L’OEUVRE DE LA CRÉATION
LES ENGENDREMENTS
JUIFS OU HÉBREUX
ISRAËL ET LES NATIONS
MESSIANISME
THÈMES FONDAMENTAUX

VAERA - SÉRIE 1995

Le cours

 

(1995) וָאֵרָא

 

 

On va étudier plusieurs thèmes du début de la Parashah et il faudra se référer aux derniers versets de la Parashah précédente. Avant cela je commence par une question du corps de la Parashah :

 

1ère étude : Etude du thème du milieu de Parashah.

 

Chapitre 6 Verset 13 :

וַיְדַבֵּר יְהוָה, אֶל-מֹשֶׁה וְאֶל-אַהֲרֹן, וַיְצַוֵּם אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, וְאֶל-פַּרְעֹה מֶלֶךְ מִצְרָיִם--לְהוֹצִיא אֶת-בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל, מֵאֶרֶץ מִצְרָיִם

Alors l'Éternel parla à Moïse et à Aaron; il leur donna des ordres pour les enfants d'Israël et pour Pharaon, roi d'Égypte, afin de faire sortir les enfants d'Israël du pays d'Égypte.

 

Un dénombrement inachevé :  

Il y a souvent un rappel du dénombrement d’Israël, pour savoir à la fois s’il y a un nombre minimum suffisant par tribus et dans l’ensemble parce qu’il est nécessaire qu’il y ait un nombre minimum – מִסְפַּר - comme véhicule de la présence de la collectivité pour que la שְׁכִינָה puisse résider sur Israël. Chaque fois qu’il y a nécessité d’un dénombrement bien que d’une façon générale la תּוֹרָה interdit les dénombrements.

Chaque fois qu’il y a un événement dont le résultat est le risque d’une diminution du nombre des personnes en Israël et dans l’ensemble, risque de la disparition du nombre des familles porteurs de noms particuliers de l’ensemble des noms d’Israël, alors il est nécessaire de provoquer quand même un dénombrement. Et ce dénombrement se fait par le biais de l’offrande des Shekalim qui permettait d’entretenir le culte des sacrifices d’expiation au temple.   

 

La תּוֹרָה considère que le fait de dénombrer au niveau de la quantité un groupe humain consiste à prendre le risque d’évacuer la dignité de la personne humaine individuelle. C’est un problème que j’ai étudié la 1ère fois avec Monsieur Néher, qui étudiait la notion de masse. Tout ce vocabulaire moderne parle des ensembles humains en les objectivisant, en en faisant des objets : la notion de masse et de foule... Le fait de risquer d’évacuer la dignité géniale de la personnalité individuelle de chacun. C’est un des graves dangers de la civilisation moderne. Mr. Néher l’avait étudié (Cf. son livre « l’existence juive ») à propos de la civilisation de Babel. Lorsqu’une société arrive à ce niveau de société fonctionnelle, il y a ce risque de perte de l’attention qu’il y a à porter à la personne dans sa qualité propre, et la תּוֹרָה l’interdit.  

 

Mais lorsqu’il y a nécessité de  procéder à un dénombrement, alors il ne se fait pas en comptant les personnes,  mais en comptant le ‘hetsi-shekel, les demi-shekels qui sont donnés, et la תּוֹרָה définit ce dénombrement comme  étant le substitut d’expiation de chaque personne « אִישׁ כֹּפֶר נַפְשׁו ֹ».

 

 

Un dénombrement :

Le fait de dénombrer un groupe humain revient en fin de compte à poser la question : combien d’individus sont dignes de porter l’identité du groupe ?

Or, en cours d’histoire, chaque individu entre dans l’histoire de sa propre destinée comme un parmi les autres. Et puis nous avons tout le temps de la vie pour mériter le nom qui nous a été donné.

Par conséquent, lorsqu’il y a un dénombrement, c’est une mise en jugement de chaque personne de chaque individu qui se fait. C’est la raison pour laquelle le dénombrement est dangereux.  

Le fait de dénombrer c’est interpeller chacun qui fait partie d’un groupe, le sortir de l’abri de l’anonymat du groupe, de la collectivité, l’interpeller à l’échelle individuelle et le faire passer en jugement : mérite tu ce nom qu’on t’a donné de Israël ?  

 

Bien évidemment, avant la fin de la destinée de chacun on n’a pas atteint ce niveau de mérite ; et le fait d’être interpellé par ce jugement avant, est dangereux. 

