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9 novembre 2020

Re confinement : Quand la force de l’instant a disparu, il ne reste que l’habitude

Si dans les premiers temps de l’émergence du virus, le saisissement général a figé l’instant, l’a immobilisé, capturé et a interrompu le mouvement incessant de notre monde, pour laisser une place, au retrait, à la délicatesse, au scrupule, et nous a permis d’imaginer un instant que l’humanité avait d’un seul coup réalisé qu’il fallait cesser de se répandre sur le monde sans précaution particulière, que le moment du « Chabbat de l’humanité » était arrivé, pour nous laisser entrevoir les prémices d’un monde meilleur basé sur le souci de l’autre, et qui reposerait sur le respect des valeurs morales. Il faut croire que tout cela n’a été que très provisoire. C’est la force de l’instant qui fait que lorsqu’il est loin et que le moment finit par être familier que l’on revient aux habitudes de pensées antérieures. C’est ce qu’il se passe en Egypte avec le Pharaon juste après les 10 plaies. La force de l’instant a contraint le Pharaon à laisser sortir les hébreux d’Egypte après la dernière plaie, la plus terrible, celle des premiers nés. C’est la force de l’instant qui l’a amené à un acte de contrition et de retrait, acceptant de voir sa souveraineté amoindrie par une force qui lui était infiniment supérieure et qui gère le monde d’après la loi morale. Mais trois jours après, lorsque la force de l’instant s’est dissipée et que les conditions de vie ont repris leurs cours habituels alors le Pharaon est revenue aux habitudes de pensée antérieures et a décidé de poursuivre le peuple des hébreux pour aller l’exterminer. C’est ce qui a provoqué sa perte. C’est aussi ce que nous vivons aujourd’hui ou la coexistence avec le virus commence à s’installer durablement et à devenir une habitude que l’on intègre à notre manière de vivre. Il semble que nous soyons désormais contraints d’inscrire notre cohabitation avec le virus sur du long terme, et comme toujours l’homme a su s’adapter et désormais nous nous habituons progressivement à vivre avec. La force de l’instant a disparu pour laisser la place à une forme d’habitude à cohabiter avec le virus Alors que le surgissement du virus dans notre monde a suscité un saisissement qui a pu se lire à travers l’étrangeté de nos villes désertée au moment du premier confinement qui s’est imposé pratiquement partout sur la planète, et ou l’homme avait accepté de se retirer partiellement du monde pour laisser une place pour autre que lui, notre habitude de vivre avec le virus peut aussi se lire à travers la nouvelle façon dont nous appréhendons ce re confinement qui a été imposé en France depuis quelques jours. La légèreté avec laquelle le re confinement est mise en œuvre par les français eux-mêmes illustre de façon saisissante que la stupeur, l’appréhension, l’angoisse qui s’étaient imposées à tous, ont laissé place à une vague habitude qui a transformé les réflexions, qui ont émergé avec le jaillissement du virus dans notre monde, en une forme de résignation. La force de l’instant s’est dissipée et a laissé la place à une accoutumance, une habitude et une lassitude à force de cohabiter avec ce virus et d’envisager d’avoir à le faire pendant un long moment encore. La transcendance s’est faite immanence, le saisissement habitude, le jaillissement s’est transformé en débit tranquille et insonore.  