Devarim – série 1993

Le cours

FACE A

FACE B

TEXTE

/ 1er verset de Parashat Devarim.

Nommé en français le Deutéronome, mot grec traduisant à peu près Mishné Torah répétition de la Tora. La 1ère question qui se pose sur le Sefer Devarim c’est de savoir pourquoi Mosheh devait répéter la Torah ? Vous verrez dans le texte de Ki-Mitsion, Parashat Vaet’hanane.

Ce n’est pas exactement une répétition mais cela comporte des différences car Moïse va parler à la 2ème génération d’Israël du temps de la sortie d’Egypte. La 1ère génération elle-même sortie d’Egypte a eu la 1ère révélation de la Torah et a eu l’expérience des événements de la sortie d’Egypte et pour laquelle il n’est pas nécessaire de motiver en se référant dans le détails à ce qu’a été l’expérience vécue de leur part.

Alors que pour la génération née dans le désert qui n’a pas forcément eu l’expérience personnelle des événements de la sortie d’Egypte, alors la répétition de la Torah pour eux qui allaient entrer dans l’histoire d’Israël qui commence sur la terre d’Israël, était nécessaire d’être réprise et ré- expliquée avec une motivation qui tienne compte du fait qu’il s’agit de la génération des fils alors que la dernière génération des pères, elle, fait partie d’une sorte de préhistoire par rapport à la génération des fils qui elle est entrée en Israël.

Il faut être attentif à ce que que pendant 2000 ans nous avons étudié ce sujet car nous sommes subitement 2000 après dans une situation très analogue.

Il y a une génération des pères qui fait partie de la préhistoire de la génération des fils israéliens.

Il y a autant de différences entre les Juifs de diaspora, qui font encore partie de cette préhistoire juive de l’état d’Israël, et les israéliens, qu’il y en a eu entre la génération de la sortie d’Egypte qui est restée dans le désert et la génération de leurs enfants qui elle est entrée dans le pays d’Israël.

Il faut percevoir à quel point l’analogie est importante et à quel point donc, tous les enseignements qui ont été donnés par les maitres de la tradition au sujet de cette différence entre les quatre 1ers livres de la Torah, entendus par la genération des pères, et le 5ème livre, entendu par la génération des fils, reprennent un sens contemporain.

Cela se renvoit en particulier à un enseignement préfiguratif que la Torah nous a donné dans le livre de Shemot, entre la manière dont Dieu s’est révélé aux Patriarches (principalement Abraham) et la manière dont il se révèle à Moïse, six générations après, au moment de la sortie d’Egypte.

C’est un sujet pour lui-même que je rappelle très briévement ne serait-ce que sous forme de rubrique. On apprend dans ces 1er et 2nd versets de la Parashah de Vaéra dans le livre de Shémot que Dieu se révèle aux Patriarches en tant que Dieu de la promesse et le nom qui est dévoilé est celui de El Shaday – alors qu’il se révèle à la génération des fils qui vont entrer dans l’histoire d’Israël après la sortie d’Egypte, sous le nom de Youd-Hé-Vav-Hé –  Shem Havayah – Dieu qui réalise.

C’est cette analogie que nous sommes en train de vivre : les Juifs de la diaspora ont vécu le temps de la promesse alors que les israéliens vivent le temps de la réalisation.

Et tout cela induit énormément de différences, qui font comprendre en tout cas les tensions et les conflits qu’il y a entre l’idéologie juive surtout diasporique et la doctrine déjà israélienne de la Torah. Nous devons au Rav Kouk d’avoir enseigné cette différence. Sans celui-ci nous serions en plein désarroi, ne sachant pas diagnostiquer cette analogie entre la génération de la sortie d’Egypte qui a vécu la promesse et qui n’a pas connu la réalisation jusqu’au bout ; puisqu’elle a préféré rester dans la Yeshivah du désert, si j’ose dire, et la génération des fils qui, elle, a vécu la réalisation.

Vous voyez à quel point nous sommes confrontés à une situation dramatique et sans ces guides de la génération précédentes nous serrions dans le désarroi et pire dans la perplexité, le doute.

Pour revenir au sujet :

Il va y avoir une première question portant sur le changement de style du récit. C’est Moïse qui transmet la révélation mais il la transmet dans les quatre premiers livres au style indirect :

« Et Dieu m’a dit de vous dire… »

Tandis que dans le cinquième livre, il va parler à la 1ère personne. Nous allons tout de suite rencontrer ce sujet.

Cela explique votre question : « Qui a écrit ? »

Personne n’a écrit, cela a été mis par écrit mais bien plus tard, à la fin des 40 ans dans le désert, par Moïse. Mais personne n’a écrit ce livre. Le français distingue « écrit » et « mis par écrit ». Il y a un abîme entre les deux. Jacob Gordin : « la Bible est le seul livre qu’aucun homme n’a pas pu écrire ». « C’est le seul roman policier qu’aucun homme n’a pu écrire, car dans ce livre, l’accusé c’est le lecteur ! »

Effectivement, il y a une énigme policière : Qui est accusé et de quoi ? le péché originel, les fautes d’Israël… et finalement c’est le lecteur qui est le héros du récit. Personne n’a jamais pu écrire un livre aussi universel qui a une portée aussi colossale et où le héros est le lecteur. Le héros du récit, c’est moi, c’est vous : untel, fils d’untel, fils de Jacob, fils d’Isaac, fils d’Abraham….

