui ai dit : il faut prendre le fils de l’un et la fille de l’autre, les marier, et on obtiendra un juif avec cela.]
***
Abraham revient avec l’identité hébraïque devenue araméenne en exil. Or, ce n’est pas toutes les dimensions de cette identité hébreux revenue d’exil de la famille d’Abraham qui peuvent être Israël. C’est le résultat de déjà trois générations d’évacuation de l’identité araméenne. L’identité Aram va se déposer comme telle dans la descendance de Loth (Ammon et Moav), dans la descendance d’Ishmaël et dans la descendance d’Essav. Et c’est l’identité hébraïque revenue d’exil, débarrassée de l‘identité d’Aram qui deviendra Jacob qui reçoit le nom Israël parce qu’il est enfin hébreu absolu.
C’est finalement la réponse à notre question : pourquoi faut-il donner et spécifier à la descendance d’Abraham par Isaac et Jacob, cette terre qui est la terre des Hébreux ?
Parce qu’elle sera inévitablement réclamée par les autres lignées ! Mais il n’y a que Jacob devenu Israël qui est vraiment l’hébreu et qui a donc droit à la terre des Hébreux.
Au point de départ, notre question est la suivante : Nous savons que c’est la terre des hébreux. (Cf. Verset du chapitre 46 de Bereshit ). Pourquoi faut-il donc confirmer à Abraham que dans sa descendance Isaac et Jacob cette terre lui appartiendra puisque c’est la sienne ? Parce que l’hébreu revenu de la civilisation d’Our-Qasdim est araméen et a donné naissance à des lignées dérivées de la famille d’Abraham qui ne sont pas hébreux vraiment. Il n’y a qu’avec Jacob devenu Israël que l’on a vraiment retrouvé l’identité hébraïque.
Je vous ajouterais l’explication du Maharal à propos d’un verset que nous étudierons à Pessa’h.
C’est à Abraham déjà qu’est annoncée l’éventualité de l’exil. Et il s’avérera par la suite où cet exil se fera : là où la civilisation du temps était la plus forte. Il s’avèrera par la suite que c’était en Egypte. Maharal : Puisque c’est avec Abraham déjà que l’exil est annoncé pourquoi ne commence-t’il pas avec Abraham ? Pourquoi faut-il attendre Jacob pour que l’exil commence ?
Maharal répond : parce que la confirmation de la possession de la terre des hébreux est toujours liée à l’éventualité de l’exil. Et si l’exil avait commencé avec Abraham, Ishmaël aurait été concerné. Ishmaël avait connu l’exil il aurait des droits sur la terre.
Et si Essav avait été lié à l’exil il aurait eu des droits sur la terre
Jacob est le seul de la descendance d’Abraham qui accepte l’éventualité de l’exil.
Je vous rappelle la Mishnah lue dans la Hagadah de Pessa’h (tiré de Josué 24:4):
וָאֶקַּח אֶת-אֲבִיכֶם אֶת-אַבְרָהָם, מֵעֵבֶר הַנָּהָר, וָאוֹלֵךְ אֹתוֹ, בְּכָל-אֶרֶץ כְּנָעַן; וארב (וָאַרְבֶּה), אֶת-זַרְעוֹ, וָאֶתֶּן-לוֹ, אֶת-יִצְחָק
וָאֶתֵּן לְיִצְחָק, אֶת-יַעֲקֹב וְאֶת-עֵשָׂו; וָאֶתֵּן לְעֵשָׂו אֶת-הַר שֵׂעִיר, לָרֶשֶׁת אוֹתוֹ, וְיַעֲקֹב וּבָנָיו, יָרְדוּ מִצְרָיִם
vaéka’h aite avikhém aite avraham méévér hanaar vaolékh oto békhol érétse kénaan vaarbé aite zaro vaétén lo aite its’hak :
vaétén l’Its’hak aite Yaacov vaite Esav aite har séir laréchét oto. véyaacov ouvanave yardou mitsraim :
« J’ai ramené votre père de l’autre côté du fleuve (c’est l’Euphrate) je l’ai promené dans tout le pays (il s’agit du pays des Hébreux) j’ai multiplié sa descendance (c’est Ishmaël selon le Maharal) et je lui ai donné Isaac. J’ai donné à Isaac, Jacob et Essav. A Essav j’ai donné le mont Séïr. Et Jacob et ses fils sont descendus en Egypte…. »
Cela veut dire que de toute la descendance d’Abraham il n’y a que Jacob qui est dans l’éventualité de l’exil.
