L’OEUVRE DE LA CRÉATION
LES ENGENDREMENTS
JUIFS OU HÉBREUX
ISRAËL ET LES NATIONS
MESSIANISME
THÈMES FONDAMENTAUX

LEKH LEKHA - SÉRIE 1992

Le cours

 

(1992)   לֶך לְךָ

 Je voudrais me référer en première partie à l’étude que nous avons eue la semaine dernière, et en deuxième partie nous étudierons dans le début de la Parashah de לֶך לְךָ un problème en controverse chez les commentateurs: Il s’agit de comprendre la portée et l’objectif de la première révélation que Abraham a reçue : se trouvait-il encore à Our-Qasdim ou était-il déjà à Haran ?

Je reprendrai dans la deuxième partie du cours ces éléments.

 

J’aborde de suite le premier thème :

La semaine dernière nous avons étudié la période de temps depuis le déluge jusqu’à la naissance d’Abraham. Il y a 10 générations depuis la naissance de l’humanité qui sont la 1ère partie de la 1ère tentative de la civilisation humaine, depuis le 1er homme jusqu’à Abraham et qui a duré à peu près 2000 ans. Il y a 1948 ans de הָרִאשׁוֹן אָדָם jusqu’à la naissance d’Abraham. Coïncidence avec la date (dans le calendrier goï) de la proclamation de l’état d’Israël.

Il y a à peu près 2000 ans que suivant la définition qui nous est donnée par la תּוֹרָה שֶׁבְּעַל פֶּה, cette 1ère partie de l’histoire de l’humanité qui en principe est dans un cadre de 6000 ans puis le 7ème, c’est 2000 ans de chaos. Et ensuite 2000 ans de תּוֹרָה, 2000 ans de révélation qui vont de Abraham jusqu’à Ezra, depuis le commencement de la résurgence de l’identité hébraïque jusqu’à la fondation du judaïsme à la fin de la prophétie.  

 

Il y a un cadre historique de l’histoire de l’humanité dans l’appellation « עוֹלָם הז», pas tellement dans l’appellation Pshat de « ce Monde-Ci », mais le monde de הָרִאשׁוֹן אָדָם qui est appelé «הז הָאֲדָמ ». עוֹלָם הבא c’est « le Monde-à-venir » de l’homme à venir qui est en train d’être engendré à travers l’histoire de ce monde-ci.

 

Le Talmud nous donne un cadre de 6000 ans – on peut maintenant en parler puisqu’on est près de la fin des 6000 ans -  divisés en 3 groupe de temps (Sanhédrin 97a)

 

-   2000 ans תֹהוּ: à travers les différentes strates de signification du chaos, dans tous les sens du terme, il s’agit du chaos de la conscience morale : il a fallu 2000 pour que se reconstruise la conscience morale qui va  commencer à émerger avec Abraham. Cela s’appelle les 2000 ans de l’effort du דֶּרֶךְ אֶרֶץ qui a précédé la תּוֹרָה. Le דֶּרֶךְ אֶרֶץ c’est un terme qui a plusieurs significations. Pour ce sujet là ici nous retiendrons celui d’accès à la conscience morale. Selon le Pri Tsadik, c’est l’expression « אֱלֹהִים יִרְאָת» qui est le דֶּרֶךְ אֶרֶץ. On peut traduire « civilisation », « culture », mais c’est surtout la moralité, la conscience morale préalable indispensable de l’accès à la sainteté.

 

-   Ensuite pendant 2000 ans תּוֹרָה : la révélation du projet de sainteté qui commence avec les premiers Patriarches hébreux et s’achève au temps de la fin de la prophétie au temps de Ezra et Néhémie, la fondation du judaïsme comme héritier de l’hébraïsme. (L’hébraïsme c’est le temps des Prophètes).

 

-   Et ensuite, les troisièmes 2000 ans : הָמַשִיחַ יְמוֹת. Les 2000 ans où auraient pu débuter les temps messianiques. C’est un thème plein de problèmes, en particulier par le fait que le christianisme y fait débuter le temps prétendu du messianisme. Dès la destruction du Temple et la fin de la prophétie et le commencement de la grande dispersion, la restauration de la nation hébraïque aurait pu être obtenue, et les temps messianiques auraient pu commencer. Et puis finalement, je vous cite là le Maharal, « Rov rav zman » : plus le temps passe et plus il faut se résigner que la fin sera à la fin des 2000 ans.

 

Effectivement, c’est à la fin des 2000 ans des הָמַשִיחַ יְמוֹת que le rassemblement des exilés a commencé avec le sionisme et l’Etat d’Israël. Il y a une convergence dans cette indication de la Guemara : 6000 ans + le 7ème millénaire.

 

Rien à voir avec le millénarisme, c’est tout á fait autre chose.

C’est sur le plan de la semaine hébraïque 6 jours plus le 7ème, et le plan de l’œuvre du commencement, le בְּרֵאשִׁית מַעֲשֵׂה, 6 jours + le 7ème

C’est un plan qui revient très souvent dans la structure du temps hébraïque et biblique. Et nous sommes à la fin du 6ème millénaire, à la veille de Shabbat.

 

L’Erev Shabbat a commencé 272 ans avant le 7ème millénaire, valeur numérique de  עֵרֶב .

C’est une indication du Zohar qui reprend des versets : 6000 - 272 = 5728. Si cette date ne vous dit rien, je n’ai rien à vous dire !  (מלחמת ששת הימים – la guerre des 6 jours)     

 

Ceci dit, je reviens au sujet, il y a une question sous-jacente à cette analyse : s’il y a une programmation aussi datée où est le fondement de la liberté ? Cela peut sembler contradictoire avec un des principes essentiels du judaïsme : qu’il y a liberté. Et par conséquent, pourquoi y aurait-il des temps fixés ?

 

Le Rav Kook nous l’a expliqué au moment de la guerre des 6 jours. Cette date de la veille de l’année 5728 qui s’appelle chez les Kabbalistes Shnat me’harefet.

Je vous le signale en passant pour vous dire que ces références existent. On ne va pas les étudier. Les plus surpris ont été ceux qui savaient, parce que ceux qui ne savaient pas ont vécu l’événement dans toutes les surprises de l’événement, mais pas dans cette surprise maximale que la date était connue par la tradition !    

 

C’est d’ailleurs moi qui ai posé la question au Rav Kook au moment de la guerre des 6 jours : si cela arrive à une date prévue où est la liberté ?

Je me souviens de la réponse du Rav avec son sourire caractéristique lorsqu’il parlait de ces choses profondes: si tu sais qu’une femme est enceinte, tu dis d’abord « Mazel tov ! » et après si tout se passe bien tu sais que dans 9 mois elle a un enfant. Es-tu prophète ?  

Il y a donc une programmation, un conditionnement des structures du temps de l’histoire de l’humanité, et lorsque on se laisse aller au fonctionnement de ces structures, alors elles jouent à plein. On n’a pas mérité avant la date inéluctable après laquelle il n’y aurait plus d’espérance, alors c’est arrivé le 9ème mois !    

 

Le fait d’attente, d’espérance, תקווה, d’un enfant qui survient après 9 mois, ne supprime pas la liberté. Il fallait aussi le faire cet enfant. La liberté n’est pas mise en cause. Il fallait aussi le faire cet enfant et qu’il arrive viable.  

