Devarim – série 1995

Le cours

FACE A

FACE B

TEXTE
/ Parashat Devarim :

Nous prendrons une référence dans un autre livre qui nous donnera la définition du livre de Dévarim. Mais d’abord l’étude d’un verset important pour comprendre la différence entre le livre de Dévarim, 5ème du Pentateuque et les 4 autres livres :
 
Les 4 premiers livres sont l’enseignement de Moïse à la génération de la sortie d’Egypte.
Le problème principal c’est le fait de l’identification dans la Torah de 2 genres différents :
– l’explication de l’histoire du monde depuis la création du monde jusqu’à la sortie d’Egypte
– et au monent de la sortie d’Egypte, la révélation de la législation de la Torah.
 
Il y a là deux genres complétement différents dans le même livre. C’est l’objet de la 1ère question de Rashi dès l’origine de son commentaire.
 
Rashi cite en le formulant à sa manière un Midrash qui se trouve 7 fois dans la Torah shebéalpéh : normalement on devrait s’attendre que la Torah ne commence que à la première des Mitsvot qu’Israël a reçu à la sortie d’Egypte si on donne au mot de Torah le sens de Loi. Mais en hébreu, le mot Torah signifie beaucoup plus que loi. C’est la révélation de tout ce que Dieu a à dire à l’homme, en particulier, la révélation de législation pour la conduite humaine.
Mais Torah ne signifie pas loi. C’est une déformation de sens que nous tenons des traductions chrétiennes. « Torah » cela veut dire révélation, ou « dévoilement », quelque chose qui nous est caché et qu’on nous a montré. Le Moré – le maître- c’est celui qui désigne, c’est presque la même racine que Torah.  Dans le sens du mot de Torah qui désigne le ‘Houmash, les 5 livres, au minimum deux sens : la révélation de l’histoire comme préface de la révélation de la législation. C’est un sujet extrêmement important.
 
On est tellement familier du fait que le livre comporte ces deux genres qu’on ne le voit plus. Cela ne va pas ensemble, il aurait fallu normalement que nous ayons deux livres :
– l’un racontant les sens de l’histoire du monde d’après les Prophètes d’Israël, depuis la création du monde jusqu’à la sortie d’Egypte. Le livre suivant serait celui de Josué.
– et l’autre serait une livre de lois dans le sens de Torah, dans le sens de Shoulkhan Aroukh légiférant des Mitsvot qu’il faut faire.
 
A la longue d’ailleurs dans la plupart des communautés juives on s’est habitué à négliger les textes de Torah qui sont des textes historiques, pour ne se baser essentiellement que sur les versets des Mistvot. C’est le même phénomène dans le Talmud, il y a la Hagadah et la Halakhah. On a tendance à sauter les pages de Hagadah dans l’étude.
 
Pour le Talmud, le nom de Torah doit être est réservé surtout aux récits historiques et dans le récit historique se trouvent des versets qui désignent les Mitsvot, mais qu’on étudie dans la Mishnah. On n’étudie pas ces Mitsvot dans la Torah.
 
Exemple : un verset de la Torah dit qu’à un certain moment de l’histoire de la révélation, Dieu a transmis à Moïse pour Israël le verset « tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
Mais cette Mitsvah-là s’étudie dans la Mishnah : et comment fait-on pour aimer son prochain comme soi-même ? Il faut étudier cela dans le Talmud ! Seulement, on apprend que cela a été dit dans le récit historique.
 
D’ailleurs, la plupart du temps on n’oublie l’autre moitié du verset : « Je suis Hashem ton Dieu »
Il y a une étude du verset pour le verset, qui s’appelle Miqra, qu’on a négligé. Et on étudie la Mitsvah dans la Mishnah surtout. En particulier dans le monde ashkénaze, c’est le Maharal de Prague qui a réinstitué l’étude du Miqra . Il avait apprise cette méthode à la Yéshivah talmudique séfarade d’Amsterdam.
 
C’est pourquoi en Israël, tous ces enseignements sur la lecture de la Parashat Hashavouah, dans sa formulation actuelle, c’est la shitah du du Maharal. En réalité c’est la shitah séfarade d’Amsterdam qui étudiait le Miqra pour le Miqra. Par contre, l’application de la Mitsvah est étudiée dans le Talmud.    
 