Et les rues de Paris sont pleines pendant ce nouveau confinement, comme témoignage de cette habitude que nous avons acquise à vivre avec le virus. Les grandes surfaces ont eu l’autorisation de rester ouvertes, ces temples modernes qui nous permettent de nous divertir, de passer le temps, de répondre à notre instinct désormais le plus élémentaire, celui de consommer, si possible des choses totalement inutiles et qui vient désormais au même niveau que de celui de se nourrir. Soyons rassurés le petit commerce de première nécessité absolue, la boutique Apple, sur les champs Elysées est resté ouvert pendant cette période de confinement…. Tout un programme. Non seulement l’accès aux grandes surfaces est autorisé en cette période de confinement mais cela permet en plus de lever le dernier obstacle (s’il existait encore) en déculpabilisant la population et en lui indiquant qu’en ces temps difficiles consommer est utile, l’endroit est protégé, préservé et à l’abri du virus, un lieu de résistance à la propagation du virus….Et dans le même temps les librairies, ces petits commerces qui apportent la nourriture de l’esprit, elle sont fermées. Il y a eu certes une merveilleuse résistance sur Internet, et les réseaux sociaux pour soutenir les libraires, pour crier cette injustice effrayante ou certain peuvent ouvrir alors que d’autres ont ordre de fermer, ou dans les rues de la ville se déversent un flot incessant de personnes auto de confinées et que dans le même temps les petits commerces « non essentiels » eux seraient condamner à fermer. Tout cela n’a plus de sens. Et puis il y a cette petite musique qui commence à gêner un peu, celle qui nous fait prendre conscience que l’on est en train de nous imposer, à tous, ce qui est essentiel pour nous et ce qui ne l’est pas. On est en train d’uniformiser la notion de « choses essentielles » et la vision d’un monde qu’on aurait aimé ne plus jamais revoir remontent à la surface de manière un peu nauséabonde. Quelle décadence, quelle tristesse, quelle image renvoyons-nous de nos sociétés contemporaines qui ne reposent désormais plus que sur la satisfaction de l’individu. Il faut épancher les désirs les plus immédiats. Or qu’est ce qui est vitale ? Par définition, c’est lorsque l’homme n’a pas la liberté. Par exemple l’homme n’a pas la liberté de manger ou de ne pas manger, s’il ne mange pas, il disparait. Aujourd’hui l’homme a perdu la liberté par rapport à la consommation. Quelle déception, Quelle désillusion, quelle douche froide pour tous ceux qui avaient imaginé un instant que la propagation du virus allait permettre à l’humanité de réaliser que d’autres voix étaient possibles, et voyaient dans cet événement un moyen de revenir à des choses plus essentielles et de permettre à

