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03 Septembre 2018

NITSAVIM : LE RETOUR DU SEIGNEUR TON DIEU

INTERVENANT(S) : MICHEL AMRAM Z"L

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Devarim, XXX, 3 : « Véshav Hashem Elohékha : Et Hashem ton Dieu ramènera ta captivité, Il te prendra en miséricorde. Véshav : et Il reviendra et te rassemblera de tous les peuples où Hashem ton Dieu t'aura dispersé là-bas. Ton éloignement, fût-il à l'extrémité des cieux, Hashem ton Dieu te rassemblerait de là, et de là même Il te reprendrait ».

 

Nitsavim : le retour du Seigneur ton Dieu

 

Devarim, XXX, 3 : « Véshav Hashem Elohékha : Et Hashem ton Dieu ramènera ta captivité, Il te prendra en miséricorde. Véshav : et Il reviendra et te rassemblera de tous les peuples où Hashem ton Dieu t'aura dispersé là-bas. Ton éloignement, fût-il à l'extrémité des cieux, Hashem ton Dieu te rassemblerait de là, et de là même Il te reprendrait ». Auparavant, dans Ki tetsé, nous étions partis en guerre et nous ramenions cette « belle captive » de la prise parmi les ennemis, qui doit prendre le deuil pour entamer la procédure de sa conversion. Cette beauté en captivité, à l'extérieur du peuple d'Israël, n'est autre que la Shékhina, la Présence divine en captivité au dehors, prisonnière de l'histoire et de la durée des temps. En exil, lors de la lente germination de l'être actuel d'Israël, la dimension d'âme de la sainteté, la capacité d'être Israël à son paroxysme, se trouve à l'extérieur.

Dans notre verset, la Shékhina est entièrement ramenée par le Seigneur notre Dieu, fût-elle à l'extrémité des cieux, avec le rassemblement des exilés. Cette promesse divine se réalise envers et contre tout, que nous y participions ou non, que nous le voulions ou non. L'aboutissement de ce retour à la source originelle de la Shékhina inaugure la fin des exils. Rashi : « Véshav, et ramènera Hashem ton Dieu, le texte aurait dû employer la forme véhéshiv il ramènera, (et non véshav qui signifie Il reviendra, Dieu reviendra). Nos maîtres en ont déduit que la Présence de Dieu est prisonnière, si l'on peut s'exprimer ainsi, avec les enfants d'Israël dans l'oppression de leurs exils. Lorsqu'ils sont délivrés, le texte parle donc de délivrance pour Lui-même, car Il revient avec eux ». “Partout où Israël est exilé, la Shékhina est avec lui” dit le Talmud Méguila, 29a, ce que les Juifs, à cause de leur long exil, ont traduit par le fait que la Shékhina est en exil avec eux pour les protéger et les accompagner. Or, le véritable sens de cet enseignement est que lorsqu'Israël est en exil, la Shékhina est en retrait dans son propre exil, elle est anormalement absente. Elle, dont la faculté est la Providence, est paradoxalement dans l'impossibilité d'assumer sa fonction. L'évidence de la Présence disparaît et le monde est ressenti comme le lieu d'une absence existentielle totale. Les nations, dans leur mentalité païenne, ont alors déclaré que les Juifs sont 'déicides', ils ont tué Dieu et Nietzsche dit que Dieu est mort alors qu'Israël est toujours vivant. Les spiritualités orientales trouvent dans l'abandon total ce monde inutile et aléatoire : la fatalité du nirvana. Les philosophies occidentales culminent dans l'existentialisme pessimiste effréné.

Les nations ont toujours accusé Israël d'être à l'origine de cette disparition de la Présence, les rendant coupables de tous les maux sans réfréner leur façon barbare de réagir contre les Juifs. Cependant Israël est une identité à part à l'intérieur de l'humanité avec cette spécificité universelle de garante de la loi morale qui est la loi du salut, et non seulement l'aménagement de la vie en société. Or, voilà que toutes les nations sont en très forte commotion cérébrale lorsque les Juifs reviennent à leur bon pays où coulent le lait et le miel, ramenant avec eux la Shékhina à Yéroushalayim. Car si Dieu ramène les Juifs en même temps que Sa présence en Erets Israël cela veut dire qu'Il réclame cette exigence d'absolu de la conviction hébreue que la morale n'est pas seulement un exercice de style mais qu'elle est la voie royale du salut de la création, à l'échelle universelle.

Rashi poursuit : « Et aussi, il faut dire que grand est le temps du rassemblement des exilés, et ô combien difficile ! comme si Dieu, Lui-même, devait prendre par la main chaque homme d'Israël de l'endroit où il se trouve, selon ce que dit le prophète Yésha'yahou, XXVII, 12 : « Et quant à vous, vous serez glanés un par un, fils d'Israël ». Souvent, les Juifs en galout font obstacle à l'avènement de la délivrance, par habitude et par inertie du si long exil. Ils ont peur de briser l'anormale seconde nature de l'habitude d'être des Juifs en vadrouille partout là où il ne faut pas qu'ils soient. La Shékhina elle-même a atteint le seuil de saturation de son absence et l'annonce de son retour à sa normalité de Présence s'accompagne d'une main salvatrice tendue à ceux qui veulent bien la saisir opportunément.

