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TAZRIA - 1995

Le cours

 

(1995)   תַזְרִיעַ

  Je vais essayer d’aborder 2 sujets dans la Parashah :

1-       Le 1er enseignement de Rashi sur les lois concernant l’impureté au moment de la naissance.

2-       Les dispositions de la Torah concernant le diagnostic du Cohen sur les atteintes de « lèpre » צָרַעַת - terme impropre de lèpre qui est une affection biologique. On en parlera lors de מְּצֹרָע mais déjà dans cette Parashah commencent les indications du diagnostic du Cohen devant cette affection que la Torah appelle צָרַעַת  de façon générale et que l’on traduit par le mot de « lèpre ». Il vaudrait mieux étudier le sens des différents termes employés pour  ces différentes affections. Je vous conseille de lire la préface du Torat Temimah sur Parashah תַזְרִיעַ, il y a 2 pages qui donnent une définition exacte en hébreu selon le Talmud de ces différentes affections.

 

תַזְרִיעַ 12:1

1er verset avec Rashi.

וַיְדַבֵּר יְהוָה, אֶל-מֹשֶׁה לֵּאמֹר

דַּבֵּר אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, לֵאמֹר, אִשָּׁה כִּי תַזְרִיעַ, וְיָלְדָה זָכָר--וְטָמְאָה שִׁבְעַת יָמִים, כִּימֵי נִדַּת דְּו‍ֹתָהּ תִּטְמָא

 

אִשָּׁה  Lorsqu’une femme…  

Il s’agit ici d’une femme qui est mère avec comme première étape une épouse.

כִּי תַזְרִיעַ   Lorsqu’il arrivera que…  

Diverses traductions :

« Lorsqu’une femme ayant conçut enfantera » traduction non pas fausse mais inexacte.

« Lorsqu’une femme aura été fécondée »  

Il est important de bien traduire pour bien comprendre la suite. 

Ici le terme de זֶרַע est la semence. כִּי תַזְרִיעַ => certains commentateurs ont tendance à traduire  par « Lorsqu’ elle aura été ensemencée ».

Il faudrait alors que ce soit en hébreu תִזרַעַ et non pas תַזְרִיעַ.

Le sens que cela a, c’est de faire que la semence soit développée.

« Lorsqu’une femme ensemencera (fera cela, que la semence, le זֶרַע, soit développée). 

D’où l’importance de comprendre le sens Pshat d’un verset donné pour comprendre ensuite les enseignements qui sont donnés par la תּוֹרָה שֶׁבְּעַל פֶּה.

Difficulté de l’expression à cause d’une schizophrénie des traducteurs, leur monde hébreu et leur monde français n’ayant aucun rapport.

 

אִשָּׁה כִּי תַזְרִיעַ

Elle est sujet d’un comportement qui a pour objet de faire que le זֶרַע dont le sujet était son mari devienne fécond et qu’il en résulte un enfant. On n’a pas encore tranché selon que cet enfant sera mâle ou femelle, זָכָר ou נְקֵבָה suivant la suite du texte.  

דַּבֵּר אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, לֵאמֹר, אִשָּׁה כִּי תַזְרִיעַ, וְיָלְדָה זָכָר--וְטָמְאָה שִׁבְעַת יָמִים, כִּימֵי נִדַּת דְּו‍ֹתָהּ תִּטְמָא

 «… et qu’elle enfante un זָכָר elle sera impure pendant 7 jours selon le compte des jours de l’affectation de son impureté elle sera déclarée impure...  

Je laisse de côté la fin du verset, on va surtout réfléchir sur le commentaire de Rashi sur la 1ère partie du verset :

 

Rashi :

אשה כי תזריע:

אמר ר' שמלאי כשם שיצירתו של אדם אחר כל בהמה חיה ועוף במעשה בראשית, כך תורתו נתפרשה אחר תורת בהמה חיה ועוף:

« Rabi Simlaï a dit : « de même que la formation (יְצִירָה) de l’homme dans le récit de la création, [tout l’univers a été créé d’emblée à l’instant de la création (בְּרִיאָה) et été ensuite formée, façonnée, יְצִירָה.]

De même que la יְצִירָה, la formation de l’homme a eu lieu après tout animal, bête ou oiseau, dans l’œuvre du commencement, de même est exposé son statut après le statut des animaux en ce qui concerne l’impureté. » [Vayiqra Raba 14 :1]

 

Dans les Parashiot précédentes depuis le début du livre de וַיִּקְרָא, il y a une invitation à la קְדוּשַה, la sainteté : c’est l’essentiel du livre de וַיִּקְרָא et cela va culminer dans la Parashah de קְדוֹשִים. Et toutes les lois de distinctions, donc de séparation, entre le pur et l’impur qui empêchent l’accès à la sainteté, se déroulent dans toutes les Parashiot précédentes et en particulier dans la Parashah de שְּׁמִינִי qui précède תַזְרִיעַ.    