 

Cela se relie à une expression de la Guemara et du Midrash et du Zohar pour désigner le מַשִיחַ: on l’appelle chez les rabbins, Bar Nafli terme araméen qui signifie « le fils des fœtus avortés » (נֶפֶל terme hébreu pour « mort-né »). Cela veut dire qu’il y a eu des occasions qui ont été avortées : des temps possibles où l’on n’a pas obtenu car on a démérité. Ces temps ont été dévoilés de temps en temps par les maîtres de la tradition. Ils auraient été des occurrences possibles de date pour que le messie apparaisse... Effectivement, il y a avait des occurrences objectives qui faisaient que cela aurait pu être le temps du rassemblement des exilés et de la restauration de la nation hébraïque du dedans du peuple juif, et cela a échoué.

 

Par exemple, au moment de l’inquisition. Si au temps de l’inquisition, les Juifs espagnols avaient acheté אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל au lieu d’acheter Amsterdam en Hollande et le Sud de l’Angleterre, alors peut-être que cela se serait passé autrement. Très peu de Juifs espagnols sont allés en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל, car ils ont préféré aller fonder New-York qui s’appelait d’abord la New-Amsterdam : ce sont des Sefardim d’Amsterdam descendants des exilés d’Espagne qui ont fondé New-York. Et tout cela on le paie, avec garantie... Je referme la parenthèse.

 

***

 

La Parashah de Noah nous parle de ces 2000 ans deתֹהוּ   à travers lesquels il y a eu un effort de l’identité humaine d’accéder à la conscience morale qui s’est détruite dans les premières générations de l’humanité : les 7 générations de sursis données à la faute des premiers hommes.  

On est familier avec la notion de la faute du premier homme, mais il y a la faute du 1er homme et du 2nd du 3ème … jusqu’au 7ème. Je ne veux pas ouvrir de parenthèse mais c’est un sujet à étudier, on est en général polarisé sur la notion de la faute du 1er homme.  Il faudrait dire la faute des premiers hommes. Et la faute du 2ème homme est beaucoup plus grave encore que celle du 1er : la faute de la révolte contre Dieu - לָּמָקוֹם אָדָם בֵּין - qui a trouvé son principe de rédemption au temps des Patriarches et sa rédemption avec le roi David. Le roi David a été le 1er roi d’une société humaine qui a restauré la souveraineté divine dans sa royauté sur terre.  

 

Par conséquent, vous comprenez ce Midrash qui dit que הָרִאשׁוֹן אָדָם a donné 70 ans de sa vie au roi David. Lorsque Dieu a révélé la chaine des générations à הָרִאשׁוֹן אָדָם, il a vu qu’il y a avait un roi d’Israël qui n’avait pas de temps pour vivre et alors il lui a donné 70 de sa vie. J’ouvre un peu ce Midrash : dans le récit de l’histoire de הָרִאשׁוֹן אָדָם le verset (Gn. 2:17) dit :

מוֹת תָּמוּת כִּי בְּיוֹם אֲכָלְךָ מִמֶּנּוּ  « le jour où tu en mangeras mourir, tu mourras ».

 

Le Midrash précise que le jour divin est de 1000 ans :

כִּי אֶלֶף שָׁנִים בְּעֵינֶיךָ  כְּיוֹם אֶתְמוֹל כִּי יַעֲבֹר

C’est un verset des Psaumes (Ps. 90:4). Et pourtant on voit qu’Adam a vécu 930 ans ! Où sont passées les 70 ans manquants ?

 

Il y a 2 Midrashim :

 

  • L’un dit qu’ils ont été distribués aux Patriarches et au roi David

 

  • L’autre dit que les 70 ans ont été donnés au roi David.  

 

C’est dire que c’est dans le roi David que l’identité du 1er  homme a réalisé la rédemption de sa faute. Je l’ai dit en français mais je vous dis à quel verset cela se réfère :

 

C’est un verset des Psaumes du roi David (Ps. 3:3):

רַבִּים אֹמְרִים לְנַפְשִׁי אֵין יְשׁוּעָתָה לּוֹ בֵאלֹהִים סֶלָה.

David se plaint en disant : « Beaucoup disent à propos de ma personne, elle n’aura pas de salut »

 

רַבִּים אֹמְרִים לְנַפְשִׁי :

Et son נֶפֶשׁ est celui de הָרִאשׁוֹן אָדָם

 

אֵין יְשׁוּעָתָה לּוֹ :

 Et le נֶפֶשׁ de הָרִאשׁוֹן אָדָם ne pas être sauvé par David

 

Effectivement, le roi David a établi le principe de rédemption - תִּקּוּן - de la faute du 1er homme. A l’échelle collective, la faute du 1er homme a déjà trouvé sa rédemption. C’est un des grands différents que nous avons avec le christianisme.

A l’échelle individuelle, il peut arriver  que des individus de l’histoire de l’humanité refasse cette faute de la révolte contre Dieu, mais à l’échelle collective elle a déjà été expiée, elle a déjà eu son תִּקּוּן, sinon vraiment sa כַּפָּרָה.

 

Nous sommes actuellement occupés à la rédemption de la faute du 2ème homme qui est

לָּחֲבֵרָוֹ אָדָם בֵּין: la faute du frère contre son frère : le meurtre d’Abel par Caïn.

 

Le christianisme prétend que le judaïsme est dans la préhistoire mais il révèle par là qu’il est encore obsédé par la faute du 1er homme bien que le slogan officiel soit « tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Toute la religiosité et la piété chrétienne est focalisée sur la faute du 1er homme. Lire  saint Paul à ce sujet.  

 

Alors que dans l’ordre du judaïsme, c’est vraiment « בַּתּוֹרָה גָּדֹל כְּלָל  זֶּה וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ  » : il peut arriver qu’à l’échelle individuelle on refasse la faute du 1er homme, mais Israël a déjà donné à l’humanité le תִּקּוּן de cette faute. Ce qu’il faut réussir c’est le תִּקּוּן de la faute de Caïn. Et c’est pourquoi nous attendons le fils du Roi David, le Ben David. David a été le מַשִיחַ de la faute « לָּמָקוֹם אָדָם בֵּין ». Nous attendons le Ben David qui va être le מַשִיחַ de la faute « לָּחֲבֵרָוֹ אָדָם בֵּין ». Le Ben David premier fils de David s’appelle précisément שְׁלֹמֹה -Salomon.

 

Dans la lignée messianique, le nom du fils de David, c’est שְׁלֹמֹה, l’homme de la paix.

Il y a eu des étapes qui ont préparé le temps du Roi Salomon, en particulier Joseph, mais on étudie cela d’autre part. Le Midrash et la Guemara enseignent que depuis le commencement de l’histoire de l’humanité il y a toujours eu la guerre. Sauf au temps du règne du roi Salomon. Il y a un moment de temps messianique au temps du « fils de David ».

 

***

 

Babel :

Il y a un moment particulier, que nous avons étudié la semaine dernière, lorsque l’humanité qui était une à partir du recommencement de l’histoire humaine après le déluge, à partir de la famille de Noé, l’humanité qui était une, l’indice de l’universel que donne la תּוֹרָה c’est que l’humanité parlait la même langue et avaient les langages particulières des nations. Il y a eu la révolte contre l’unité divine, la langue une a disparu et sont restées les dialectes particuliers, ce qu’on appelle la confusion des langues. Et donc l’humanité est entrée dans la diaspora humaine.