En termes plus populaires : dénombrer apporte le mauvais œil. La formule n’est pas fausse dans le contenu employé par les sages de l’antiquité, mais dans la bouche des modernes avec ce sens de superstition incompréhensible c’est à évacuer. Cela ne veut pas dire que ce n’est pas vrai. La notion de « הַרַע עַיִן » correspond à une réalité.   

Le dénombrement est le fait de faire passer en jugement les individus que l’on dénombre voir s’ils équivalent déjà au mérite du nom qu’on est censé leur attribuer...  

Il y a ici un dénombrement avec cette caractéristique qu’il s’arrête en plein milieu. C’est vraiment un des mystères du texte biblique. J’ai souvent pris le temps de chercher des sources qui indiqueraient une explication, je n’en ai pas trouvé.   

Je n’ai pas de sources à ce que je vais dire :  

Pendant les 1ères révélations que Dieu donne à Moïse et Aaron au moment où ils sont chargés d’aller trouver en Egypte, et Pharaon et ses serviteurs, et les Hébreux pour leur annoncer que le temps est venu de mettre fin à l’exil d’Egypte. Nous sommes dans les 1ères péripéties de ces révélations.  

 

Chapitre 6, verset 13

וַיְדַבֵּר יְהוָה, אֶל-מֹשֶׁה וְאֶל-אַהֲרֹן, וַיְצַוֵּם אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, וְאֶל-פַּרְעֹה מֶלֶךְ מִצְרָיִם--לְהוֹצִיא אֶת-בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל, מֵאֶרֶץ מִצְרָיִם

Et הַשֵּׁם a parlé à Moïse et Aaron Et les a recommandé par rapport aux enfants d’Israël et à Paro roi d’Egypte  Pour être capable de sortir les enfants d’Israël du pays d’Egypte  

 

L’objectif étant de faire sortir les enfants d’Israël du pays d’Egypte.  

Ce verset est important d’autre part par le fait qu’il nous indique qu’il va y avoir deux obstacles à cette mission : de la part des Hébreux eux-mêmes et de la part de l’Egypte.  

 

De la part des Hébreux eux-mêmes : Dieu ordonne Moïse et Aaron de faire des efforts pour convaincre les Hébreux de sortir d’Egypte. Nous sommes familiers à l’histoire une fois accomplie, alors on à l’habitude d’imputer le mérite de la sortie d’Egypte au désir des Hébreux de mettre fin à l’exil, il y a toujours une élite, une avant-garde qui a toujours existé mais l’immense majorité des Hébreux d’Egypte a résisté au message de Moïse et Aaron.

 

C’est la raison pour laquelle il y a eu tant de difficultés pour cette sortie d’Egypte. Le Midrash compare la fin d’exil à l’accouchement.

 

Le Midrash explique qu’il y a trois manières d’accoucher :

  • Sans douleur.
  • Avec douleur.
  • Césarienne : intervention du César, l’Hitler contemporain…   

 

Effectivement, à chaque fin d’exil on s’aperçoit que c’est un accouchement, le peuple d’Israël sort de la civilisation de ce temps-là à la manière d’un enfant qui va naître  sort de la matrice maternelle. Mais la plupart du temps cette matrice est la matrice d’une marâtre, c’est la raison pour laquelle cela ne va pas et cela se passe dans les difficultés.  

Ce qu’il faut comprendre, c’est que la plupart du temps cette matrice devient marâtre parce que l’enfant ne veut pas naître. L’enfant empoisonne la mère qui empoisonne l’enfant...

 

Ce sont les grandes crises d’antisémitisme de la fin des périodes d’exil. Pourquoi ? Le verset nous l’explique  en faisant allusion à ces deux obstacles : l’enfant ne veut pas naître et la mère ne veut pas le laisser naître.  

Il y a une interaction dans cette espèce d’obstacle de l’événement.

L’ordre de la difficulté vient d’abord des בְּנֵי יִשְׂרָאֵל et ensuite du Pharaon.

Cela éclaire un peu mieux d’une part le récit de la sortie d’Egypte et d’autre part ce qui s’est passé de notre temps à la fin de l’exil de 2000 ans dont nous sortons avec l’Etat d’Israël en relation avec tous ces événements de persécutions commencées il y a une centaine d’année et les retentissement qu’il y a dans la réciprocité de la responsabilité entre le peuple juif et ses persécuteurs et cet énorme chose qui s’est passé qu’on appelle la Shoah mais qui n’a été que le point culminant d’un processus qui commence il y a à peu près 150 ans en Europe.