Il y a là un sujet extrêmement important : c’est une espèce d’étonnement de la part de l’homme de culture générale contemporaine de s’apercevoir que le livre qui parle de la sainteté comme idéal, comme but, comme objectif (קְדֹשִׁים תִּהְיוּ: כִּי קָדוֹשׁ, אֲנִי ) c’est le livre qui contient un nombre considérable de lois concernant l’impureté et le fait de s’en préserver. Il faut comprendre que nous sommes sur un pôle opposé aux évidences de la culture contemporaine occidentale, essentiellement l’évidence immédiate de la conscience gréco-romaine.

Dans les cultures contemporaines, finalement le principe dominant est « Tout est pur pour les purs » alors que pour la Torah « tout est impur pour les purs ». C’est exactement l’inverse. Plus on avance, plus on est vulnérable dans le projet de sainteté et plus on est vulnérable à l’impureté.  

C’est d’ailleurs au fond un des critères qui nous permet de distinguer entre l’orthodoxie juive, dans le sens étymologique c.à.d. la sensibilité religieuse authentique de la Torah, la voie droite orthodoxe (je ne parle pas des Harédim et des déviances qu’il peut y avoir) et ce qui pourrait être des hérésies si elles s’instituent comme telles que représentent les théologies des libéraux, conservateurs…, etc. Car ce sont des théologies où l’on adopte plus ou moins inconsciemment les principes d’évidences de la culture gréco-romaine et par conséquent on a des problèmes avec énormément de lois.

 

Il y a là en tout cas un sujet sur lequel il faut insister : sur ce rapport entre l’impureté et la pureté, le judaïsme et le christianisme ont des polarités absolument opposées.

 

Un exemple massif : toutes ces tendances libérales, conservateurs qui sont en dehors du principe de הַשָּׁמַיִם מִן תוֹרָה sont en fin de compte, parfois à leur insu mais parfois très lucidement, christianisantes. Le messie des chrétiens n’étant pas du tout en question dans ce problème. Il s’agit de fond de sensibilité religieuse et culturelle qui est complètement différent. 

J’emploierais une expression empruntée à Madame Eliane Amado Valensi : dans « les niveaux de l’être », (il faut éviter de parler dans les catégories évolutionnistes qui sont encore un autre problème compliqué) on s’aperçoit que selon la Torah, plus on s’avance dans les niveaux de l’être, et plus la précision des lois concernant la séparation entre le pur et l’impur sont fortes.  

On passe du minéral au végétal et du végétal à l’animal, à l’humain... on s’aperçoit que l’homme est beaucoup plus exposé à l’impureté que l’animal qui lui-même est beaucoup plus exposé à l’impureté que le végétal...etc.  

 

C’est vrai aussi au niveau psychique : plus l’être est « évolué », plus il est vulnérable aux atteintes psychiques. Je n’ai pas voulu dire maladie. Ce n’est pas n’importe qui qui peut se permettre des atteintes et des troubles psychiques. Cela se mélange à des problèmes de moralités, de méchanceté, de nature humaine, d’instinct, de passions etc. ... c’est vrai aussi. Mais en tout cas c’est l’indice d’un certain niveau d’être que d’être plus vulnérable à l’impureté, à tous les niveaux.  

Par exemple l’adage talmudique, et plus qu’un adage une loi de la réalité : « celui qui est plus grand, son instinct (sa capacité de mal) est plus grand » Il faut s’habituer à cette mentalité de savoir cela.

 

Je ne voudrais pas trop développer ce problème mais je voulais le signaler pour évacuer ce paradoxe apparent pour le lecteur de culture occidental : dans le livre de וַיִּקְרָא qui est l’exhortation à la sainteté, il y a une telle accumulation de prescriptions concernant l’impureté.  

Alors là, il y a un grand danger – c’est de façon général le danger de tout ritualiste – mais surtout en ce qui concerne le rapport à l’impureté, ou ce qui est perçu comme telle, c’est le danger de l’obsession maniaque, qui sont de signes cliniques connus d’ailleurs. Il y a énormément de troubles psychiques du type de l’être maniaque. Il y a des comportements ritualistes des tendances à la maniaquerie.  

 

Quand un juif religieux est maniaque il y a problème : la question se pose de savoir s’il est maniaque parce que religieux ou s’il est religieux parce que maniaque ? Tout ritualisme induit la maniaquerie et elle peut parfois prendre des proportions aberrantes.

Actuellement la maladie des Poskim israéliens qui à chaque occasion nous sortes des Piskei Halakha des décisions rabbiniques ubuesques etc. ... C’est un problème inquiétant dont il faut se méfier et cela atteint beaucoup plus les תְּשוּבָה  בָּעַלֵי qui sont plus sensibles à ce risque.  

Plus on est élevé en sainteté, plus on est vulnérable à des atteintes dont d’autres ne sont pas du tout affectés.  

 

Exemple dans un autre domaine :

Moussar : c’est pourquoi les gens les plus hauts doivent être extrêmement humbles parce que s’ils se prennent au sérieux ils tombent dans ces pièges de l’obsession maniaque. Lisez les Prophètes pour voir à quel point les prophètes d’Israël étaient très avertis de ces problèmes-là.

 

Question :

La question que je vais poser à travers Rashi c’est un étonnement: dans l’ordre du בְּרֵאשִׁית מַעֲשֵׂה la femme est formée après l’homme. Et voilà que dans l’ordre du statut des différents niveaux d’êtres par rapport à l’impureté, on met la femme avant l’homme ?  

