L’OEUVRE DE LA CRÉATION
LES ENGENDREMENTS
JUIFS OU HÉBREUX
ISRAËL ET LES NATIONS
MESSIANISME
THÈMES FONDAMENTAUX

LEKH LEKHA - SÉRIE 1993

Le cours

 

  (1993)   לֶך לְךָ

Je vais rappeler brièvement le sujet de la semaine dernière à partir duquel nous allons commencer à étudier : nous avions étudié la Parashah de Noah et nous étions arrivés en fin de Parashah à un texte qui met en évidence que tout le récit précédent depuis le début devait aboutir à Abraham. Effectivement, Abraham apparait dans l’histoire à la fin des dix générations qui vont depuis le 1er homme jusqu’à Noah, et des 10 générations depuis Noah jusqu’à Abraham. Il y a donc une période de 20 générations où la תּוֹרָה nous a raconté une première tentative de la civilisation humaine qui a échouée. Ces deux Parashiot de בְּרֵאשִׁית et נֹחַ  devraient s’étudier pendant des mois parce qu’il y a là le modèle, la structure disons, de toute une civilisation humaine, et les différentes causes d’échec à cause de l’échec du problème moral de cette tentative de l’histoire de l’humanité, et aussi, corolairement, les différents sursis qui sont suscités à travers cette histoire et qui n’arrivent pas quand même à être une aide suffisante pour que l’humanité arrive à résoudre le problème fondamental qui lui est posé à travers ce récit, et qui est le problème de la relation humaine des personnes dans la société.

 

Schématiquement, il faut mettre en évidence le fait que c’est le problème moral dans le fait social, la relation des personnes entre elles, qui est posée. Il y a une équation à résoudre, le problème de la fraternité : le problème entre Caïn et Abel qui commence le récit de l’histoire de la société humaine dans son échec qui va aboutir au déluge. On pourrait l’appeler le problème de la relation d’autrui à autrui.  

 

Mais la relation fondamentale d’autrui à autrui c’est la relation du frère au frère qui est elle-même la première étape d’un problème à résoudre qui comporte trois étapes :  

  • la relation entre l’épouse et l’époux
  • la relation du frère au frère, et
  • la relation entre la créature et le Créateur  

 

C’est un même problème mais qui se divise en trois axes que l’on retrouve très systématiquement dans l’enseignement de la תּוֹרָה. La relation entre l’époux et l’épouse est un cas particulier de la relation d’autrui à autrui, laquelle est une expérience, et une épreuve, et une preuve, que nous avons à faire de la relation entre la créature et le Créateur.

 

C’est donc un récit extrêmement important, qui nous amène finalement à la notion d’une sorte de préhistoire d’une histoire qui commence avec Abraham. Si la תּוֹרָה nous a raconté l’histoire précédant l’apparition d’Abraham dans l’histoire, c’est qu’elle veut que nous sachions qu’Abraham n’est pas n’importe qui. C’est un thème important, Ce n’est pas qu’un jour, de manière arbitraire, Dieu aurait décidé de choisir un homme arbitrairement, par grâce, pour ménager l’histoire du salut.

Abraham n’est pas n’importe qui. Nous avons une identité très précise qui nous est expliquée. C’est l’identité hébraïque. Abraham est un hébreu. Qu’est-ce que c’est ?  

C’est la raison pour laquelle nous avons un récit aussi circonstancié depuis l’histoire du 1er homme jusqu’au temps du déluge, jusqu’au temps d’une génération particulière de l’histoire de cette humanité, la génération que l’on appelle en hébreu, הָפֶּלָגָה דּוֹר, le moment où l’unité humaine, l’universel humain a éclaté en nations. C’est l’épisode de la Tour de Babel.

Et dans la reprise de l’histoire humaine à partir de Noah après le déluge, là apparait cette dialectique, cette expression que nous retrouverons sous différents formes : Israël - les Nations.

 

J’ouvre une petite parenthèse : nous avons énormément de sujets qui se rattachent à cela : Israël - les Nations : Israël d’un côté et les nations de l’autre. C’est une notion polémique, agressive et difficile à entendre. Les Juifs y sont familiers et ne se rendent pas compte du scandale que cela représente pour une oreille non-juive. Un tout petit peuple, Israël, et de l’autre côté, l’humanité. Faites bien attention au caractère pas évident d’une notion pareille. L’histoire s’entête a nous démontrer qu’il en est réellement ainsi. Il y a des moments historiques importants de l’histoire de l’humanité, surtout contemporaine, qui démontrent qu’il y a vraiment cette dichotomie claire : d’un côté Israël et de l’autre côté toutes les nations et les autres manières d’être hommes. Qu’on le veuille ou pas, même si cela n’apparait pas toujours de manière évidente et massive, il y a de temps en temps des clins d’œil de l’histoire qui montre que c’est massif et que comme ça.   

 

Dans l’histoire contemporaine en tout cas, deux événements massifs qui le montrent :

 

  • D’abord ce qui s’est passé au temps du nazisme. Il y avait vraiment les Juifs d’un côté et le reste du monde de l’autre. Les Juifs et leurs amis non-juifs. Il ne faut pas oublier que pendant le temps du nazisme les Juifs ont eu beaucoup d’amis. Mais ils avaient tous ceci en commun qu’ils ont été impuissant à empêcher la catastrophe. Il y a pu avoir des sauvetages individuels. Nombreux grâce à Dieu. Je crois qu’il faut être rassurés qu’il y a un peu de bien dans ces grands événements du mal. Cela rassure, il y a quelque chose derrière. 

 

  • Je crois aussi que nous avons présents en mémoire ce qui s’est passé au temps de la guerre des 6 jours. Il y avait Israël et les Juifs et leurs amis d’un côté et le monde entier de l’autre...

 

Mais il n’en reste pas moins que c’est une notion qu’on manie très souvent sans se rendre compte de son caractère polémique, surtout encore une fois pour une oreille non-juive qui serait attentive à entendre ce qu’elle entend.   

Comment comprendre cette séparation totale ? D’un côté une toute petite société des juifs et Israël et de l’autre côté l’humanité entière ?  

Et nous le voyons aussi actuellement, ce qui se passe ici met en branle le monde entier comme nous le voyons à diverses occasions.  

Rav Kook : la plupart du temps nous ne sentons cela qu’incognito mais il y a des moments de l’histoire où cela se dévoile clairement, massivement.

 

Retour au sujet :

Dès le moment de la dispersion de l’humanité en nations - הָפֶּלָגָה דּוֹר (cela vient du terme hébreu לְהִתְפַּלֵג qui signifie diasporiser) apparait cette différence entre l’identité hébraïque représentée par l’ancêtre d’Abraham, le fondateur de la religion des Hébreux qui s’appelle Ever, qui a gardé l’identité humaine une, indifférencié. Et Les nations sont autant de manière différenciées d’être hommes, chacun avec son génie propre, avec sa spécificité propre, mais avec aussi sa partialité propre.  

