La grand-mère de David Zini
La semaine dernière, David Zini a été promu à la tête du Shin Bet. Il est marié, père de 11 enfants et vit avec sa famille sur le plateau du Golan. David Zini est né en 1974 à Jérusalem, il est l’aîné des dix enfants de la famille du Rabbin Yosef Zini, et petit-fils du Rabbin Meir Zini, figure bien connue de la communauté juive algérienne, qui fut un des fidèles compagnons de route de Manitou, en Algérie, en France, puis en Israël. Après une brillante carrière militaire, David Zini prit sa retraite, ce fut l’occasion d’une cérémonie remarquable lors de laquelle son père, le Rabbin Yossef Zini, pris la parole en ces termes: « Ma mère et ma grand-mère, que leur mémoire soit bénie, restèrent seules de toute leur famille et survécurent à Auschwitz. Alors qu’elle était dans l’enfer d’Auschwitz, un jour un officier SS s’acharna sur une femme juive qui n’arrivait pas à accomplir la tâche qui lui avait été imposée, à cause de son épuisement. Les cris de ce méchant ne suffirent pas à relever la malheureuse ni à la faire continuer. Que fit-il ? Il lâcha son chien, qui lui arracha la chair. Ma grand-mère, paix à son âme, s’approcha de ce monstre et lui donna deux gifles en plein visage. Il sortit son pistolet pour lui tirer dessus, mais son arme s’enraya. Plus furieux encore, il ordonna de punir ma grand-mère par quatre-vingt-dix coups de fouet. Son corps était entièrement couvert d’ecchymoses, et elle fut ramenée inconsciente à la baraque, où elle resta ainsi pendant neuf jours. Lorsqu’elle ouvrit les yeux et la bouche après ces neuf jours, la première phrase qu’elle prononça fut : Cela valait la peine. À la fin de la guerre, elles furent toutes deux forcées, avec deux mille femmes, de marcher dans la neige sur 650 kilomètres, marche qui se termina à Innsbruck, en Autriche. Seules deux cents survécurent. En arrivant, les soldats américains, effrayés par ces squelettes vivants, appelèrent leurs prêtres. Les prêtres demandèrent : « Êtes-vous des extraterrestres ? » Et lorsqu’elles répondirent qu’elles étaient juives, ils appelèrent les rabbins des forces alliées. L’un d’eux était mon honorable père, paix à son âme, qui, voyant cette scène effrayante, dit à ses camarades : « Voilà ce qu’il reste du peuple d’Israël. Que chacun prenne l’une d’elles pour épouse, et nous reconstruirons notre peuple. » Ainsi suis-je né. Et, béni soit Dieu, au lieu de poursuivre des études de médecine en France, et mon épouse au lieu de devenir enseignante dans l’éducation lituanienne au Maroc nous sommes arrivés à Jérusalem. Après des années d’attente, nous avons eu la chance de voir naître notre fils David. La joie fut double, car à l’époque il n’y avait pas encore d’appareils à ultrasons dans le pays et nous ne savions pas qu’avec David se trouvait aussi sa sœur dans le ventre. Nous avons eu cette bénédiction pendant la guerre de Kippour, alors qu’il n’y avait pas d’électricité à Jérusalem et qu’il y avait 40 cm de neige. Depuis, ce processus se poursuit sans cesse au sein de notre peuple – des ascensions permanentes, précédées de crises, dans tous les domaines de notre vie. C’est pourquoi nous avons grand besoin d’un souffle long dans ces heures difficiles, car il nous est promis qu’à chaque crise, nous nous élevons toujours plus haut. C’est pourquoi nous sommes venus remercier le Saint Béni soit-Il, ainsi que tous Ses aides et toutes les personnes présentes – et en particulier notre belle-fille si spéciale – pour toutes les bontés, et pour la force de tenir bon même en temps de guerre, privée ou publique, avec la certitude absolue que le Maître des guerres sème la justice, fait germer les délivrances, crée les guérisons, redoutable en louanges, Maître des merveilles – comme nous le mentionnons chaque jour dans notre prière. Merci à tous et bénédictions à notre fils pour la continuité de sa contribution particulière à notre peuple, à sa Torah, à son armée et à sa terre. Que David réussisse dans toutes ses voies et que l’Éternel soit avec lui. Ainsi soit-il et qu’il en soit toujours de même pour nous. Soit dit en passant, ma mère, paix à son âme, disait que les deux plus beaux jours de sa vie furent celui de sa libération d’Auschwitz, et le jour où elle épingla les insignes de colonel sur David. » Heureux le peuple qui a de telles grand-mères. Heureuse la grand-mère qui a un tel petit-fils.
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