 

J’en profite pour reprendre cette notion de « diaspora » : selon l’enseignement de la תּוֹרָה, ce sont les גּוֹיִם, l’humanité entière, qui sont en diaspora de l’éclatement de l’unité humaine. C’est le sens grec du mot « diaspora ». La diaspora d’Israël est une diaspora seconde quand le peuple un d’Israël est en dehors de sa terre (« בַּאָרֶץ אֶחָד גוֹי » – petit חִדֻשׁ entendu du Rav Kook : cela signifie que Israël n’est un peuple un que sur sa terre). La diaspora d’Israël est une diaspora seconde qui vient se greffer sur la diaspora humaine en vue de l’unification de l’unité de l’homme.

 

La preuve ? Les Juifs !

Les Juifs sont des Hébreux dispersés dans la dispersion humaine. On a les judéo-quelque chose d’autre de l’humanité entière... Nous sommes dans le cas des judéo-français avec ses 70 tribus i.e. les différences judéo-alsacien ou parisien ... etc. Tout cela c’est le judéo-français. C’est une tribu qui a ses 70 tribus. Mais il y a aussi les judéo-germaniques, les judéo-arabes...etc.  

Ce peuple d’Israël, à certaines occurrences de son histoire, en relation avec l’histoire universelle, éclate, se diasporise, et va se fixer sur la diaspora humaine.

 

Je cite souvent à ce propos une image de Judah Halévi qui compare le peuple Israël au cœur. Et par conséquent il y a deux souffrances, la souffrance du cœur et celle du membre.

Je vais utiliser cette image de Judah Halévi de la manière suivante : Israël fonctionne comme le cœur  de l’humanité, le cœur envoie le sang aux organes et puis ramène le sang au cœur, et le purifie et le renvoie aux organes... il y a si vous voulez une circulation d’âme qui se produit entre Israël et l’humanité. Comme la diastole, la systole, l’aller vers les nations et le retour vers Israël, c’est diaspora et sionisme... et sinon, si cela ne fonctionne pas, l’humanité a mal au cœur... Cela veut dire qu’elle a mal à ses Juifs. Il faut que cela fonctionne.

On ressent cela en diaspora qu’il y a une sorte d’asphyxie spirituelle, cela ne fonctionne pas, parce que l’Agence Juive ne fait pas son travail grosso-modo...  

 

La תּוֹרָה décrit bien cela comme la פֶּלָגָה: la génération de la diaspora humaine : הָפֶּלָגָה דּוֹר. L’unité humaine a éclaté, et le résultat de cet éclatement sont les גּוֹיִם.  

 

Retenez que jusqu’à Abraham, dans la Parashah de cette semaine, il n’y a pas trace d’un projet d’Israël. L’unité humaine a éclaté en 70 nations de base et parmi ces 70 nations de base, il n’y a pas Israël.

 

Nous allons voir que l’identité hébraïque va resurgir avec Abraham et c’est à partir d’Abraham qu’une sélection d’identité chez les Hébreux de l’exil de Babel va se faire. D’abord dans l’exil : une partie des Hébreux de l’exil vont rester dans l’exil, c’est celle des Araméens. Une partie va revenir avec Abraham, Lot son neveu qui accompagne Abraham qui va fonder deux peuplades rivales d’Israël: Amon et Moab. D’Abraham  avec Agar l’égyptienne va apparaître Ismaël. D’Isaac avec Rebecca va sortir Esaü.  

Et toutes ces lignées issues à l’origine de la même famille qu’Abraham vont finalement se séparer et s’instaurer en rivaux d’Israël. Il y a les 70 nations, et il y a la famille d’Abraham comme source de lignées rivales d’Israël, entre les nations et Israël.

 

On est surtout familier avec Ismaël et Esaü. A l’islam et la chrétienté. Il y a les 70 nations, les musulmans d’un côté, les chrétiens de l’autres et Israël au milieu. C’est ainsi que fonctionne l’ONU: l’Arabie Saoudite, Rome et Israël... Tout tourne autour de cette recherche d’identité. Tout le monde le sait. Il n’y a que les Juifs qui ne s’en rendent pas compte. Je crois que c’est parce que nous sommes conditionnés pour ne pas nous en rendre compte.  

On est étonné devant cet entêtement des Juifs depuis 4000 ans que cela dure : tout recommence et cela continue... Et on n’arrive pas à tirer les leçons de l’histoire qui marche malgré nous.

 

Les non-Juifs perçoivent clairement cette spécificité d’Israël. Les Juifs ne s’en aperçoivent pas sinon de manière hypertrophiée, grandiloquente. Comment comprendre que nous soyons tellement conditionnés à ne pas voir un événement si massif ? Il y a des milliards de consciences et ce tout petit peuple et tout petit pays qui focalise une obsession de milliards de consciences à travers des milliers d’années ! Comment comprendre que les Juifs soient aveugles? Cette difficulté à comprendre, cette sorte d’aveuglement du peuple juif d’autant plus significatif que le discours officiel dit le contraire. C’est le discours grandiloquent : « מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים וְגוֹי קָדוֹשׁ» qui ne trouve aucune réalité. Par exemple, dans le cas de la France : ce sont les curés qui s’occupent d’éduquer les consciences et non pas les rabbins !

 

Réponse : c’est pour nous protéger du vertige ! Si on avait la conscience lucide de ce qu’est en réalité Israël, cela donnerait le vertige avec le risque de folie : se prendre pour le bon Dieu ! C’est arrivé à un certain nombre de Juifs dont l’un célèbre a un milliard d’adeptes ! La maladie qui guette les Juifs c’est de se prendre pour le Christ donc pour Dieu. Dieu nous a dit : « Tu es mon fils ! ». Et l’un déclare : « je suis son fils ! ».  

Ce qui sauve Israël c’est son humour. Sans humour il deviendrait fou.

 

Dieu s’adresse à une collectivité entière, le peuple d’Israël. Lorsqu’un individu prétend incarner le peuple, il arrive le phénomène du vertige. C’est ce qui se produit avec tous risques des faux messianismes où les adeptes prennent le guide spirituel pour l’incarnation de la collectivité. C’est une maladie mentale que j’ai étudié avec le Pr. Barukh : lorsqu’un individu cumule sur lui les caractères d’une collectivité. Cela s’appelle le mythe. Il y a un support au mythe, mais le mythe reste un mythe. Et nous sommes « anti ce mythe »...

 

Je vais vous donner un certain nombre d’exemples comment les Rabbins disent la même chose que les énormités que disent les curés et vous verrez la différence.

Par exemple, Judah Halévi parle de l’identité divine d’Israël: le « הַאֱלֹהִי עִנְיַן ».

Dieu a confié un projet divin à l’identité d’Israël, mais cela concerne la collectivité. Cela ne peut pas concerner un seul individu, quelque soit sa valeur en tant qu’individu. De là, le basculement dans l’idolâtrie et le paganisme. Ce sont les dangers de la mystique qui échoue.