 

Et l’histoire de la relation entre Israël et l’humanité montre bien que l’humanité a diagnostiqué qu’il y avait quelque chose de particulier dans cette identité hébraïque. Chaque fois que l’humanité est en quête d’espérance à travers les grands moments de l’histoire (là il s’agit d’une histoire de près de 4000 ans depuis le temps des Hébreux), elle a cherché des Hébreux. Chaque fois que l’humanité est en quête de salut, c’est l’identité hébraïque qui apparait comme modèle de salut.  

 

Je veux simplement mettre cela en évidence et ce ne sont pas des thèmes littéraires purs et simples. Effectivement, beaucoup de livres s’en servent de manière littéraire. Beaucoup de livres qui paraissent sur les Juifs, écrits par des Juifs ou non-juifs, et qui mettent en évidence ce paradoxe de ce tout petit peuple qui semble avoir un destin à part...  

Evangile de saint Jean : un verset faisant parler les Samaritains qui disent: « le salut vient des Juifs » ! Et c’est un verset des Evangiles ! Il n’y a pas d’écrit « le salut vient de qui vous savez… C’est un livre écrit par des Juifs d’ailleurs. Il y a une espèce de reconnaissance et de consensus.

 

Mais il y a du point de vue des événements de l’histoire d’Israël, une réalité qui fait que l’universel juif est en réalité un cosmopolitisme juif. Le cosmopolitisme juif est la preuve que cette identité qui nous vient des Hébreux peut être n’importe quelle manière d’être homme à la fois. Et c’est un cas particulier. Les Juifs sont n’importe quelle manière d’être homme s’ils le décident.

Un Juif peut être français ou être allemand. Quand il est français il est très français et quand il est allemand il est très allemand. Cela peut aller jusqu’à un patriotisme local déconcertant. Le Juif peut être très alsaciens et donc très auvergnat. Il y a des Juifs corses et patriotes corses... Cela va très loin. D’ailleurs au retour d’exil cela nous fait les 22 parties de la Knesset, chacune représentant son גּוֹ préféré... Tous les גּוֹיִם ont un juif préféré, mais il faut découvrir que les Juifs ont aussi leur גּוֹ préféré... Je ne sais pas si vous vous rendez compte qu’on parle français ! Cela ne va pas de soi pour les Juifs yéménites ! Lequel est exotique ? Un juif yéménite ou un juif français ? Réfléchissez bien.  

C’est le fait de l’universel humain à travers le cosmopolitisme juif. Ces deux catégories de l’universel et du cosmopolite ne sont pas les mêmes, mais je prends l’exemple du cosmopolitisme juif pour parler de l’universel hébreu.   

 

Tant que nous étions en diaspora, et que en diaspora, les Juifs pouvaient se réclamer de l’universalisme, il y a avait un fait masqué par la diaspora, c’est d’ailleurs déjà dans notre Parashah, lorsque Dieu interpelle Abraham sur la terre d’Israël – il y avait quelque chose qui a été caché, le fait que les Juifs parlaient d’universalisme sans savoir vraiment s’il s’agissait d’universalisme ou de cosmopolitisme. A partir du moment où l’état d’Israël existe, c’est-à-dire où la société juive est redevenue la nation hébraïque, il se dévoile pour énormément de Juifs, surtout de diaspora, que peut-être ce n’est pas de l’universalisme mais du cosmopolitisme.  

 

Nous, ceux de ma génération, sommes des Juifs revenus d’exil, avec l’identité juive cosmopolite, et nous sommes en train de retrouver notre identité nationale qui est l’identité hébraïque. C’est un processus qui traverse l’histoire de la société israélienne en maelström avec tous les remouds et les péripéties de l’histoire des quelques dizaines d’années de l’Etat d’Israël, c’est le récit que nous sommes en train de lire comme modèle : l’histoire d’ אַבְרָם redevenant Abraham, ce processus des Juifs revenus de tous les paysages des voyages d’Israël. Le juif de diaspora est un hébreu en voyage, et ce n’est pas parce que le voyage a duré longtemps que ce n’est pas un voyage. Quand le voyage dure longtemps on oublie que c’est un voyage, et pourtant on se rappelle pieusement que c’est un voyage : « l’année prochaine à Jérusalem... ». Mais le voyage a duré longtemps. Nous revenons avec des identités de diaspora, et nous sommes en processus de réhébraïsation. Ce n’est pas simplement un problème linguistique culturel mais fondamentalement un problème d’identité nationale. Il y a une nation, la nation des Hébreux, dont la תּוֹרָה a raconté l’histoire et qui en tant que nation est universelle. C’est pourquoi j’ai commencé par dire : à l’indice de cela, c’est le caractère cosmopolite des Juifs qui sont les Hébreux de diaspora. Ils peuvent être n’importe quelle manière d’être homme.  

 

Je vais prendre une image, c’est plus qu’une image, empruntée à l’anthropologie: J’ai l’impression qu’il y a un capital génétique de l’identité hébraïque et que les gènes correspondant à la spécificité des peuples chez lesquels on vit, à la longue, apparaissent comme dominants chez les Juifs de tels ou tels paysages.  

[J’ai dans mes dossiers un article assez extraordinaire paru il y a quelques mois en Israël : Un chercheur israélien a établi qu’il y a une maladie très rare qui est commune aux Juifs irakiens et ashkénazes. Très brièvement, il y a eu une première dispersion du temps des Judéens du 1er temple. C’est la dispersion de Babel, dont la région de l’Irak qui est une partie de Babel. Cet exil de Babel est un exil d’où procède les grandes communautés, ce que je dis est très schématique, parce qu’à travers les siècles il y a eu des brassages des communautés juives à travers toutes les catégories. Moi-même comme vous le savez je m’appelle Ashkénazi je suis séfardi. C’est donc qu’il y a une histoire de brassage historico-géographique. Et je suis effectivement d’origine ashkénaze mais très lointaine. Et pour tant je suis séfarade come vous le savez. Indépendamment des problèmes existentiels que cela pose - les enfants vont bien grâce à Dieu – c’est une histoire juive ! Ceci dit il y a eu énormément de brassages.

 

Cet exil de Babel qui a été la dispersion des Judéens du 1er temple est à l’origine de trois grands embranchements :

=> les Bablim (essentiellement les Irakiens, Bagdad...)

=> les Juifs Yéménites

=> et les Juifs Ashkénazes.

 

Ces 3 grandes communautés ont été fondées au temps de la dispersion du 1er temple. Et ne sont  pas revenus (hormis la poignée de sionistes de ce temps-là) au temps du 2nd Temple avec Ezra et Néhémie, à Shivat Tsion.