Verset 1:

 אֵלֶּה הַדְּבָרִים, אֲשֶׁר דִּבֶּר מֹשֶׁה

Eleh ha devarim asher diber Mosheh…

Et voici les paroles que Moïse a parlé

C’est la traduction habituelle du mot hébreu Devarim paroles

Ledader parler de manière immédiate – Diber c’est parler fortement.

Le verbe Amor et Imarot Imerot amamarim : c’est parler de manière douce, c’est un langage d’amour. Tandis que le verbe Diber: c’est parler durement : exhorations, ordres, réprimandes… Parler fortement.

Je vous cite le verset qui éclaire ce sujet :

koh tomar lebeit Yaaqov outedaber lebeit Israël

ainsi tu diras (amor) à la maison de Jacob et tu ordonneras (daber) à la maison d’Israël »

Un des midrashim explique ce verset : en distingant les femmes (maison de Jacob) et les hommes (Beit Israël).

Donc on est averti que ce sont des paroles dures.

אֵלֶּה הַדְּבָרִים, אֲשֶׁר דִּבֶּר מֹשֶׁה אֶל-כָּל-יִשְׂרָאֵל, בְּעֵבֶר, הַיַּרְדֵּן:  בַּמִּדְבָּר בָּעֲרָבָה מוֹל סוּף בֵּין-פָּארָן וּבֵין-תֹּפֶל, וְלָבָן וַחֲצֵרֹת–וְדִי זָהָב

Eleh hadevarim asher diber Moshe

el-kol-Yisra’el

be’ever haYarden

bamidbar

ba’Aravah

 mol Suf beyn-Paran uveyn-Tofel

veLavan vaChatserot veDi Zahav.

Et voici les paroles que Moïse a parlé

à tout Israël

en deça du Jourdain (en Transjordanie)

Bamidbar dans le désert

baravah dans la plaine (la steppe)

moul en face de

Souf

beyn Paran ou ben Tofel

entre Paran et Ben-Tofel

D’où votre question Asher Diber Moshé et c’est toujours Moïse qui parle puisqu’il est le porte-parole, mais d’autres versets disent « sur l’ordre de Dieu » ou bien  « par l’entremise de Moïse… », mais là ce n’est pas dit. D’où la question avec le fait que le style est celui de la première personne.

Je ne traduis pas mais nous sommes renvoyés à chaque fois où il y a eu révolte ou faute de la génération du désert.

Rashi citant les Midrashim du Talmud explique que par pudeur et respect pour l’honneur d’Israël, Moïse au lieu de rappeller les circonstances de ces admonestations,  Moïse emploie des allusions des endroits où cela s’est passé.

Rashi :

« Parce que ce sont des paroles de réprimandes et que Moïse a énuméré ici tous les endroit où ils ont irrité Dieu dans ces endroits, c’est pourquoi il n’a parlé que par allusion (satam : paroles fermées) et les a mentionné par remez-allusion pour tenir compte de la gloire de l’honneur d’Israël » 

Enseignement du Rav A. Epstein (maître de Adin Steinsaltz) : il citait le Maguid de Douvno, grand Darshan, qui allait de ville en ville pour ses Drashot. Un vendredi soir il arriva en retard au village où il devait parler. Comme le Maguid n’arrivait pas le Rabbin a fait son sermon. Et le Maguid arrivant en retard s’assit au milieu de l’auditoire. Le Rabin emporté par sa ferveur rabbinque s’est mis a invectivé son Qahal. Le Maguid, sidéré, écouta et espéra ne pas être comme ce rabin…

En général les rabbins s’emportent et reprochent aux présents les défauts des absents.

A la fin il s’adresse au juif d’à côté, lui demandant : dis-moi ce rabbin a-t’il des filles à marier ?

Oui ! Il a donc fait une prière : mon Dieu marie-lui ses filles qu’il cesse d’engueuler les juifs…

Tous ces noms se réfèrent au récit du désert et aux occasions de révoltes et de désobéissances de cette génération du désert.

Lorsque l’on parle de la génération du désert dans la tradition juive elle n’a pas du tout cette connotation de génération perdue ou sacrifiée, au contraire, c’est une génération de géants. Elle est appellé dans le Midrash Dor Deah la génération appellée à la connaissance. Mais parce que la connaissance était encore anticipation hâtive, mal préparée et mal reçue et mal digérée, il faut savoir que cette génération a vu les miracles et entendu la révélation de la loi. Mais ils ont mal vu et mal entendu. Mais, et c’est surtout Judah Halévi qui l’a expliqué dans le Kouzari, leur faute doit être comprise au niveau où ils étaient. Il faut nuancer les commentateurs qui parlent avec mépris de la génération du désert.

L’endroit Di Zahav dans la presqu’île du Sinaï d’après la  tradition est le lieu du veau d’or. Voilà comment la tradition l’explique en faisant dire à Moïse : « c’est parce que Tu leur as donné trop d’or qu’ils en ont eu assez pour faire le veau d’or » « Di Zahav » = « Daï zahav ! »

C’est un exemple des plaidoyers de Moïse.

1:2

אַחַד עָשָׂר יוֹם מֵחֹרֵב, דֶּרֶךְ הַר-שֵׂעִיר, עַד, קָדֵשׁ בַּרְנֵעַ

A’had assar yom meChorev derekh har-Se’ir ad Kadesh Barnea

A partir du ‘Horév, à partir de la montagne du Har Sinaï, s’il n’y avait pas eu ce détour de 40 ans dans le désert, il suffisait de 11 jours pour arriver à Jérusalem !