On verra comment on peut s’appuyer sur ce que le Midrash dit pour avoir une idée du sujet : L’identité humaine commence par avoir un projet féminin. Son histoire est masculine et son aboutissement, son avenir est féminin.

Dans de nombreux textes, pas toujours étudiés, on retrouve Israël et l’humanité dans cette perspective de féminin-masculin. Israël Sava et Knesset Israël. Il y a Israël au masculin et Israël au féminin.

C’est là un sujet très important évoqué par allusion par Rashi et déjà dans le Midrash.  

Je vais m’appuyer sur plusieurs références, Midrash et Guemara.

En particulier sur une note qui consiste à prendre acte que le mot de אִשָּׁה apparait dans le texte avant le mot de אִישׁ.

 

בְּרֵאשִׁית 2:23

וַיֹּאמֶר, הָאָדָם, זֹאת הַפַּעַם עֶצֶם מֵעֲצָמַי, וּבָשָׂר מִבְּשָׂרִי; לְזֹאת יִקָּרֵא אִשָּׁה, כִּי מֵאִישׁ לֻקְחָה-זֹּאת  

C’est toute une dialectique mais le mot אִשָּׁה apparait avant le mot אִישׁ.

Il faut toujours rattacher ce genre d’analyse au grand principe de « Sof Maasse Bem’ashavah T’hilah »

Dans le projet, אִשָּׁה est à la fois complètement cachée dans le mot de הָאָדָם mais va se dévoiler dans l’avenir. Mais dans le מַעֲשֵׂה cela commence par אִשָּׁה. Je vous renvoie au Nefesh ha‘Hayim de Rabbi ‘Hayim de Volozine où il y a une citation de la Guemara qui est très importante.

Cela m’a fait penser d’ailleurs à Auguste Comte : dans sa philosophie il met en évidence l’identité féminine qui va jusqu’à la sacralisation. Il y a un culte à la femme. Il y a d’ailleurs une église Auguste Comte et son buste sur la place de la Sorbonne. C’est un culte qui intègre aussi beaucoup des fantasmes de Victor Hugo, qui a pour divinité la femme avec trois prières. Shaarei, Min’ha, Arvit c’est pour la fille, l’épouse, la mère. C’est très cohérent mais c’est surtout cette intuition de base qu’il y a une importance particulière à l’identité d’ אִשָּׁה.  

אִשָּׁה apparait avant אִישׁ et cette dialectique אִישׁ - אִשָּׁה devrait être définie אִשָּׁה - אִישׁ et elle est cachée par la dialectique אָדָם- הָאָדָם. Parfois, le texte du בְּרֵאשִׁית מַעֲשֵׂה déjà nomme le 1er homme אָדָם et parfois il le nomme הָאָדָם.

אָדָם c’est l’homme en tant que une personne - הָאָדָם c’est l’homme en tant que l’identité collective de l’humanité dans cette personne.

Alors, de qui la אִשָּׁה est-elle la אִשָּׁה ? אִשָּׁה de הָאָדָם ou אִשָּׁה de אָדָם ?

D’où provient le fait que אָדָם devienne un אִישׁ ?...

Il y a toute une série d’études là derrière qui ne peuvent se faire qu’avec les sources…

 

Dans mes études d’ethnologie,  j’ai remarqué que les signes évolutionnistes de toutes les espèces, et en particulier chez l’espèce humaine, commencent à apparaitre chez la femme et ensuite l’homme les rejoint. Par exemple, la différence de forme entre le front et le menton : il y a chez l’homme d’abord le front fuyant et le menton prognathe, alors que dans l’histoire de l’évolution cela s’inverse. Le front devient plus bombé et la mâchoire plus fuyante. Ce sont des signes d’évolution féminins à travers la mère qui modifie le père dans le fils. (Je me réfère maintenant aux catégories du Midrash)   

Le mot אִשָּׁה apparait avant le mot  אִישׁ : les signes évolutifs de l’identité humaine apparaissent d’abord chez la femme avant d’apparaitre chez l’homme, mais l’homme rejoint et parfois dépasse.  

C’est encore un autre sujet...

Tout ceci est une préparation à une des lignes du Midrash que cite Rashi et qu’on va lire.  

Notre question :

Pourquoi la Torah parle-t-elle אִשָּׁה alors qu’elle entreprend de parler de l’homme ? Rashi a mis l’accent sur le problème.

 

« C’est ce qu’il y a écrit dans le Tehilim [139 :5]

אָחוֹר וָקֶדֶם צַרְתָּנִי  וַתָּשֶׁת עָלַי כַּפֶּכָה « En arrière et en avant tu m’as formé ».

Il y a la face et le revers. C’est vrai dans l’espace et c’est vrai dans le temps.

Dans la Guemara cela est expliqué «אָחוֹר וָקֶדֶם צַרְתָּנִי  - Tu m’as créé dans un après et un avant ».