Il y a différents indices de cela. En particulier la prononciation. La prononciation ashkénaze de l’hébreu est beaucoup plus proche de la prononciation yéménite que de la prononciation sefaradite. Le fait que le Yémen était dans l’empire de l’islam nous laisse croire que les Yéménites sont des séfardim, mais en réalité ce sont des exilés du temps du Bayit Rishon, la même souche ethnique que les Ashkénazes et que les Bablim qui se sont trouvés dans l’aire culturelle islamique. C’est pourquoi ils sont d’un rite qui ressemble seulement au rite séfarade car ils ont accepté comme Possek le Rambam, mais leur identité au niveau ethnique est proche de celle des Ashkénazes.  

J’ai expérimenté cela la première année où je suis arrivé à Jérusalem. C’était l’époque de Tisha BéAv et je suis allé dans une synagogue yéménite de Méa Shearim. Il y avait à côté une petite synagogue de Juifs hongrois qui ont fini la prière avant les Yéménites et sont venus les rejoindre. Et alors j’ai vu ce spectacle des visages de Juifs hongrois ou yéménites qui sont sensiblement identiques, l’un dans le genre oriental et l’autre dans le genre occidental. Mais c’est les mêmes. Ils l’ont senti eux profondément puisqu’ils sont venus naturellement prier avec eux. Ils l’ont senti eux profondément, puisque les Hongrois sont venus avec les Yéménites naturellement, et pourtant Dieu sait si c’est différent au niveau folklore. Mais leur identité est la même. Notre histoire est très longue. Il faut comprendre cela.

J’ai lu récemment un article d’une revue scientifique a établi l’existence d’une maladie génétique commune aux Juifs irakiens et ashkénazes. Cela veut dire que cette mutation s’est déclarée à Babel avant l’exil au 2nd degré des Juifs de Babel de ce temps-là en pays ashkénazes.]

 

Cela veut dire que finalement cette identité hébraïque à travers le temps de la diaspora est allée se fixer sur des paysages de l’universel humain. Mais cet universel humain c’est une fiction, c’est un terme théorique des philosophes, il n’y a pas d’homme universel, mais l’homme personnalisé, concret. Les Latins disaient hic et nunc, ici et maintenant. On est Monsieur Untel avec une carte d’identité très précise. Et même s’il y a dans les grandes métropoles ce cosmopolitisme à causes des brassages d’immigrants qui ne savent plus comment se rattacher à une tribu humaine, finalement c’est le עֵרֶב רַב de l’humanité – et il n’en reste pas moins que chacun est ce qu’il est. Et on ne peut pas parler de l’homme en général parce qu’on ne sait pas où il est.     

 

L’homme universel est une fiction philosophique issue d’un idéal de l’universel, mais la תּוֹרָה nous parle d’une identité concrète humaine : l’identité hébraïque qui porte en elle les véhicules de l’universel. L’indice c’est le caractère cosmopolite des Juifs. C’est-à-dire qu’un juif peut être ou français, ou allemand, ou russe ou polonais et parfois tout cela à la fois… Mais cela n’est pas l’universel mais le cosmopolitisme. Et cela se dévoile lorsqu’on ne fait pas partie d’une nation, alors on est de la nation des autres : c’est cela le cosmopolitisme. Ce n’est pas l’homme cosmique ou l’homme universel qui n’est qu’une fiction littéraire.  

Il y a, traversant l’histoire humaine, cette identité hébraïque dont la תּוֹרָה a raconté l’histoire, et qui a empoigné l’humanité entière à travers l’islam en orient et à travers le christianisme en occident, à travers beaucoup de ses courants culturels.

 

Les Juifs sont des Juifs parce qu’ils sont originellement des Hébreux. Or, le problème de la société israélienne c’est que les Juifs que nous sommes, revenus des paysages des voyages, redeviennent Hébreux. C’est la clef de tous les problèmes de politiques intérieures et extérieures. Parce que ce n’est pas un processus simple, c’est un processus de ré-engendrement de l’identité hébraïque. Or, c’est ce récit, le récit de l’histoire d’Abraham. 

 

Ce que nous lisons de la תּוֹרָה dans ces Parashiot, aux derniers versets de נֹחַ  et dans לֶך לְךָ, c’est cette histoire-là.  

Je vous rappelle la clef que nous avions déjà utilisé la semaine dernière: c’est une citation du Talmud : en fin du premier chapitre de la Massekhet Brakhot 11 ou 12 a - b: La Guemara dit ceci : Il y a un verset des Chroniques qui dit: אַבְרָהָם הוּא אַבְרָם

Les Chroniques sont les derniers livres historiques de la Bible qui recommencent la généalogie depuis le 1er homme jusqu’à l’engendrement messianique. [C’est là-dessus que ce sont greffés les récits des généalogies que l’on a dans les Evangiles].  

 

Le verset dit ceci : אַבְרָהָם הוּא אַבְרָם

Parce qu’il faut redécouvrir que ce grand personnage central de l’histoire d’Israël dès l’origine, mais qui a lui-même une origine, il est le descendant d’Ever du temps de la tour de Babel. Lorsque l’humanité une, l’universel humain, qui existait concrètement et vraiment en ce temps-là, a éclaté en nations des différentes manières d’être hommes – et c’est le problème des civilisations : comment faire pour que  ces différentes manières d’être hommes vivent ensemble ? C’est ce salut-là que l’humanité cherche.

La Guemara dit que cette identité hébraïque était en diaspora dans la civilisation du temps, qui était celle de Babel, dans la région de la Mésopotamie des historiens de l’antiquité, Irak, Iran actuel..., qui était la civilisation du temps.

 

Petite parenthèse :

Nous savons d’après l’enseignement de la תּוֹרָה elle-même que le pays dit de Canaan est nommé ainsi parce qu’aux temps de l’histoire des Patriarches il a été conquis par les Cananéens.  

C’est dans le verset de notre Parashah [Gn. 15:6] : וְהַכְּנַעֲנִי אָז בָּאָרֶץ  

 

Au temps des Patriarches les Cananéens ont envahi ce pays qui était dans l’héritage de la lignée de Shem, ancêtre d’Ever, au moment du partage des pays selon les peuples. Et ce pays est appelé le pays des Hébreux.  

Se pose la question importante: Que faisaient les Hébreux ailleurs que chez eux ?

Cela a été notre histoire pendant 4000 ans !

Une espèce de tendance à l’universel – c’est très schématique - qui fait que les Juifs font comme si ils étaient chez eux n’importe où. Il y a alors le retour de volant : quand ils sont chez eux, on dit qu’ils sont chez les autres ! מִּדָה כְּנֶגְ מִּדָה … On a fait semblant d’être chez nous chez les autres, alors quand on est chez nous on fait semblant qu’on est chez les autres.  

Cela s’attache au destin ambigu et ambivalent de cette nation spécifique qui a pour fonction l’unité et l’universel. Le monde entier réclame sa terre, sa ville, son identité, et pendant ce temps, elle, elle fait semblant d’être l’identité des autres... C’est le cosmopolitisme juif.  