La Torah dit une chose importante : « tu aimeras ton prochain comme toi-même ! »
Et comment fait-on cela ? Cela s’apprend dans le Talmud et non chez Socrate ou Voltaire ou Rousseau. La traduction est par ailleurs trompeuse : et que faire si je ne m’aime pas moi-même ?
C’est une maladie très juive, la haine de soi. Cela ne veut donc rien dire.
On ne lit pas le verset comme il est écrit :  il y a écrit « véahavtah léréeakha kamohkha »
Et non pas « véahavtah léréeakha kélekha »
Il est écrit Kamokha et non pas Kélekhah
 
Or, en hébreu deux verbes pour dire aimer : soit l’objet de l’amour c’est l’objet authentique de l’amour, alors le complément d’objet est introduit par « et » comme dans « Véahavta et Hashem Elohekha » et si j’aime autre que Dieu c’est déjà le commencement de l’idolâtrie.
(Ne pas dire : « je t’adore » à sa femme par exemple. On ne sait pas ce qu’on dit en parlant.).
Le commandement de la Torah, c’est que l’objet d’amour de la créature c’est le Créateur.
 
Pour toute autre présence créature autre que le Créateur, c’est une autre forme : « Ahov Lé » : « aimer pour ».
 
Cet amour que je ne dois qu’à Dieu je le fais dériver vers quelqu’un d’autre au passage pour qu’il en profite, c’est le Lamed. En grammaire française c’est la forme grammaticale du datif qui consiste ici à décrire le fait d’attribuer ce qui va à Dieu à quelqulq un pour qu’il en profite. 
 
« Tu aimeras Vehavtah » (sous-entendu Dieu – Hashem Elohekha) pour ton prochain, et pourquoi ? parce qu’il est comme toi Kamokhah !
 
Un commentaire ajoute : uniquement s’il est comme toi. D’où les déductions que ce commentaire ne concerne que les Juifs. C’est faux. Cela concerne le prochain. Le sens direct du verset c’est parce qu’il est comme toi créature du même Dieu, c’est pourquoi il est écrit dans le verset : Ani Hashem Elohekha : c’est Moi qui a créé ton prochain. Le Dieu de la Bible protége le Réa’h, mon Dieu protège le Réa’h, contrairement aux autres religions.
 
Un petit commentaire de Kaballah sans employer les termes de Kabalah :
c’est avec celui qui est le plus proche que le commandement est nécessaire, celui qui est lointain ne nous gêne pas. Cela n’engage pas et il est plus facile de l’aimer, il n’est pas un rival. Plus il est proche, plus il est rival. La Torah donne un ’Hidoush et un commandement, là où c’est nécessaire, l’avertissement concerne donc le prochain.
 
D’autre part, il y a un tout autre verset du même chapitre :
« Tu aimeras l’étranger comme toi-même ».
Mais c’est un autre verset. C’est un verset qui doit être clair : Il est écrit « l’étranger », pas s’il se considère lui comme propriétaire et les autres comme étrangers.
 
Le verset signifie : « Tu aimeras pour ton prochain parce qu’il est comme toi-même créature du même Dieu », et j’ai tendance naturellement à voir le prochain comme le mal dont il faut se débarasser. C’est pourquoi c’est le même mot  et Réâ : l’homme a tendance à voir le mal chez l’autre. Et plus il est proche, et plus il a mal… c’est pourquoi la Torah donne la loi à ce sujet.
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même… »
Pour le lointain, aimer en intention, cela n’engage à rien, sinon à la bonne volonté de l’inclination du coeur : c’est très romantique : « j’aime les congolais… ».
 
A retenir:
Ahov et / Ahov lé
Pour la crainte c’est la même chose :
« Yaro et »  c’est toujours pour Dieu  vayareta et HM elohekha
« Yaro mé » c’est pour quelqu’un d’autre, craindre de (mem) : la crainte de Dieu qui passe par quelqu’un d’autre.. La faute de Shaoul « j’ai eu peur du peuple » (avec la préposition « et ») « yaréti et haâm » C’est là que Shaoul a eu la même maladie que Béguin, il est tombé en dépression. 
Shaoul était un grand en Israël, mais on préfère David.
 