J’explique maintenant pourquoi c’est important : parce que Ishmaël a voyagé partout, mais partout en conquérant. Ishmaël n’a jamais connu l’exil à la manière dont Israël l’a connu. Sauf l’exception moderne des Palestiniens en exil en Israël. Un exil doré comme vous le savez.
De la même manière Essav, fondateur de la chrétienté, a voyagé partout mais partout en conquérant et jamais Esaü n’a été en exil. Sauf peut-être ici Beerets Israël. Au premiéres shabatot de ma Aliah j’ai été impressionné de cela. J’allais de chez moi à la synagogue et au kottel et je voyais de temps en temps des bonne-sœurs et des curés qui se faufillaient entre les ruelles pour se aller d’une église à l’autre. Je me suis dit : tiens, c’est la première fois depuis 2000 ans que les chrétiens sont en exil chez les Juifs.
Ishmaël et Essav n’ont jamais connu l’exil et pourtant ils ont voyagés partout. Mais partout en conquérant. Ils n’ont donc pas de droit sur la terre des Hébreux.
Je referme cette parenthèse qui nous a permis de pénétrer un peu dans cette question : pourquoi fallait-il confirmer à la descendance d’Abraham, par Isaac et Jacob, la possession des Hébreux. Parce qu’à partir de la famille d’Abraham, il y a plusieurs lignées d’hébreux devenus araméens qui se sont installés en rivalité d’Israël.
Le frère d’Abraham. Haran est mort à Our-Qasdim mais son fils Loth neveu d’Abraham est de la même identité. Or, de Loth, qui procède de cette famille des hébreux araméens de l’exil, est issu Amon et Moav. Donc les Amonites et les Moavites réclament la terre des Hébreux. On est plus familier avec la réclamation d’Ishmaël et la réclamation de Essav, mais il y a ainsi 7 dossiers des 7 lignées de cette famille d’Abraham revenus d’Our-Qadim qui ne sont pas Jacob-Israël et qui s’intaurent en rivalité d’identité contre Israël au nom de la famille d’Abraham.
Il faut découvrir ce thème-là. Vous êtes familier à l’idée des musulmans ou des chrétiens comme des étrangers à Israël. Mais il faut voir la préhistoire où cela s’accroche. Cela s’accroche à Ishmaëlet cela s’accroche à Essav et cela s’accroche à Ammon et Moav à travers Loth. Et puis il y ala descendance de na’hor, l’autre frère d’Abraham qui va instaurer l’identité araméenne refusant de redevenir hébraïque : Béthouel Laban les pires ennemis d’Israël : l’oncle.
Vous voyez pourquoi il est important de retrouver la mémoire de cette histoire pour comprendre le présent. Toute ces lignées-là constituent des dossiers contre Israël au nom de la famille d’Abraham.
C’est pourquoi il est nécessaire de confirmer aux Hébreux : c’est Dieu qui parle à Abraham : C’est à Isaac après toi ! Et après Isaac, c’est Jacob ! Et personne d’autre !
Quel est le point de départ de la quesiotn ? Puisque c’est la terre des Hébreux, pourquoi faut-il confirmer aux Hébreux ? Parce que seul Jacob devenu Israël redevient vraiment hébreu. Tous les autres ont fondé d’autres peuples.
Je sais par expérience qu’un juif ne peut pas penser à la manière d’un musulman ou d’un chrétien, mais essayer de vous mettre un peu dans leur problématique. Le musulman est persuadé que cette terre lui appartient. D’où cela vient-il ? Le chrétien est persuadé que cette terre lui appartient. Actuelllement, c’est en profil bas, parce qu’il y a eu la Shoah et que c’est indécent d’avoir les mêmes réclamations, sauf peut-être Jérusalem, mais le chrétien reste persuadé que cette terre est la sienne puisque c’est sa « terre sainte ».
Pour nous c’est « la terre enceinte » comem je vous le dis souvent, celle qui donne les récoltes. Regardez les différences de mentalité. C’est parce qu’elle est enceinte qu’elle est sainte.
Pourquoi la chrétienté considère que Jéruslam est sa ville sainte ? Parce que c’était une ville juive ! C’est parce qu’elle est juive qu’elle est sainte pour eux. Remettez l‘histoire en ordre !
Il peut y avoir également une perplexité inconsciente chez les Juifs qui considèrent également des droits à tous sur cette terre.
Et pourquoi les musulmans considèrent que c’est leur ville sainte ? C’est parce qu’elle est juive. C’est parce qu’elle était juive que mahomet a rëvé que sa jument s’envolait de l’esplanade du temple. Il n’y a que le dictionnaire Larousse qui est persuadé que c’est vrai.
