Le rêve sioniste et son incroyable réalisation

Israel à travers l'histoire

Edith Levy-Neumand

Guide francophone à Jerusalem et Israel
054-2307474 - edith@voirisrael.com
www.voirisrael.com

Israël à travers l'histoire

Après 400 ans d'esclavage en Égypte, le peuple Juif s'installe sur la terre de Cana'an. Cette terre est appelée ainsi par la Bible parce qu'à cette époque elle était occupée par le peuple de Cana'an. Après la conquête du pays par Josué et plus tard par le roi David, c'est à Jérusalem que le premier Temple est construit, environ 1 000 années avant l'ère chrétienne. Le deuxième Temple le sera vers 530 sur le Mont Moriah, à l'endroit même où Abraham a ligoté son fils et failli le sacrifier. Pendant toute cette période, le peuple est installé dans cette région et monte au moins trois fois dans l'année au Temple pour offrir des sacrifices pendant les fêtes de pèlerinage.

En 70 après l'ère chrétienne, après de violents combats, les Romains entrent dans Jérusalem, détruisent le Temple, tuent et expulsent une grande partie des Juifs. Les combats continuent en 71 sur le mont Hérodion et 73 à Massada avec un suicide collectif pour ne pas tomber dans les mains des Romains. Les Romains pensent en avoir terminé avec ce petit bastion qui leur a tellement résisté. Mais non, il reste encore des Juifs en Israël qui vont se révolter de nouveau entre 132 et 135. C'est la révolte de Bar Kokhba extrêmement bien préparée, qui dure près de trois ans avec des conséquences dramatiques. (De cette époque, on a retrouvé beaucoup de vestiges surtout après la guerre des 6 jours et les fouilles archéologiques en Judée). Les Romains vont massacrer une grande partie du peuple. On dit que la proportion de morts serait presque proportionnellement égale à celle de la Shoah !!! 
Pour éviter le retour des Juifs à Jérusalem, les Romains transforment la ville. L'Empereur Adrien entreprend la reconstruction de Jérusalem sur le modèle romain et la renomme Ælia Capitolina. La région, elle aussi change de nom et devient Palestina.

Le Cardo a Jerusalem

La ville comprend une impressionnante rue, le Cardo, avec des colonnades la traversant du nord au sud. Ce Cardo fait encore aujourd'hui partie de la ville de Jérusalem, il traverse le quartier juif. Il a été dévoilé puis restauré après la Guerre des Six-Jours.

Les Juifs ont été chassés de leur terre mais ils ont toujours rêvé d'y revenir. Toutefois, malgré les exils et les massacres, les Juifs sont restés en Israël et une présence juive a toujours existée dans le pays : au IIIe siècle, la Michna est écrite en Galilée par Rabbi Yéhouda Hanassi, et au Ve siècle le Talmud de Jérusalem est rédigé. Les découvertes actuelles ont permis de retrouver un certain nombre de synagogues datant de l'époque Byzantine (du IIIe au VIe siècle) dans tout le pays et même au Golan où on a retrouvé plus de trente-cinq synagogues, fait ignoré avant 1967.

À Tibériade, entre le VIIIe et le Xe siècle, on met au point le système de ponctuation de la Bible hébraïque moderne, puis au XVIe siècle, après l’expulsion des Juifs d’Espagne en 1492, se développe à Safed la pensée ésotérique connue sous le nom de Kabbale lourianique, au nom du Rav Yits'haq Louria Ashkénazi.

Au XVIIIe siècle, le déclin de l'Empire Ottoman entraîne la région à devenir une petite province appauvrie. Chateaubriand et Lamartine, au XIXe siècle, visitent le pays et décrivent les habitants de Jérusalem comme pauvres, religieux, étudiant les textes sacrés et faisant appel à la charité des communautés de la Diaspora.

Le XIXe siècle

Rappelons que ce siècle est celui de l'industrialisation, de la démocratisation et des nationalismes, le tout accompagné d'une forte explosion démographique. Ceci facilitera les voyages et le développement de la région.

Sir Moses Montefiore

Sir Moshé Montefiore (1784-1885), un riche anglais Juif, qui vivra plus de 100 ans et fera sept voyages d'Angleterre en Palestine (dont le dernier à 91 ans), se rend auprès du Sultan Ottoman afin d'essayer d'obtenir la permission d'achat de terres pour développer le pays. C'est grâce à Montefiore que la ville de Jérusalem sort des murailles et les premiers quartiers à l'extérieur des murailles apparaissent. Ceci donne le coup d'envoi de la construction de la nouvelle ville.
En parallèle, Montefiore fait des pressions sur l'Angleterre pour qu'elle l'aide dans ses démarches au Moyen Orient et c'est donc un climat favorable qui se développe et qui aboutit à la Déclaration Balfour au XXe siècle.