***
 
Retour au sujet :
Il y a dans la Torah deux genres :
ð  le récit historique, à travers lequel la Torah nous raconte que Dieu a dit telle ou telle Mitsvah à Moïse pour Israël, et il y a, d’autre part,
ð  les mitsvot elles-mêmes qui elles s’étudient dans la Mishnah
 
Lorsqu’on dit Talmud Torah c’est la Guémara. La vraie Mitsvah de l’étude de la Torah, c’est la Guémarah. Il y a une autre Mitsvah qui consiste à étudier le Miqra et qui était tombée en désuétude et a été réinstauré par la lecture de la Parashat Hashavouah. Je schématise, mais c’est clair.
 
Et la différence entre les quatre premiers livres et le 5ème : le 5ème récapitule les Mitsvot pour la génération qui va entrer en Erets Israël.
 
D’où en particulier que la motivation du Shabat dans les 10 commandements est différentes dans la Parashah de Yitro et dans la Parashah de Vaét’hanane.
 
La motivation de la Mitsvah du Shabat pour la génération de la sortie d’Egypte, c’est la création du monde. La motivation du Shabat pour la génération qui entre en Israël c’est la sortie d’Egypte. Il y a cette différence de formulation dans le livre de Dévarim qui a différentes dimensions. En particulier cela : la motivation des Mitsvot pour la génération de la sortie d’Egypte, et la motivation des Mitsvot pour la génération de l’entrée en Israël. L’exemple classique est cette motivation du Shabat.
 
Chapitre 1 Verset 5:
 
1:5
בְּעֵבֶר הַיַּרְדֵּן, בְּאֶרֶץ מוֹאָב, הוֹאִיל מֹשֶׁה, בֵּאֵר אֶת-הַתּוֹרָה הַזֹּאת לֵאמֹר
Be’ever haYarden be’erets Mo’av ‘hoïl Moshe be’er et-hatorah hazot lemor.
En deça du Jourdain dans la terre de Moav a entrepris Moïse d’expliquer cette Torah en disant…
 
Et le verset qui suit prend le récit à partir du Sinaï. C’est donc bien à partir du Sinaï que les Mitsvot vont être révélées.
 
Cf. Rashi sur Be’er et hatorah :
Moïse a commencé à expliquer cette Torah et on s’attendrait à un commentaire qui fasse allusion à quoi ? be’er et-hatorah hazot Où a t’on l’explication de la Torah ? On s’attendrait à ce que Rashi nous dise Torah shebéalpéh, mais il nous dit tout à fait autre chose : Béshiviim lashon il leur a expliqué en 70 langues. C’est très paradoxal.
 
Les 70 langues sont les langues des 70 nations.
C’est paradoxal : on vient de quitter l’exil dans lequel on est relié aux 70 nations, on entre en Israël et c’est là que Moïse va expliquer à Israël comment il faut parler la Torah en 70 langues aux nations ? Qui pourrait proposer une explication ?  
 
Q : Ce serait dangeureux de s’isoler, ce ne serait pas sain par rapport à une mission d’Israël ?
R : Il ne s’agit pas de mission mais de rentrer chez soi. C’est cela qui est en question. Lorsque l’on parle de mission d’Israël on parle de l’exil, et que Israël est indexée aux 70 nations. Cela c’est la Qlalah d’Israël. C’est l’exil. Bien que nous soyons ici en Israël, on est encore imprégné des mentalités de l’exil. Ai-je besoin d’être en exil pour dire la parole de Dieu aux nations ?  
  
Ki Mitsion Tetsé Torah ou Devar Hashem Mi Yeroushalayim
Car de Sion sortira la Thora et la parole de Dieu de Jérusalem
 
Ais-je besoin d’être otage de l’Angleterre de l’Allemagne de la France ou del Espagne pour que les Goyim sachent ce que Dieu a dit ? Ne puis-je pas le dire depuis Israël ?
Moïse a tiré les hébreux d’Egypte pour les faire rentrer chez eux et que fait-il ? Il leur apprend les langues étrangères ? Vous voyez-là le paradoxe !
 