 

Les maîtres des kabbalistes sont les seuls maîtres de la vérité absolue qui ne sont pas tombés dans les dangers de la mystique. Le christianisme est « mystique » dans ce sens-là. La mystique est une sorte d’effacement de la frontière entre le divin et l’humain. L’expérience mystique est une expérience de consubstantialité entre l’homme et Dieu.

Il y a des kabbalistes mystiques, mais ils ne parlent jamais de leurs expériences.

Les historiens par ouï-dire savent citer des noms : par exemple Aboulafia. Mais personne ne sait comment cela se passait l’expérience mystique d’Aboulafia !

Et Aboulafia jeûnait le jour de Kippour et non pas à Mardi Gras !

 

« הַאֱלֹהִי עִנְיַן » : Ce terme de divin a un tout autre sens chez le Juif. Lorsqu’un chrétien dit de Jésus qu’il est divin, il veut dire que sa substance participe de celle de Dieu. Lorsque Judah Halévi dit d’Israël qu’il est le הַאֱלֹהִי עִנְיַן c’est au niveau créature. La créature telle que l’œuvre divine a voulu qu’elle soit. C’est une œuvre divine parce que œuvre voulue par Dieu et non parce qu’elle est œuvre d’essence divine.   

 

Exemple :

Les chrétiens disent à leur manière que les Juifs tuent Dieu. Déicide qu’ils classent parmi les « mystères ». Un pasteur protestant, le Pasteur Dubois, dans une conférence, expliquait que les Juifs ne sont pas déicide mais que les Juifs tuent l’idée de Dieu : le mystère des Juifs déicides devient philosophie et intelligible intellectuellement, et ce n’est plus barbare ni honteux mais cela est d’autant plus dangereux, car ce n’est pas faux ! Il y a un nombre colossal de Juifs qui passent leur temps à essayer de tuer l’idée de Dieu dans la civilisation occidentale. Le chrétien a tendance mystiquement à se relier aux Juifs comme à une présence théophore - porteur de Dieu. Le gentil non-juif s’approche du Juif mystérieusement pour entendre quelque chose de Dieu et il a affaire à un intellectuel juif athée ! Imaginer la fureur du גוֹי frustré ! La frustration absolue ! Mais je crois très profondément que tant qu’un juif est juif, sa manière d’être athée est profondément religieuse.

Cela n’a rien à voir avec l’athéisme.

 

Q : « grâce à Dieu je suis athée » !

R : je vais vous dire comment j’ai l’habitude de le formuler :

Un גוֹי ne croit pas que Dieu existe, néqoudah !

Un juif croit que Dieu n’existe pas. C’est très différent.

 

Une de mes interventions dans un colloque de la chrétienté fut de préciser que les chrétiens ne croient pas tellement que Dieu s’est fait homme pour sauver l’humanité, mais en réalité croient que Dieu s’est fait juif pour sauver l’humanité. C’est tellement énorme que les Juifs ne se rendent pas compte de ce dont il s’agit. Il y a un phénomène historique d’une massivité colossale, la Bible qui dit cela d’Israël ! Mais à l’échelle collective, et non pas individuelle ! Lorsque l’individu se met à la place de la collectivité c’est le mythe...  

 

Il y a eu un séminaire du centre Rashi sur la différence entre le mythe et le Midrash.

De nombreux universitaires, croyants et pratiquants, manient le Midrash comme si c’était des mythes.

 

Une des grandes différences : lorsque le mythe parle d’un personnage d’exception, il accumule sur une figure devenu mythique à force de contamination littéraire, tous les éléments qui caractérisent une collectivité. Dans les Evangiles, les textes racontent précisément à propos de Jésus tout ce qui est arrivé à tous les personnages de l’histoire d’Israël. La littérature appelle cela « une contamination littéraire » l’accumulation dans une sorte de figuration symbolique qui remplace Israël.  

 

En milieu juif, c’est contre ce danger-là que le sionisme nous a immunisés, car le sionisme parle en clair d’Israël comme nation et peuple. C’est la nation qui prime.

Dieu ne parle pas à l’individu. Le Dieu d’Abraham d’Isaac et de Jacob c’est ceux qui ont fondé la nation mais nous ne parlons jamais du Dieu de Moïse. Ce serait blasphématoire de parler ainsi (comme le font toutes les autres religions) dans le judaïsme. Moïse est le maître. 

Dieu est créateur du monde et non créateur de religion. C’est le créateur des mondes qui en fin de compte fait exister une manière d’être créature - l’identité hébraïque - qui va traverser l’histoire du monde.

 

C’est de cela que je dois vous parler ce soir à propos de notre thème.

 

Je termine cet exemple pour dire à quel point il faut être extrêmement prudent lorsqu’on manie ces discours grandiloquents et éviter de ramener le phénomène de nation d’Israël à un phénomène de sectes, ou d’Eglises même si elles s’appellent synagogues, à un phénomène de partis même si c’est un parti religieux…

 

Pour revenir au sujet: Les Chrétiens ont parlé de déicide tout en sachant qu’il s’agit d’une énormité qu’ils aménagent. C’est dangereux parce qu’effectivement, il y a ces grands intellectuels juifs dont le seul souci est de tuer l’idée de Dieu.  

Nous, les Juifs, disons finalement la même chose sous une autre forme que cette notion de déicide qui est barbare, païenne. C’est la religion du cannibalisme : pendant la messe, manger les Juifs et boire le sang des Juifs. Il est possible que leurs maîtres leur aient donné ce rite pour évacuer la haine des Juifs. C’est symboliquement ce qui se passe. Cela ne les a pas empêché de faire des pogroms, mais ils auraient sans doute fait pire sans.  

 

Nous les Juifs disons la même chose dans un tout autre langage. Nous disons que lorsqu’Israël est en exil, la שְׁכִינָה - la Présence de Dieu est en exil. On ne se rend jamais compte de la portée d’une telle affirmation. On ajoute de suite : « pour protéger Israël dans l’exil » mais on oublie tout de suite qu’Elle est en exil ! Imaginez cette notion de l’exil de la שְׁכִינָה ! Qu’est-ce qu’une שְׁכִינָה en situation d’exil ? Il y a une espèce d’aveuglement sur l’épouvantable notion qui est véhiculée là. Les rabbins qui l’ont formulé ne pensaient pas du tout à dire : « grâce à Dieu elle est en exil pour nous protéger ! » Ils tentaient de formuler l’idée du drame d’un monde où la Présence de Dieu est en exil. Pourquoi ? Parce que les Juifs sont en exil ! Parce qu’Israël est en exil alors la שְׁכִינָה est en exil de son monde.

 

Et vous remarquerez quand les Chrétiens abandonnent cette accusation de déicide : c’est lorsque les Juifs reviennent à Jérusalem au bout de 2000 ans. D’où les Vatican II...etc. pour corriger ces choses-là. Ceci indique que les 2 événements sont liés. La שְׁכִינָה rentre chez elle... Il y a une présence de שְׁכִינָה en Israël au prorata du nombre de Juifs en Israël. Vous voyez l’importance de l’Agence juive !   

Pour revenir au sujet, j’ai trop parlé mais c’était simplement pour dire qu’il y a un cas particulier qui apparait dans cette diaspora humaine, le cas particulier de la nation des Hébreux.  