A rattacher à la phrase classique qui pose d’ailleurs problème

« אֵין מוּקְדָם וּמְאוּחָר בַּתּוֹרָה» « Il n’y a pas d’avant ni d’après dans la torah »  

Regardez à quel point le sens exact est important. On traduit habituellement : « il n’y a pas d’avant ni d’après dans la Torah », mais en réalité cela veut dire « Il n’y a pas ce qui vient avant - ce qui est avancé - et ce qui vient après - ce qui a été différé - dans la Torah ». Or, cela dit le contraire de ce que le Pshat de la Guemara voulait signaler apparemment qu’il n’y a pas d’ordre chronologique dans la Torah. Alors que la phrase dit : « אֵין מוּקְדָם וּמְאוּחָר בַּתּוֹרָה » -  il n’y a pas d’ordre qui ne sont pas chronologiques. Ce n’est pas qu’un épisode a été mis avant et un autre après, cela n’existe pas. Donc l’ordre chronologique de la Torah est absolu. Le contraire de ce que l’on lit d’habitude. Parce que l’on ne sait pas lire : « אֵין מוּקְדָם וּמְאוּחָר בַּתּוֹרָה» que l’on traduit comme si c’était אָחוֹר et קֶדֶם.  

La Torah c’est une vérité absolue donc éternelle : sans avant ni après. Mais l’exposition de la Torah en תּוֹרָה סֵּפֶר, la révélation de la Torah, a un avant et un après. Mais au niveau de la compréhension de la vérité de la Torah comme elle est écrite, c’est éternel.

 

אָחוֹר וָקֶדֶם צַרְתָּנִי   voilà comment le Midrash commence par ce verset 

« C’est ce qu’il y a écrit dans le Midrash : ‘En arrière et en avant tu m’as formé »   

Je vous conseille d’étudier l’explication de ce Midrash dans le Maor haShemesh.

« Si l’homme mérite l’homme hérite de 2 mondes  עוֹלָם הַזֶּהet עוֹלָם הַבָּא, ceci est écrit : «אָחוֹר וָקֶדֶם צַרְתָּנִי ».

אָחוֹר = pour le monde qui restera en arrière= ce monde-ci, וָקֶדֶם = pour le monde en avant, le monde à venir,

Il devra rendre compte - passer en jugement – (et vient ensuite la suite du verset) «וַתָּשֶׁת עָלַי כַּפֶּכָה   tu as appesanti sur moi Ta Paume ». Comme il est écrit (c’est aussi dans Job) : « Retire Ta Paume de sur moi ». C’est à dire c’est le destin du jugement. C’est relié à la balance de la justice: כַּף זְכוּת כַּף זְכוּת

On ne voit pas très bien ce que vient faire אָחוֹר וָקֶדֶם צַרְתָּנִי avec אִשָּׁה תַזְרִיעַ?

 

Rashi nous aide à mieux comprendre : tout ce qu’il y a avant l’homme, c’est le monde de l’animalité et tout ce qu’il y a après, c’est le monde qui va, qui commence avec l’homme et qui va au monde à venir. Le lien entre ces deux données, la traduction du Midrash et l’intention du commentaire de Rashi de mettre l’accent sur ce que dit le Midrash sur le verset, c’est ce qui sert de base à un enseignement des commentateurs postérieurs, en particulier le Maor HaShemesh qui est très riche à ce sujet. Il y a le monde de l’arrière et il y a le monde de l’avant. L’homme est créé avec deux profils d’identité : un vers l’arrière et un vers l’avant. Si tu mérite tu es en avant, si tu ne mérites pas tu es en arrière.  

Quel est le lien avec אִשָּׁה כִּי תַזְרִיעַ?  

Cela peut suggérer l’enseignement du récit d’Idit la femme de Lot : elle s’est retournée pour regarder en arrière et elle a été statufiée. C’est un thème important, le fait de se retourner en arrière lorsque c’est révolu. C’est la stupéfaction du retournement en arrière lorsque l’arrière est révolu.

 

A dit Rabbi Shmouel bar Na’hman :

 « Lorsque Dieu a créé l’homme (בְּרִיאָה) le projet de la création c’est le niveau androgyne, simultanément mâle et femelle. Et c’est le niveau le plus haut de l’identité humaine dans son projet.

On commence à comprendre que la femme va être intéressée au problème. La יְצִירָה c’est la séparation des 2 côtés.  

Reish Laqish : Au moment où il a été créé, il avait deux פָּרְצוּפִים

(פָּרְצוּף mot grec passé en hébreu qui signifie la silhouette la physionomie du visage pour dire l’ensemble de la stature – « a face » en anglais) il l’a séparé (dans la יְצִירָה il y a une séparation) la trace de ceוַיִּיצֶר  avec deux Youd, la dualité apparait au niveau de la יְצִירָה (chapitre 2 verset 7 dans בְּרֵאשִׁית מַעֲשֵׂה les deux Youdim du mot וַיִּיצֶר pour l’homme) cette dualité de la נְסִּירָה,

« Il en a fait deux doubles » i.e. il y avait deux faces et un dos commun et puis Il les a sciés. 

C’est un sujet sérieux et très important dans la Kabbale, c’est le secret du mur : le mur a deux faces qui ne pourront jamais se connaitre. Dieu a séparé à l’intérieur et Il a retourné les deux faces pour qu’elles se rencontrent. Mais il en résulte que ce qui était uni est irrémédiablement séparé.