On parle de la mission d’Israël ?
Est-ce être chez les autres pour dire ce qu’Israël a à dire ou bien dire, à partir de chez lui, ce qu’il a à dire aux autres ? 2000 ans d’habitudes ont déformé ces évidences.
 
Je vous dit comment la question se pose à moi chaque fois que je parle en diaspora. C’est une formulation classique :
–          Quelle est la justification de la diaspora ?
–          Aucune ! Pratiquement personne ne dit la vérité. Parce qu’à la vérité on est chez les Goyim parce qu’on est chez les Goyim
 
On a tendance à croire en une mission des Juifs. Avons-nous une mission chez les Goyim ? Laquelle ? Leur enseigner la parole de Dieu ? C’est le rôle des curés et non celui des Juifs !
Je connais énormément d’universitaires juifs en France. Ils y enseignent tous les «..ismes » du monde sauf celui du judaïsme.
Il y a 2000 ans on a enseigné aux Goyim « tu aimeras ton prochain comme toi-même » et le résultat a été catastrophique. L’inquisition pour les Séfardim et la Shoah pour les Ashkénazim.
Actuellement : « vive Israël à bas les Juifs ! »
 
Q : En revenant de Galout ils ramènent les 70 langues avec eux, maintenant chacun ramène sa Torah..
R : C’est un anachronisme : il s’agit d’un verset qui parlent des Juifs sortant d’Egypte et rentrant au pays pour devenir hébreux, donc si revenant de Galout ils avaient déjà les 70 langues c’est pas cela que Moïse devrait leur apprendre mais l’hébreu !
 
R : Il doit peut-être justement leur réapprendre la Torah dans ces langues qu’ils connaissent de manière kashère ?
Q : Non, ils ne les connaissent pas ces langues-là, que l’égyptien et encore ce n’est pas cette génération-là mais celle qui était en Egypte.
R : Tu parles en raisonnant de notre temps. Pour comprendre la Torah il faut la comprendre dans la langue du pays d’où l’on vient. Mais cela est valable pour nous aujourd’hui.
Q : Est-ce alors pour apprendre la Torah aux peuples qui viendront en Israël pour l’apprendre ?
R : ça c’est un rêve !
 
Q : (en hébreu)
R : zé assour lelamed Torat Israël lagoyim.
En étudiant avec le Rav Kouk une fois : C’est interdit d’enseigner la Torah aux Goyim !
Je lui ai demandé: qu’est-ce que cela signifie ? Il a répondu : Ce n’est pas possible alors c’est interdit. Une source de la Kabalah : Il n’y a que les circoncis qui peuvent comprendre la Torah. Je n’expliquerais pas mais c’est une donnée très connue. Il y a une impossibilité.
Mamlekhet kohanim vegoy qadosh : il ne s’agit pas d’enseigner la Torah des Kohanim aux Goyim, c’est  de leur enseigner à eux les Goyim ce qu’ils doivent savoir pour vivre comme Goyim, ce sont les Mitsvot bnei Noa’h que nous avons à leur transmettre.
Ce n’est pas possible c’est pour cela que c’est interdit.
A la rigueur, on leur raconte ce qu’il y a dans la Bible écrite mais pour la Torah Shébéalpé c’est un issour de la Halakhah. C’est interdit. C’est pour cela que je me suis opposé à la traduction de la  Bible avec Rashi. En plus dès le début tout est faux. Mais c’est surtout mettre à la disposition des Goyim les sources de la Torah Shébéalpéh qu’ils interprêtent à leur manière.
 
On m’a demandé ce matin de faire la préface d’un livre de traduction du Malbim sur Josué et j’ai expliqué que je suis contre les traductions. Car cela ne sert pas aux Juifs mais aux Goyim et on sait ce qu’ils en font depuis la traduction des Septante.
La tradition raconte que lorsque les Ptolémée ont imposé aux rabbins de faire la traductiom, ils ont voulu 70 ‘Hakhamim comme le Sanhédrin et pour être sûr, on les a séparé.
Le miracle a été qu’ils ont tous été inspirés de la même manière.
(D’où une grande leçon : pour mettre les rabbins d’accord, il faut les séparer !)
 
Les rabbins ont décidé 3 jours de jeûne lors de cette traduction, et ils se sont arrangés pour traduire de la manière la plus incompréhensible.
 
