Compte du OMER et Confinement
Dans cette période particulière ou le temps semble s’être suspendu et la tendance naturelle qu’a l’humanité à se répandre sur le monde, a laissé la place au dégagement et au retrait, le gouvernement Français a annoncé les premières mesures de déconfinement avec une date désormais inscrite pour des millions de français qui est celle du 11 Mai. Le compte est lancé, et même si on sent un certain relâchement dans l’attitude de solidarité et de respect des règles qui avaient prévalu lors des premiers temps de ce confinement historique, la France attend cette date avec impatience et fébrilité. Même si l’anxiété provoquée par cette épidémie ne s’est pas encore dissipée, on peut commencer à compter les jours qui nous sépare de ce moment de libération nationale. Parallèlement à ce nouveau rythme du calendrier imposé par le virus, non seulement à la France, mais au monde entier, notre tradition, la tradition hébraïque, est insérée dans un autre calendrier, celui du compte du OMER. C’est la période qui sépare la fête de Pessah, qui réactualise la sortie du peuple des hébreux de l’esclavage en Egypte pour les amener à l’événement du don de la Torah qui s’est réalisé pour des raisons secondes, que nous ne développerons pas ici, sur le Mont Sinaï. Cette période relie donc la commémoration de la sortie d’Egypte du peuple Hébreu avec l’objectif d’aller s’installer sur sa terre, à l’événement de la révélation de la Torah. La fête de Chavouot, qui n’a pas de date précise dans le calendrier, est reliée à la fête de Pessah, et nos récits mettent donc en évidence le lien fort, indéfectible, entre l’événement de la sortie d’Egypte et celui de la révélation de la Torah. Tout se passe comme si la fête de Chavouot, qui commémore le jour de la révélation de la loi était, en quelque sorte la clôture de la fête de Pessah. Manitou nous expliquait que la période qui relie Pessah de Chavouot, ces 50 jours qui sont constitués de 49 jours de mérites à acquérir, à conquérir, plus le dernier qui est donné, est précisément une période vulnérable ou les acquis de la sortie d’Egypte peuvent se renforcer, en cas de réussites, de succès pour aller vers le don de la loi morale, ou au contraire s’inscrire dans une ligne d’échecs, de fractures qui risquent de remettre en cause les acquis de la sortie d’Egypte elle-même. Et Manitou rajoutait pour nous expliquer un peu mieux l’intensité de cette période, qu’il s’agit d’une période vulnérable car elle nous fait passer d’une libération physique, l’accès à la terre, à une libération plus spirituelle, le don de la Torah. De la même manière que l’être humain est corps et âme, le corps d’Israël est sauvé à Pessah son âme est sauvée à Chavouot. Le passage entre les deux est une période de vulnérabilité qui peut remettre en cause les lignes de réussites qui ont été acquises jusque-là. Les enseignements concernant cette période sont innombrables, et il ne s’agit pas ici de tous les citer, mais, peut être essayer de réfléchir à l’éclairage que l’intensité et la centralité de cette période peuvent apporter à la situation que nous traversons collectivement aujourd’hui. Au départ cette période était une période de joie pendant laquelle chacun pouvait aller apporter les prémices de sa récolte, la gerbe de blé, au temple. Elle était appelée la fête des prémices avec le thème fort, et cher à notre tradition, sur l’altérité, le sens du retrait pour laisser la place pour l’autre. Le fait de donner les prémices en cette période comme un acte de dégagement pour offrir à « l’autre » plus de place qu’à soi-même. Et les récits de la relation entre Cain et Abel nous reviennent en mémoire pour nous rappeler que la faute de Cain est d’avoir refusé de laisser, à l’autre que soi, une place dans le monde, comme l’illustration de l’échec du comportement moral. Cette période est devenue, à la suite de l’épisode de la perte définitive de l’indépendance nationale, après la catatrophe de la défaite de l’armée de Bar Korba, qui était aussi représentée par les élèves de Rabbi Akiva, une période de deuil. Et aujourd’hui au sein même de notre tradition des discussions sont en cours pour savoir si cette période, ce décompte du OMER, doit toujours être considérée comme une période de deuil, ou si au contraire compte tenu de la reconstruction de l’identité Hébraïque sur sa terre, elle doit de nouveau être considérée comme une période de joie. Au cœur même de cette fête qui nous incite pourtant à l’unité nationale, les divisions se poursuivent. Car en effet la cause profonde donnée par nos sages pour justifier que cette période, vulnérable, délicate, ce soit transformée d’une période de réjouissance en une période de deuil, à cause de cette perte de l’indépendance de notre peuple sur sa terre, est le manque d’unité au sein du peuple. Toutes les personnes qui constituaient l’armée de Bar Korba étaient des grands, de très grands, ils étaient aussi des élèves de Rabbi Akiba, c’était des sages, d’une envergure inouïe nous dit-on. Pourtant ils ne se donnaient pas le respect mutuel, les honneurs, dus à chacun d’entre eux, ils ne s’aimaient pas l’un l’autre, et c’est la raison profonde de la défaite Les enseignements de la Caballe, nous indiquent qu’il y a également un autre événement connu qui s’est joué dans cette période du OMER, et qui était de la même nature. C’est la vente de Joseph par ses frères. La dislocation de l’unité, de cette unité indispensable pour faire la nation, est la source profonde qui risque de remettre en cause les acquis de la fête de Pessah, qui sont comme autant de lignes de fractures qu’il faut réparer. C’est l’unité nationale qu’il faut reconstituer pendant cette période. Et quand on voit ce qu’il se passe actuellement en Israël on se dit que cette unité est indispensable pour la réussite de notre histoire. Comme pour confirmer ces difficultés d’unité, on peut indiquer qu’il y a
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