Ici intervient la notion de תִּקּוּן de la בְּרִיאָה: ce qui était dedans a été mis dehors et le תִּקּוּן c’est de remettre dedans ce qui a été mis dehors. Mais avec l’enrichissement...  

« Un dos pour le mâle et un dos pour la femelle »

Il faut relier la notion de dos à dos à celle de face à face.  

« Et il la lui a amené à lui »

Tout se passe comme si nous avons là un être qui a deux visages (ce qui signifie deux avants et aucun arrière). La נְסִּירָה a séparé les 2 visages, les deux figures, les 2 silhouettes, et en a fait 2 êtres qui était dos à dos. Et il les a amenés face à face.  

« Et pourtant objection : le texte nous dit qu’Il a pris une côte ? »

« Il répondit : il l’a pris de son côté »  

C’est cet exemple que je cite aux ecclésiastiques chrétiens pour leur expliquer qu’on ne peut pas lire la Bible sans comprendre l’hébreu et la תּוֹרָה שֶׁבְּעַל פֶּה: cela reviendrait à croire que Dieu a créé un monde de manière normale, sauf la chose la plus importante : la femme. Cela semble compliqué : une anesthésie générale et une côte que l’on transforme en femme ?

Non une côte mais un côté comme le dit le verset. L’être qui était à son côté.

La preuve est donnée par le verset, « צֶלַע-הַמִּשְׁכָּן »  « le côté du Tabernacle » le mot de צֶלַע signifie le côté comme « צֶלַע-הַמִּשְׁכָּן ».

 

Et Il les a mis face à face et l’histoire a commencé...  

Il y a une identité humaine הָאָדָם qui est définie dans le texte comme étant Androgynos.

Et c’est la נְסִּירָה qui fait que  אִשָּׁה apparait et il en résulte que אָדָם devient אִישׁ.  

Et donc le levier de l’identité individuelle, personnelle, de l’identité humaine elle est dans ce secret qu’il y a entre ceזָכָר  פָּרְצוּף et ce נְקֵבָה פָּרְצוּף.

 

Je vous ai cité Auguste Comte : il disait que la femme est intermédiaire entre l’humanité et les hommes. Peut-être là la réalisation de l’individuation, c’est la théorie de Judah Halevi : le fait que chaque personne humaine est un individu en soi, génialement lui-même en soi, il a un Yi’houd particulier. C’est une théologie particulière et propre au judaïsme, que Dieu s’occupe en tant que Providence de l’individu comme un individu et non pas de l’humanité comme un tout, une entité globale. C’est la פְרָטִת הַשְׁגָחַה, le principe d’individuation. Dans toutes les philosophies, cette idée est repoussée.  

 

Chez Spinoza : l’idée d’un lien entre Dieu et l’individu humain est considérée comme aberrante. Ce qui est très clair chez Leibowitz. Le monde fonctionne et l’individu n’a pas à se préoccuper des contradictions du monde entre le bien et le mal etc.…  il n’a qu’une seule chose à faire, c’est de pratiquer le Shoulkhan Aroukh à la manière de Leibowitz.

Il y a énormément de textes pour plaider cette thèse : par exemple קֹהֶלֶת lu comme une négation de la פְרָטִת הַשְׁגָחַה dans une vision pessimiste et tragique du texte : c’est là tout l’homme... obéis à ce qui t’es demandé parce qu’il n’y a pas de פְרָטִת הַשְׁגָחַה. C’est ce qui apparait du discours de l’Ecclésiaste à travers le grec, comme si il était pessimiste et que le Tanakh contiendrait un livre tragique... En réalité קֹהֶלֶת est une discussion avec le philosophe sceptique sur le sens du monde. Il lui dit : si tu avais raison, tu ne saurais pas à quel point tu aurais raison : rien n’aurait de sens même pas toi.

 

Nous avons un Midrash très profond qui explique cela à partir des 7 occurrences du nomהֲבֵל des premiers versets : les 7 souffles הֲבֵל הֲבָלִים et souffle de souffles et le Midrash donne l’analogie du feu qui chauffe 7 marmites superposées. Le 1er souffle chauffe la première marmite, ce qui donne ainsi sens au 1er souffle qui n’est pas הֲבֵל  vanité et cela va jusqu’au 7ème jour et si il n’y a pas de 8ème  jour cela n’a pas de sens. Mais le 8ème jour donne le sens à l’ensemble. Sans le 8ème jour rien n’a de sens, surtout pas le philosophe pessimiste et le raisonnement sceptique. A la limite le fait de ne pas croire au 8ème jour et de discourir sur la vanité du monde est d’un grotesque énorme. Surtout lorsque le professeur d’université va chercher son chèque en fin de mois...