Cela ne veut pas dire que cela n’implique pas des richesses culturelles. Mais cela a un prix. Lisez l’histoire juive. Finalement, cela aboutit à un grand cimetière qui s’appelle le musée de la diaspora à Tel-Aviv : une richesse de 2000 ans d’histoire qui finit... dans un musée... Je referme cette triste parenthèse. Nous sommes vraiment dans une admiration caractéristique à ce niveau, c’est la mutation qui se passe. Israël est en train de faire le bilan de sa préhistoire, et cela s’appelle « le musée de la diaspora ». Visitez la diaspora après un stage en Israël vous allez voir que vous aurez l’impression d’être dans un musée...

 

***

 

Il y a eu des événements - une shoah – qui ont fait que les rescapés des Hébreux de la civilisation de Babel ont décidé de rentrer chez eux. Anachroniquement, c’était le sionisme du temps d’Abraham.

 

Nous allons lire le récit et vous allez voir que sans aucune révélation d’en-haut, une famille, celle d’Abraham, sous la direction du chef de famille Terah, décide de quitter Our-Qasdim et d’aller en direction du pays de Canaan.

 

Q : D’où venaient les Cananéens ?

R : De Crête, mais ils venaient de beaucoup plus haut. C’étaient des Européens, des blancs  d’Europe qui ont envahi, et d’ailleurs les Philistins sont une partie des Cananéens. Il y a d’ailleurs une analogie avec les Carthaginois. Ce n’est pas loin.

 

Q : les Berbères aussi ?

R : Non c’est un tout autre rameau humain. Les Berbères, les Basques, les Hongrois et les Finlandais sont du même rameau humain (s’originant en Yafet). Ce que les Grecs appelaient des barbares d’où berbères. Si vous aller au pays basque et que vous êtes de Kabylie vous retrouverez les mêmes rythmes de musique, et on les retrouve aussi jusqu’en Finlande....

 

בְּרֵאשִׁית Chapitre 11 verset 31 : Fin de Parashah נֹחַ.

 

Dans l’ordre du récit, il n’y a eu aucune révélation de Dieu à Abraham. On nous raconte ce qui se passe : en fin de compte, il est arrivé un temps où les descendants de Ever, il y a Terah qui a eu trois fils Nahor, nommé du nom de son grand-père, Haran et Abraham. On nous raconte que ces Hébreux sont les rescapés des Hébreux au temps de Nimrod où il y a eu une shoah. Le Midrash nous restitue ce qui s’est passé. Nimrod était le tyran de ce temps-là, et on jetait les Hébreux dans les fournaises de Our-Qasdim. C’était les chambres à gaz de l’époque. Le Midrash est impitoyable : c’est la mémoire de la tradition des Hébreux. Imaginez que les antisémites révisionnistes s’arrangent pour qu’on oublie complètement la Shoah pour mieux pouvoir recommencer plus tard. Voyez comment on oublie l’histoire. Cela va vite, au niveau universitaire : les fours crématoires ont-ils ou non existé ?

 

Il y a une famille rescapée de cela :

וַיִּקַּח תֶּרַח אֶת-אַבְרָם בְּנוֹ וְאֶת-לוֹט בֶּן-הָרָן בֶּן-בְּנוֹ וְאֵת שָׂרַי כַּלָּתוֹ אֵשֶׁת אַבְרָם בְּנוֹ; וַיֵּצְאוּ אִתָּם מֵאוּר כַּשְׂדִּים לָלֶכֶת אַרְצָה כְּנַעַן וַיָּבֹאוּ עַד-חָרָן וַיֵּשְׁבוּ שָׁם

Et Terah prit Abram son fils et Lot fils de Haran son petit fils t Sarah sa bru femme d’Abram son fils ils sortirent avec eux d’Our-Qasdim pour aller au pays de Canaan Ils arrivèrent jusqu’à ‘Haran et s’installèrent là-bas.

 

Entretemps Dieu va se révéler à Abraham au début de notre Parashah pour dire :

Quitte ta maison paternelle... Entre temps Dieu va se révéler à Abraham pour confirmer.  

Le rythme de l’événement est le suivant : l’initiative vient de la famille de Terah provoqué par Abraham pour se déconnecter de la civilisation de Babel qui est devenue ce qu’elle était devenue : ils sont les rescapés de la Shoah de ce temps, et ils vont au pays de Canaan. Pourquoi ? Parce qu’ils rentrent chez eux ! Ils savent donc où ils vont ! Ce sont exactement comme les délibérations du congrès de Bâle : Ouganda ou אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל ? On a décidé de rentrer chez soi et on sait où c’est....

 

Effectivement, entre temps :

 

Chapitre 12 verset 1

וַיֹּאמֶר יְהוָה אֶל-אַבְרָם לֶךְ-לְךָ מֵאַרְצְךָ וּמִמּוֹלַדְתְּךָ וּמִבֵּית אָבִיךָ אֶל-הָאָרֶץ אֲשֶׁר אַרְאֶךָּ.

Et Dieu dit vers Abram לֶךְ-לְךָ, va pour toi (Rashi explique : pour ton bien) de ton pays de ta terre natale de ta maison paternelle vers le pays que Je t’indiquerais.

 

Le raisonnement semble incompréhensible : « Va vers un pays que Je te montrerais quand tu y arriveras » ? Cela ne veut rien dire ! Et tous lisent comme si Dieu avait dit à Abraham d’aller au pays de Canaan. Ce n’est pas ce qu’Il a dit. Ce récit dit : cette famille a décidé d’aller au pays de Canaan.  

 

En chemin il y a discussion des Méfarshim : la révélation de לֶךְ-לְךָ  a-t’elle été dite à Our-Qasdim ou à ‘Haran, une étape où s’était arrêté une première fois Terah ? Il avait fait une petite incursion au pays de Canaan et était revenu à ‘Haran, un peu comme des Olim qui font leur Aliyah en commençant par une visite de reconnaissance... Terah est le 1er sioniste de l’histoire. Il est venu faire un petit tour pour aboutir à ‘Haran. Entretemps Dieu confirme à Abraham que c’est là qu’il faut aller.

  

Un texte du Midrash montre que le Midrash a posé la question, et à travers cette question nous enseigne qu’en fait la révélation de לֶךְ-לְךָ concerne le fait d’aller au הַמֹּרִיָּה הָר, là où aura lieu la יִצְחָק עֲקֵדָה. On comparera les deux versets.  

 

Parashah וַיֵּרָא verset 2 chapitre 22:

 

Lorsque Dieu s’adresse à Abraham pour lui dire tu vas prendre ton fils bien aimé Isaac..  

וַיֹּאמֶר קַח-נָא אֶת-בִּנְךָ אֶת-יְחִידְךָ אֲשֶׁר-אָהַבְתָּ אֶת-יִצְחָק וְלֶךְ-לְךָ אֶל-אֶרֶץ הַמֹּרִיָּה

Il Dit : prends ton fils ton unique que tu as aimé Isaac et va pour toi au pays de Moriah  

 

C’est sur le mont de Moriah qu’aura lieu la scène de l’épreuve d’Abraham, יִצְחָק עֲקֵדָה. 