 

Ce verset va donc introduire ce dénombrement dont je vous parle.  

 

6:14

אֵלֶּה רָאשֵׁי בֵית-אֲבֹתָם:  בְּנֵי רְאוּבֵן בְּכֹר יִשְׂרָאֵל, חֲנוֹךְ וּפַלּוּא חֶצְרֹן וְכַרְמִי--אֵלֶּה, מִשְׁפְּחֹת רְאוּבֵן

Voici les chefs des maisons paternelles des enfants de Reouven 1er né d’Israël  ‘Hanokh et Falou, ‘Hetsron et Kharmi Ce sont les familles de Ruben  

 

6 :15

וּבְנֵי שִׁמְעוֹן, יְמוּאֵל וְיָמִין וְאֹהַד וְיָכִין וְצֹחַר, וְשָׁאוּל, בֶּן-הַכְּנַעֲנִית; אֵלֶּה מִשְׁפְּחֹת שִׁמְעוֹן

Fils de Siméon: Yemouel, Yamîn, Ohad, Yakhin, Çôhar et Chaoul, fils de la Cananéenne Ce sont les familles de Shimon  

 

6 :16

וְאֵלֶּה שְׁמוֹת בְּנֵי-לֵוִי לְתֹלְדֹתָם--גֵּרְשׁוֹן, וּקְהָת וּמְרָרִי; וּשְׁנֵי חַיֵּי לֵוִי, שֶׁבַע וּשְׁלֹשִׁים וּמְאַת שָׁנָה

Et voici les noms des enfants de Lévi selon leurs engendrements Et les années de vie de Lévi 137 ans  

 

La formule a changé, pour la tribu de Lévi elle est beaucoup plus précise parce qu’il va s’agir de l’ordre même des engendrements.    

 

6:17

בְּנֵי גֵרְשׁוֹן לִבְנִי וְשִׁמְעִי, לְמִשְׁפְּחֹתָם

Les enfants de Guershom, Livni et Shmi selon leurs familles  

[Un élève du Rav Kook, un des grands maîtres de la génération, français converti au judaïsme Abraham Livni qui s’appelait Leblanc. Quand il a cherché un nom il a pris Livni.]  

 

6:18

וּבְנֵי קְהָת--עַמְרָם וְיִצְהָר, וְחֶבְרוֹן וְעֻזִּיאֵל; וּשְׁנֵי חַיֵּי קְהָת, שָׁלֹשׁ וּשְׁלֹשִׁים וּמְאַת שָׁנָה

Et les années de vie de Qehat 133 ans.  

 

6:19

וּבְנֵי מְרָרִי, מַחְלִי וּמוּשִׁי; אֵלֶּה מִשְׁפְּחֹת הַלֵּוִי לְתֹלְדֹתָם

Et les enfants de Merari, Ma’hli et Moushi  Voici les familles de Lévi selon leurs engendrements

 

 6:20

וַיִּקַּח עַמְרָם אֶת-יוֹכֶבֶד דֹּדָתוֹ לוֹ לְאִשָּׁה וַתֵּלֶד לוֹ אֶת-אַהֲרֹן וְאֶת-מֹשֶׁה; וּשְׁנֵי חַיֵּי עַמְרָם, שֶׁבַע וּשְׁלֹשִׁים וּמְאַת שָׁנָה

Elle lui enfanta Aaron et Moïse (Myriam n’est pas mentionnée ?) Et les années de vie de Amram 137 ans.  

 

6 :21

וּבְנֵי יִצְהָר--קֹרַח וָנֶפֶג, וְזִכְרִי

Fils de Yiçhar: Coré, Néfeg et Zikri.

 

6 :22

וּבְנֵי עֻזִּיאֵל--מִישָׁאֵל וְאֶלְצָפָן, וְסִתְרִי

Fils d'Ouzziel: Michaël, Elçafân et Sithri.  

 

6 :23

וַיִּקַּח אַהֲרֹן אֶת-אֱלִישֶׁבַע בַּת-עַמִּינָדָב, אֲחוֹת נַחְשׁוֹן--לוֹ לְאִשָּׁה; וַתֵּלֶד לוֹ אֶת-נָדָב וְאֶת-אֲבִיהוּא אֶת-אֶלְעָזָר, וְאֶת-אִיתָמָר

Pour lui pour femme Elle lui enfanta Nadav et Avihou, Eleazar et Itamar.