 

***

Tour de Babel :

Je voudrais répondre à une question qui m’a été posée à la fin du cours :

La motivation de la tour de Babel  telle qu’elle est donnée par la תּוֹרָה c’est [Gn.11:4] :

שֵׁם לָּנוּ וְנַעֲשֶׂה   « Faisons-nous pour nous un nom »  

 

Le Pshat de la lecture habituelle c’est de dire – nous allons faire une tour pour que notre souvenir soit historiquement impérissable. Nous nous ferons un שֵׁם, nous nous ferons une réputation, nous nous ferons un nom… Mais le sens un peu plus profond, c’est qu’il s’agit de la faute du 1er homme à l’échelle de l’universel humain. La faute du 1er homme, c’est de vouloir substituer sa volonté à la volonté de Dieu.  

Lorsque Dieu empêche le 1er homme de prendre de l’arbre de vie après qu’il ait pris de l’arbre de la connaissance du bien et mal mélangés.

On m’avait posé la question : Pourquoi Dieu a empêché le 1er homme de prendre du fruit de l’arbre de vie ? Rashi répond en citant un Midrash : Il est atteint et intoxiqué par ce mélange de bien et mal en lui, et alors s’il prend du fruit de l’arbre de vie, il risque de rester pour l’éternité dans l’état où il est. Pour le sauver, il faut qu’il puisse mourir et réinstaurer sa vie à travers « l’électrochoc » de la mort. Il y a des intoxications qui ne peuvent être guéries que par l’expérience de la mort. Il y a des expériences d’échecs qui ont des cicatrices indélébiles, et il faut être déjà dans le Monde-à-venir pour pouvoir s’en débarrasser.

 

Au niveau de la Halakha :

La Halakha prévoit qu’un ustensile devenu impur puisse redevenir pur. Mais il y a un certain nombre de matières d’ustensiles que l’on ne peut pas purifier : il faut briser et reconstituer l’ustensile. C’est la même chose à partir du moment où l’identité humaine est atteinte par ce poison du mélange du bien et mal.  

 

La difficulté du problème moral, n’est pas tellement d’avoir à choisir entre le bien et le mal car toute conscience de bonne santé mentale et morale, sait d’instinct où est le bien et où est le mal et préfère vivre que mourir. Maïmonide l’a beaucoup expliqué dans les Shmoneh Prakim: il faut d’abord retrouver la bonne santé morale, pour être apte à la loi - l’obligation de préférer le bien au mal. Ce qui est instinctif pour toute personne en bonne santé morale, ou bonne santé tout court, qui préfère vivre que mourir.  La difficulté réside dans le fait d’être confronté à un monde où le bien se fait prendre pour le mal, et le mal se fait prendre pour le bien, parce que le bien et le mal sont mélangés, et parce qu’on ne sait pas les diagnostiquer. C’est cela la difficulté de la conscience morale. Le vrai problème moral est celui des cas de conscience : lorsqu’il y a conflit des devoirs, et non pas lorsqu’il y a conflit entre un devoir et une jouissance.  

 

Ce poison-là, cette intoxication-là, zoamat hana’hash - l’impureté du נָּחָשׁ, pour pouvoir s’en guérir, il faut le choc, l’électrochoc si j’ose dire, de la mort.  

C’est ce que dit le Midrash : Au Sinaï la révélation de la présence de Dieu a transformé tous le peuple qui étaient là et l’a guéri de cette impureté du serpent. Leur âme a quitté leur corps pour revenir ensuite, et entretemps le corps a été purifié de cette impureté. Il y a eu une régénérescence totale.  

 

Il y a une notion un peu analogue dans la pensée chrétienne : la renaissance. C’est-à-dire mourir : l’homme ancien qui meurt et renait en l’homme nouveau. Beaucoup d’évêques choisissaient le prénom René – Renatus : Celui qui a vécu l’expérience d’avoir tué l’homme ancien en lui et d’être re-né en l’homme nouveau. C’est la même idée symbolisée par la pensée chrétienne. A notre vue c’est symbolique, c’est magique, c’est pneumatique, c’est spirituel, c’est un souhait qui se prend pour une réalité. Mais c’est la même idée. D’ailleurs d’une façon générale, le christianisme a symbolisé énormément beaucoup de données d’origine juive, mais symbolisées, comme une sorte de maquette de ce dont il est parlé dans les notions hébraïques.

 

Je referme la parenthèse. Vous voyez à quel point les Juifs dans leur spiritualité propre disent la même chose. Mais sans s’en rendre compte bien entendu. Allez dire à un rabbin qui parle de la protection de la שְׁכִינָה dans l’exil de Brooklyn qu’il est en train d’être déicide…

Vous avez compris le processus.  

 

***

 

וְנַעֲשֶׂה לָּנוּ שֵׁם

Cette prétention de l’humanité à Babel était de substituer la souveraineté humaine à la souveraineté divine. וְנַעֲשֶׂה לָּנוּ שֵׁם : nous allons nous faire le nom. Ce ne sera plus la prérogative du Créateur mais ce sera la nôtre ! Je crois que la notion philosophique qui y correspond est l’humanisme. L’humanisme en tant que projet prométhéen de mettre l’homme à la place de Dieu. L’humanisme a été la faute du 1er homme et celle de Babel à l’échelle universelle.

Pour être plus complet : Il y a dans le judaïsme un projet humaniste. C’est-à-dire que le critère de la valeur suprême, c’est la dignité de l’homme parce que c’est la volonté de Dieu que l’homme soit le centre de la réalité. Mais dans l’humanisme philosophique c’est tout à fait autre chose. C’est l’homme qui se met à la place de Dieu. La manière dont la תּוֹרָה magnifie l’homme est un humanisme absolu mais par volonté de Dieu. C’est Dieu qui a voulu que l’homme soit la valeur suprême. Alors que l’humanisme de la faute du 1er homme ou de la faute de Babel, c’est l’homme à la place de Dieu. (Cela a été le drame de Nietzsche).

 

Depuis le temps de Babel, retenez le verset 1 du chapitre 11, il y a avait à la fois la langue une et les langues particulières des nations. La langue une a été occultée. Révolte contre l’unité dans tous les domaines. Ne sont restées que les langues particulières des nations qui ne se sont plus comprises. Ce n’est pas la lecture habituelle de la pensée magique de la confusion subite des hommes entre eux, chaque nation s’étant mise á parler une langue différente...  

A partir de ce temps-là, on s’aperçoit que l’humanité est travaillée par un idéal de reconstruction de cette unité perdue. Il y a une nostalgie de l’unité perdue qui travaille très profondément en creux dans la conscience humaine.

  

Nous verrons les deux stratégies, celle des nations et celle d’Israël.

C’est parallèle dans le récit biblique. Cela se dévoile en même temps.  

Chez les nations va apparaître le temps des empires. La stratégie des nations pour reconstituer l’unité humaine perdue, c’est l’impérialisme. C’est dire qu’une nation, à tour de rôle, d’après les circonstances historiques, économiques et intellectuelles, va prendre la tête de prou de la civilisation humaine, et va chercher à unifier l’humanité autour d’elle mais en s’imposant comme modèle. Et nous verrons qu’il y a une fatalité.