J’en profite pour mettre en évidence ceci : il y a aussi une telle perplexité parfois inconsciente chez les Juifs eux-mêmes qui considèrent que peut-être c’est à eux aussi… Bien sur cela vient de l’inconscient profond mais vous avez l’expérience comme je l’ai eu : il y a énormément de juifs et d’israéliens travaillés par ce doute de perplexité.
On comprend alors pourquoi il y a une telle insistance dans le texte :
Abraham et pas Loth, Isaac et pas Ishmaël, Jacob et pas Esaü…
***
Verset 3 chapitre 23
וַיָּקָם, אַבְרָהָם, מֵעַל, פְּנֵי מֵתוֹ; וַיְדַבֵּר אֶל-בְּנֵי-חֵת, לֵאמֹר
Vayakom Avraham me’al peney meto vayedaber el-bney-‘Het lemor
וַיָּקָם, אַבְרָהָם, מֵעַל, פְּנֵי מֵתוֹ
Vayakom Avraham me’al peney meto
Et Avraham se leva de devant son mort,
Il était d’abord assis auprès de Sarah pour la pleurer et puis il se lève pour se préoccuper de l’enterrer.
וַיְדַבֵּר אֶל-בְּנֵי-חֵת, לֵאמֹר
vayedaber el-bney-‘Het lemor
et il s’adresse aux enfants de ‘Het pour dire:
aux Hittites et on apprend ainsi que la peuplade qui occupait le territoire de ‘Hevron était des descendant de ‘’Het – les ‘Hittites.
Verset 4 :
גֵּר-וְתוֹשָׁב אָנֹכִי, עִמָּכֶם
Ger-vetoshav anokhi imakhem
Je suis étranger-résidant parmi vous.
Cette expression est contradictoire Guer = étranger et Toshav = séjournant.
Ne prenez pas le sens des mots dans l’hébreu moderne parce que cela pose des problèmes, que l’on pourrait étudier mais cela prendrait trop de temps. Je vous en donne un exemple très clair: lorsque quelqu’un se convertit au judaïsme on l’appelle Guer. Mais c’est avant d’être converti qu’il était Guer ! Vous voyez la difficulté. Comment dit-on devenir juif ? Cela se dit devenir Goï !
Je ovus donne l’explicaiton de l’un de mes maitres, un des fondateurs du Goush Letsion, il s’appellait le Rav Abraham Epstein za’l. Il avait quitté le pays fâché avec Ben Gourion mais on a obtenu de son fils que son corps revienne au pays – il était un grand talmudiste et a été le maître de Adin Steinzalt (Baal Teshouvah de Ha-Shomer Hatsaïr ramené au judaïsme par le Rav A. Epstein) Il expliqua ainsi dans une explication un peu Drash: il cita un verset où Dieu dit à Israël :
ki guerim vetoshavim atem imati
car vous êtes des étrangers séjournant avec moi, auprès de Moi.
« Si vous Israël vous vous considérez comme Toshavim dans le monde, Moi Dieu j’y suis Guer étranger. Si vous, vous considérez comme étrangers dans le monde alors Moi j’y suis chez Moi Toshav. »
C’est très ‘hassidique. Il dit alors : Israël c’est l’étranger du monde. Et par conséquent quand quelqu’un devient d’Israël, il accepte la condition d’être l’étranger du monde.
Il y a dans l’identité juive une expérience profonde de cela. Nous savons que nous sommes de la terre comme les autres hommes. Et pourtant, il y a quelque chose qui nous dit que nous sommes d’ailleurs : min hashamayim.
Beaucoup de ‘Hassidei Oumot HaOlam ont cette intuition existentielle. On est de la terre mais au fond, peut être que la terre appartient vraiment aux animaux et que nous nous y sommes étrangers.
On a une relation avec un ailleurs mais pourtant on est d’ici. Notre corps est sûrement terrestre, il ressemble tellement à celui des animaux. Mais l’âme ? Est-elle vraiment de ce monde-ci ? Quelle rapport a t’elle avec le monde des instincts ? le monde terrestre ? Terriens, peut-être sommes-nous des célestes. Torat min hashamayim. Il faut prendre cela au sérieux.