Cela a pris 40 ans pour séparer la génération de la préhistoire de celle de l’histoire des fils qui commence par cette vacuité, ce néant du désert entre 2 civilisations : celle de l’échec égyptien et celle naissante d’Israël. Alors que si cette génération d’Egypte en avait été capable il suffisait de 11 jours de marche entre Israël et l’Egypte. On l’a vu à la guerre des 6 jours., il y a avait même moins que 11 jours de marche. Quand Sharon a décidé d’attaquer…

דֶּרֶךְ הַר-שֵׂעִיר, עַד, קָדֵשׁ בַּרְנֵעַ

Derekh har Séir

À travers la montagne de Séir

Ad kadesh barneah

Jusqu’à Kedesh Barneah

1:3

וַיְהִי בְּאַרְבָּעִים שָׁנָה, בְּעַשְׁתֵּי-עָשָׂר חֹדֶשׁ בְּאֶחָד לַחֹדֶשׁ; דִּבֶּר מֹשֶׁה, אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, כְּכֹל אֲשֶׁר צִוָּה יְהוָה אֹתוֹ, אֲלֵהֶם

Vayehi be’arba’im shanah be’ashtey-asar ‘hodesh bee’had la’hodesh

Et il arriva à la 40ème année et au 12ème mois au 1er du mois

(Nous sommes donc le 1er Adar de la dernière année des 40 ans)

diber Mosheh lebenei Israël

a parlé Moïse aux Bnei Israël

kekhol asher tsivah Adonay oto alehem.

selon tout ce que Dieu avait prescrit à lui pour eux

Ici nous avons la réponse, le verset est très clair. C’est pourquoi je me suis toujours étonné de voir à quel point cette question revient chez les commentateurs eux-mêmes. Moïse aurait-il dit par lui-même, ce 5ème livre ? Le texte est très clair, ce qu’il faut expliquer c’est le changement de style : Pourquoi parle-t’il à la 1ère personne ?  Mais il est clair suivant ce verset que la révélation de Dieu est mise par écrit dans ce 5ème livre.

diber Mosheh lebenei Israël

a parlé Moïse aux Bnei Israël

kekhol asher tsivah Adonay oto alehem.

selon tout ce que Dieu avait prescrit à lui pour eux

J’ai tenu à vous faire photocopier la page de garde du livre « Guélilei Zahav » qui est le commentaire du Rav David Movskovitch qui était un des livres de chevet du Rav Kouk et que j’ai étudié avec lui, et que j’utilise assez souvent.

« Qu’est-il écrit plus haut (le Rav nous renvoit au dernier verset du livre de Bamidbar) ?

Eleh hamitsvot vehamishpatim asher tsivah HM beyad Mosheh voici les commandements et les lois que Dieu a ordonné à travers-par la main de Moïse)

(J’ai remarqué que le mot de « maintenant » traduit exactement le mot hébreu de Mi Yad, main tenant. Peut-être ce mot de « maintenant » sort-il de l’école de Rashi ? Car il y a beaucoup de mot français qui sont des traductions des idiomes talmudiques, par exemple « entre chien et loup », « bein kelev ve zeev », l’expression vient du Talmud quand on se pose à quelle heure le matin il faut dire le Qriat Shéma. Une des réponse est « entre chien et loup ». C’est le même animal sauvage ou domestique. Ou bien l’expression « tête-bêche ». Dans la Kaballah, il y a 70 alphabets différents de l’alphabet hébraïque. L’un d’entre eux se nomme le Atbash qui est « tête-bêche »… et il y a d’autres exemples)

Je vais reprendre le verset 13 chapitre 36 de Bamidbar :

36:13

אֵלֶּה הַמִּצְו‍ֹת וְהַמִּשְׁפָּטִים, אֲשֶׁר צִוָּה יְהוָה בְּיַד-מֹשֶׁה–אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל:  בְּעַרְבֹת מוֹאָב, עַל יַרְדֵּן יְרֵחוֹ

Eleh hamitsvot vehamishpatim

asher tsivah HM

beyad Mosheh

el benei Israël

beArvot Moav

voici les commandements et les lois

que Hashem a ordonné

par l’intermédiaire de Moïse

aux enfants d’Israël

dans les plaines de Moav

Il faut vous dire qu’il y a 3 niveaux de révélation de la Torah par Moïse :

–          La révélation qui s’appelle MiSinaï

–          La révélation qui s’appelle béOhel Moed

–          La révélation qui s’appelle BéArvot Moav

–          Les Mitsvot sont ditent soit de façon explicite MiSinaï, et apparemment on est familier des 10 commandements qui sont dits MiSinaï, mais il n’y a pas que les 10 commandements.

–          Soit la révélation BéOhel Moed : lorsque le peuple a été puni des fautes, en particulier de la faute du veau, la révélation n’a plus été publique comme elle l’avait été auparavant pour les 10 paroles sur le Sinaï, elle à été réservée de Dieu à Moïse dans le Ohel Moed que l’n appelle la tente d’assignation.

–          A la fin des 40 ans, lorsque Moïse est arrivé dans les plaines de Moav devant le Jourdain, les dernières Mitsvot et la récapitulation du 5ème livre sont dite BéArvot Moav dans les plaines de Moav.

Il y a une suite à la révélation dans les plaines de Moav qui est Ruth.

Ruth effectivement reprend la révélation aux plaines de Moav. L’histoire de Ruth se passe dans les plaines de Moav. Méguilat Rout est lue à Shavouot.

Il y a trois niveaux de révélations. C’est un sujet pour lui-même.