 

Je vais vous citer très rapidement 2 sources :  

La 1ère sougiah dans Massekhet Kiddoushin qui étudie la forme des rites du mariage. La Guemara y étudie la nature du mariage. Elle établie que dans l’identité humaine il y a 2 niveaux qui apparaissent dès l’origine, l’un chez la femme et l’autre chez l’homme. Le niveau qui apparait chez la femme c’est le niveau נֶפֶשׁ, et le niveau qui apparait chez l’homme c’est  le niveau עֶצֶם  

 

1ère référence simple : lors de la création de la femme (בְּרֵאשִׁית 2 :23) :

וַיֹּאמֶר, הָאָדָם, זֹאת הַפַּעַם עֶצֶם מֵעֲצָמַי וּבָשָׂר מִבְּשָׂרִי לְזֹאת יִקָּרֵא אִשָּׁה כִּי מֵאִישׁ לֻקְחָה-זֹּאת  

Donc, le עֶצֶם  appartient à l’homme et il le donne à la femme.

Le mariage a pour objet de faire acquérir le עֶצֶם  à la femme et le נֶפֶשׁ à l’homme.

L’expression c’est : La femme est pour l’homme au moment du mariage נֶפֶשׁ קִנְיָן « haishah iqnet » et c’est נֶפֶשׁ קִנְיָן. Pour la femme le mariage c’est עֶצֶם  קִנְיָן... « veqonah et atsma ».

 

C.a.d., il y a 2 profils d’identité de l’humanité :

  • le profil זָכָר  qui est עֶצֶם   
  •  le profil נְקֵבָה qui est נֶפֶשׁ  

 

Disons simplement que עֶצֶם  c’est l’essence de l’identité humaine et c’est pourquoi le אִישׁ continue à porter le nom אָדָם mais « וְחַוָּה אָדָם» englobe les deux.

Le עֶצֶם  c’est l’identité masculine.

Pour Israël masculin, c’est l’histoire à travers les אֲבוֹת, tandis que le principe d’individuation est donné par la femme. C’est pourquoi c’est elle qui individualise l’hérédité de la famille, en individus qui sont des personnes individuelles, et c’est Knesset Israël.

 

Ces 2 aspects, l’aspect masculin et l’aspect féminin de l’identité « Israël », c’est valable pour l’humanité aussi en général.

 

La Guemara va établir que à propos d’une particularité apparemment grammaticale de la Mishna dans Kiddoushin « Haishah niknet bé-shalosh drakhim » qui aurait du dire bé-shloshah drakhim et emploie le féminin au lieu du masculin. Derrière cette apparente question de grammaire, il y a beaucoup plus. La Guemara passe par un biais important pour expliquer cette anomalie  grammaticale, parce que la question est que « kol hatorah koulah bishlou zakhar  neemkha... toute la Torah comme commandements, comme devoirs d’obligations, s’exprime par rapports auזָכָר   ». C’est leזָכָר  qui est soumis aux מִצוֹת et la נְקֵבָה n’y est soumis que secondement, en tant qu’elle fait partie de l’identité humaine, mais dans les conditions où le commandement ne la concerne pas, elle ne l’est plus.  

Etant donnée que la Torah, dans ses ordres, se formule toujours au  masculin, pourquoi la Mishna emploie-t-elle le féminin que la femme est acquise bé-shalosh drakhim au lieu de sloshah

Je laisse de côté la particularité grammaticale qui est une inversion entre le féminin et le masculin et qui fait partie du problème d’ailleurs. Alors qu’elle aurait du dire bé-shloshah drakhim avec drakhim au masculin ? Pourquoi emploie-t-elle drakhim au féminin ?

De quoi s’occupe ici la Guemara ? De grammaire ?

En réalité elle parle de drakhim, des comportements. Et le mot de Derekh qui signifie « comportement » peut se mettre soit au masculin soit au féminin. Alors on va se demander pourquoi c’est ici au féminin ?

 

La Guemara supprime le problème et dit: par trois manières, par trois choses la femme est acquise...  Kesef, Shetar et Biah

Non, il faut dire Derekh parce que ce n’est pas que je donne une chose et que j’acquiers une chose, c’est un comportement qui fait que la femme est acquise par 3 moyens et sinon, si ce comportement échoue, alors la femme acquiert sonעֶצֶם  par le divorce ou la mort du mari. Le mari est appelé d’ailleurs בָּעַל et non pas אִישׁ. C’est à dire au niveau le plus inférieur de l’accouplement.  

Soit la femme acquiert son עֶצֶם  par le mariage et tout va bien, soit par le divorce et soit par la mort du בָּעַל. Effectivement, une femme une fois mariée, même divorcée ou veuve, a plus acquis son עֶצֶם  qu’une femme qui n’a jamais été mariée. De la même manière pour un homme, un homme resté célibataire, c’est son נֶפֶשׁ qui est en question.  

C’est des « Derakhim », un comportement qui fait que la femme est acquise à son mari. Si ce comportement mérite, alors il est appelé אִישׁ sinon il reste בָּעַל, et il est dans le risque de הָבָּעַל מִּדָת.  

 

Un verset des Prophètes dit :

« Il est un temps où tu ne m’appelleras plus בָּעַלִ mais tu m’appelleras אִישִׁ»  

 

Au niveau de la Mishna du 1er chapitre, la femme est acquise au בָּעַל. Haishah niknet leBaalav. Tandis que dans le 2nd chapitre « haïsh mekadesh », s’il y a vraiment קִידוּשִין, alors il est appelé אִישׁ. S’il n’a pas réussi à faire du קִנְיָן des קִידוּשִין il est הָבָּעַל מִּדָת, s’il a réussi il devient אִישׁ.  