 

La תּוֹרָה tient à mettre en évidence le nom de אֱלִישֶׁבַע femme de Aaron mais par ce biais-là elle cite עַמִּינָדָב בֵּנ נַחְשׁוֹן parce qu’il va jouer un rôle très important lors de la sortie d’Egypte. Au moment du passage de la mer rouge, les Hébreux sont dans une impasse totale : devant, la mer et derrière, l’armée égyptienne !   

Il est impossible d’envisager un salut quelconque au niveau des lois de la nature. Moïse entreprend de prier et Dieu le stoppe en lui disant que ce n’est pas le temps de la prière.  

 

בְּשַׁלַּח 14 :15

וַיֹּאמֶר יְהוָה אֶל-מֹשֶׁה, מַה-תִּצְעַק אֵלָי; דַּבֵּר אֶל-בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל, וְיִסָּעוּ

Pourquoi cries-tu vers Moi ? Parles aux enfants d’Israël et qu’il avance-voyage ».   

 

Le Midrash enseigne sur cette scène importante: Il y a 4 parties qui sont apparus dans le peuple d’Israël qui ressemblent énormément aux 4 partis permanents à travers lesquels la société juive se divise chaque fois qu’il faut prendre une grande décision pour la survie d’Israël – c’est un peu ce qui se passe actuellement :

 

  • les uns proposent de se préparer à la prière.

 

  • les uns proposent de se préparer à la guerre.

 

  • les uns sont découragés et veulent retourner en Egypte.

 

  • les uns sont prêts au suicide dans la mer.

 

Cela s’étudie dans le texte de la Parashah de בְּשַׁלַּח, Moïse y choisit aussi la prière et Dieu lui dit que ce n’est pas le temps de la prière. 

Le Midrash donne les 4 attitudes qui sont non pas légitimes mais objectivement naturelles chaque fois qu’il y a confrontation d’une société en tant que collectivité a un destin de survie on s’aperçoit qu’il y a ces 4 réactions.

 

Or, le problème c’est qu’il y a division, chacun choisissant une stratégie indépendamment des autres. Si les 4 stratégies étaient vécues ensembles alors il n’y aurait pas de danger ; et ces 4 stratégies, étant vécues ensemble, se modifieraient chacune d’entre elles. C’est lorsqu’elles sont séparées l’une de l’autre qu’elles deviennent inefficaces et même nocives.  

Je vous donne un exemple : lorsque Jacob devait rencontrer Esaü, il s’est préparé à 3 stratégies : la guerre, la prière, les concessions.

 

C’est exactement ce que nous sommes en train de vivre : une partie du peuple préfère prier et se taire, une autre partie préfère se préparer à la guerre, et une autre partie est prête aux concessions jusqu’à la concession perpétuelle. Le défaut de chacune d’entre elles est de s’isoler. Si c’est les 3 à la fois elles sont efficaces. Pour Jacob, elles furent efficaces car il fut capable à lui seul de ces trois stratégies à la fois.  

Rassurez-vous, ceux qui connaissent bien la société israélienne savent qu’il y a un courant central en Israël discret vis-à-vis des médias qui est cependant capable de ces trois stratégies à la fois. Les médias ne parlent que des courants isolés, marginaux, représentant une seule dimension, depuis la sortie d’Egypte c’est le même problème.

 

A ce moment-là, Dieu dit à Moïse : « Je ne peux pas intervenir donc ce n’est pas la peine de prier parce qu’il n’y a pas un surplus de mérite pour Israël vis à vis de ces ennemis ». (J’interprète et ce ne sont pas les mots exacts du Midrash).  

Au moment où Dieu s’apprête à sauver Israël de l’armée égyptienne, l’ange tutélaire de l’Egypte intervient contre la complaisance divine envers le peuple d’Israël. (La notion de « peuple élu » n’est pas traditionnelle c’est une invention de la théologie chrétienne. Mon ami André Chouraqui a dit un jour: « ce soi-disant « peuple élu » est depuis longtemps en ballotage ». En ballotage c'est-à-dire balloté…) C’est une invention chrétienne, c’est tout à fait autre chose. Parce que cela voudrait dire qu’il faut mériter l’élection. Alors qu’il s’agit de tout à fait autre chose.).