Et le dernier verset du livre de Vayiqra, qui n’est pas cité ici, dit ceci : Verset 34 chapitre 27 :

37:34

אֵלֶּה הַמִּצְו‍ֹת, אֲשֶׁר צִוָּה יְהוָה אֶת-מֹשֶׁה–אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל:  בְּהַר, סִינָי

Eleh hamitsvot asher tsivah HM et Mosheh el benei Israël beHar Sinaï 

Voici les commandements que Hashem a ordonné à Moïse pour les enfants d’Israël sur le mont Sinaï

Donc, toutes les Mitsvot qui sont sous le titre de ce verset sont dites du Sinaï et pas seulement les 10 commandements.

D’autres parts, certaines Mitsvot sont reprises à Arvot Moav, dans les plaines de Moav et en particulier le livre de Devarim.

C’est très schématique ce que je vous ai dit là, mais retenez qu’il y a trois niveaux de révélations et chaque fois la révélation de Dieu à Moïse pour les Bnei Israël. Et donc le véritable problème n’est pas de savoir si le livre de Dévarim est révélé ou pas, mais c’est de savoir pourquoi Moïse parle à la 1ère personne dans le livre de Devarim ?

Je vais revenir un peu sur le dernier verset du livre de Vayiqra pour expliquer un expression du verset :

37:34

אֵלֶּה הַמִּצְו‍ֹת, אֲשֶׁר צִוָּה יְהוָה אֶת-מֹשֶׁה–אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל:  בְּהַר, סִינָי

Eleh hamitsvot asher tsivah Hashem et Mosheh el benei Israël beHar Sinaï 

–          el Benei Israël «  au sujet des enfants d’Israël » et non « pour » car sinon le texte comporterait « li bnei Israël » expression qui existe aussi.

–           Asher tsivah Hashem et Mosheh : là aussi 2 expressions possibles : « asher tsivah Hashem et Mosheh» avec la préposition « et » qui introduit le complément d’objet transitif, et il y a aussi Asher tsivah Hashem el Mosheh. Il y a là deux sens différents en fonction des différentes prépositions « et » et « el ». La préposition ‘et’ la préposition ‘el‘.

Il y a les deux expressions suivantes possibles : Tsav et Benei Israël forme transitive directe c’est instruire les enfants d’Israël (forme-les, éduque-les, de telle sorte qu’ils sachent comment réagir lorsqu’ils doivent réagir) Tsav el Bnei Israël c’est-à-dire «donne des instructions, des ordres aux Bnei Israël.» C’est une différence énorme. Et c’est un problème de fond

Avant de donner la Torah explicitement en 613 Mitsvot, Moïse avait reçu une consigne générale pour Israël : toute la Torah dans une seule consigne générale : Reprenez le chapitre 19 de Shémot l’Exode avant que l’on sache qu’il va y avoir révélation explicite, un code, une Torah, il y a un verset où Dieu dit à Moïse voilà ce que tu vas leur dire : [Shémot 19:10]

וְאַתֶּם תִּהְיוּ-לִי מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים, וְגוֹי קָדוֹשׁ

veatem tiyou li memlekhet kohanim vegoy kadosh,

eleh hadevarim asher tedaber lebenei Israël.

Et vous serez pour moi peuple de prêtres et nation sainte,

voici les paroles que tu diras aux enfants d’Israël

Et on sait pas encore ce qui se passe au chapitre 20, et là le peuple répond en disant « naassé venishmah – tout ce que Dieu dit nous ferons ». Et Moïse rapporte cette réponse à Dieu en l’expliquant : ils ont dit que Dieu le disent.

Cela veut dire qu’il y a un projet d’identité pour Israël au Sinaï, que Israël devienne un peuple de prêtres et une nation sainte pour le reste de l’humanité.

La question est très importante : si vous savez comment fonctionner comme prêtres c’est bien, sinon ce n’est pas à vous que Je parle, ce n’est pas vous Israël… Et ils ont voulu entendre Dieu le dire, alors Dieu s’est révélé pour donner la Torah, ie. le code, le mode d’emploi pour être peuple de prêtres et la nation sainte.

C’est ce à quoi on fait allusion dans la Hagadah de Pessa’h dans le Dayénou :

S’il nous avait approché du Sinaï et ne nous avait pas donné la Torah Dayenou !

Comment comprendre cela ? Et qu’est-ce qu’on serait aller faire au Sinaï ?

Justement, approcher du Sinaï Maamad har Sinaï cela veut dire savoir que vous êtes appelés à être les peuple de prêtres des autres nations. Mais on a pas été capable de savoir comment cela fonctionne. Cela aurait dû nous suffire, mais en plus on a eu un cadeau : Matan Torah, la Torah comme code. Cela explique cette difficulté de ce chant de Dayénou.

(Nombres des rabbins anti-sionistes utilisent à tort ce Dayénou : si Il nous avait donné la Torah et ne nous avait pas fait entrer en Israël cela nous aurait suffit, Dayénou ! )

Tsva et : forme-les pour qu’ils sachent d’eux-mêmes (comme Moïse) et s’il ne savent pas voilà un cadeau, Tsav el donne-leur les instructions…

(L’exemple que je donne habituellemment c’est le manuel de pompiers :

Sache que le feu brûle, sache que l’eau éteint le feu…

S’il ne le sait pas c’est que ce n’est pas à lui que l’on parle.)

Chaque verset a une grande importance dans sa formulation.