 

La famille d’Abraham va d’elle-même au pays de Canaan. Dieu n’a pas indiqué à la famille d’Abraham dans quel pays ils doivent aller. En réalité, cette incidence du verset de לֶךְ-לְךָ c’est pour lui indiquer que son retour d’exil va le mener à la scène du mont Moriah.  

Par conséquent, nous étudieront ce texte et nous poserons la question suivante :

Puisque ce pays est le pays des Hébreux et qu’Abraham rentre chez lui, pourquoi est-il nécessaire que Dieu lui promette tant de fois que ce pays sera donné à sa descendance puisque c’est le sien ! Pourquoi cette répétition de ce serment aux enfants d’Israël ?

 

S’il est si évident que cela qu’ils rentrent chez eux, pourquoi est-il nécessaire que Dieu confirme à Abraham que c’est bien à lui et à sa descendance que ce pays sera donné ?  

On va diagnostiquer qu’il y a quelque chose d’analogue de notre temps : il faut convaincre aujourd’hui le peuple juif que ce pays est bien à lui. Je prends la question au niveau de l’exégèse au niveau d’Abraham. Il y a une réponse simple d’après l’exégèse qui nous donnera beaucoup d’éléments de réflexions pour la situation actuelle.

 

Ce qu’on a appris jusqu’à présent :

Dieu n’a pas demandé à la famille de Terah à travers Abraham, d’aller au pays de Canaan, ils y vont tout seul. Dieu a demandé d’aller jusqu’au mont Moriah, nous verrons ce que cela veut dire.  

 

S’il en est ainsi, s’ils rentrent chez eux, pourquoi est-il si souvent nécessaire, déjà dans notre Parashah, que Dieu confirme à Abraham qu’il donnera ce pays à sa descendance ?  

Nous verrons que la difficulté qu’a Abraham d’entendre cette confirmation fait qu’il va y avoir l’annonce de l’exil. Paradoxe : on sort d’exil, l’exil des Hébreux qui étaient arrivé à une catastrophe à Babel, et à ces mêmes rescapés de l’exil, Dieu annonce à Abraham que sa descendance ira en exil... Il y a un paradoxe énorme dans ce récit.

 

[Une analogie dans le paradoxal :

Après les 10 commandements, dont le 1er est intitulé ainsi :

« Je suis Hashem ton Dieu qui t’ai fait sortir d’Egypte du pays d’esclavage ... quand tu acquerras  un esclave hébreu » alors que l’on vient de libérer tous les Hébreux de tout esclavage à la suite d’une intervention divine signant la fin de la civilisation égyptienne... et la תּוֹרָה parle de l’esclave hébreu ? D’où sort-il puisqu’on vient de libérer tous les esclaves ?]

 

On sort d’exil et Dieu confirme « tu rentres chez toi, c’est bien chez toi, pour toi et ta descendance... » et Abraham lui demande « tu es sûr ? à quelle condition... ? » Dieu : « si c’est comme ça, ta descendance ira en exil... »

Je voulais mettre cela en évidence, il y a un problème qui s’attache à notre histoire.

 

Q : Que faisaient les Hébreux à Babel ?

R : On l’a appris du récit expliqué par le Midrash. Il y a eu la dispersion humaine en nations. A tour de rôle, chaque nation va devenir la figure de prou de la civilisation. On a appris que cette identité hébraïque, comme plus tard sa descendance – l’identité juive – va se situer systématiquement là où la civilisation passe. Le problème des Hébreux à Babel n’est pas plus mystérieux que celui des Juifs en Amérique : la civilisation passe en Amérique et donc les Juifs sont en Amérique. Ils sont aussi ailleurs. Mais tout le monde sait que cela se passe aux USA, surtout les ‘Hassidim. C’est la même question. C’était le tour de Babel d’être la civilisation du temps et les Hébreux sont donc à Babel.

 

Il y a 2 thèmes du temps de הָפֶּלָגָה דּוֹר:

Chapitre 11 c’est quand l’humanité une, la terre, parlait une langue une et des dialectes particuliers. Il y a avait une langue universelle qui a disparu lors de la révolte contre l’unité dans l’histoire de l’humanité. A Babel, la langue une a disparu. Il est resté les dialectes particuliers des différentes familles, alors les hommes qui ne se sont plus compris. Mais le fait de dire qu’il y avait une langue une, c’est désigner de façon concrète un universel humain réel. Aujourd’hui la civilisation est encore à la recherche de la langue une. Ce problème de la langue une a une histoire : les Grecs ont réussi a trouvé le langage universel pour toutes les sciences de la quantité : c’est les mathématiques. C’est le génie grec qui a été capable de trouver le langage des sciences. Ils ont établi que les mathématiques doivent être le langage des sciences. Une science n’est vraiment une science que lorsqu’elle peut s’exprimer en mathématiques. Tous les mathématiciens de l’univers parlent une langue universelle lorsqu’il parle des sciences : la mathématique. 

 

Le problème de la langue une dans le monde de la qualité, de la personne, du problème moral de la liberté, concerne le rôle d’Israël.  

 

C’est pourquoi des Midrashim disent que cette langue une était l’hébreu avec son quotient mathématique que l’on appelle la Guématria.  

 

Le Gaon de Vilna a enseigné : « le jour où le même savant fera un חִדֻשׁ dans la תּוֹרָה et dans les mathématiques, ce sera un signe des temps messianiques » Il était d’ailleurs mathématicien. Il a dû jurer à son père qu’il ne serait pas pharmacien (sinon la demande pour ses remèdes l’aurait empêché d’étudier la תּוֹרָה...).  

 

« Langue une » signifie la présence de l’universel concret. Les poètes ont été à la recherche de cette langue une à travers la poésie. L’école des poètes symbolistes en France a vraiment cherché cela.

 

Cf. en particulier les poèmes de Baudelaire... Les poètes ont l’intuition de cette langue une.

La langue dans laquelle on pense lorsqu’on traduit d’une langue à une autre. Lorsque l’on traduit d’une langue à une autre on pense à travers une autre langue qui fait le trait d’union entre les deux. Cette langue est dans l’inconscient.

 

***

 

Il en a résulté les nations, les גּוֹיִם . C’est-à-dire différentes manières d’être hommes, très spécifiques et selon l’enseignement de la תּוֹרָה, elles sont toutes géniales, chacune possède son génie mais elles sont en rivalité. Les guerres commencent à הָפֶּלָגָה דּוֹר. L’histoire des guerres commencent après Babel. Chacune arrivée pour des raisons économiques, historiques, culturels que les historiens étudient pour ces sociétés considérées arrivées au degré d’évolution telle qu’elles pensent prendre la tête du rêve universel, ou de la réunification de l’humanité et fondent l’empire de sa nation. Le rêve est celui de l’universel mais la réalité bascule dans l’impérialisme. 