(L’exemple classique de la traduction : Au commencement Dieu créa le ciel et la terre, résultat le chaos !?? En français cela ne veut rien dire ! Pour savoir ce que cela veut dire, en hébreu, il faut la Kabalah. Il y a toutes ces invraisemblances du texte biblique qui nous viennent des traductions).
 
Ce n’est pas du tout la Torah d’Israël qu’Israël doit enseigner aux Goyim.
Proposez autre chose.
 
Q : chaque langue de chaque peuple véhicule le génie propre du peuple qui la parle et Israël devait connaitre ces langues pour connaitre la Torah d’Israël.
R : C’est le thème du Sanhédrin mais ce n’est pas la réponse à ma question. Chaque membre du Sanhédrin devaient connaitre la langue et l’idolâtrie d’une des 70 nations. Mais c’est pour une toute autre raison.
 
Q : Ne serait-ce pas en prévision de l’exil qui surviendra ?
R : Oui, ce n’est pas une prévision, c’est une prophétie que cela va leur arriver, c’est cela la réponse.
 
Nous l’avons dans les sources du Midrash, que Moïse a diagnostiqué que la Galout recommencerait.
Et alors, suivez bien ce que je vais dire maintenant : c’est pour que les Hébreux, redescendus en Galout, ne perdent pas le sens de la Torah. Parce qu’ils vont très rapidement ne plus parler l’hébreu et parler les langues des nations qu’il a fallu leur expliquer en 70 langues la Torah qui est toujours pour eux. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas un message d’Israël pour les Goyim mais ce n’est pas l’explication de la Torah d’Israël.
 
D’autant plus que c’est faux dans la réalité :
Israël n’a jamais rien enseigné aux Goyim mais il est bien évident qu’il y a un rôle d’Israël pour les nations, qui est à l’indice de 70 nations, c’est-à-dire du génie de chacune des nations.
Mais il s’agit pas de leur enseigner la Torah d’Israël et donc cela ne rend pas compte de ce Rashi sur ce verset.
 
Et d’ailleurs, cette mission d’Israël – qui est formulée par Ki Mitsion Tetsé Torah ou Devar Hashem Mi Yeroushalayim Car de Sion sortira la Thora et la parole de D. , de Jérusalem –  c’est dans la Galout, quand Israël a démérité.
 
En employant les termes chrétiens « Evangiles » = e vangilion = traduit exactement « Bassorah Tovah » en hébreu = « bonne nouvelle ». A la fondation du christianisme on a annoncé une bonne nouvelle qui vient de Jérusalem. Mais la bonne nouvelle vient de Jérusalem et pas du Sacré-Coeur de Montmartre!
 
Ce n’est pas dans le plan de Dieu pour Israël d’aller en exil pour jouer ce rôle de Mamlekhet Kohanim Végoy Qadosh. C’est quand Israël a démérité que la diaspora se transforme en exil. Il faut se déconditionner de cette synonymie fausse entre diaspora et exil.
Diaspora, c’est la diaspora d’une métropole. Il y a donc diaspora quand la métropole existe et qu’on peut y retourner. Il y a Galout exil, lorsque la métropole est détruite et que l’on ne peut pas y retourner. …/…
 
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Parasha Devarim 1995 – Suite & fin
  Commentaire Devarim (1995) 2ème. partie (qualité sonore bonne), 

Les Juifs de diaspora hors d’Israël peuvent ou pourraient y retourner – surtout cela se dévoilent depuis qu’Israël existe – mais qui ont des raisons valables d’être encore en dehors.
Ceux qui ne peuvent pas ou font comme si Israël n’existait pas, sont en Galout et non pas en diaspora.
 
Exemple très clair : à la chute du mur de fer en Russie, les Juifs de Russie n’étaient plus en Galout mais en diaspora. Mais tant qu’il y avait le mur de fer ils étaient en Galout, ils ne pouvaient pas. C’est comme si pour eux la métropole n’existait pas.
 
Pour les pays d’Occident, où il est possible de retourner en Israël depuis qu’il existe cela signifie qu’il y avait une Galout subtile psychologique plus forte que le rideau de fer à l’Est. Il y a un obstacle plus fort encore.
 