Retour à l’étude du Guélilei Zahav:

« Qu’est-il écrit plus haut (le Rav nous renvoit au dernier verset du livre de Bamidbar)

Eleh hamitsvot vehamishpatim asher tsivah HM beyad Mosheh

Voici les commandements et les lois que Dieu a ordonné à travers-par la main de Moïse)

et il a joint (au dernier verset du livre de Bamidbar) eleh hadevarim asher diber Mosheh

les paroles que Moïse a dites, chaque fois qu’un texte commence par Eleh voici, ce sont, le  démonstratif sous la forme pluriel (singulier zeh, zot, pluriel eleh) il y a des verset qui commencent par véeleh ou vézot. Véeleh en principe rajoute à ce qui précéde et éleh tout court fait une coupure. Le Rav utilise ce principe ici.)

cela amoindrit quelque chose dans les enseignements précédents

ici le Rav a cité une Guirsa, une version très particulière de cette régle d’exégèse. En général il y a Pissel, annule les choses précédentes.   

On essaira de comprendre d’après l’enseignement des maitres qui disent « ein masfikim beqlalot »

Il y a un grand enseignement qui dit qu’il y a 2 passages dans la Torah où il a des formules de malédictions s’il y a risque de fautes. En particulier dans la Parashah de Ki Tavo de Dévarim et il y a une autre listes de malédictions dans Parashat Be’houqotai.

Il y a un principe talmudique que lorsqu’on découpe la Parashah le Shabat en 7 parties on n’arrête pas au milieu des Qlalot, le texte des Qlalot est lu en une fois. Il y a un Minhag de faire monter à la Torah le plus vieux de la communauté parce qu’on lui demande à la fin de la lecture de bénir l’assemblée. Le principe est le suivant : On n’interrompt pas dans la lecture des malédictions.

…/…

***

Parashat Devarim 93 Suite & fin

 Commentaire Devarim (1993) 2ème. partie (qualité sonore moyenne).


…/…

…le Traité de Méguila, parce que les première malédictions sont dites au pluriel et cela veut dire quand le texte utilise le pluriel pour parler à Israël, que cela concerne chaque individu pour lui-même dans sa destinée individuelle, et lorsque c’est un singulier, cela concerne tout Israël dans sa destinée collective.

Donc, la différence de style de ces 2 textes, c’est que dans le livre de Vayiqra lashon rabim c’est au pluriel : et Moïse les a dites directement Mi peh al Gevourah cela veut dire, la révélation directe, mais ici c’est dit au singuier et Moïse l’a dit de lui-même.

Et pourtant il faut s’étonner, on cite dans le Talmud, on dit en général : « celui qui dit que la Torah n’est pas révélée, et même un seul verset il prétend que Moïse l’a dit de lui-même, de celui-ci on dit : « il a méprisé la Parole de Dieu et donc il n’a pas part au Olam Haba (dans Talmud Sanhédrin). Il y a une contradiction !

D’une part on nous dit en s’appuyant sur la différence que la Talmud fait entre les Qlalot de Vayiqra et les Qlalot de Dévarim, que les unes furent dites par Mosheh, MiPeh Al Gvourah, par révélation directe, et que les autres, il les a dites de lui-même, et d’autre part on apprend que celui qui dit d’un seul verset que Moïse l’a dit de lui-même n’a pas part au monde à venir ?

Et cependant cela sera compris, d’après ce que j’ai vu dans un livre BeShem haGra’ du gaon de Vilna : la différence qu’il y a entre les 4 premiers livres et le Deutéronome, car les premiers livres sont entendus de Dieu directement par l’intermédiaire de la gorge de Moïse (cela veut dire que Dieu parlait dans la voix de Moïse) ce n’est pas le cas de Sefer Dévarim, Israël l’entendait de la bouche de Moïse lui-même.

Cela veut dire qu’il y avait une différence de privilège et de dignité entre la génération des pères qui entendaient Dieu parler dans la voix de Moïse, et alors quand ils se trompaient, ils se trompaient à ce niveau-là, alors que la génération des fils entendait Moïse dire ce que Dieu lui disait.

On voit l’importance des nuances de style en hébreu, que ce soit la Torah elle-même ou de ce que cite le Talmud ou les Midrashim… ou bien même l’enseignement entendu de la bouche d’un maitre, chaque détail, nuance, compte et donne son sens véritable. A la lettre près. C’est le sens du Midrash (Meguila 15a) : « kol ha omer davar beshem omro meivi géoulah laolam – celui qui dit quelque chose au nom de celui qui l’a dite amène la délivrance dans le monde » signifiant au niveau direct Pshat qu’il faut toujours dire qui a dit quoi…

(Quand Rabbi Akiba dit tu aimeras ton prochain comme toi même cela a un sens. Quand c’est un chrétien qui le dit cela a un autre sens. Cela dépend de qui dit quoi !) 

J’ajoute une nuance : omer davar beshem omro – dans les mots que celui qui a dit a employé… beshem omro : beshem mamash !

Et par celà seront éclaircies les paroles du Midrash ici sur le verset « ma’hpeh lashon ets ‘hayim »

Lorsque l’on emploie une manière de parler qui adoucit, qui guérit la langue, c’est cela l’arbre de vie Ets ’Hayim.

C’est une expression qui vient d’un verset de la Bible. La Torah est appellée Ets ‘Hayim. Le Midrash cite ce verset et dit : avant que Moïse ait mérité d’être le porte-parole de la Torah, il est écrit à son propos : « je ne suis pas un homme de parole »  (lo ish devarim anokhi) (parce que lorsqu’on multiplie les parlottes cela induit la faute – cf. la Mishnah « siad la’hokhmah shtiqah » « une protection à la sagesse c’est le silence ». « Toute ma vie, j’ai grandi au milieu des sages (cela veut dire rester jeune), et je n’ai pas trouvé pour le corps meilleure chose que le silence». C’est une Mishnah difficile.