 

Le rêve de l’idéal universaliste est authentique chez les גּוֹיִם. Les fondateurs des empires ont d’abord été des rêveurs de l’universel. Quand on étudie la révolution française par exemple, qui est un de ces échecs énormes : quelques années après la révolution, l’empire français ! Il semble qu’il y ait une sorte de fatalité. Le rêve c’est celui de l’universel. C’est le rêve des encyclopédistes que l’on retrouve derrière la convention. Le rêve de l’universalité est authentique mais bascule inévitablement dans l’impérialisme. Il n’y a jamais eu d’exception. Le dernier exemple nous a été montré par l’empire soviétique. La révolution d’Octobre a été le rêve de l’universel. C’est tout de suite devenu l’empire soviétique ! Et vous savez à quoi il a mené et les nations qu’il fédérait.

 

Je dois dire qu’avec l’histoire de la Yougoslavie je me demande s’il ne faut pas préférer les dizaines de millions de victimes du soviétisme aux dizaines de millions de victimes de l’effondrement du soviétisme… Ce qui va remplacer l’empire communiste risque d’être pire du point de vue du sort des peuples en question. Regarder ce qui se passe en Yougoslavie. Si à Dieu ne plaise cela se passe dans l’ex-empire soviétique – et malheureusement il y  des signes que cela va se passer – cela va être catastrophiques.  

 

Il n’y a aucune exception : tous les mouvements, à quelque niveau que ce soit, au niveau politique philosophique, religieux..., qui ont commencé par le rêve de l’universel ont basculé dans un impérialisme. La chrétienté ne fait pas exception : elle a de même prétendu être une religion universelle et elle a été l’impérialisme romain.

 

On peut dire que depuis Vatican II, énormément de consciences chrétiennes sont travaillées par ce problème, et essaient de revenir à un universalisme réel en se dégageant de la tentation de l’impérialisme romain. La Vatican a remplacé l’empire de Rome. La structure impériale romaine se retrouve au Vatican. La Pape c’est l’empereur de Rome sous forme religieuse. Avec la nuance suivante que dans l’empire d’Occident, le chef religieux était le chef temporel alors que dans l’empire d’Orient c’est le chef temporel qui était le chef religieux.

 

Il y a un exemple évident avec l’islam dont le projet est d’être une religion universelle et qui est un impérialisme arabe et ne s’en cachant pas.  

Nous devons au génie du Maharal d’avoir dévoilé la source de la Guemara expliquant qu’il s’agit beaucoup plus d’un impérialisme perse que d’un impérialisme arabe. Il a fallu les temps contemporains pour que l’on comprenne cette pensée du Maharal que la force de l’Islam c’est la Perse plus que l’Arabie.

 

Retour au sujet :

Il y a là semble-t-il une règle sans exception : le rêve, l’idéal, est authentiquement universel à l’échelle de l’idéal ; la réalité historique, sociopolitique, c’est l’empire.  

L’exemple de la révolution française cité est très probant : c’est au nom de l’universel et des valeurs de « liberté-égalité-fraternité » que les Français ont fondé l’empire français.  

Tous les juifs francophones et surtout nord-africains ont été impérialisé et colonisé par l’empire français, c’était la 3ème république, au nom de l’universel français : Moi fils de rabbin en Algérie on m’apprenait « nos ancêtres les Gaulois... ». Au nom de l’universel humain : « Nous sommes égaux, soyez comme moi ! »  

La définition même de l’impérialisme c’est de continuer à exister avec les enfants des autres... C’est aussi la définition du colonialisme d’ailleurs.  

 

Alors je poserais la question : Comment s’expliquer cette fatalité ?

La תּוֹרָה nous fait comprendre qu’il n’y a aucun espoir que l’humanité retrouve son unité à travers les גּוֹיִם. La dernière preuve en est ce que De Gaule appelait « le machin »: l’ONU !

Qui peut prendre au sérieux le projet d’unité de l’ONU ?  

Qui pourrait ici proposer une solution et pourquoi cette fatalité ?  

Je vous ai dit 2 choses qui ne sont pas contradictoires :

-  le rêve de la révolution française est authentique,

-  sa réalité est catastrophique: c’est le pire de l’impérialisme de l’Europe du siècle dernier.

 

Réponse :

La réponse est très simple: c’est parce que le véhicule sociologique de cet idéal est un véhicule inadapté à cet idéal. C’est un véhicule partiel. C’est un génie humain spécifique, bien défini, qui ne vaut que pour lui-même et ne peut pas être le véhicule de l’universel humain. Il faut être français pour être français.  

Prenez le cas de la Russie : La révolution d’Octobre a eu des idéologues de l’universel. Le rêve était authentique !  C’est pourquoi d’ailleurs les Juifs se laissent souvent prendre au piège, comme le papillon avec la flamme. Si vous saviez à quel point les Juifs ont collaboré à la révolution d’octobre ! En plus ces juifs russes ont fini par faire un tout petit état qui s’appelle « Israël ». Aujourd’hui la principale communauté juive en Israël est russe.

Le véhicule sociologique de cet idéal est inadapté à cet idéal.

 

Chaque manière d’être homme concrète est partielle et donc forcément partiale.

On cherche partout sans la trouver l’identité humaine qui pourrait fonder la société de l’homme universel. Les Juifs français ont été persuadés que c’était en France, les Juifs américains sont persuadés que c’est en Amérique, les Juifs Allemands étaient sûr que c’était en Allemagne...

 

Et finalement il s’avère que chaque fois c’est un échec, il n’y a pas d’exception. Tous les mouvements universalistes ont basculé dans l’impérialisme ! Il n’y a pas d’exception !  

Nous verrons qu’il y a une nation qui a une identité autre qui n’est pas du tout une manière d’être homme parmi d’autres et c’est cette nation des hébreux dont l’histoire nous est racontée du dedans de l’histoire des diasporas humaines et qui réapparait au jour avec Abraham.  

 

1ère indication :

Tous ces universalismes ont toujours basculé dans l’impérialisme.

 

2ème indication :

Tous ces universalistes ont toujours eu dans leur idéal l’aménagement d’une solution pour toute identité humaine sauf pour les Juifs. Et il n’y a pas d’exception.

Je ne sais pas si vous voyez l’énormité de cette remarque.

 

Cf. les 2 exemples qui nous sont le plus familiers :

La révolution française : « Tout aux Juifs comme individus, rien aux Juifs comme nation ».

Et puis la constitution soviétique qui a reconnu le droit de citoyenneté à toutes les nations de l’empire soviétique sauf aux Juifs. C’est très frappant. Le christianisme a une solution pour tous les non-chrétiens sauf pour les Juifs, cas particulier. Étudiant en ethnologie j’avais eu à explorer les œuvres des missionnaires belges au Congo. J’avais remarqué qu’ils essayaient d’adapter et d’adopter tous les rites païens des peuplades qu’ils convertissaient sauf la circoncision ! Parce que la circoncision c’est juif ! N’importe quelle autre simagrée païenne peut se christianiser, mais pas la circoncision d’Abraham ! Avec tout le discours théologique insistant sur la circoncision du cœur…   

 

***

 

Retour au sujet :

Je vous signale que dans les généalogies de la descendance de Noah, il y a un cas particulier qui est fait pour l’ancêtre des Hébreux qui est Ever. Ever est la dernière génération dans la lignée de Shem avant הָפֶּלָגָה דּוֹר.  