 

L’ange intervient  en soulignant qu’Israël est capable des défauts reprochés aux Égyptiens (idolâtrie-débauche-meurtre). Dieu dit à Moïse : il n’y a pas de surcroit de mérite ! Si vous acquérez un mérite supplémentaire, Je peux intervenir. Ce mérite c’est la  אֱמוּנָה. C’est l’épreuve colossale de la אֱמוּנָה.

 

14:15 

וַיֹּאמֶר יְהוָה אֶל-מֹשֶׁה, מַה-תִּצְעַק אֵלָי; דַּבֵּר אֶל-בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל, וְיִסָּעוּ

Parles aux enfants d’Israël et qu’ils avancent.

 

[Talmud Bavli, traité Sota, page 37A

Rabbi Meir disait : quand les enfants d’Israël arrivèrent devant la mer, les tribus se disputèrent. L’une disait : «Je descendrai en premier dans l’eau», tandis que l’autre lui répondait : «Non ! C’est moi qui descendrai en premier !». La tribu de Benjamin s’élança et descendit en premier dans la mer comme il est dit : שָׁם בִּנְיָמִן, צָעִיר רֹדֵם (Là-bas, c’est Benjamin le plus jeune, qui les domine) (Ps 68), ne dit pas רֹדֵם (qui les domine), mais יָם רָד (il a affronté la mer).

Les princes de la tribu de Juda l’attaquèrent, comme il est dit : שָׂרֵי יְהוּדָה, רִגְמָתָם (Les princes de Juda s’avancent avec leurs frondeurs) (Ps 68). C’est pour cette raison que Benjamin le juste mérita d’être l’hôte de la divine Majesté, comme il est écrit וּבֵין כְּתֵפָיו שָׁכֵן (L’Eternel réside entre ses épaules) (Deutéronome 33).

Rabbi Yéhouda lui dit : cela ne se passa pas ainsi. En fait aucune des tribus ne voulait descendre dans la mer, jusqu’à ce que Na’hshon fils d’Aminadav s’élança et se jeta dans la mer, comme il est marqué «Ephraim m’a entouré de mensonges et de duplicité la maison d’Israël. Mais Juda est soumis à dieu et attaché au très haut» (Hochea 12) (…) Au même moment, Moïse s’alanguissait dans sa prière. Le Saint béni soit-Il lui dit : «Les miens se noient dans la mer, et toi tu t’alanguis dans ta prière ? Il lui répondit : «Que puis-je faire d’autre?» il lui dit : parle aux enfants d’Israël et qu’ils avancent ! Et toi lève ton bâton, étends ta main sur la mer et fends-la. C’est pour cela que Juda mérita le pouvoir royal comme il est dit «Juda devint son sanctuaire, Israël fut son domaine». Qu’elle en est la raison ? Parce que «la mer vit (Nah’shon rentrer dans l’eau) et se retira».]  

 

Un a eu le courage de se jeter dans la mer et l’a ouvert pour tous les autres, il s’appelait  עַמִּינָדָב בֵּנ נַחְשׁוֹן.  

En hébreu moderne israélien pour dire ces avant-gardistes pionniers, les premiers de cordées qui défrichent, ont les nomment les נַחְשׁוֹנִים.

 

6 :24

וּבְנֵי קֹרַח, אַסִּיר וְאֶלְקָנָה וַאֲבִיאָסָף; אֵלֶּה מִשְׁפְּחֹת הַקָּרְחִי

Fils de Coré: Assir, Elkana et Abiasaf. Voici les familles de Korkhri  

 

6 :25

וְאֶלְעָזָר בֶּן-אַהֲרֹן לָקַח-לוֹ מִבְּנוֹת פּוּטִיאֵל לוֹ לְאִשָּׁה וַתֵּלֶד לוֹ אֶת-פִּינְחָס; אֵלֶּה רָאשֵׁי אֲבוֹת הַלְוִיִּם--לְמִשְׁפְּחֹתָם

Quant à Éléazar, fils d'Aaron, il choisit pour femme une des filles de Poutïel et elle lui enfanta Phinéas. Telles sont les souches paternelles des Lévites, selon leurs familles.  