Le Rav Na’hman de Braslav a enseigné à propos de cette Mishnah : que signifie j’ai grandi entre les sages ? Qui y a t’il entre les sages ? C’est la Mal’hoquet ! Toute ma vie, j’ai assisté à la controverse entre les sages et et de là, j’ai appris qu’il n’y a rien de mieux pour le corps que le silence. Alors pourquoi le corps ?

Talmud : « celui qui soupçonne des gens qui sont corrects est frappé dans son corps ». C’est ce que risque d’induire la Mal’hoqet.

Précaution : Ne pas tomber dans le défaut des étudiants en médecine qui deviennent obsédés des symptomes sur autrui ou hypocondriaques. Quand on entend une régle à comprendre et qui comporte un jugement de valeur, il ne faut pas chercher qui cela concerne. Il faut laisser le jugement à Dieu. De même que le médecin voit les symtômes des maladies qu’il étudie partout… 

Ki lo ish devarim anokhi

C’est une mauvaise traduction de dire que Moïse bégayait. Pourquoi, avant la révélation, Moïse ne pouvait pas parler ? Il a fallu attendre la sortie d’Egypte pour qu’il puisse parler. Tant qu’il était en Egypte, la parole était prisonnière. A la sortie d’Egypte, la parole a été délivrée. C’est un sujet pour lui-même.

« A partir du moment, où il a mérité d’être le porte-parole de la Torah sa langue a été guérie et il a commencé à parler les paroles

Sa langue a été guérie : ici le Rav se référe à un enseignement du Midrash sur Moïse enfant jouant avec la couronne du Pharaon. Les 3 sages de la cour du Pharaon, Bilaam, Job et Yitro, sont interrogés. Bilaam lui a dit que cela signifiait qu’un enfant le détrônerait. C’est pourquoi il fut décidé de jeter tous les juifs mâles dans le Nil. Le Midrash raconte que Eliyahou hanavi, sous les traits de Yitro, demanda d’apporter une braise pour vérifier. Si l’enfant prend une braise rouge pour de l’or c’est le signe que tout va bien. Un autre Midrash dit que l’ange lui a fait prendre la braise et que Moïse enfant s’est brûlé la langue qui fut guérie…

D’après ce que dit le début de notre verset « Voici les paroles que Moïse a dites ». Parce que déjà nos maitres ont écrit la raison pour laquelle Mosheh était lourd de bouche, parce que tous savaient que les paroles qui sortaient de sa bouche ne sont pas de lui mais que c’est la Shékhinah qui parle à travers sa gorge. Et ainsi en Egypte, il a été évident au Pharaon et à ses serviteurs que la bouche qui leur parlait n’était pas celle de Moïse mais celle de la Shekhinah qui parlait du dedans de lui, car il savait qu’il ‘bégayait’ et ne pouvait pas parler en clair, et parce que le Séfer Devarim, il devait le dire de lui-même, sa langue a été guérie, et ceci a été un signe et une preuve, que la bouche qui ne pouvait pas exprimer une seule parole sans ‘bégaiement’, maintenant commence à prêcher avec beaucoup de douceur. Alors tous ont reconnu que même ce qu’il disait maintenant de lui-même c’est ce qui a été ordonné de dire Mipeh haGvourah de par la révélation, et cela vient de son mérite d’être devenu le porte-parole de la Torah, car déjà la foi que la Torah est révélée du Ciel, s’est enracinée (ches les Juifs), sa langue a été guérie. »

C’est à partir du moment ou tout le monde savait que lorsque Moïse parle c’est Dieu qui parle qu’il pouvait alors parler de lui-même, normalement.  

Ce n’est pas parce que Moïse ne pouvait pas parler qu’il parlait difficilement, mais c’est qu’il avait trop à dire. Celui qui a trop à dire, n’arrive pas à parler. C’est l’inverse.

J’ai mieux compris ce sujet lors de l’étude de la fonction de l’oubli dans la philosophie de Bergson. Il explique que le cerveau a une fonction d’oubli qui permet au langage de trier ce qui doit être dit sinon on ne pourrait pas parler.

Et d’où savons nous tout cela ? de ce que nous avons lu : « Eleh hadevarim asher diber et Mosheh” sans le vav.

***

Q :  dans Sefer Devarim, Moïse a parlé « mipeh atsmo », cela veut-il dire qu’il a retransmis mot pour mot les paroles de Dieu ou bien qu’il a parlé dans son propre langage ? 

R : Cela veut dire ces 2 choses à la fois et encore plus. Il a parlé en tant que chef du peuple et pas seulement en tant que porte-parole de Dieu pour Israël.

Le style des quatre premiers livres c’est que Moïse est d’une transparence absolue surtout pour éviter le risque de divinisation de Moïse par le peuple, ce qu’on appelle le culte de la personalité. La gloire de Moïse comme médiateur c’est d’être un médiateur totalement transparent. Il ne réussit que lorsqu’il s’efface. C’est pourquoi chaque tentative de diviniser le médiateur se sépare du judaïsme. Ce fut la faute du Erev Rav après le Sinaï qui a voulu remplacer Moïse par le veau d’or parce qu’il tardait à redescendre de la montagne. Cela s’étudie aux chapitres 12 et 32 de l’Exode. Dans les quatre premiers livres, il est porte-parole de Dieu, mais en tant que relai de la révélation, prophète de la loi ; alors que dans la cinquième livre, il laisse se formuler son identité de chef du peuple. Il n’est plus simplement prophète mais il est aussi chef du peuple, et se dévoile son identité propre.  Atsmo shel Mosheh. L’essence de Moïse qui n’est pas n’importe quel prophète.  