Voilà la leçon que nous devons en tirer, j’en ai parlé d’ailleurs dans le texte que vous avez dans la Parashah où vous le retrouverez en détail: Il est restée à travers la descendance de la lignée de Shem, une manière d’être universelle, la manière hébraïque d’être homme, qui est de nature différente des manières partielles d’être homme. C’est ce que l’humanité entière a diagnostiqué dans le thème du salut qui passe par les Juifs. Pourquoi ? Parce qu’ils sont Hébreux !

 

Lorsqu’on cherche la référence à l’universel  «ecce homo» « voici l’homme », il s’agit des descendants d’Ever – c’est une manière d’être homme qui est tout l’homme.  

Après Ever, la génération de Peleg, son fils, il y a la פֶּלָגָה et on est alors dans les impasses humaines des manières très particulières d’être hommes que l’hébreu peut être à tour de rôle. Un hébreu peut être n’importe quel גוֹי mais un גוֹי ne peut être que ce qu’il est. Il est ce qu’il est. Quand un juif s’assimile et devient גוֹי, il a perdu cette capacité d’être l’identité universelle. Et je vais vous dire quelque chose qui vous paraîtra comme un paradoxe mais on est en plein dans el sujet : Un juif qui devient une manière d’être homme disparait comme juif : on dit qu’il s’assimile !

[La seule assimilation cachère c’est l’assimile à Sion !]

 

Un גוֹי qui prend l’identité hébraïque se régénère dans l’identité de l’homme universel. Cela s’appelle se convertir, mais il faudrait dire se naturaliser hébreu. N’importe quel homme peut redevenir l’homme universel. Mais c’est un cas particulier de l’histoire. N’importe qui peut devenir Israël, et en cela redevenir hébreu. Car il rentre dans une collectivité qui a gardé cette identité universelle. La preuve les Juifs !  Les Juifs sont la preuve que les Hébreux peuvent être n’importe quoi. Il y a des Olim du Groenland, de la Chine... Tout cela c’est une indication qu’il y a un cas particulier de l’identité hébraïque.  

 

Les Kabbalistes rattachent le nom de עֵבֶר à une notion très importante qui est l’embryon, le עֻבָּר (ע-ב-ר). L’identité hébraïque c’est l’embryon de l’identité humaine : l’humanité est une matrice dans laquelle s’élabore l’embryon du fils de l’homme qui est l’hébreu.  

C’est à travers l’histoire du peuple des Hébreux que se prépare l’identité humaine universelle.

L’embryon de l’humanité en hébreu se dit « hébreu » : עֻבָּר עֵבֶר - עִבְרִי, ce sont les mêmes lettres.  

L’embryon est un être indifférencié qui par la suite devient cette manière particulière d’être ou cette autre...  Alors c’est cela la prérogative de l’identité hébraïque.  

On a remarqué par exemple, cela me revient de mes études, qu’un embryon de singe et un embryon d’homme se ressemble beaucoup plus qu’un homme et un singe ! C’est connu, cela ne veut pas dire que le singe descende de l’homme ! Cela veut dire que le singe est un homme qui n’a pas eu le courage de devenir homme, et qui est resté singe ! Mais l’embryon lui prouve qu’il aurait pu.

La preuve : c’est que quand c’est un homme il devient homme…  

Voilà ce que je voulais citer en ce qui concerne l’identité des Hébreux du dedans de la diaspora humaine.

 

Diaspora :

 

Je reviens à la notion de diaspora:

Les Juifs se sont habitués à faire semblant de croire que l’identité de diaspora est naturelle à l’identité juive. Elle est non-naturelle à l’identité juive. L’identité de diaspora est naturelle aux גּוֹיִם et pas aux Juifs. La diaspora d’Israël est seconde et greffée sur la diaspora humaine en vue de ces battements du cœur évoqués tout à l’heure : Lorsque le sang revient à Jérusalem, il ramène toutes les manières d’être hommes à la fois. Cf. le phénomène de la municipalité israélienne dans laquelle l’humanité se rassemble à travers ses Juifs. On croit que ce sont uniquement des Juifs qui se rassemblent mais en fait il se passe quelque chose de beaucoup plus profond. Il y a les différentes manières d’être hommes qui se rassemblent à travers leurs Juifs. Et puis les convertis viennent donner un coup de main pour nous montrer le modèle…

 

J’ai des amis juifs italiens. C’est une communauté particulière : ils continuent à s’appeler les Hébreux. Chez les Russes aussi d’ailleurs, les Russes appellent les Juifs des Hébreux, en bonne part. L’un d’entre eux m’a raconté que son rabbin lui a dit que lui il n’est pas italien de religion juive, il est hébreu de religion italienne ! C’est joli et c’est très exact. Les Juifs sont religion dans leur indice goï !  Les Juifs français ont la religion de la France, beaucoup plus que les Français parce que pour les Français c’est naturel, alors que pour les Juifs c’est vraiment une religion !

 

Vous connaissez d’ailleurs les israélites français : c’est une véritable religion. J’ai connu un très grand juif français d’origine russe, le grand Rabbin Kaplan pour qui j’ai énormément de respect : il a la religion de la France. Et lorsqu’il dit qu’il y a un parallèle entre la constitution française et les tables de la loi, il y croit ! C’est sa fonction dans l’histoire juive : il est la France ! Très sioniste par ailleurs, mais à Paris ! Sincèrement sioniste.

Je me rappelle mon enfance en Algérie, et là c’est encore plus significatif, parce que nous étions une communauté qui sortait de la ville arabe, la France était passé par-dessus, l’Espagne aussi. La manière dont les Juifs algériens vivaient la France c’était religieux ! Je me souviens de mon grand-oncle qui aimait beaucoup blaguer : « nous sommes français jusqu’aux sourcils, nous avons les sourcils froncés !». C’était très sérieux.

La grande blague c’était :

-Tu as fait la guerre de 14 ?

-Non !

-Alors va la faire et après tu parleras…

 

***

 

Retour au sujet pour la deuxième partie du sujet :

Q : cette 1ère identité ne se retrouve-t-elle pas aux Etats-Unis ?

R : bonne question, mais de manière différente : finalement tous les américains sont attelés à quelque chose d’analogue : le melting-pot de l’humanité entière. Mais il ne peut en sortir l’homme. Il n’en sort que l’américain. Il en sort une autre manière d’être homme. Le rêve américain est le rêve universel contemporain. Actuellement cela a basculé dans l’impérialisme, et il y a bien un impérialisme américain. Le modèle des enfants du monde entier... Coca-cola... C’est une société actuellement en pleine crise. Les Américains eux-mêmes ne croient plus au rêve américain. En tout cas, le reste de l’humanité ne croit plus que l’homme c’est l’Amérique. Avec Israël, c’est tout à fait autre chose. C’est vraiment une identité non cosmopolite, une identité nationale à l’échelle de l’universel. L’échec de l’universel, c’est le cosmopolitisme. Il y a justement souvent chez les Juifs de diaspora ce danger. Ils se veulent universalistes mais la plupart du temps, ils sont cosmopolites. Ce qui est différent. C’est-à-dire d’aucune nation. Alors qu’en Israël c’est toutes les nations à la fois ! Je crois qu’il y avait dans l’accusation de cosmopolitisme portée contre les Juifs par les marxistes  une base de réalité. Cela se dévoile assez négativement. L’existence d’Israël dévoile que beaucoup de Juifs ne sont que cosmopolites et non pas universalistes. Ils ont l’universel des multinationales mais ce n’est pas du tout de l’universalisme mais le cosmopolitisme. Dans la littérature il y a ce terme de cosmopolitisme qui a un aspect positif et sympathique: c’est-à-dire plusieurs cultures et fidélité à chacune. Mais le cosmopolitisme dont je parle c’est fidélité à aucune.  

