Pourquoi les Chrétiens ont-ils choisi le dimanche comme le jour du Seigneur ?

Pourquoi vont-ils à la messe le dimanche ? Pourquoi le dimanche est-il un jour de repos en France et dans la majorité des pays en Europe ? Dans notre tradition d’après les récits que nous avons de la création, il y a un plan qui s’est réalisé en plusieurs étapes. La création s’est faite dans l’instant et puis le créateur s’est mis à façonner le monde, à le finaliser en six jours pour l’amener à un stade suffisamment avancé pour que l’homme puisse y entrer. Puis l’homme à son tour doit réaliser son travail, la mise au point du monde, ce qu’en hébreu on nomme le « Tikoun Ha Olam », c’est-à-dire la réparation du monde. Il est donc possible de s’arrêter sur trois moments de la mise en place du monde : L’acte de création qui s’est réalisé dans l’instant, les six jours du commencement dans lesquels Dieu est intervenu et à agi sur le monde, Dieu est présent et l’homme n’est pas encore là, puis le 7ème jour ou l’homme est présent dans le monde et Dieu s’est retiré en laissant une absence comme une trace de sa présence. On a l’habitude de dire que la cohabitation entre Dieu et l’Homme est impossible : dans le monde de Dieu il n’y a pas de place pour l’homme et dans le monde de l’homme il n’y a pas de place pour Dieu, dans le monde du soleil il n’y a pas de place pour la bougie et dans le monde de la bougie il n’y a pas de place pour le soleil. Mais pourtant l’objectif est de parvenir à cette cohabitation. Ce retrait de Dieu, pour laisser la place à l’homme c’est ce que nous appelons dans notre tradition : le Chabbat de Dieu.  A un certain moment Dieu a cessé d’intervenir et il a transformé le monde dans ce que nous appelons la nature. Et la trace de cette cessation d’intervention transforme le monde de création en nature. L’identité du monde c’est une création qui est devenue nature, et Dieu se cache derrière l’apparence de la nature pour continuer de surveiller son monde. Mais il a laissé la place à l’homme qui dispose de la liberté puisqu’il est inséré dans le monde de représentation des lois déterminées et impersonnelles de la nature. Mais ce retrait, ce Chabbat n’est bien évidemment pas un repos. Que pourrait bien vouloir signifier que Dieu se repose ? On peut signaler que c’est ce retrait de Dieu qui permet également à l’homme d’être libre car si Dieu était présent alors cette présence s’imposerait à l’homme de telle manière qu’elle le priverait de sa liberté. Mais c’est un sujet parallèle qu’il ne s’agit pas ici de développer. Nos sages nous apprennent que pour chacun des six premiers jours du commencement il est écrit dans le récit « il fut soir, il fut matin jour un », « il fut soir il fut matin jour deux »…. « Il fut soir il fut matin jour six ». Mais il n’est pas écrit « il fut soir il fut matin jour sept ». Pourquoi ? Parce que ce septième jour n’est pas encore réalisé mais il est en cours de réalisation. Maintenant que l’homme est présent il doit jouer son rôle d’homme. Il y a un travail qui est à l’œuvre à l’occasion de ce septième jour, et ce travail c’est précisément l’homme qui doit l’amener à sa réalisation, à son achèvement. L’objectif de ce travail, l’objectif de la réalisation de ce 7ème jour est de permettre la coexistence, la cohabitation entre l’homme et Dieu et d’entrer alors dans le 8ème jour qui est le temps de cette cohabitation. Pour cela l’homme doit parvenir à la sainteté, c’est-à-dire à réaliser l’unité des différentes valeurs. Le concept est probablement un peu compliqué mais on peut le simplifier sans trop en diminuer le sens en l’exprimant par le comportement moral : L’homme doit parvenir à se comporter de manière morale avec son frère, avec son prochain. L’image donnée alors par notre tradition est celle du prêtre dans le temple : c’est l’homme moral par excellence, qui mange le repas parfait, habillé des vêtements parfaits, dans la maison parfaite. L’homme doit parvenir à la sainteté, faire du monde un temple et permettre ainsi de réaliser la possibilité d’une cohabitation avec Dieu et basculer alors du 7ème jour vers le 8ème jour. La réalisation de ce septième jour est alors envisagée comme un temps messianique qui est une période de fin des temps mais qu’il faudrait aborder de façon bien différente de la façon dont le monde occidental (et notamment chrétien) en parle aujourd’hui. Mais les choses se sont simplifiées, modifiées, et voilà que d’une période messianique ou l’homme sera parvenu à réaliser son identité d’homme et à se comporter de manière morale avec son, prochain, on attend maintenant un messie, fils direct de Dieu à l’image dont les Chrétiens ont fait évoluer notre tradition. Cette période messianique devrait permettre de basculer du 7ème jour, qui est le jour du Chabbat du créateur, ou le créateur s’est retirer pour laisser la place, et dans lequel l’homme doit réaliser son travail, c’est-à-dire devenir un homme tel que le créateur l’avait projeté, au 8ème jour, qui est un temps d’accomplissement afin de permettre que la réalisation se rapproche du projet tel qu’il avait été envisagé au départ et tel qu’il nous est formulé dans nos récits. Or pour les Chrétiens, il y a eu la tradition Juive, et puis il y a eu à un certain moment dans l’histoire une bifurcation, un déboitement et l’alliance s’est déplacée des juifs vers les Chrétiens. Leur tradition est venue se substituer à la tradition juive. C’est entre autre l’une des raisons pour lesquelles on s’est mis à parler (peut-être un peu trop vite) de « l’ancien testament » et de cette nouvelle alliance qui peut s’étudier à travers le « nouveau testament ». Il ne s’agit pas ici de revenir sur les innombrables difficultés et incohérences que comporte cette position notamment au regard de la tradition hébraïque, sur cette substitution assez inattendue, ni sur les erreurs de diagnostic qu’elle révèle, puisqu’aujourd’hui ce sont

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