Le texte l’appelle Ish haElohim homme de Dieu. Les chrétiens s’emparent de l’expression. Mais un Midrash le dit en clair : « ‘hetsio oul maalah Elohim – ‘hetsio oul maatah Adam » littéralement : « sa moitié plus haut Dieu, sa moitié plus bas homme »

Il faut lire l’expression du Midrash avec l’accent juif : « ‘hetsio oul maalah, Elohim – plus haut que sa motié d’en-haut : Dieu – ‘hetsio oul maatah, Adam » sa moitié d’en-bas, et plus bas : l’homme ».  Moïse était entre Dieu et l’homme, et donc sa moitié supérieur était du côté de Elohim et sa moitié inférieure était du côté de l’homme.

Cette idée païenne de l’incarnation et de la confusion de sa substance est rejetée par le Midrash.

Rattachez cela aux niveaux de l’être selon Judah Halévi dans le Kouzari :

–          « domem » le silencieux

–          “tsomea’h”  le végétal

–          « ‘hay » le vivant

–          « ‘hay hamedaber » le vivant parlant

–          ”hanavi” le prophéte

Le prophète est entre Dieu et l’homme. Mamash.

Comme nous vivons dans un temps où l’on ne voit pas les Prophètes, en tout cas ceux qui ont la rémanence de la prophétie, qui ont le Roua’h HaQodesh, sont cachés. Ce sont les justes cachés, car s’ils étaient dévoilés on aurait de suite une ‘Hiloulah. Alors ils sont cachés.

Ils sont vraiment autres : entre Dieu et l’homme. Et c’est sérieux.

Un enseignement de la Kaballah, sans l’expliquer : Mosheh otiot Hashem

Q : Sens de cette Mishnah de Avot « toute ma vie j’ai grandi entre les sages » ?

R: « Toute ma vie j’ai grandi entre les sages et je n’ai pas trouvé pour le corps meilleure chose que le silence – tov mi shtiqah – et une autre guirsa dit : tov eilav shtiqah, bon que le silence ».

Rav Na’hman Breslav : « bein ha’hakhamim entre les sages » qui y a t’il entre les sages ? le silence ou la mal’hoqet ». Le Tana dit ici ce qu’il a compris de cette expérience qu’il a eu entre les sages : il vaut mieux se taire que d’entrer en Mal’hoquet.

Cela se rattache à une autre Mishnah des Pirqey Abot, lue par le Maharal :

« Toute Mal’hoquet désintéressée, « au nom du ciel » « leshem shamayim », finit par se résoudre » C’est la traduction habituelle.

Le Maharal lit : sofa lehitqayen finit par perdurer car elle est « leshem shamayim » (dimension d’éternité) elle durera, alors qu’une querelle intéressée :  ein sofa leitqayen finira par être oubliée …

C’est pourquoi il ajoute une consigne : il faut se méfier des querelles leshem shamayim qui n’ont pas de fin… On croit que c’est bien et on félicite les gens lorsque ils sont en querelle leshem shamayim. Il faut s’en méfier ! Quelle est la vraie motivation derrière ? Allez au secours de la justice ? N’y-a-t’il pas un juge là-haut ? Donc la querelle leshem shamayim ou celle qui n’en a que l’apparence est très dangeureuse. Il faut se méfier des gens têtus. Puisque ce sont 2 manières tout autant valable – paroles des uns et paroles des autres paroles du Dieu vivant – de vouloir dire la même chose, alors  pourquoi cet entêtement ? Qu’est-ce qu’il y a derière ? C’est ce que dit la Mishna.

Q : Vous avez fait une différence entre Juifs de la diaspora et les Juifs israéliens ?

R :  les uns sont à l’indice des pères et les autres sont à l’indice des fils. Reprenez les versets, c’est très clairs : Les pères vivent une promesse et leur fils vivent la réalisation. Il y a un hiatus qui malheureusement se creuse de plus en plus. Jérémie : « et les fils reviendront à la frontière »… Et les pères ? Il ne s’agit pas d’état civil. Mais surtout le dernier verset de la prophétie de Malakhi. Les Juifs de diaspora ne comprennent rien à la mentalité israélienne. Ils projettent des catégories différentes. (Bien sûr, avec toutes les transitions possibles et imaginables puisque c’est un processus d’engendrement) Je suis frappé de cette sincérité avec laquelle les Juifs de diaspora parlent du pays d’Israël comme du pays des ancêtres alors qu’ils sont eux-mêmes ces ancêtres.

Q : C’est une généralité que je trouve choquante !

R : Bien sûr, c’est une généralité. Tu la trouve choquante parce que tu penses à des personnes qui sont peut-être pas dans le cas que tu croies. Réfléchis bien. J’ai eu ton âge avant toi. Et ce n’est pas pour rien que j’ai dit tout à l’heure : ne chercher pas des diagnostics personnels. Comprennez ce qu’on apprend. Et c’est ce qui disent les versets qui ne généralisent pas mais qui disent ce qu’ils disent. Il y a chez les Juifs de diaspora beaucoup d’hébreux, plus ou moins cachés, et il y a chez les hébreux d’Israël beaucoup de Juifs, plus ou moins en ghetto. C’est la situation historique que nous vivons. Je sais très bien que cela risque de choquer mais il ne faut pas. Il faut apprendre, comprendre, et réfléchir. Je cite des versets, allez voir ce que les Méfarshim en disent. Le théme en jeu là c’est la différence entre la promesse et la réalisation de la promesse.