Cela éclaire l’échec du cosmopolitisme d’ailleurs.

 

L’universel, cela veut dire que toutes les manières d’être hommes sont en harmonie, chacune à sa place. Alors que l’impérialisme c’est une manière d’être homme qui veut faire l’unité humaine en imposant sa manière d’être homme aux autres. Le rêve de l’universel a toujours été authentique chez les fondateurs d’empires, mais a toujours basculé dans l’impérialisme.  

Un exemple qui nous est familier : c’est l’exemple de l’empire français sortant de la révolution française. Les idéaux de la révolution française sont ceux de l’universel humain mais il en sort quelques années après, l’empire français. L’Empire est sorti de la constituante.

Que signifie « l’empire français » ? C’est l’identité française qui veut s’imposer comme modèle de manière impérialiste à toutes les autres manières d’être hommes pour refaire l’universel humain. Mais il s’agit d’impérialisme. Nous sortons à peine du temps de l’impérialisme français, qui existe toujours sous forme subtile.  

 

Il y a les grand exemples, de la Grèce par exemple, de l’Egypte...etc. Une société qui arrive à un degré d’évolution telle qu’elle prend en charge ce rêve de l’universel humain et cela bascule inévitablement dans l’empire.  

 

Cela a été le cas à Babel : c’est là que la civilisation a éclaté et il y a eu l’empire de Babel voulant s’imposer au monde de l’époque.

 

Où sont les Hébreux ? Les Hébreux sont précisément là où la civilisation passe, là où il y a l’empire. L’histoire universelle est catégorisée par le Midrash à ce niveau et le Maharal en a fait la théorie dans deux de ces livres : Il y a 4 grand empires que l’histoire d’Israël a traversé Babel-Perse-Grèce-Rome.  

- On est sorti de l’empire de Babel avec Abraham

- On est sorti de l’empire de Perse avec Mardokhaï-Ester à Pourim

- On est sorti de l’empire de Grèce avec les Makabim à ‘Hanoukah

- On est sorti de l’empire de Rome avec l’Etat d’Israël contemporain

 

Pendant que l’empire romain s’achève, Israël ressuscite.

Pendant que l’empire grec s’est achevé, c’était Judah Maccabi

Pendant que l’empire perse s’est achevé, c’était Ester et Mardoché

Pendant que la grande civilisation de Babel s’achève, c’est la sortie d’Abraham d’Our-Qasdim et cela se réalise à la sortie d’Egypte avec Moïse.

 

Voir les 4 fêtes :

- Pessah

- Pourim

- Hanoukka

- Yom Haatsmaout

qui correspondent aux 4 sorties des 4 empires.

 

Il y a 4 empires et 4 exils correspondant.  

Où sont les Hébreux ? Les Hébreux sont dans la Babel du temps considéré. Aujourd’hui, Babel c’est une filiale de Rome qui est l’Amérique,  alors c’est là-bas que cela se passe.

La diaspora c’est finalement l’Amérique et le reste. Babel de notre temps cela se passe à Brooklyn.

C’est les rabbins américains qui le disent en clair : nous sommes au service de la civilisation du temps.  

Actuellement, il y a des pourparlers entre le Vatican et Israël. Il s’agit du fait que le Vatican était l’un des derniers états du monde à n’avoir pas reconnu Israël et qu’il veut le faire maintenant malgré le problème théologique énorme que cela pose. Raison du retard.

 

On apprendra dans les temps à venir qui viennent que le Vatican va reconnaitre Israël.  

Il en résulte que la chrétienté à travers le Vatican va devoir trouver une définition du nom Israël qu’elle s’applique. Parce qu’après la reconnaissance de l’Etat d’Israël, il reconnait de fait qu’Israël est Israël. Que signifiera donc ce nom pour les chrétiens ? Il ne peut y avoir 2 Israël ! L’histoire de 2000 ans de chrétienté montre qu’ils ont toujours fonctionné comme cela. L’histoire juive chez les chrétiens a été celle qu’elle a été parce qu’il ne peut y avoir 2 Israël. Ils se sont alors inventés des échappatoires sémantiques des « Juifs étant Israël selon la chair » et des « Chrétiens étant Israël selon l’esprit » : « Verus Israël », et d’autres disaient « le nouvel Israël ». Mais ce sont des échappatoires sémantiques dès qu’existe une société politique qui est Israël.

 

Effectivement, aujourd’hui, le schisme à la fondation du christianisme a d’abord été politique avant d’être religieux. Les premiers chrétiens étaient des Juifs qui se sont appelés judéo-chrétiens qui ont cru que leur Rosh Yeshivah était le messie. Aujourd’hui les חָסִידִים de Loubavitch sont persuadés que leur Rabbi, éminent Rav, est « le roi messie vivant ». L’ensemble du peuple juif a un sourire agacé, amusé, mais n’y croit pas. Mais cela n’empêche pas les חָסִידִים de Loubavitch d’être considérés comme Juifs. Et pourtant ils ont une foi atypique : on les voit jouer au christianisme. Ce sont pourtant des Juifs !  

Le schisme avec les Chrétiens est apparu quand ils ont changé d’identité politique : ils ont pris parti pour Rome contre Jérusalem. Cela a pris trois siècles, Constantin et la suite, vous connaissez l’histoire...

 

En schématisant, il y a eu un temps judéo-chrétiens chez ces חָסִידִים de l’antiquité, et puis finalement c’est les Chrétiens qui n’ont plus rien à voir avec les Juifs. Ne me faite pas dire que les Loubavitch sont comme des Chrétiens en marche... Je crois qu’ils courent...  

Il en résulte en réalité que ce qui s’est passé il y a 2000 ans, ce n’est pas une réalité de 2 Israël avec comme critère de schisme un critère religieux d’abord. C’est une rivalité de deux diasporas d’Israël avec comme critère de schisme un critère politique. La diaspora juive qui est restée fidèle à l’identité hébraïque à travers  toutes les difficultés que vous savez, et la diaspora chrétienne qui a opté pour le véhicule cultuel gréco-romain. Et c’est devenu  le christianisme. Mais c’est une rivalité de deux diasporas d’Israël hébreux. La juive et la chrétienne.  

Il en résulte que si le Vatican reconnait Israël cela veut dire qu’il se reconnait lui comme une  diaspora d’Israël, la diaspora chrétienne, qui est entrée en compétition avec la diaspora juive.  

Prenons le cas de la France : qui est en charge de la nation française pour le message biblique ? L’église de France ou la synagogue de France ? Les chrétiens sont français et les Juifs aussi sont français mais de manière cosmopolite. Ils sont français non parce que nés dans la nation française mais parce qu’ils sont citoyens de l’Etat français et ils finissent par se prendre pour des français...  

 

Il y a une interpellation de la diaspora qui va apparaître. C’est pourquoi les Juifs de diasporas n’ont aucun intérêt que l’église reconnaisse Israël parce qu’il y va y avoir compétition. 