L'opinion du Talmud

Dans le Talmud Sanhédrin, 97b, le Sage Shmouel rappelle que l'exil d'Israël est aussi une période de deuil pour Dieu, Lui-même. Or Dieu ne peut rester indéfiniment endeuillé et lorsqu'Il décide du moment où Son deuil doit prendre fin, il vaut mieux se trouver à l'endroit où Il veut nous trouver : דיו לאבל מאבלו, l'endeuillé finira bien par mettre un terme à son deuil. Il s'agit soit d'Israël qui brisera son anormalité d'exil pour s'arracher de son habitude d'exil, soit de Dieu Lui-même qui y mettra un terme. Le moment vient inéluctablement où Il décide de mettre fin à Son deuil car le temps est venu, selon la loi des temps. Selon la Halakha, lorsqu'un endeuillé arrive au terme de son temps de deuil, il faut l'initiative d'un de ses coreligionnaires pour lui dire : ton deuil suffit, vas te raser, c'est terminé. Même si le temps n'est pas encore advenu, il lui propose de précipiter la fin de son deuil. Dieu enclenche un processus continu de fin de deuil qui aboutit, petit à petit, à la délivrance, la guéoula. Notre action en tant que Ses créatures est d'obéir à cette loi du retour et de précipiter la fin du deuil. La guéoula consiste en la foi d'Israël dans la certitude que la fin de tous les exils est possible. Elle n'est certes pas seulement métaphysique mais concerne surtout la destinée de la créature, sa « messianité ». Cette foi en Dieu qui porte à sa destination terminale la destinée de toute créature est appelée, en hébreu, la guéoula, la délivrance.

Mais Rabi Eliézer soutient que sans le retour à Dieu grâce à la Teshouvah, la guéoula d'Israël est superfétatoire. Rabi Yéhoshoua' s'oppose et prône que la guéoula advient lorsque le moment est venu, avec ou sans Teshouva. De nos jours, force est de reconnaître que nous sommes les farouches adeptes de nos deux Sages : certains parmi nous reviennent grâce à la Téshouva et d'autres reviennent parce que le temps approximatif de la délivrance est advenu, consciemment ou non. Certains font amende honorable, se ressourcent et veulent prendre part à la messianité d'Israël ; d'autres reviennent sans raison valable, par inadvertance, le temps les oblige à cause de l'antisémitisme, les circonstances leur sont favorables pour mieux vivre une vie religieuse, ou leurs finances concordent à un retour, et tous fuient devant la dérive évidente de la Dispersion.

La Téshouva

Mais finalement tout vient du mouvement incessant de la puissante Téshouva qui balaie par vagues immenses toutes les consciences. Certes, la décision revient à chacun mais la Téshouva travaille souterrainement la conscience personnelle des individus en particulier et de la collectivité en général, au moment même où Dieu décide de mettre fin au deuil de l'exil, de Son exil. Même si la décision irrémédiable de la venue inéluctable de la délivrance relève de la volonté de Dieu, chacun peut y prendre part, par son initiative et son engagement. Ainsi la liberté de l'être, son libre arbitre, est sauvegardée. Le mérite d'être de la part d'Israël est désormais de se conformer à la volonté divine de revenir lorsque Dieu décide Lui-même de revenir et non de s'y opposer ! Il ne faut pas attendre dans la passivité d'une méditation transcendantale que Dieu fasse toute la guéoula pour enfin revenir, disant : tant que Dieu ne le dit pas clairement, je reste assis et j'attends passivement. Non ! קום עשה Il faut participer activement aux évènements en s'engageant dans le processus du fait national juif et le pousser en avant, le précipiter de plus belle, car le “réveil d'en bas” déclenchera le “réveil d'En Haut”. Il faut cesser d'inventer des prétextes à l'incapacité d'avouer notre identité : Juifs dans l'exil, nous sommes actuellement devenus israéliens pour accéder à notre véritable identité d'hébreux de la Bible. Il s'agit dès lors de nous-mêmes et non de la double appartenance aux identités d'exil. Il faut, de plus, cesser d'être des Juifs de Diaspora alors que nous sommes présents en Israël même, et donc déclarer sans crainte qu'il s'agit de raisons d'ordre national beaucoup plus qu'idéologique, religieux, métaphysique ou utilitaire ! Oyez, nations du monde, nous sommes là pour conquérir notre Terre, par amour et par la force, sachez que c'est un acte de moralité pure qui aboutira au salut universel !

Rav Yéhouda Askénazi explique que la raison de notre retour est beaucoup plus fondamentale : Nous sommes revenus en Israël pour réaliser le sens de notre histoire comme peuple, sur la terre que Dieu nous a donnée et même jurée, Devarim XXVI, 3 : « Je suis venu au pays que Hashem avait juré à nos pères de nous donner ». Quel est l'insensé qui voudrait retarder ce que Dieu a juré de faire ?

Rav Emmanuel Chouchena enseigne : Le Prophète Malakhi, III, 7, dit : « Revenez à Moi et Je reviendrai à vous ». Ce verset semble contredire celui de Téhilim, CXXVI, 4 : « Ramène, ô Dieu, nos captifs ». Le Talmud répond en décrivant comment Dieu a forcé la réconciliation entre le roi 'Hizqiahou et le prophète Yésha'yahou. Le roi dit que c'est au prophète de venir à lui alors que le prophète prétend que c'est au roi de venir à lui. Dieu rendit le roi malade et dit au prophète : « Va lui rendre visite ». Shir Hashirim, II, 5, dit qu'Israël est malade d'amour pour Dieu et Dieu se met en situation de faire le premier pas pour nous rendre visite. C'est la stratégie divine pour ramener la captivité de Tsion. Le Talmud décrit cette visite : Yésha'yahou dit au roi que sa mort est imminente pour s'être empêché de procréer. Le roi lui répond qu'il avait vu par prophétie que s'il procréait ses enfants seraient des impies. Le prophète lui réplique : « Ce qui t'est ordonné de faire, tu dois l'accomplir et Dieu agira selon Sa volonté : « Revenez à Moi et Je reviendrai à vous ».

 
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