Il y a cette intuition-là que nous sommes à la fois Guérim vetoshavim : à la fois des Guérim dans le monde mais aussi des Toshavim quand même. Alors on n’a pas de place vraiment, parce que les habitants du monde eux ont des droits sur leurs terres. Il faut étudier les sociétés humaines depuis leur origines : cela se confirme par l’endroit de la tombe, le caveau. Ils ont leurs caveaux, mais voilà que ces étrangers, ces extra-terrestre n’ont pas leur caveau, ils n’ont pas de place en terre si j’ose dire. Il y a un peu de cela dans l’expérience existentielle juive. Partout où nous avons voyagé nous avons été à la fois Guer véToshav étrangers et séjournant.
J’a vu à la télévision le procès Dreyfus. Dans les discussions après dans la famille : comment peut-il y avoir encore des Juifs en France qui se considèrent vraimeent chez eux en France après ces scènes-là ? Comment est-ce possible ?
Je voudrais exprimer cela parce que je l’ai vécu dans ma jeunesse, à la dernière guerre mondiale où j’ai vibré à la Marseillaise sous l’uniforme français. On savait qu’on était juif donc étranger, mais on était persuadé qu’on était chez soi puisque français. Alors la grande blague c’était chez les Algériens : puisqu’on est algériens on est donc français… C’est cette ambiguïté-là je crois qui éclaire un peu cette problématique de Guer vé-Toshav.
Il y a un poème de Judah Halévi que nous chantons dans les Sli’hot de Rosh Hashanah dans le rite Sefardim :
« Comme un étranger séjournant je suis sur la surface de la terre et cependant je sais que c’est en son sein qu’est mon héritage et ça c’est ma tombe »
Je crois que cela vaut la peine, jsuqu’à ce que je vois un sourire sur vos visages, d’exprimer ce sentiment existentiel. Cela ne veut pas dire que énormément de Goyim n’ont pas ce sentiment existentiel. Ce sont les ‘Hassidei Oumot HaOlam (les justes des nations) qui ont à l’échelle individuelle ce sentiment profond que l’on rencontre chez beaucoup de philosophes et chez beaucoup de poètes surtout. Mais c’est le sentiment juif par excellence d’expérience existentielle: vivre en sachant que l’on est à la fois étranger et chez soi. Cela a été notre sentiment dans l’exil.
Midah Kenegued Midah : la punition de cela c’est qu’on arrive chez nous et qu’on nous dit la même chose. On nous dit que nous sommes étrangers chez nous. Pourquoi ? Parce que nous nous sommes sentis chez nous à l’étranger ! C’est mesure pour mesure Midah Kenegued Midah !
Il faut comprendre que ce sentiment existentiel possède une dimension métaphysique
Il faut bien y réfléchir, c’est toute l’humanité qui est concernée. Mais elle l’a oubliée. Elle est créée autrement que tous les êtres de la terre. Et c’est Israël qui est vraiment dans ce cas, à un niveau historique. Les autres peuples rencontrent alors un peuple qui est socio-politiquement ainsi. Ils peuvent alors diagnostiquer que le salut passe par là.
Ibn Ezra :
Dans cette société des ‘Hittites qui occupaient Qriat Arba et ‘Hevron, il y avait le statut suivant : chaque famille possédait son caveau familial et pour les étrangers, il y avait un champ, genre fosse commune, qui entourait le caveau familial de Efron ben Tso’har, propriétaire de ce champ.
Dialogue d’Abraham à Efron Ben Tso’har :
Comme je suis Guer véToshav je n’ai pas de statut : en tant que Guer je n’ai pas de caveau mais en tant que Toshav j’y ai droit. Trouvons une solution ! La solution ne peut être que dans ce champ où l’on enterrait les Guérim et qui appartient cependant au Toshav qui a son caveau dans le champ.
Le statut d’Abraham ne peut être résolu que par la possession de ce champ-là et pas un autre.
Le Zohar et le Midrash Raba nous donnent une indication sur Efron ben Tsohar. Cet homme-là a un nom très particulier. Efron c’est le poussiéreux. Afar. Superlatif de Afar : « Poussière tu es et à la poussiére tu retourneras » Il a ainsi le nom du possesseur du cimetière : le fossoyeur.
Tsohar est un mot qui se rattache à Zohar et il est donc « Poussiéreux fils de lumière ».
C’est la chute : à l’origine on était dans la lumière et on est tombé dans la poussière. Alors que Abraham c’est le sens inverse : il passe de la poussière pour aller à la lumière. Les deux verticales se rencontrent à un certain niveau.
Abraham qui est la ligne de la rédemption du monde, arrive au stade où il doit prendre en charge la ligne de la chute du monde : c’est la caverne de Makhpelah.