On entreprend ici semble-t-il l’énumération du dénombrement des tribus d’Israël à partir du fils aîné d’Israël, Réouven, on arrive à Shimon puis Lévi, c’est fait en détail, et on y met en évidence des noms importants comme Na’hshon, comme Pin’has qui va jouer un grand rôle par la suite…

 

6 :26

הוּא אַהֲרֹן וּמֹשֶׁה--אֲשֶׁר אָמַר יְהוָה לָהֶם הוֹצִיאוּ אֶת-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם עַל-צִבְאֹתָם

C’est lui Aaron et Moïse à qui Dieu a dit: Faites sortir les enfants d’Israël du pays d’Egypte en ordre de combat 

 

6 :27

הֵם הַמְדַבְּרִים אֶל-פַּרְעֹה מֶלֶךְ-מִצְרַיִם לְהוֹצִיא אֶת-בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל מִמִּצְרָיִם; הוּא מֹשֶׁה, וְאַהֲרֹן

Ce sont eux qui parleront à Pharaon roi d’Egypte Pour faire sortir les enfants d’Israël d’Egypte lui Moïse avec Aaron  

 

6 :28

וַיְהִי בְּיוֹם דִּבֶּר יְהוָה אֶל-מֹשֶׁה--בְּאֶרֶץ מִצְרָיִם

Et il arriva à partir du jour ou הַשֵּׁם parla à Moïse au pays d’Egypte  

Et commence le récit de l’intervention de Moïse et Aaron chez les Pharaon et chez les Hébreux. Et là s’arrêtent le dénombrement.

 

Question :

 

Pourquoi la תּוֹרָה arrête-t-elle le dénombrement en plein milieu ?

S’il s’agissait de dire qui est Moïse et Aaron, alors la formule aurait pu être autre, mais pas forcément ce dénombrement qui apparemment devrait être exhaustif mais qui s’arrête à Moïse et Aaron.

 

Revenez au premier verset cité:  14:13

וַיְדַבֵּר יְהוָה אֶל-מֹשֶׁה וְאֶל-אַהֲרֹן וַיְצַוֵּם אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל וְאֶל-פַּרְעֹה מֶלֶךְ מִצְרָיִם--לְהוֹצִיא אֶת-בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל מֵאֶרֶץ מִצְרָיִם

Et הַשֵּׁם a parlé à Moïse et Aaron Et leur prescrit par rapport aux enfants d’Israël et à Paro roi d’Egypte  Pour être capable de sortir les enfants d’Israël du pays d’Egypte  

 

Il y a là la nécessité d’identifier Moïse et Aaron car jusque-là on n’en a parlé que incidemment. Il manque à les identifier du point de vue des engendrements d’Israël.  

On pourrait expliquer qui sont Moïse et Aaron sans les insérer dans un dénombrement !

Ici, à deux reprises, il s’agit d’identifier Moïse et Aaron.

 

Q : est-ce parce que les enfants de Moïse ne seront pas à la hauteur que le dénombrement s’arrête ?

R : non, c’est vrai mais c’est un tout autre contexte.  

[En général, pour bien comprendre la réponse à une question il faut comprendre la logique de la question. Si la question est bien formulée, la réponse est dans la question. Il y a deux types de questions : question d’ignorance et question d’objection. Les questions d’objection doivent toujours être selon le עִנְיַן, le sujet. Vos réponses sont exactes pour elles-mêmes mais ne se rattachent pas au עִנְיַן, il faut comprendre la cohérence de la logique de la question.]

Je simplifie la question : s’il s’agissait d’identifier Moïse et Aaron, il était possible d’avoir une forme de texte beaucoup plus simple identifiant Moïse et Aaron, mais pas ce que nous avons-là qui commence à entreprendre le dénombrement systématique depuis Réouven et qui s’arrête avec Moïse et Aaron ?  

 

On pourrait croire que l’on vient de citer tous les personnages important pour la sortie d’Egypte ? Mais non puisque dans le reste des tribus d’Israël se trouvent d’autres personnages tout aussi importants.  

 

Cherchez de votre côté, il n’y a rien chez les commentateurs. C’est un ’Hidoush que l’on attend depuis 2000 ans.

 

***

 

בֹּא  chapitre 12

 

וַיֹּאמֶר יְהוָה אֶל-מֹשֶׁה וְאֶל-אַהֲרֹן, בְּאֶרֶץ מִצְרַיִם לֵאמֹר

Et הַשֵּׁם dit à Moïse et à Aaron dans le pays d’Egypte en disant

 

Une particularité que je ne veux pas étudier :

Il faudrait s’attendre à וַיְדַבֵּר  ... לֵאמֹר, mais ici il y a וַיֹּאמֶר ... לֵאמֹר.  

