La situation du Moyen Orient avant la Première Guerre mondiale

Edith Levy-Neumand

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Pour comprendre la situation actuelle du Moyen Orient aujourd'hui, il faut retourner en arrière à cette époque du XVIIe siècle, où l'Empire Ottoman s'étend sur une grande partie du bassin méditerranéen, depuis la Turquie jusqu'en Afrique du Nord.

L'Empire Ottoman au XVIIe siècle

En 1882, l'Angleterre a annexé l'Égypte après l'avoir prise aux Ottomans, c'est la première grande puissance à être venue dans la région. Les Français sont en Afrique du Nord et les Italiens en Lybie.

Au XIXe siècle, l'Empire Ottoman est déjà réduit

Pendant la Première Guerre mondiale, le gouvernement britannique promettra aux Juifs, aux Arabes et aux Français les mêmes régions sans penser aux conséquences de ces promesses. Pour les Anglais, le Moyen-Orient est très important afin de pouvoir arriver en Asie en particulier en Inde, par le canal de Suez. Ils sont aussi intéressés par les puits de pétrole en Irak. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Anglais, Français et Russes se confrontent aux Allemands, Turcs et Austro-hongrois. Au début, on pensait que la guerre serait rapide. En 1914, 13 millions de Juifs vivent dans le monde, 2,5 millions aux USA, 1 million en Europe, 800 000 en Afrique du Nord, la majorité se trouve en Europe de l'Est environ 8 millions (2/3 de la population juive) composée de personnes en général pauvres, ne jouissant d'aucun droit.

Les différentes promesses des Anglais

Avec la lettre de Sir Henry Mac Mahon, les Anglais promettent à Hussein, Chérif de la Mecque l'extension de son territoire, puis en secret, ils signent les accords Sykes Picot avec la France et la Russie qui donnent aux Français les mêmes terres. En 1917, en remerciement à Chaïm Weizman pour sa contribution pendant la guerre et en espérant que les Juifs feront pression sur les États-Unis pour qu'ils entrent en guerre et les aident à repousser les Allemands, Balfour écrit une lettre au Baron de Rothschild, la fameuse Déclaration Balfour. La situation du Moyen-Orient aujourd'hui est le résultat de ce double jeu des Anglais et de leurs promesses : en parallèle la même terre est promise à Hussein, aux Français et aux Juifs.

La promesse de Mac Mahon au Chérif de la Mecque

En 1915, les Britanniques et les Allemands essaient l’un et l’autre d’amener les Arabes à se joindre à leur cause. Les plans allemands sont compromis par les réticences de leur allié ottoman à apporter un soutien au nationalisme arabe et ce sont finalement les Britanniques qui l’emportent. Un accord est négocié entre le Chérif de la Mecque, le roi Hussein ben Ali, et le Haut-Commissaire Britannique d’Égypte, Sir Henry Mac Mahon.
Hussein et Mac Mahon échangent plusieurs lettres. Dans sa lettre datée du 24 octobre 1915, Mac Mahon promet à Hussein l’indépendance et le contrôle arabes sur l’ensemble des zones qui seront libérées de la mainmise turque « à l’exception des deux districts de Mersina et d’Alexandretta et de portions de la Syrie situées à l’ouest des districts de Damas, Homs, Hama et Alep ». Rien n’indique clairement que la Palestine ne fait pas partie de cette zone. Il écrit : « La Grande Bretagne est prête à reconnaître et supporter l'indépendance des Arabes dans toutes les régions à l'intérieur des limites demandées par le Chérif de La Mecque ».
Les Anglais vont assurer aux Arabes qu'ils peuvent compter sur eux en cas de défaite ottomane et qu'ils pourront ainsi agrandir leur territoire. Il y a beaucoup d'ambiguïté dans ce document.
Hussein et son fils Fayçal, avec l'aide de Lawrence d'Arabie, ignorant ce qui se trame derrière leur dos, lève une armée très importante. C'est le début de la révolte arabe contre les Ottomans.