C’est là que sont enterré Adam et ’Havah et c’est donc là qu’Abraham vient prendre le relai.
Dans la ligne de Efron ben Tsohar, il y a la chute. Dans la ligne d’Abraham il y a la rédemption.
Au niveau de leur rencontre, Abraham va prendre le relai.
Cela s’appuie sur un enseignement du Nefesh Ha‘Hayim sur l’expression anokhi afar va-efer lorsqu’Abraham prie pour Sodome et Gomhorre. « Je suis poussière et cendre ».
Le passage par la lumière fait que la poussière devient de la cendre. Le Rav ‘Hayim de Volozine base cela sur un Midrash très connu : à l’origine l’homme était fait de lumière, aprés la faute il s’est recouvert de peau alors il faut comparer les deux mot Or (alef-vav-resh) et ‘Or (ayin-vav-resh). Le Alef va devenir Ayin.
Le sens de la chute c’est quand le Alef tombe dans le Ayin.
Le sens de la rédemption c’est quand le Ayin remonte dans le Alef.
De nombreux Midrashim se rattachent à cela. Des enseignements que vous connaissez d’ailleurs : Ayin c’est le signe de la multiplicité c’est 70. Alef c’est l’unité 1. C’est la relation entre Israël et les nations. Mais c’est surtout cette idée de relai que je voulais mettre en évidence.
Donc Abraham dit à Efron : c’est ce caveau là qu’il me faut.
Voilà ce que je voulais dire essentiellement dans ce problème d’identité particulière où Abraham, guer vé-toshav, vient prendre le relai de Efron ben Tsoar. Notre problème étant qu’Abraham tient à ce que ce soit Stakh Qiniane et pas Stakh Matanah.
On a appris deux choses importantes :
– 1- Pourquoi il faut confirmer à la descendance d’Abraham la terre des Hébreux
– 2- Il faut prendre le relai et cela s’effectue par un Shta’h Qiniane un contrat d’acquisition.
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Etude Talmudique :
C’est une discussion apparemment formelle des procédures du mariages mais qui en réalité développent des conceptions très profondes de la conception même du mariage selon la Torah.
Il y a dans la culture générale 2 doctrines du mariage :
– une doctrine qui aboutit à la limite de voir dans le mariage un contrat social : elle explique le fait de faire couple par le fait de mettre en commun les droits et les devoirs comme un contrat social.
– A l’opposé de cela, il y a la doctrine du mariage par amour.
La Torah connait les deux mais les considère comme mineures, ce n’est pas la vraie motivation du mariage, elle est tout à fait autre. Nous l’apprenons de la Torah elle-même, c’est le fait de briser la solitude. C’est à un tout autre niveau. On se trouve en présence de trois motivations du mariage. Les trois vont être habilitées par la Torah Shébéalpeh – par le Talmud. Mais celle de la Torah c’est premiérement de briser la solitude.
Très souvent je reçois des gens pour des conseils sur leur mariage éventuel, j’ai l’habitude de leur répondre : Si vous qui vous connaissez, vous n’êtes pas sûrs, comment moi qui ne vous connais pas, vais-je être sûr ?
C’est un peu la pensée magique. Je leur explique cela que si déjà avec l’autre on n’est plus seul, alors c’est déjà l’essentiel. Le contrat, l’amour, cela s’arrange après. L’amour des fiançailles d’avant le mariage et l’amour après le mariage n’est pas le même. Il y en a un au troisième âge c’est les fiançailles après le mariage. Ça c’est le meilleur !
Pour en revenir au problème : pour la Torah c’est clair qu’elle ne se préoccupe pas du tout de l’amour de la littérature grecque ou du contrat social de la littérature romaine. Elle s’occupe d’abord de l’essentiel.
Quel est le verset ? Le verset Bereshit 2 :18 dit :
וַיֹּאמֶר יְהוָה אֱלֹהִים, לֹא-טוֹב הֱיוֹת הָאָדָם לְבַדּוֹ; אֶעֱשֶׂה-לּוֹ עֵזֶר, כְּנֶגְדּוֹ
Vayomer Adonay Elohim lo-tov heyot ha’adam levado e’eseh-lo ezer kenegdo.
Et Dieu dit il n’est pas bien que l’homme soit seul, Je vais lui faire un aide-contre
Je ne vais pas passer deux heures à vous expliquer le verset, mais jsute en ce qui concerne notre problème : Il n’est pas bon que l’homme soit seul ! Voilà la raison du mariage.
