16 novembre 2025

Quand le fracas de la guerre fait renaître la foi

Depuis l’attaque du 7 octobre et la guerre contre le Hamas, le rapport à la religion a changé dans de nombreux foyers juifs. En France, où la communauté vit sous tension face à une flambée d’actes antisémites, beaucoup parlent d’un réflexe de retour aux racines : fréquentation renforcée des synagogues lors des fêtes, allumage plus régulier des bougies de shabbat, achat de mezouzot et de tefillin, participation accrue aux collectes pour Israël. « La foi et la communauté sont redevenues un refuge », confient des responsables associatifs. Selon une grande enquête démographique de l’INSEE publiée en 2024, 75 % des Juifs français déclarent s’identifier à une pratique religieuse et 84 % transmettent la tradition à leurs enfants, un chiffre confirmé par les écoles et mouvements de jeunesse mobilisés depuis le début de la guerre. L’étude note aussi que 34 % des Juifs français fréquentent régulièrement un lieu de culte, contre 8 % chez les catholiques. En Israël, plusieurs sondages (dont ceux du Jerusalem Post et de Channel 12) montrent également une intensification de la pratique « traditionnelle », tout en révélant chez certains jeunes une quête spirituelle plus personnelle, parfois traversée par des doutes. Côté musulman, la guerre a galvanisé les mobilisations pro-Gaza et ravivé, dans une partie de la jeunesse, un sentiment d’appartenance religieuse. Des prédicateurs et influenceurs évoquent des conversions « par solidarité avec Gaza », chiffres viraux à l’appui — jusqu’à « + 400 % en Europe ». Mais les centres de recherche, comme le Pew Research Center et l’Observatoire du religieux (CNRS-EPHE), appellent à la prudence : les flux réels seraient bien plus modestes, même si la tendance à la visibilité religieuse s’est indéniablement renforcée, y compris en France. À l’inverse, certains circuits chrétiens rapportent une hausse de demandes de baptême de jeunes issus de familles musulmanes, signe que le choc identitaire produit des mouvements dans plusieurs sens. Aux États-Unis, l’activiste Linda Sarsour a affirmé lors d’une conférence du CAIR à Washington que « 98 % des convertis » dans certaines mosquées new-yorkaises seraient venus à l’islam « à cause de Gaza » — une déclaration controversée, largement reprise par The Intercept et Middle East Eye, qui illustre surtout un climat où religion et guerre se mêlent désormais dans les récits militants. Chez les chrétiens de France, les données sont plus diffuses. La pratique continue de reculer à long terme, mais les églises observent ponctuellement un retour vers la prière, la charité, et des conversions individuelles inspirées par la recherche de paix intérieure dans un monde perçu comme instable. La mobilisation des responsables religieux autour des chrétiens de Terre sainte, les visites pastorales à Gaza et les appels à la paix ont, par ailleurs, renforcé la visibilité du catholicisme dans le débat public. Delphine Miller IsraJ

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