Cette reconnaissance d’Israël par le Vatican est inévitable parce que c’est l’intérêt du Vatican mais pour Israël cela ne possède plus aucun caractère d’urgence.  

Cela se rattache à la question : les Hébreux étaient en charge de la vie spirituelle de Babel.

 

Que faisait Terah le père d’Abraham ? Il fabriquait les idoles d’Our-Qasdim : le marchand d’idoles et le marchand de symboles religieux : les Juifs fabriquent des idéologies intellectuelles et spirituelles pour les גּוֹיִם . Ici, en Israël, les Juifs font des tomates juives et des bananes saintes... C’est différent. C’est un autre sujet sur lequel on reviendra.

 

Q : Israël actuel a difficulté à se dégager de l’exil de Rome ?

R : L’Israël actuel a du mal à se libérer de son origine juive. Il faut avoir le courage de dire les choses comme elles sont. Nous sommes en train de nous dégager du placenta diasporique, galoutique et eux se cherchent encore un place en terre – parce que c’est le judaïsme placentaire. C’est un verset des Prophètes : « Vous êtes venus et vous avez rendus impurs ma terre ». Le commentaire demande avec quoi ? Avec vos cercueils !  

Nous sommes en gésine de la nation hébraïque et il ne faut pas avoir peur des images. Parce que ce sont les images du Midrash. Si on se demande ce que faisaient les Juifs a Babel, il faut se demander tout simplement ce que les juifs font à Sarcelles, Anvers, Strasbourg... ?

 

Q : Midrash sur la Shoah d’Our Qasdim ne parle que d’Abraham ?

R : Non, il mentionne également un Midrash qui parle de Haran fils de Terah père de Lot. Et Abraham est un miraculé de la Shoah, sauvé d’Our-Qasdim. Reprenez la carte d’identité de la famille d’Abraham : Terah a trois fils dont l’un est Nahor qui va rester à ‘Haran : il va rester en גָלוּת  et il va rester araméen. C’est là le passage de l’identité Abram-Abraham.

Guemara :  il y a d’abord l’identité araméenne, c’est l’hébreu de Babel. Et cet hébreu en exil à Babel est Abram Arami, il redevient hébreu et s’appelle Abraham.  

 

Mais pour passer deאַבְרָם  à Abraham c’est tout le récit de nos deux Parashiot, ce sont des épreuves énormes qu’Abraham doit passer. Mérite-t-il déjà de s’appeler Abraham ?

« Quand tu es אַבְרָם tu es stérile... mais c’est à toi que Je fais les promesses, mais dès que tu es Abraham, tout va se réaliser. » C’est ce qui nous arrive : nous arrivons comme « juifs », il faut redevenir « hébreu ». C’est le passage de la citoyenneté israélienne : la municipalité israélienne transforme le juif en hébreu. Israël prend des Juifs et en fait des Hébreux. Ce qui fait du bruit, au dedans et au dehors. Avec tous les ‘Has véShalom possibles et imaginables.

 Un Midrash le dit clairement : Haran frère de Lot est mort à Our-Qasdim, Nahor est resté dans laגָלוּת  d’Our-Qasdim, c’est אַבְרָם qui quitte et qui entreprend ce processus où il redevient Abraham.  

C’est exactement notre carte d’identité sociologique aujourd’hui.  

- Une partie du peuple juif est restée dans les fours crématoires : Haran.

- Une partie du peuple juif est restée enגָלוּת   : Nahor

- Une partie du peuple juif revient en Canaan : Abraham  

 

Il faut voir la suite. La suite de ce qui vient de Nahor c’est une lutte terrible contre Israël.

Nahor c’est l’hébreu de Babel qui décide de rester Aram. Il y a des guerres terribles entre Israël et Aram jusqu’au temps du roi David. Le roi David a été fait prisonnier des Araméens, c’est cette identité hébreux, devenue Aram à Babel et d’où sort Abraham...  

La référence est en fin du 1er chapitre de Brakhot, la Guemara dit en 2 lignes l’histoire sociologique d’Israël actuel : Nous arrivons à אַבְרָם, il faut devenir Abraham. Notre Parashah raconte toutes les épreuves par lesquelles il faut passer pour devenir Abraham. La première est la séparation d’avec Lot.

 

Mais notre question demeure :

Pourquoi faut-il tellement que Dieu insiste dans ces promesses de l’héritage de la terre ?

La réponse du Midrash sur l’ensemble du texte est la suivante : Abraham n’est pas sûr d’avoir suffisamment de mérite pour la mériter. Il ne doute pas un instant qu’il s’agit de sa terre et que Dieu peut la lui donner, mais il n’est pas sûr d’avoir suffisamment de mérite pour être celui auquel Dieu lui confirme cela. C’est une exagération de la vertu qui est une maladie juive.  

Nous avons un livre entier du Maharal là-dessus qui pose la question suivante : Pourquoi Israël a-t-il tellement souffert parce qu’Abraham a demandé à Dieu de lui donner un signe ?

Ce serait le scandale du mythe chrétien du péché originel !    

Abraham a une exagération de la vertu et doute après la confirmation de Dieu. Ce qui aurait conduit à l’exil d’Egypte et tout le reste jusqu’à la fin des temps ? Péché originel ?  

Le Maharal pose la question suivante: si c’est à cause d’une faute d’Abraham que nous avons été exilés, pourquoi l’exil ne commence-il pas avec lui  mais seulement avec Jacob ?

 

Réponse : S’il avait commencé avec Abraham, l’exil aurait concerné Ismaël. Or, la terre n’est promise et confirmée qu’à ceux qui acceptent l’éventualité de l’exil. Ceux qui ont connu l’exil d’Our-Qasdim et auxquels Dieu dit : après l’expérience de l’exil, la délivrance.

La promesse de la terre ne concerne que la descendance d’Abraham qui accepte l’éventualité de l’exil. Si l’exil avait commencé avec Abraham, Ismaël aurait connu l’exil, et donc aurait des droits sur la terre. On est en pleine actualité ! Or, Ismaël n’a jamais connu l’exil. Il a toujours voyagé partout mais en conquérant. Il a connu des défaites, mais jamais l’exil. Sauf ici en Israël. Et les israéliens ont décidé que ce n’était pas normal et qu’il ne fallait plus qu’ils y soient en exil.. 

 

Le Maharal continue : Pourquoi l’exil ne commence-t-il pas avec Yitzhak ?  

Réponse : Sinon l’exil aurait concerné Esaü ! Or, Esaü qui a fondé l’empire chrétien, a voyagé partout mais toujours en conquérant sans jamais être en exil, sauf ici en Israël.