Il s’agit de l’expérience de la solitude. Celui avec qui on sait que l’on n’est plus seul, c’est l’âme-soeur.
Le verset est généralement mal traduit. On le traduit habituellement comme si Dieu avait dit :
lo tov she hiyeh HaAdam lévado : il n’est pas bon que l’homme soit seul.
Mais il y a écrit lo tov heyot levado Cela n’est pas bon, l’homme étant seul…
Cela signifie que tout ce qui a été précédement déclaré tov bon dans le 1er chapitre, (et Dieu vit que c’était bon, et Dieu vit que c’était bon…etc. ) tout cela n’est pas bon tant que l’homme est seul.
Il y a là de la part de la Torah la désignation d’une expérience fondamentale. Tous les êtres normaux ont perçu qu’il y avait un problème avec ce texte : Dieu a vu que le monde était bon. Mais pour nous le monde est bon et mauvais. Il y a un contraste. Alors il faut relier les 2 notions : la créature qui est dans l’enfer de la solitude, pour elle, le monde est un enfer. D’où le jugement porté par Dieu, tout cela n’est pas bon tant que l’homme est seul. D’où la statégie de la rencontre du couple. C’est cela le mariage. Donc l’objectif du mariage est de briser la solitude. Cela nous permet de comprendre quelle est la motivation du mariage d’après la Torah.
Ceci dit, la Torah shébéalpeh le Talmud, connait les deux autres motivations et va les habiliter mais à certaines conditions. La Torah shébéalpeh sait très bien que la plupart des rencontres se font par amour et donc au fond par motivation de désir. C’est la procédure de Kessef.
Kessef – l’argent – c’est ce par quoi on obtient ce pour quoi on a un Kissouf un désir.
Il est donc bien évident que le soubassement, le Kéli de l’amour, cela commence déjà au niveau physique par le désir. Ensuite, c’est sublimé à travers le comportement social. Et puis les rencontres privilégiées commencent par l’amour et le désir vient après. Mais en général la plupart des rencontres se font par le désir. Et les rabbins se trouvent devant un problème. Peut-on habiliter ce genre de mariage ? Ou bien est-ce un simple accouplement de désir ?
La Torah shébéalpeh va décider d’habiliter mais sous condition.
Pour la Torah, le véritable mariage c’est l’union d’un couple parce que le problème à résoudre est celui de la solitude. Et puis d’autre part, il y a aussi le contrat social, fonder une famille, et donc il y a des conditions socio-économiques.
Les 3 procédures qui vont être habilitées par la Torah Shébealpeh :
– Kessef : c’est la procédure par l’argent – la bague – le fiancé offre une bague à la fiancé et si elle l’accepte il y a mariage : Kessef
– Shta’h la Ketoubah le shta’h le contrat qui stipule les droits et les devoirs des époux dans l’entité socio-économique du couple
– Mais en vérité ce que la Torah avait demandé c’est Biah, le fait de l’unité de l’homme et de la femme pour refaire un Adam. Cela s’appelle Biah, le fait que l’un et l’autre s’unifie. Je ne traduis pas plus bas, mais à ce niveau cela suffit.
Mishnah (Kidoushin 2a):
Ha-isha nikneit b’shalosh d’rachim, v’kona et atzma bish’tei d’rachim. Nikneit b’kesef b’shtar uv’via…
Ha-ishah nikneit la femme est acquise (en mariage) bishloshah dvarim par trois procédures : Elle est acquise…
– Bé-Kessef la procédure par l’argent qui formalise le mariage par désir, par amour. C’est la bague.
– Bé-Shta’h c’est le contrat
– Bé-Biah, c’est l’union conjugale.
Dans le rite Ashkenaze immédiatement après avoir fini les Shéva Brakhot, il y a le Yi’houd.
Le Yi’houd : le fiancé et la fiancé s’isolent dans une chambre, les deux témoins restent à la porte. Le Yi’houd c’est cela Biah. Chez les Séfardim on considère que la ‘Houpah fait le Yi’houd. Quoiqu’il en soit, primitivement à l’origine cela n’a jamais été appliqué comme ça, la Torah Shébéalpeh løinterdit. Voilà comment se faisait le marriage : les 2 témoins accompagnaient le fiancé et la fiancée à la chambre nuptiale, Biah. C’était cela le mariage d’après la Torah.
Le niveau de moralité étant tombé, les rabbins interdisent, et il y a par conséquent la ‘Houpah. Et ce que représente le Yi’houd, c’est effectivement Biah.