Retour au sujet :
L’exemple du Sanhédrin sur Mamlekhet kohanim vegoy qadosh – Il était nécessaire en tant que Kohen que les membres du Sanhédrin représentent l’humanité toute entière.
 
C’est pourquoi Rashi intentionnellment dit: Que signifie que Moïse leur a expliqué la Torah ? Il aurait dû dire qu’il leur a expliqué la Torah pour commencer l’histoire d’Israël. Précisement pour commencer l’histoire d’Israël, il faut qu’ils soient le Sanhédrin de l’humanité, mais pas pour les Goyim, mais pour être Israël. Parce qu’Israël est l’Israël de l’humanité entière. Israël n’est pas Israël s’il n’a pas les 70 sagesses. Chaque membre du Sanhédrin de façon idéale devait connaitre une langue et une idolâtrie des nations, mais c’est pour inclure ce génie, cette identité particulière des nations dans l’identité d’Israël.
 
Chapitre 2 de Brakhot :
 
C’est une Mishnah qui étudie le cas de quelqu’un qui est en train de lire dans la Torah la Parashah de Qriat Shéma. Arrive le temps de lire le Qriat Shéma, et la Mishnah dit :
« s’il a mis l’intention qu’il faut dans sa lecture, il est quitte ». 
 
D’après l’ensemble des commentateurs. Je schématise. De quel cas peut-il s’agir ?
 
C’est un cas spécial, car normalement celui qui dit le Qriat Shema doit y mettre les Kavanot.
Non c’est autre chose qu’il a dit : il lit mais pas pour faire la Mitsvah du Qriat Shema et arrive le temps du Qriat Shema et il serait quitte du Shéma ?
La Mitsvah de lire la Torah oui mais cette Misvah d’unité de Dieu au passage du jour à la nuit et de la nuit au jour n’est pas faite ! Puisque je le fais dans le jour ou dans la nuit et que cette Mitsvah en prend force qu’au passage d’un monde à l’autre. La preuve : au moment de la mort on dit Qriat Shéma, on passe d’un monde à l’autre. C’est pour attester que le Dieu de ce monde-ci est le Dieu du Monde à Venir: c’est le monothéisme intégral !
 
Alors la Mishnah aurait dû dire : celui qui lit le Qriat Shema doit avoir l’intention de faire la Mitsvah de Qriat Shéma. Mais elle a dit autre chose. Il était en train de lire dans la Torah. Arrive le temps de la Mitsvah. S’il a l’intention de faire la Mitsvah il est quitte.
Il lisait pour corriger le texte….
 
C’est le cas très particulier d’un Sofer dont le métier est d’écrire le Sefer Torah et qui relit son passage pour vérifier s’il n’y a pas de faute et que pendant ce temps arrive le temps du Qriat Shéma et qu’il le lit, il est quitte. C’est un cas très particulier et compliqué.
 
Guemara: « on apprend de ce cas de Mishnah que les Mitsvot pour être authentiques doivent impliquer l’intention de réaliser la Mitsvah ». On sait que ce n’est pas la régle mais c’est un problème important et la Guémara tire cela de la Mishnah, disant: « de là on peut apprendre ».
 
On peut apprendre à trancher ce problème si vaste de la validité de la Mitsvah avec ou sans Kavanah- intention !
 
La régle actuelle, et depuis des siécles, c’est que les Mistvot sont valables même sans intention.
Brit Milah par hygiène par exemple.
C’est mieux avec l’intention. Comment attester de l’intention ? C’est pourquoi il y a une Brakhah avant de faire la Mitsvah. Mais celui qui mange Kasher par hygiène et non pour la Mitsvah, est-ce valable ? La réponse de la Halakha est affirmative, c’est valable. 
 
Guemara : que signifie s’il met la Kavanah ? 
S’il met la Kavanah de lire !
Objction. la Mishnah a dit qu’il est en train de lire ?
Réponse : non, il lisait pour épeller-corriger les fautes.
 
C’est le cas particulier d’un Sofer en train de corriger comme par hasard le passage du Qriat Shéma pendant qu’arrive le temps du Qriat Shéma. Et s’il y met la Kavanah il est Yotsé, il est quitte de la Mitsvah.
 