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Election Américaine – Le Monde brisé en 2 camps

Le monde est actuellement suspendu à la nouvelle série à la mode : celle de l’élection présidentielle aux Etats Unis qui est relayée par les chaines d’information en continue de manière toujours aussi sensationnelle, et elles se surpassent, pour faire de plus en plus sensationnel. L’épilogue vient nous livrer l’issue de la série, et on a senti un soulagement traverser la planète, à quelques rares exceptions, lorsque le nom de Joe Biden a été donné comme le 46ème président des Etats Unis. Incontestablement un formidable souffle est en train d’emporter le pays et de multiples témoignages d’espoir, de soulagement et de joie annoncent une suite plus apaisée. Pourtant il semble qu’il faille être un peu plus mesuré et qu’il se joue ici un tournant important de l’histoire des Etats Unis, et peut être au-delà, de notre monde, tant les deux camps qui s’affrontent encore semblent être divisés, et paraissent irréconciliables. Des prolongations pourraient d’ailleurs se tenir car l’actuel président ne semble pas vouloir accepter sa défaite. Trump polarise, c’est incontestable, c’est un personnage clivant est c’est sur son nom que l’élection à divisée définitivement l’Amérique, et probablement le monde, en deux camps. Il y a ceux qui votent pour lui, et les « fans » sont particulièrement nombreux : Trump aura réussi à recueillir plus de 70 millions d’électeurs aux Etas Unis rien que sur nom ce qui est un score absolument incroyable et qui n’avait pas été imaginé par aucun institut de sondages. Pour une large majorité de ces électeurs, ce soutien va bien au-delà d’un accord de principe sur la politique économique et fiscale, il s’enracine profondément. Mais le camp d’en face, ceux qui votent contre lui, ne sont pas moins nombreux, puisque le résultat est apparemment historique avec plus de 74 millions d’Américains qui ont voté pour le camp démocrate, et qui ont témoigné de leur joie à l’annonce de la victoire de Biden aux cris de « Trump tu es viré ». Les scènes de liesse peuvent alors envahir le pays avec émotion, pour le plus grand plaisir des partisans de Joe Biden. Pourquoi une si grande partie du peuple américain reconnait Trump, le suit ? Est-ce pour sa personnalité ? Est- ce pour les idées qu’il emporte avec lui ? On peut en effet s’interroger sur cette adhésion incroyable au personnage de Trump ? Peut-être est-ce précisément parce qu’il casse les codes qu’il n’est pas considéré, contrairement à ce qu’indique souvent les experts qui évoquent ces sujets, comme faisant partie de la classe dirigeante de ce monde ? Car finalement Trump, comme cette grande partie du peuple américain qui le soutient, ont un ennemi commun, c’est, selon eux, cette intelligencia, cet appareil politique, ces personnes qui gouvernent le monde entre elles. Et Trump aura réussi ce pari étonnant de s’installer à la maison blanche tout en étant considéré comme ne faisant pas partie de l’une d’entre elles. Il semble que ce soit ainsi que le raisonnement des partisans peut être posé. Autrement dit derrière cet attrait pour Trump on pourrait y lire également le sentiment d’une partie importante des américains sur la façon dont le monde politique est conduit. A l’inverse pourquoi les adversaires de Trump le détestent-ils à ce point ? Est-ce pour sa personnalité, ou pour les idées qu’il véhicule ? Les deux probablement mais c’est vrai qu’il y a une tendance de fonds presque unanime à la détestation de Trump. C’est certainement le fait de sa personnalité et probablement à juste titre. C’est un individu, tel qu’il peut être perçu à travers l’image qu’il revoit pour quelqu’un qui ne le connaitrait pas personnellement, de méprisant, tourné vers lui-même et qui a des difficultés à avoir la maitrise de ses instincts. Mais on peut quand même s’interroger sur une telle constance dans la détestation, une telle uniformité de tous les organes de la société dans la civilisation occidentale ? Peut-être aussi que les idées qu’il amène avec lui marquent un clivage important entre les élites de la planète d’un côté, et les populations de l’autre. Elles posent une résistance au multiculturalisme et, en élargissant un peu, à la tendance de fonds générale que l’on a vu apparaitre, pour la mixité des appartenances, pour cet universalisme béat qui doit être réalisé coute que coute, pour la dissolution des identités nationales dans un grand tout, dont on ne sait pas bien dire ce qu’il est exactement. Bien sûr Trump est arrogant, immoral (ceci dit qui ne l’est pas, c’est une question de degré et non d’essence), autocentré, incrusté dans l’instant présent et incapable d’avoir une vision à long terme sur beaucoup de sujets. Sa culture générale et sa vision du monde sont plutôt rudimentaires et son rapport aux autres est affligeant, sans parler du regard qu’il pose en règle générale sur les femmes et la façon dont il les considère. Mais qui peut raisonnablement dire, et sans douter, que le message qu’il véhicule, arrimé à son énergie, dont on doit reconnaître le dynamisme, n’a pas d’intérêt et ne mérite pas d’être écouté, que cette tendance de fonds générale qu’on voit émerger un peu partout sur la planète, de contestation des peuples contre les élites, de cette volonté qui sort des populations d’un retour aux identités nationales, à une manière d’être homme qui est spécifiques à chaque pays et qui doit nous interpeler, nous interroger, afin de nous demander si tout cela est légitime ou non ? Alors bien entendu, la situation que nous vivons aujourd’hui aux Etats Unis était prévisible, Trump est mauvais joueur, il n’aime pas perdre et le fait de donner l’argument de la fraude pour se lancer dans une guerre de tranchées juridique parait bien peu élégant, sauf que là aussi, qui peut être certain de ce qu’il s’est passé réellement ? Car les arguments des uns et des autres commencent à être assez bien affutés. Côté démocrate on met en avant le fait que les démocrates ont majoritairement voté par correspondance, que tout a été fait pour empêcher les personnes

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