Je reprends le problème à la Guémara (Kidoushin 2) :
Guémara:
La Torah avait dit : Ki ika’h ish ishah – lorsqu’un homme prendra femme – un peu dans le sens français « prendre femme ». Mais le verbe employé par la Torah c’est ki’hah prendre femme. Du verbe Lakoa’h. Donc la Mishnah aurait du dire Ha-ishah nikneit, nirkeret en fait en hébreu araméeen. Pourquoi la Mishnah dit Ha-ishah nikriit. Pourquoi la Mishnah a t’elle changé le verbe de la Torah ?
Alors on lit dans la Guémara : Ha-ishah nikneit. On cite la Mishnah : la femme est acquise en mariage : pour quelle raison on a changé ici et enseigne-t’on « la femme est acquise » ?
Et pour quelle raison il a changé là bas ? (c’est au 2ème chapitre de la Mishnah) où la Mishnah dit : « Ha-ish meqadesh – l’homme consacre en mariage » ?
Ici le sujet c’est la femme et le verbe La’h c’est acquisition.
Et dans l’autre Mishnah le sujet c’est l’homme et le verbe c’est consécration-Kidoushin.
En fait il n’y a pas deux questions, il y en a 3 : pourquoi la Mishnah a-t’elle changé de la Torah à ici « ki ika’h » à « ishah nikneit ». Et s’il fallait changer pourquoi change-t’on encore dans le 2ème chapitre de « ishah nikniit » à « mekadesh »… ?
Il y a tout un faisceau de questions avec derrière la question en filigrane : ici dans le mariage appellé Qiniane c’est la femme qui est sujet de la procédure. Alors que, là-bas, le mariage appelé kidoushin : c’est l’homme qui est le sujet de la procédure.
3ème ligne de la Guémara :
« Parce que la Torah shebéalpeh a voulu enseigné la procédure par l’argent ».
parce que la Torah shébéalpeh a voulu habiliter le mariage par amour, alors elle doit dire « Nikniit » et pas « Nikeret », elle soit dire « Qinian » et pas « Ki’hah ».
Pourquoi ?
Alors une parenthèse qui s’ouvre :
« D’où savons nous que l’argent donc la bague qui désigne l’amour est une procédure du mariage ?
Cela veut dire que la Torah ne l’a pas enseigné, mais y a t’il une allusion que c’est possible ?
Réponse :
« On a établit un raisonnement par analogie de « Ki’hah » du mariage à « Ki’hah » de Sedeh Efron du champ de Efron. »
On revient au champ de Efron :
Verset 23:13 :
וַיְדַבֵּר אֶל-עֶפְרוֹן בְּאָזְנֵי עַם-הָאָרֶץ, לֵאמֹר, אַךְ אִם-אַתָּה לוּ, שְׁמָעֵנִי: נָתַתִּי כֶּסֶף הַשָּׂדֶה, קַח מִמֶּנִּי, וְאֶקְבְּרָה אֶת-מֵתִי, שָׁמָּה
Vayedaber el-Efron be’ozney am-ha’arets lemor akh im-atah lou shma’eni natati kesef hasadeh kach mimeni ve’ekberah et-meti shamah.
Et il dit ‘Efron aux oreilles du peuple en disant si seulement tu voulais m’écouter, j’ai donné l’’argent du champ, prend-le de moi.
Et nous avons là un exemple d’une procédure d’acquision par l’argent.
(En fait Abraham n’a pas encore donné l’argent mais on apprend du Midrash que la parole du Tsadik a force de loi).
La Guémara va utiliser ce verset pour expliquer que l’acquisition par l’argent s’appelle Qiniane et pas simplement prendre.
Le verset concernant le mariage disait ki ika’h ish ishah. La Mishnah nous dit haihah nikniit. Pourquoi elle dit niknit ? Pour habiliter la procédure de Kessef. Prendre avec Kessef cela se dit acquiert.
Je vais vous donner la réponse après tout va s’éclairer. Simplement pour vous indiquer que se préparer à étudier une page de Guémara il faut… se préparer !
« Il est écrit d’un côté ki ika’h shishah…et prendre (en donnant de l’argent) cela s’appelle acquérir Dikhtiv puisqu’il est écrit : « le champ que Abraham a acquis ».
C’est la suite du texte. Ce champ après cette procédure va être appellé le champ qu’Abraham a acquis, non pas le champ reçu en cadeau de la part d’Efron.
Et si on objecte que peut-être c’est un cadeau (malgré l’argent donné) mais que d’autre part il y a eu une procédure d’aquisition, alors on va citer un autre verset (du prophète Jérémie) : « les champs sont acquis par l’argent ». Cela veut dire que l’argent a donc bien prérogative de permettre l’acquisition des champs.