On ne comprend pas ce que dit la Guemara : il faudrait qu’il mette la Kavanah avant de se mettre à corriger. Et quelle Kavanah ? La Kavanah de lire. Mais il ne lit pas, il épelle ! On ne comprend pas.
 
Juste après, un enseignement va nous éclairer sur cette question et sur cette Mishnah.
 
« Nos maitres enseignent, la lecture du Shéma est comme son écriture.
Cela veut dire : on doit lire le Qriat Shéma comme il est écrit. Rashi explique : on doit lire le Qriat Shéma en Lashon haqodesh, il doit être lu en hébreu sinon on est pas quitte de la Mitsvah. 
Divrei Rabbi c’est l’enseignement de Rabbi (chef du Sanhédrin=Israël). Alors les sages (les 70 nations) disent : Non en toutes langues !
Quelle est la raison de Rabbi ? Pourquoi Rabbi dit  en lashon haqodesh parce que le verset a dit « vehayou… et ces mots serons comme ils sont » (pas en traduction), mais pour les autres rabbins quelle est leur raison de dire en toutes langues ? Parce que le verset a dit :
« Shéma écoute » c’a.d. en toutes langues que tu comprends
Mais pour Rabbi aussi c’est écrit « Shéma » pourquoi dit-il en Lashon haqodesh et pas comme les autres ? Parce que pour Rabi, le mot de « Shéma » veut dire « fais entendre à ton oreille ce que tu sors de ta bouche »
 
Cela veut dire fais attention à ce que tu dis – Shéma Israël c’est « méfies-toi, prends garde, comprends ce que tu dis » que malgré la  représentation du monde et son apparente évidence rationnelle du dualisme du monde du jour et de la nuit le monde est un.
 
« Cela veut dire que les autres rabbins pensaient comme celui qui a enseigné « il n’a pas fait écouté à son oreille il est quitte quand même ». C’est quel cas ? C’est celui qui dit qu’il suffit de la voix intérieure ».
 
(Le Qriat Shéma doit être prononcé de façon à ce que l’oreille entende ce qui se dit, mais une opinion dit il suffit de la voix intérieure.
Pour beaucoup de Mitsvot, on demande que ce soit prononcé car dans la voix intérieure, il peut y avoir des inclinations et des choses contradictoires : c’est quand je prononce ce que je dis que je témoigne de ce que j’ai choisi de dire. Tandis que pour les tsadikim il n’y a pas cette hésitation de la voix intérieure. Pour les Tsadikim ce n’est pas « e’had balev e’had bapeh », les Ttsadikim peuvent alors par la voix intérieure. Mais la Halakhah est pour tout le monde : il faut s’engager par ce que l’on dit. Alors on dira que les Rabbanan ont pensé que cela va de soi et qu’il s’agit dans ce cas de quelqu’un qui dit ce qu’il pense parce qu’il pense ce qu’il dit.)
 
Et pour les Rabbins eux aussi il y a écrit Véhayou…
Cela ils en ont besoin : qu’ils ne disent pas les mots dans un autre ordre (Et cela devient très difficile parce que c’est Dafka la traduction qui inverse les mots). C’est pourquoi on a l’habitude d’expliquer dans les Yeshivot : c’est les paragraphes et les verset.
 
(Il y a là une sujet très important : La vérité d’un discours dépend de l’ordre des propositions. Si on change l’ordre des propositions d’un discours on a changé le discours, même si le contenu est le même)
 
Et Rabbi qu’il ne faut pas changer l’ordre, d’où l’apprend-il ?
Il l’apprend mi dvarim ad devarim et non pas de veayou hadevarim haeleh. Ad devarim haeleh : cela veut dire ces mots dans cet ordre-là.
Et les Rabanan dvarim ad dvarim, la différence ? Il ne l’ont pas expliquer..
 