 

Il y a derrière ces lectures, une perception de ces problèmes d’identités que la חוֹכְמָה de la Guemara a suivi qui nous échappe complètement si on ne lit pas en hébreu. 

 

Guemara :

Non ce n’est pas un Derekh mais c’est un darakh. Et Derekh peut être au masculin, et la Guemara  donne des exemples. Chaque fois que c’est la guerre, Derekh est au masculin, mais Derekh peut être au féminin, et elle donne un exemple : Derekh au féminin cela désigne la Torah.

Elle continue en disant mais Torah c’est au féminin, feignant d’avoir besoin d’un verset pour cela : « יְהוָה תוֹרָת, תמימה  etc... »

 

Enseignement :

De la même manière que la Torah est « משִיב נֶפֶשׁ», « elle rend l’âme », de la même manière le mariage rend le נֶפֶשׁ à l’homme qui l’avait perdu au moment de la נְסִּירָה.

 

C’est ce que la Guemara dit : Pourquoi le texte de la Torah porte : Ki ikar ish ishah

Pourquoi le sujet du mariage en tant qu’événement existentiel c’est l’homme alors que le sujet de la procédure cela va être la femme ? (l’expression au féminin)

Parce que cela ressemble à quelqu’un qui a perdu quelque chose. Qui recherche ce qui a été perdu ? C’est celui qui recherche ce qui a été perdu et non pas ce qui a été perdu qui recherche son propriétaire.  

Il y a là une חוֹכְמָה colossale : Parce qu’en réalité notre texte nous montre qu’alors que les hommes croient que c’est eux qui choisissent leur femme, en réalité nous savons que c’est les femmes qui choisissent leur mari. Cela va très loin comme analyse, dans tous ces problèmes.  

On revient donc à ces notions d’Androgynos.

C’est la 1ère indication que je voulais vous donner : ce qu’il y a dans la dialectique אִישׁ - אִשָּׁה / עֶצֶם  - נֶפֶשׁ. En principe la אִשָּׁה est « נֶפֶשׁ» ( בְּרֵאשִׁית 2:7 : וַיְהִי הָאָדָם, לְנֶפֶשׁ חַיָּה ) 

En principe אִשָּׁה est נֶפֶשׁ, c’est pourquoi c’est elle qui transmet l’individuation, l’individualité, la personnalité de l’identité d’humanité à tel ou tel homme. Alors que le עֶצֶם  de cette humanité, c’est le אָדָם, c’est leזָכָר.  

Nous vivons au niveau de l’existence peut-être à un stade de la civilisation où c’est peu perceptible, car il y a très peu d’hommes qui ne sont que des hommes et que ça et très peu de femme qui ne sont que des femmes et que ça. C’est un stade de la civilisation où les hommes se féminisent et où les femmes se masculinisent au niveau de l’existence. Mais il est évident que depuis l’origine de l’histoire qu’un thème important est la polaritéזָכָר  et la polarité נְקֵבָה de l’identité humaine.

 

Ce qu’il est en question entre eux, que je n’ai trouvé dans aucune philosophie que j’ai étudiée sauf dans cette phrase d’Auguste Comte cette intuition. L’homme est par essence « homme », alors que la femme l’est par « principe » - נֶפֶשׁ et le mariage a pour but de partager cette différence.

 

Retour au sujet :

Rashi nous cite toute une énumération des niveaux de l’être.

Lecture du verset :

אִשָּׁה כִּי תַזְרִיעַ, וְיָלְדָה זָכָר--וְטָמְאָה שִׁבְעַת יָמִים, כִּימֵי נִדַּת דְּו‍ֹתָהּ תִּטְמָא.

Lorsqu’une femme va faire que le germe se développe alors elle enfantera alors le résultat sera unזָכָר  ,7 jours elle sera impure

 

Dans le cas d’une fille, la forme du verset change.

Verset 5

וְאִם-נְקֵבָה תֵלֵד, וְטָמְאָה שְׁבֻעַיִם כְּנִדָּתָהּ; וְשִׁשִּׁים יוֹם וְשֵׁשֶׁת יָמִים, תֵּשֵׁב עַל-דְּמֵי טָהֳרָה  

Si c’est une fille qu’elle enfante, elle est impure 2 semaines comme sa période Nidah

 

Changement de forme => Dans le verset précédent :

אִשָּׁה כִּי תַזְרִיעַ, וְיָלְדָה זָכָר

On s’attendrait donc à la forme

נְקֵבָה  תֵלֵד וְאִם 

Pourquoi la forme

וְאִם-נְקֵבָה תֵלֵד?  

Les Midrashim vont s’en emparer et lui donner énormément de perspectives importantes pour la Halakha.

 

Exemple de Midrash :

Même le mot de תֵלֵד est superflu וְאִם-נְקֵבָה cela va de soi qu’elle a enfanté.

C’est pour inclure « toum toum androgynos », c’est pour la Halakha : 15 jours d’impureté.