Le quartier de Michkenot Shaananim,
le premier quartier juif a l'exterieur de la muraille

À la fin du XIXe siècle commencent en Russie des pogroms contre les Juifs, le plus violent à Kichinev : on s'en prend aux Juifs pour éluder les problèmes internes de la Russie tsariste. Une fois de plus, ils servent de bouc émissaire.
Ils partent en masse d'Europe de l'Est. Les réfugiés juifs s'entassent sur les routes fuyant vers l'Europe de l'Ouest, l'Amérique et certains optent pour la Palestine.

C'est la première Alyah, en 1882, celle des "Amants de Sion" dont le but n'est pas religieux mais surtout national. C'est la première fois après 2000 ans d'histoire en exil, que les Juifs reviennent si nombreux en groupes organisés. Le pays est très pauvre.

En vingt ans, ils sont 25 000, avec une volonté de travailler la terre. Quatorze villages - des mochavot agricoles vont se créer : Rishon Letsiyon, Re'hovot, Zikhron Yaakov, 'Hedera, Peta'h Tiqva, Rosh Pina, etc… Dans des conditions très difficiles, sous un soleil ardent, sans ombre ni eau, ces pionniers s'attaquent aux rochers et marécages, affrontant des maladies mortelles dont la malaria pour faire redonner à la terre sa fertilité. Ils considèrent le travail de la terre comme une valeur supérieure.
En 1870, Charles Netter, natif de Strasbourg, fonde la première école d'agriculture à Miqve Israël. Le Baron de Rothschild (1845-1934) envoie des experts agronomes en France pour leur apprendre à connaître le travail de la vigne, et des caves à vin s'ouvrent à Rishon Letsiyon et Zikhron Yaakov.

Ils ne sont pas seulement pionniers dans le domaine agricole mais aussi dans la renaissance de l'hébreu. Elyézer Ben Yehuda (1858–1922), un Juif russe décide de ne parler que l'hébreu avec sa femme, cette langue morte qui est restée la langue liturgique des Juifs. Leur fils, Itamar Ben Yehuda, sera le premier enfant à ne parler que l'hébreu. Il n'a pas d'amis pour qu'il n'entende pas des mots d'une autre langue que ceux de la langue sacrée, on lui achète un chat et une chienne pour qu'il ait des compagnons de jeu et qu'il utilise le féminin et masculin avec ses animaux.
David Yellin ouvre une école de formation de professeurs dans laquelle on apprendra aux futurs enseignants la langue ressuscitée.

Elyézer Ben Yéhouda écrit son dictionnaire

En parallèle, au milieu du XIXe siècle, un mouvement protestant, les Templiers, avec à leur tête Christophe Hofmandes, viennent aussi s'installer en Israël pour aider les Juifs dans leur entreprise. Ce sont des artisans pour la plupart, ils voient dans le retour des Juifs sur leur terre une réalisation des prophéties bibliques. Ils s'installent dans les quartiers allemands (la Moshava Germanit) de Jérusalem, de Haifa et de Tel Aviv, au quartier de Sarona. Avant la Première Guerre mondiale, ils sont 2 200 personnes. Ils seront chassés par les Anglais et envoyés en Australie au moment de la montée du nazisme car ils sont considérés comme ennemis.

L'affaire Dreyfus et les Congrès Sionistes

Le 5 janvier 1895 a lieu la dégradation du Capitaine Dreyfus à Paris, dans la cour de l'École Militaire. Une partie de la foule hurle "mort aux Juifs".

La degradation du Capitaine Dreyfus

Théodore Herzl, un journaliste et écrivain juif austro-hongrois, correspondant à Paris d'un journal viennois, assiste à la scène. Le fait que cela se passe à Paris, dans la capitale des Droits de l'Homme lui fait prendre conscience que la seule solution pour les Juifs est de créer leur propre État. Il arrive à la conclusion que l'Europe est dangereuse pour les Juifs.

Pendant l'été 1895, Herzl rédige "l'État Juif" dans lequel il développe le projet de constitution d'un « abri permanent pour le peuple juif », puis publie en 1902 une nouvelle, l'Alteneuland (Le Pays ancien-nouveau) à travers laquelle il dépeint une utopie sioniste. Il y décrit une Palestine transformée en État d'essence juive, et démocratique, dans lequel les non-Juifs disposeraient des mêmes droits fondamentaux : אם תרצו אין זו אגדה, si vous le voulez ce ne sera pas un rêve.
Le 29 août 1897, il réunit à Bâle pour trois jours le premier Congrès Sioniste. On y crée une nouvelle structure qui définit le but du sionisme et un Comité d'action. Les assises de l'Organisation Sioniste Mondiale sont établies et Herzl la préside jusqu'à sa mort prématurée, en1904 (à l'âge de 44 ans).

Dans son journal, il écrit : " Si j'avais à résumer le Congrès en une seule phrase, je dirais qu'à Bâle j'ai fondé l'État Juif. Si je disais cela à haute voix aujourd'hui, je soulèverais un éclat de rire universel, mais dans cinq ans peut-être, dans cinquante ans, certainement, ce sera une évidence pour tous". Les Nations Unies voteront le partage de la Palestine en 1947 soit exactement 50 ans après !!!
Herzl va promouvoir la création d’un Fonds National Juif, le Keren Kayemet LeIsrael, véritable institution bancaire sioniste spécialisée dans le rachat de terres en Palestine.