 

הַחֹדֶשׁ הַזֶּה לָכֶם, רֹאשׁ חֳדָשִׁים:  רִאשׁוֹן הוּא לָכֶם, לְחָדְשֵׁי הַשָּׁנָה

Ce mois-ci (est) pour vous tête des mois Il sera le premier des mois de l’année pour vous.

 

La 1ère des מִצוֹת qui est donnée à Israël, la תּוֹרָה d’Israël, il y a eu quelques מִצוֹת qui ont déjà été données depuis le 1er homme jusqu’aux patriarches. Mais ces מִצוֹת n’ont pas forces de loi. Même celles données aux Patriarches ne prennent obligation et force de loi comme commandement  pour Israël qu’à partir de la révélation du Sinaï.

Mais la 1ère des מִצוֹת données et qui fait partie de la מֹשֶׁה תוֹרָת c’est ce verset-là qui institue l’ordre nouveau du calendrier à partir de la sortie d’Egypte.

 

Nous avons une 1ère période dans l’histoire d’Israël qui est la période des Pères depuis Abraham jusqu’à Moïse. La période des אֲבוֹת. Les 3 אֲבוֹת sont Abraham-Isaac-Jacob mais cette période d’Israël dans l’être-père d’Israël va jusqu’à la sortie d’Egypte.

 

Différence de catégories entre les אֲבוֹת et les בֲּנִים:

 

A partir de la sortie d’Egypte, ce sont les בְּנֵי יִשְׂרָאֵל qui se constituent en collectivité de la descendance des אֲבוֹת. Retenez bien cela parce que c’est une donnée qui a pratiquement disparu de l’étude, je ne sais pas pourquoi. Sans cette clef-là on ne peut pas comprendre beaucoup de choses dans la תּוֹרָה.  

Lorsque Dieu s’adresse aux אֲבוֹת, Il ne s’adresse pas dans la dimension du commandement ou de l’obligation à réaliser une מִצְוָה, Il s’adresse à eux dans un projet de promesse qui concerne précisément la descendance des אֲבוֹת, la descendance des pères, lorsqu’elle se constituera en société, en collectivité. La révélation aux pères, c’est la révélation de la promesse. Tandis que la révélation aux fils, c’est la révélation de la loi.  

 

Ce qui explique l’importance de ce verset qui revient si souvent : « דַּבֵּר אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל » « Parle aux enfants d’Israël ».  

La révélation de la loi concerne les enfants d’Israël en tant que peuple, en tant que société, alors que la révélation de Dieu aux pères nous dépasse infiniment. L’être-père, l’identité des pères, nous dépasse infiniment. C’est l’identité des Patriarches, et Dieu se révèle à eux dans une toute autre dimension. C’est la dimension de la מִּדָה. Alors que celle des fils est la dimension de la מִצְוָה.

 

La collectivité d’Israël comme peuple, et donc chaque individu au sein de la société réalise la parole de Dieu en réalisant des commandements d’obligations. Tandis que ces mêmes valeurs sont transmises aux patriarches dans la dimension de מִּדוֹת, de qualités, de vertus. Les pères-engendreurs, les אֲבוֹת, ont vécu d’après la תּוֹרָה. Abraham à sa manière, Isaac à sa manière,  Jacob à sa manière, chacun d’entre eux était le juste de trois vertus différentes. Abraham la vertu de חֶסֶד, Isaac la vertu de דִין, et Jacob la vertu de אֱמֶת. Chacun à sa manière a vécu d’après la תּוֹרָה mais c’est leur manière d’être, c’est leur vertu.

 

 

 

 

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L'Equipe Editoriale

18 Janvier 2018 à 17h07

Chère Madame,

Nous faisons suite à votre question déposée sur notre site Internet www.manitou-lhebreu.com et concernant le cours de Manitou ci-dessus référencé.

Le cours est désormais intégralement téléchargé et vous pouvez aller le consulter sur le site.

Nous vous prions de bien vouloir excuser l’anomalie et profitons de cet échange pour vous adresser nos très sincères remerciements pour votre remarque et votre accompagnement.

Nous restons à votre entière disposition.

Bien cordialement.

L’Equipe Support du site www.manitou-lhebreu.com
Pour Poser la Bible sur Terre

Annie Weiller

14 Janvier 2018 à 11h44

Le cours s'arrête vers 42mn, où est la suite?. Merci