Alors que leזָכָר  vraimentזָכָר  c’est 7 jours.

     

Lecture du verset avec les Taamim :

אִשָּׁה כִּי תַזְרִיעַ, וְיָלְדָה זָכָר

Sous le mot יָלְדָה il y a un Taam, c’est un Taam disjonctif.  

Dans la lecture que j’ai eu jusqu’à présent il faudrait lire : אִשָּׁה כִּי תַזְרִיעַ / וְיָלְדָה זָכָר

Or il y a écrit : אִשָּׁה כִּי תַזְרִיעַ, וְיָלְדָה / זָכָר.

 

Ce qui donne en traduction : une femme qui est capable de תַזְרִיעַ וְיָלְדָה cela c’est unזָכָר  

Donc l’identité humaine dans l’engendrement commence bien par leזָכָר.

C’est la  אִשָּׁה qui est capable d’enfanter qui estזָכָר.

Et si elle enfante en tant que נְקֵבָה et non en tant queזָכָר, alors il y a aura shvou'ayim.  

Si on étudiait cela Al Pi Hakkabalah c’est exactement ce qu’on est en train d’étudier dans les cours de Kabbalah sur la Séfirah de Binah. Je ne sais pas si vous voyez le lien.

Je vous en parle dans les catégories du Rav Ashlag :

La Séfirah de Binah se définit comme Imah.

חוֹכְמָה c’est Aba.

Binah est Mashpehet al menat meqabel

Mashpehet c’estזָכָר  

זָכָר  c’est celui qui est Mashpia’h. La נְקֵבָה c’est celle qui est Meqabelet.

 

Je vais vous l’éclairer par un verset de l’histoire de אָדָם et חַוָּה:

Un verset après la faute qui a consisté à manger de l’arbre

Et vit la femme Que L’arbre était bon à manger beau à voir et précieux à comprendre...
 
C’est toute une série d’Anaot qui constitue la conscience de l’être humain. Elle se constitue de jouissances qu’elle reçoit du monde extérieur.

L’attitude qui consiste à être Meqabel, à recevoir : c’est נְקֵבָה. 

L’attitude qui consiste à être Mashpia’h : c’estזָכָר. L’équation est très importante. On y reviendra.

 

Ce verset où אָדָם nomme sa femme חַוָּה : בְּרֵאשִׁית 3:20

וַיִּקְרָא הָאָדָם שֵׁם אִשְׁתּוֹ, חַוָּה:  כִּי הִוא הָיְתָה, אֵם כָּל-חָי

הָאָדָם (et non pas אָדָם) nomma le nom de sa femme חַוָּה car elle était la mère de tout vivant.  

L’objection des commentateurs c’est que חַוָּה n’a pas été la mère de tous les vivants mais la mère de tous les hommes.

Au niveau du Midrash on s’appuie sur « כָּל-חָי  נִשָׁמָת»

Le Pshat c’est « âme de tout vivant », mais l’âme de tout vivant vraiment c’est l’homme, celui qui est capable au niveau de la נְשָׁמָה qui est « נֶפֶשׁ חַיָּה». Cela veut dire l’âme du vivant vraiment. Mais cela c’est le Drash et non le Pshat.

D’ailleurs les exégètes de la critique biblique prétendent à cause de cela que כִּי הִוא הָיְתָה, אֵם כָּל-חָי car elle était la mère de tout vivant est une glose ajoutée par la suite par les scribes. La difficulté ici c’est que d’après le sens כִּי הִוא הָיְתָה, אֵם כָּל-חָי elle aurait dû s’appeler חַיָּה et non חַוָּה …  

Mais en fait il y a écrit חַוָּה!  

A quoi אָדָם a t-il voué sa אִשָּׁה dans ce verset ? A être mère !

כִּי הִוא הָיְתָה, אֵם כָּל-חָי

Alors il a donné à sa אִשָּׁה le nom de חַוָּה car elle חַוָּה, dont il a donné le nom à sa femme, a été le principe de la mère de tous les vivants.  

Vous avez à un autre niveau אָדָם et חַוָּה:  

אָדָם le 1er homme a donné à la אִשָּׁה le nom de חַוָּה et cela veut dire qu’il l’a destiné à être mère.  

La faute c’est en tant que אִשָּׁה : elle a reçu. Le verset que je citais tout à l’heure.

Alors, que si c’est en vue de donner cela c’est le תִּקּוּן.

 

Le תִּקּוּן qui vient réparer l’impureté du fait de recevoir sans avoir mérité c’est de donner.

Par conséquent la mère c’est le תִּקּוּן de la אִשָּׁה.   

 

Voilà dans quel sens on peut résoudre la question posée précédemment. Il y a au niveau de la mère ce Dekhinah deזָכָר  de le אָדָם.

 C’est-à-dire : אִשָּׁה כִּי תַזְרִיעַ, וְיָלְדָה / וְאִם-נְקֵבָה  זָכָר /  תֵלֵד

Mais si elle enfante en tant que נְקֵבָה, alors elle renforce le côté נְקֵבָה du monde, c’est Shouva’im mais si elle est תַזְרִיעַ, וְיָלְדָה, elle est dans la perspective duזָכָר.

 

 

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