Pendant 2000 ans nous avons répété dans la prière : « que nous sommes heureux, comme c’est nous  etc… » avec tous les malheurs que nous avions vécu. Mais nous avions la foi qu’une promesse se réaliserait et cette foi fut colossale pendant 2000 ans. La foi en une promesse doit être Shlemah, sans l’ombre d’une ombre. Mais quand arrive le temps de la réalisation, les difficultés commencent. Relisez le dialogue entre Dieu et Moïse à ce propos. La fin de Parashat Bo et le début de Vaéra. Relisez ce que la tradition des maîtres de la tradition juive pendant 2000 ans ont dit à ce sujet. Et ce qu’en dit le Midrash. Vous verrez que c’est ce qu’on est en train de dire. C’est pourquoi il ne faut pas réagir comme cela pieusement seulement. Il faut étudier.

D : l’Israël d’aujourd’hui c’est l’Israël de la Torah ?

R : Et ce serait l’Israël d’où celui qu’il y a dans la Torah ?

D : C’est celui qu’on attend.

R : C’est ce que je disais, on est encore dans la promesse : il y a une différence entre les pères et les fils. Ton inquiétude pense à des gens que cela risque d’atteindre. Je sais que c’est un problème grave. Lisez les derniers versets de la Parshat Bo et ce que dit Rashi en citant le Midrash. Et lisez le début de la Parashat Vaéra. Et réfléchissez bien que cela s’est déjà passé à la sortie d’Egypte, la même chose et avec les mêmes réactions d’ailleurs. Egalement les premiers chapitres de Josué faisant face aux mêmes perplexités.

Le dernier de la prophétie quand le Prophéte Malakhi évoque le probléme de la fin des temps en parlant d’Eliyahou Hanavi: « et il réconciliera le coeur des pères et le coeur des fils et réciproquement ». Car les pères sont ceux qui ont entendu la promesse et les fils sont ceux qui la réalisent. Et quand ils commencent à réaliser, il y a tout ce que la Torah a raconté à la sortie d’Egypte et que nous vivons actuellement en Israël.  

Parshat Shemot 5:22:

Moïse va se faire le porte parole devant les difficultés, les perplexités et les incompréhensions. Cela commence dans les douleur de l’enfantement :

וַיָּשָׁב מֹשֶׁה אֶל-יְהוָה, וַיֹּאמַר:  אֲדֹנָי, לָמָה הֲרֵעֹתָה לָעָם הַזֶּה–לָמָּה זֶּה, שְׁלַחְתָּנִי

Vayashov Moshe El Hashem vayomav

Et Moïse revint vers Dieu et lui dit :

Adonaï Lamah Harâotah laâm

Adonaï, pourquoi fais-tu du mal à ce peuple ?

lamah zé shélahtani?

Pourquoi m’as tu envoyé ?

וּמֵאָז בָּאתִי אֶל-פַּרְעֹה, לְדַבֵּר בִּשְׁמֶךָ, הֵרַע, לָעָם הַזֶּה; וְהַצֵּל לֹא-הִצַּלְתָּ, אֶת-עַמֶּךָ

Et depuis que je suis venu chez Paro

(cf. en filigrane la visite de Herzl chez le Pape)

pour parler en ton nom,

ce peuple n’a eu que du mal,

et sauver tu n’as pas sauvé ton peuple.

וַיֹּאמֶר יְהוָה, אֶל-מֹשֶׁה, עַתָּה תִרְאֶה, אֲשֶׁר אֶעֱשֶׂה לְפַרְעֹה:  כִּי בְיָד חֲזָקָה, יְשַׁלְּחֵם, וּבְיָד חֲזָקָה, יְגָרְשֵׁם מֵאַרְצוֹ

Vayomer Hashem el Mosheh…

Et Dieu dit à Moïse :

maintenant tu verras ce que je ferai à Paro,

(Midrash : maintenant tu verras mais pas à la fin des temps)

car il vous renverra avec une main forte,

et par une main forte de son pays…. 

וַיְדַבֵּר אֱלֹהִים, אֶל-מֹשֶׁה; וַיֹּאמֶר אֵלָיו, אֲנִי יְהוָה

Dieu adressa la parole à Moïse, en disant: “Je suis l’Éternel

וָאֵרָא, אֶל-אַבְרָהָם אֶל-יִצְחָק וְאֶל-יַעֲקֹב–בְּאֵל שַׁדָּי; וּשְׁמִי יְהוָה, לֹא נוֹדַעְתִּי לָהֶם

C’est Moi qui suis Hashem 

Et Je me suis révélé à Abraham Yits’haq Yaaqov en tant que El Shaday

(Rashi : Dieu de la promesse)

et Mon nom de Hashem je ne me suis pas fait connaître d’eux

«(Et Rashi explique : et non YHWH celui qui réalise) »

Effectivement, les contemporains qui sont les pères n’avaient pas le privilège que nous avons d’avoir un modèle, d’avoir un enseignement qui nous permet des repères. Les contemporains de la sortie d’Egypte étaient des pères, nous nous sommes les gens des repères.

Fin

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