Le Sultan refuse de vendre des terres aux Juifs. Herzl sollicite l'aide de Guillaume II qui refuse aussi de l'aider. Il se tourne donc vers l'Angleterre.

Herzl essaye de rencontrer les personnalités de l'époque pour les faire participer au développement de son plan. Les pogroms font rage en URSS. Inquiet pour l'avenir de son peuple, il comprend qu'il faut faire vite. Il va trouver Chamberlain, homme politique britannique qui lui propose de créer un État pour les Juifs en Ouganda, une de leurs colonies, mais le sixième Congrès Sioniste refuse cette idée.

La mochava Kinéret au bord du Lac de Tibériade

En1906, Boritz Chats crée l'école d'art Betsalel – le style juif, la beauté juive.

Tel Aviv

En 1909, la première ville juive organisée est fondée. Elle s'appelle Tel Aviv. "Tel" est une colline artificielle due aux couches de population superposée au même endroit, "Aviv" le printemps soit le renouveau.
Le nom de la ville est inspiré du livre de Herzl, Altneueland : un contraste entre l'ancien et le nouveau qui sont imbriqués – le nouvellement ancien ou l'anciennement nouveau ! Cette ville est entièrement construite sur le sable.

La répartition des premières parcelles de la ville de Tel Aviv
La rue Herzl et au fond le lycée Herzlia, premier établissement où on enseigne en hébreu

KKL : le Keren Kayemet Leisrael קרן קיימת לישראל

Les boites de récoltes de fonds du Keren Kayemet Leisrael
 

Fondé en 1901 à Bâle (Suisse) en tant que Fonds National du mouvement sioniste, le KKL jouera un rôle important dans le rachat de terres, souvent des marécages vendus par les bédouins à des prix élevés et la préparation des futurs pionniers sur le terrain.

Il va aussi organiser un programme d'assèchement des marais et de fertilisation des vallées : la vallée de Jezréel en Galilée, de Zabulon près de Haïfa, de 'Héfer près de Hedera et la vallée du 'Houla au nord du lac de Tibériade. Auparavant, ces marais étaient insalubres, la malaria y sévissait, et ce n'est que par la volonté et la ténacité des pionniers que ces marécages ont pu être asséchés et devenir des terres fertiles.

Le KKL est connu aussi pour avoir planté de nombreuses forêts et s'être occupé des problèmes d'eau du pays. Il est financé grâce à des fonds provenant, d'une part des dons récoltés dans les fameuses boîtes bleues, répandues dans toute la Diaspora, et d'autre part de la vente de timbres-poste-KKL, qui remplissent en même temps une fonction pédagogique.

Le premier Kibboutz : Degania

Pendant ce temps, se prépare la deuxième alyah (immigration). Elle développera les mouvements agricoles de coopérative socialiste.

En 1910, des jeunes immigrants d'une vingtaine d'années, originaires d'Europe de l'Est, mus par les idéaux sionistes et socialistes, abandonnent les bancs de l'école pour créer des villages communautaires, dépierrer, planter des arbres, labourer le sol, assécher des marécages, affronter les maladies et les insectes, construire des nouvelles routes sous un soleil ardent.

Ils fondent le premier kibboutz (de l'hébreu : ensemble, assemblée) : une entreprise agricole collective démocratique et égalitaire, fondée sur la propriété collective des moyens de production et de consommation, ainsi que leur redistribution. Un cadre de vie où tous les membres prennent les décisions de concert à la majorité, et se partagent équitablement droits et devoirs. La devise du kibboutz : "à chacun selon ses besoins, de chacun selon ses aptitudes".

Le premier Kibboutz est construit en 1911 à Dégania au bord du lac de Tibériade. (En 1950 on en compte 214 regroupant plus de 67 000 habitants et en l'an 2000, 268 pour 117 000 habitants. A partir des années 2000, beaucoup de kibboutz diminuent leur idéal collectif pour développer la propriété personnelle).

Degania le premier kibboutz du monde

Environ 85 000 Juifs se trouvent dans le pays avant la Première Guerre mondiale, 12% de la population locale. À Jérusalem deux tiers de la population est juive.



Bibliographie
Renée Neher, Feu vert à Israël
Renée Neher, La Déclaration Balfour
Archives sionistes
Wikipedia 
Destins d'Israël, David Ben Gourion
Nili Shmuel, Retourne en Palestine
Israël, ombres et lumières, collection dirigée par Joseph Kessel

Films sur internet
L'affaire Dreyfus de Yves Boisset
Naissance d'une Nation : de 1897 à 1967 - documentaire histoire
L'origine du conflit israélo-palestinien et les accords Sykes-Picot
Conférence sur les accords Sykes-Picot avec Henry Laurens - Café Histoire 
האש עמוד (en hébreu, série de films sur l'histoire d'Israël) 

Films
Exodus