C’est par conséquent Rabbi qui est plus fort car il y a au moins une indication du verset que les rabbins n’ont pas expliqué…
 
Explication :
Primitivement, la Halakha est comme Rabbi : ie. Qriat Shéma kikhtavah balashon haqodesh
Rabbi était le chef du Sanhédrin : il représente Israël dans les 70 nations et la ‘Hokhmah d’Israël dans les 70 nations c’est Balashon Haqodesh alors que chacun des ‘Hakhamim représente une des nations. Mais primitivement, la Halakhah est comme Rabi. Et on l’apprend d’une lecture : dans le verset du Qriat Shéma, il y a 6 mots (Shema Israël Hashme Eloqénou Hm e’had) Dans la guemara au sujet de Rabanam: 5 des 6 paroles ils ne l’ont pas expliqué : ils n’ont expliqué qu’une : Shema !
 
Ce qu’on apprend ici, c’est que dans le Sanhedrin, Rabi, chef du Sanhedrin, représente les intérêts d’Israël et chacun des ‘Hakhamim représente les interêts des nations. Il n’y a pas dans ces sources qu’il faille que les rabbins connaissent une langue étrangére pour apprendre la Torah aux Goyim,
 
C’est l’inverse. Israël est l’Israël de l’humanité toute entière. Il faut donc que le génie de la ’Hokhmah de chacune des 70 sagesses se  cachérise dans le Sanhédrin.
Ce qui fait que lorsque la communauté d’Israël dit « Qriat Shéma » c’est l’humanité entière qui dit Qriat Shéma dans le cadre du Sanhedrin. Parcequ’à travers la kavanah de chaque membre du Sanhedrin c’est la sagesse des nations qui passe dans le
Shema Israël Hashem Elohenou Hashem E’had.
Mais pour Rabbi cela doit être bélashon haqodesh.
 
Alors, ce n’est plus un cas particulier, mais c’est le cas général : Pour être sûr de pouvoir lire le Qriat Shéma comme c’est écrit il fallait vérifier lettre par lettre car il y a des mots avec des lettres en plus et d’autres avec une lettre en moins… Il faut lire le mot à la lettre.
Dans la traduction cela disparait…
 
Voilà un exemple de la Guémara qui montre pourquoi en Israël il doit y avoir le génie des Nations mais kashérisée dans le Sanhédrin. Mais la Torah c’est la Torah de Rabbi.
 
C’est ce qui éclaire la réponse à notre question :
En réalité les sources disent que Moïse a vu qu’ils iraient rapidement chez les Nations et que pour garder leur Torah il fallait que Moïse leur apprenne le sens de leur Torah dans la langue-sagesse des nations.
 
Les langues juives nous permettent de comprendre la Torah des hébreux dans les langues des Goyim. Les Ashkénazim sont privilégiés : C’est vraiment le cas du yiddish : langue goy judaïsée. C’est aussi le cas du judéo-arabe ou du judéo-fançais de Provence.  
 
C’est le problème de la traduction dans une langue étrangère : Quand Moïse traduit pas de problème mais quand un Goy traduit, il ne peut que projetter sa mentalité dans la traduction. Même celle formulée par des Juifs de diaspora. Ils ne savent pas le français telle qu’il faudrait le formuler pour traduire l’hébreu. La Bible du rabbinat par exemple qui témoigne de la symbiose judéo-française.
Toute la difficulté est de trouver le français tel qu’il faudrait le formuler pour traduire l’hébreu.
Leur hébreu est hébreu authentique mais leur français, par les catégories qu’il véhicule, est chrétien.
 
C’est le problème des symbioses qui est un pari perdu à l’avance: à chaque symbiose réussie il y a des réactions antisémites qui conduisent à une catastrophe. Inquisition ou Shoah.
Actuellement la symbiose judéo-française en France ou judéo-américaine aux USA. La greffe a pris et la réaction rique d’être terrible.
 
Maintenant, il est possible après une symbiose de décrocher  pour ramener en Israël les valeurs de sainteté de la civilisation en question  et de les kashériser en hébreu.
Sinon les faire en langage judéo-goy chez les Goyim c’est très dangeureux : cela a été l’objet du christianisme.
 
D’où ce paradoxe de cette tendance à tout traduire, en français par exemple. C’est dangeureux.
C’est le cas des Juifs d’Alexandrie qui ont fourni toutes les sources de la pensée chrétienne que sont les pères d’Alexandrie. Qui a fourni cela aux chrétiens ? Les juifs d’Alexandrie !
 
Fin

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