Ici une difficulté : le raisonnement ne marche pas du tout.
Car pour Abrahm il y a écrit : c’est Abraham qui donne l’argent : natati kessef hasadeh ka’h mimeni Prend-le de moi.
Cela veut dire que dans ce parallèle il y a : la fiancée et le fiancé, Abraham et Efron.
Abraham dit : j’ai donné l’argent et toi Efron prend-le de moi.
Tandis que dans ki ika’h ish ishah, c’est l’homme qui prend femme en donnant de l’argent. Donc le raisonnement ne marche pas du tout.
Si vous avez entendu la difficulté, on va apprendre ce que la Guémara dit par la suite et cela va se résoudre.
Et pourquoi ne pas enseigner dans l’autre Mishnah au début du 2ème chapitre « l’homme acquiert » puisque déjà j’ai appris qu’il faut dire Qiniane et pas ki’hah pourquoi au lieu de dire haish meqadesh je dirais pas haish qoneh ?
Je suis allé trop vite, il fallait que je vous explique pourquoi ce verbe de Qiniane.
Prendre une femme avec de l’argent, si ce n’est pas définitif c’est autre chose que le mariage.
Etant donné qu’il s’agit de prendre une femme pour de l’argent, il faut dire que c’est Qiniane sinon avec ki’ha’h c’est autre chose.
Ceci dit, si on a compris effectivement qu’il faut dire Qiniane pour quoi ne pas continuer avec le même verbe et là-bas dire Ha-ish Qoneh ?
Rappelez-vous notre question que c‘est ici Ha-ishah qui est le sujet de la procédure.
Je vous donne la réponse par manque de temps :
Tant que Efron n’a pas accepté l’argent, le champ n’est pas acquis par Avraham. Tant que la Ishah n’a pas accepté la bague, le mariage n’est pas contracté. Voilà pourquoi c‘est la Ishah qui est le sujet de la procédure. Ce qui est dit par la suite de la Guémara: si elle accepte c’est possible, si elle n’accepte pas, ce n’est pas possible.
Dans la procédure talmudique du mariage c’est la femme qui décide. Le sujet de la procédure c’est la femme et non pas le mari.
Dommage qu’on n’ait pas eu le temps de finir la Guémara qu’on reprendra un autre jour.
Au niveau de la psychologie profonde du mariage les fiancés croient que ce sont eux qui choisissent leur femmes en réalité c’est l’inverse. Ce sont toujours les femmes qui choisissent leurs maris.
***
Q : Vous avez parlé de l’identité de passage entre la Qlipah araméenne et l’identité hébraïque, mais aujourd’hui on a un problème avec l’identité israélienne si telle qu’elle a été comprise par les gouvernements et telle qu’elle se profile à l’horizon est-ce qu’on ne va pas prendre du recul par rapport à cette identité hébraïque ?
R : Cela se relie au sujet, il faudrait plus de temps. Il y a actuellement un clivage en train de se dévoiler qui existe depuis la fondation du pays entre deux peuples juifs redevenant hébreux : ceux qui sont venus dans le pays pour ne plus être juif et ceux qui sont venus dans le pays pour y être vraiment juif. Et c’est maintenant que cela éclate mais le problème était là depuis la fondation d’Israël.
Il y a 4 tendances en realité :
– Parmi les fondateurs du pays la majorité était ceux qui voulait quitter la condition de l’exil et redevenir hébreu israélien pour ne plus avoir cette condition du juif de l’exil. Ils ont jetté le judaïsme avec. Cela se dévoile maintenant parce que les fondateurs étaient trés juifs tout en étant déjudaïsés. Ce sont leurs enfants qui se sont déjudaïsés et ce sont leurs petits enfants qui nous font des problèmes.
– Ceux qui sont venus ici pour être vraiment juif. Ce sont grosso-modo les sionistes religieux.
– Les ‘Harédim refusant l’idée d’un état juif mais qui cependant sont venus dans le pays pour pouvoir à l’abri de l’état sioniste vivre en hébreu sur la terre sainte.
– Les Juifs qui sont là parce qu’ils sont là. En réalité il sont cosmopolites. Ils pourraient être n’importe où ailleurs avec la même mentalité.
Il semble bien que ce soit des Juifs de type cosmopolite qui ont le pouvoir actuellement. Puisque leur objectif est de faire du pays une sorte de Hong-Kong du Moyen-Orient.