 

C’est le même problème, Ismaël et Ésaü en exil chez Israël, mais ils n’ont jamais connus l’exil et ont toujours voyagé partout en conquérant. C’est pourquoi c’est Jacob qui commence l’exil, car la promesse de la terre ne concerne que la descendance de Jacob et non les autres lignées d’Abraham et d’Isaac qui ne savent pas ce qu’est l’exil. Ils connaissent les voyages mais ce sont des voyages de conquérants.  

Cela nous est dit en clair dans une Mishna de la Hagadah (Reprenez le Maharal sur cette Mishna de la Hagadah). La Mishna rappelle l’histoire d’Abraham : « J’ai pris votre père Abraham de l’autre côté de l’Euphrate, J’ai multiplié sa postérité (Ismaël), et Je lui ai donné Isaac, Jacob et Esaü. J’ai donné à Esaü la montagne de Seïr pour en hériter et Jacob et ses fils sont descendus en Egypte. »

Seule la descendance de Jacob, capable de l’exil, à la promesse de la terre.  

 

Utilisez cela pour ce qu’on a appris la dernière fois : L’humanité entière a trouvé dans la foi d’Abraham le principe du salut. Parce que la condition de créature est une condition d’exil : la créature en exil du Créateur. Toutes créatures, tout Nibra, tout être qui a la condition de créature, a une conscience existentielle de mal être d’être en exil de la source de l’être. Et chaque tradition exprime à sa manière l’exigence du salut de cette condition de créature. Et voilà qu’elle rencontre un peuple dont la condition historique c’est exil-délivrance. Alors, elle diagnostique en lui la preuve que le salut est possible. Voilà pourquoi Pâques joue un tel rôle chez les גּוֹיִם. Parce que Pessah c’est la preuve que l’on peut sortir d’exil. La condition humaine est une condition d’exil. Mais on rencontre dans l’histoire humaine un peuple dont c’est l’identité existentielle. Alors on sait que « le salut vient des Juifs » parce qu’ils sont la preuve que le salut est possible.

 

Rattachons cette enseignement à la Mishna : Qui dans la descendance d’Abraham est porteur de salut ? La descendance de Jacob, fils d’Isaac, fils d’Abraham parce que ce sont eux qui connaissent l’équation exil-délivrance, גֵּאֻלָה -גָלוּת  .

 

Etude de texte :

Dans ce texte la preuve que le לֶך לְךָ devait arriver à אֶרֶץ הַמֹּרִיָּה

Toute la Parashah raconte les péripéties de la séparation d’avec Lot.

Au début, ils font le chemin ensemble. Ensuite, il y a une expérience en Egypte.

Abraham arrive à un certain âge et il a un message à délivrer dans la civilisation extérieure qui était la civilisation égyptienne : « la femme c’est la sœur !».

Il y a deux catégories d’amour, l’amour entre l’époux et l’épouse et l’amour entre le frère et la sœur. Pour le 1er homme par rapport aux espèces animales, apparait l’amour entre époux-épouse, אִשּ - אִשָּׁה, et non plus mâle et femelle seulement. Et puis les patriarches reprennent ce problème au niveau supérieur du couple. Et au-delà de la relation époux-épouse, la relation d’amour frère et sœur. 

 

Il y a un progrès de la moralité au niveau Abram et Saraï. Ils vont devenir Abraham et Sarah après cette épreuve que l’époux et l’épouse vont se reconnaitre comme frère et sœur. Il y a un progrès dans la moralité. On voit corollairement une chute de la moralité de Lot. Lot va rentrer dans l’immoralité sexuelle. Mais cela commence déjà par une mise à l’épreuve au niveau des rapports fondamentaux d’autrui à autrui : les bergers de Lot faisaient paître leurs troupeaux dans des champs qui ne leur appartenaient pas. S’en suit une querelle entre les bergers d’Abraham et ceux de Lot, Abraham intervient et demande à Lot leur séparation.  

Cela signifie que la séparation entre Lot et Abraham a pour principe une épreuve dans l’ordre de la moralité. Plus Abraham monte dans la moralité et plus Lot descend. Lot va devenir le juge de Sodome et Gomorrhe : il est l’homme de la vertu hébraïque dans un lieu complètement impur.

 

On va suivre cette histoire dans la Guemara :

 

1- Abraham est mise à l’épreuve dans son identité pour savoir s’il sera capable de devenir Abraham le principe d’Israël. Il va traverser 10 épreuves que la תּוֹרָה nous raconte dans son histoire, jusqu’à ce qu’on arrive à celle de יִצְחָק עֲקֵדָה où il est confirmé comme Abraham. Le cycle d’Isaac va commencer. Et donc l’identité hébraïque est refondée et le 1er fils d’hébreu va être Isaac.  

 

Le passage d’Abram à Abraham n’est pas facile : il n’est pas évident qu’Abram puisse redevenir ipso facto Abraham. Il faut passer par Assarah Nissionot, les 10 mises à l’épreuve. C’est difficile pour Abram.  

Dans l’expérience contemporaine : il est très difficile pour un juif de redevenir un hébreu.   

 

C’est cette difficulté là, car cela ne va pas de soi qu’un juif cosmopolite devienne membre de la nation hébraïque. Il faut le faire, il faut y passer. Cela se passe à travers une histoire de la société et cela se passe à travers les générations et cela va vite. C’est les petits-fils. Le grand-père était encore du ghetto, et le fils de l’assimilation, le petit-fils est israélien et leurs fils sont gagnants.  

 

Entre temps on y laisse des plumes, on nous a parlé de tous les déchets, de toutes les scories, qui empêchent cette réémergence de l’identité hébraïque.  

 

2- Dans cette histoire d’Abraham, notre question initiale, pourquoi Dieu s’entête-t-il à réhébraïser Abraham sur sa terre ? C’est pour lui enlever ses doutes sur son propre mérite. C’est le complexe du juif revenu de l’exil : le doute d’être. Après avoir joué à être un autre, suis-je toujours moi-même ?

 

On le verra surtout dans une ultime épreuve de Jacob. Lorsque Jacob revient en fin de compte et affronte Esaü : à qui appartient la terre אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל ? Jacob démontre qu’il ne s’est que considéré comme métèque en exil et cela lui donne droit à la terre. Il n’y a que les Juifs qui se sont débarrassés de ce complexe cosmopolite qui sont sûrs que cette terre est à eux. C’est pourquoi il est nécessaire de leur confirmer. Quand on n’est pas sûr, on n’est pas sûr. Pour être sur la terre, il faut être sûr de la terre.

 

Une curiosité de la Parashah :

Verset de Dieu à Abraham [Gn.12:3] :

וְנִבְרְכוּ בְךָ כֹּל מִשְׁפְּחֹת הָאֲדָמָה. « Et se béniront en toi toutes les familles de la terre ».  

 

A l’occasion de Rosh Hashana 5764-1994 j’ai reçu la carte suivante :

« Frères juifs nous vous souhaitons une bonne année, « en toi seront bénis toutes les nations de la terre » Genèse 12:3, signés les Chrétiens d’Ile de France.   

 

 

 

 

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