Après la guerre, il y eut un désaccord entre les Anglais et les Arabes à propos de la Palestine : son territoire était-il inclus dans la promesse anglaise ? Selon les Anglais, ce n'était pas le cas ; cependant, les Arabes estimaient qu'ils avaient bel et bien reçu la promesse que leur indépendance inclurait le territoire de Palestine.

Les accords de Sykes-Picot

Après de longues négociations entre novembre 1915 et mars 1916, la France, l'Angleterre et l'URSS signent des accords secrets, le 16 mai 1916 prévoyant le partage du Proche-Orient à la fin de la guerre. Il est intéressant de noter que ces puissances se répartissent déjà les terres ottomanes alors que l'issue de la guerre n'est pas encore connue ! La Palestine est mise entre parenthèses.

En 1917, après la révolution russe, les révolutionnaires vont ouvrir les documents secrets et les divulguer au monde.
L’accord sera entériné et légalisé avec un mandat en bonne et due forme de la Société des Nations à la conférence de San Remo après la guerre. La France recevra le mandat sur le Liban et la Syrie, la Grande-Bretagne la Mésopotamie (agrandie de Mossoul cédée par les Français en échange d'une participation aux bénéfices pétroliers du bassin de Kirkouk), la Transjordanie et la Palestine.

Les accords de Sykes Picot

La Déclaration Balfour

Chaïm Weizmann, un chimiste juif de renom, se rallie au sionisme dès ses débuts. Il participe en août 1897 au premier Congrès Sioniste de Bâle aux côtés de Théodore Herzl devenant ainsi un des chefs de file du mouvement.

À la suite de ses travaux de recherche (fermentation bactérienne), à partir de 1915, ayant permis de fabriquer en grande quantité l'acétone indispensable à la fabrication de la cordite, (explosif utilisé notamment pour les obus de la Royal Navy, les Anglais lui proposent une récompense en 1917 : "un pays pour mon peuple" sera sa demande. Il obtient de Lloyd George (alors Ministre des Munitions), l'appui britannique à la création d'un territoire pour les Juifs.

De plus, les Anglais vont se tourner vers les Juifs pour essayer d'influencer les Américains à entrer en guerre et à aider les alliés. C'est la Déclaration Balfour, la première fois qu'une puissance européenne soutient le but sioniste de faire de la Palestine un pays pour les Juifs. Lord Balfour, Ministre des Affaires étrangères de la Couronne, explique dans une lettre à Lord Rothschild, un des leaders de l’Organisation Sioniste que la Grande-Bretagne est favorable à l’établissement d’un « Foyer National pour le peuple juif », et qu’elle fera tous les efforts pour mener à bien sa réalisation, tout en respectant les droits des communautés non juives. Ce texte, la Déclaration Balfour, ne sera publié que lorsque les Anglais seront officiellement les maîtres de la région.

La Déclaration Balfour

La Déclaration Balfour est rédigée trois jours avant que les Anglais ne soient entrés en Palestine le 2 nov. 1917. Ils attendent que la victoire soit définitive pour rendre publique cette déclaration, le 9 novembre. Malgré tout, cette lettre de Balfour passe très inaperçue lors de sa publication, elle ne prendra de l'importance qu'au moment des premiers pourparlers de paix deux ans plus tard.

Là aussi les choses ne sont pas claires : 
1. Il n'y a pas vraiment d'engagement anglais mais des expressions telles que "on voit d'un bon œil", "on fera des efforts"
2. On parle de "Foyer National" mais pas de pays, pas de cartes, pas de frontières définies.



Bibliographie
Renée Neher, Feu vert à Israël
Renée Neher, La Déclaration Balfour
Archives sionistes
Wikipedia 
Destins d'Israël de David Ben Gourion
Nili Shmuel, Retourne en Palestine
Israël, ombres et lumières, collection dirigée par Joseph Kessel

Films sur internet
L'Affaire Dreyfus de Yves Boisset
Naissance d'une Nation : de 1897 à 1967 - documentaire histoire
L'origine du conflit israélo-palestinien et les accords de Sykes-Picot
Conférence sur les accords de Sykes-Picot avec Henry Laurens - Café Histoire 
האש עמוד (en hébreu, série de films sur l'histoire d'Israël) 

Films
Exodus