 

Quand je pense aux israélites français, eux sont les Juifs de l’identité française. Je ne pense pas au cosmopolite auquel je fais allusion. Un intellectuel cosmopolite juif en France est très différent de l’intellectuel israélite français du siècle dernier, rien à voir.  

 

Il y a un peu de cela en Amérique. Une manière d’être homme parmi les autres, d’origine européenne en dominante, cela va un peu changer avec les Mexicains... etc., qui s’est forgé dans ce melting-pot mais ce n’est pas l’universel israélien où les Juifs représentent l’humanité ès-qualité d’elle-même. Quand un Juif éthiopien est en Israël c’est l’Ethiopie juive qui est en Israël, ce n’est ni l’Ethiopie ni le cosmopolite mais l’Ethiopie juive…

 

De la même manière quand un Juif lithuanien est en Israël, c’est la Lituanie juive.

 

C’est très différent. Quand je vois un ghetto de Bnei-Brak ou un ghetto de New York, ce n’est pas la même chose, celui de New-York est à l’étranger, tandis que celui de Bnei Brak ce sont des Juifs de l’exil mais qui sont chez eux.

 

Q : Cette tentative de l’universel des nations se transforme-t-elle fatalement ainsi de façon inévitable ?

R : C’est inévitable. L’humanité est travaillée par cela, elle va vers cette exigence et porte en creux sa nostalgie de l’unité perdue.

 

Q : Bien que vouées à l’échec, ces tentatives ne sont-elles pas nécessaires ?

R : non, elle est nécessaire mais elle est fatalement vouée à l’échec. Il y a une 2ème stratégie qui est la stratégie messianique qui commence avec Abraham. C’est l’universel vrai,  c’est-à-dire l’unité humaine où chaque manière d’être homme a sa place. Mais l’impérialisme est une manière d’être homme qui s’impose aux autres. Pour les autres tentatives, il y a bien un résultat positif entre temps, qui est ce qu’il est, mais on peut se demander si le jeu en valait la chandelle : au niveau individuel, énormément d’individus de ces empires sont de véritables idéalistes de l’universel. Ce sont d’une certaine manière ceux que nous appelons : « les justes des Nations ». Alors que le cas d’Israël c’est en tant que collectivité. Mais chez toutes les nations et dans tous ces mouvements, il y a des individus qui sont des justes de l’universel humain. Mais ce sont des individus qui sont crucifiés à l’intérieur de leur propre société, et malheureux d’assister à l’échec de leur propre idéal. Il y en a eu chez les chrétiens, chez les socialistes et chez les musulmans. Vous n’avez aucune idée du courrier que l’on reçoit des pays musulmans en Israël ! A l’échelle individuelle.

Les Etats comme Etats, les hiérarchies et états-majors des églises sont tous anti-Israël, mais à l’échelle individuelle il y a partout des justes des nations.

 

Q : que les גּוֹיִם ne nous aient pas fait de place n’a-t-il pas freiné l’assimilation ?

R : Non, les Juifs se sont quand même assimilés : vous n’avez aucune idée à quel point nous sommes tous des rescapés de rescapés de rescapés d’une érosion d’identité perpétuelle. Nous avons fait cadeau d’un génie humain colossal à l’humanité qui en est ingrate. Ce sont parfois des cadeaux empoisonnés, Spinoza à la philosophie mondiale par exemple. Mais c’est à ce niveau-là qu’on fait des cadeaux. Je suis épouvanté par la qualité de cette élites des juifs de France qui se déjudaïsent. C’est cadeau pour la France, mais enfin cela nous manque !

Vous savez que j’ai connu plusieurs générations de jeunesse, c’est d’ailleurs un phénomène général, la jeunesse humaine est de meilleure qualité, de plus en plus, malgré les apparences de la délinquance. Dans la communauté juive que je connais mieux que les autres milieux cela me frappe : les populations juives en France disposent d’une élite colossale, mais en dehors de la communauté, et en dehors d’Israël, sauf un jour par an et encore, par hasard...    

 

Q : … cela ne signifie pas qu’il fallait passer par l’exil ? Y avait-il un autre chemin ?

R : Vous reliez-là deux choses très différentes. Cela ne signifie pas qu’il devait y avoir relation entre Israël et les nations mais pourquoi l’exil ? Je vous donne un exemple : nous sommes dans une époque de transition, la relation entre Israël et les nations est en train de changer de nature. Les Juifs de l’exil s’appellent diaspora mais ils sont en exil, ils sont une survivance préhistorique car actuellement Israël a des relations directes avec les nations, en court-circuitant ce qui avait été la condition juive des ghettos. Fussent-ils des ghettos ouverts comme les communautés de diasporas…

 

Le Juif est l’otage d’une situation impossible alors que l’israélien c’est Israël qui est en relation avec les גּוֹיִם, en relation de dignité.  

Je vous donne un exemple : J’ai vécu une partie de ma vie en France comme juif français. 

J’étais un Juif qui se prenait pour un français en dialogue avec des Français qui se prenaient pour des Juifs - cela s’appelle des Chrétiens. C’était treize fois à l’envers, défiguré complètement. Aujourd’hui, lorsque je vais au consulat français, je me sens deux fois chez moi, on parle français et c’est très franc car c’est à visage découvert : le dialogue d’un hébreu parlant à un gaulois. Ce n’est pas comme un juif-français de France parlant à un français en France... Ce à quoi vous faites  allusion c’est le fait de l’indexation d’Israël sur les nations. Mais pourquoi à la manière du judaïsme de l’exil ? Cela peut être « וּלְתִפְאָרֶת בְּכַּבוֹד», cela peut être « כִּי מִצִּיּוֹן תֵּצֵא תּוֹרָה» ! D’Israël chez les nations et vers les nations.

 

Quand je suis à Paris je suis plus à l’aise dans la colonie israélienne que dans la communauté juive ! Rendez-vous compte de ce que je suis en train de vous dire ! C’est un autre monde. Et nous avons une relation avec les Français qui est très différente quand ils savent qu’ils ont à faire à un israélien.

 

Ce que la תּוֹרָה prévoit c’est qu’Israël est Israël des nations. Mais pourquoi dans la situation d’otage de communautés juives de l’exil ? Cela finit toujours dans la catastrophe ! Il n’y a pas d’autre solution. Une seule alternative pour les communautés d’exil : la catastrophe ou l’Alyah ! Il n’y a pas d’autre issue. C’est notre histoire depuis toujours : Il n’y a pas d’exception !

 

Regardez ce qui se passe actuellement dans une communauté comme Sarajevo qui sont des Juifs espagnols ou portugais depuis le temps de l’inquisition, complètement assimilés, et finalement ils disent qu’ils sont bosniaques chez eux… et qu’ils vont en Israël parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement mais ils voudraient bien que la présence juive continue dans cet enfer de la Bosnie Herzégovine… ça c’est les Juifs !

 

Je crois que les Juifs sont pris au piège d’un raté de leur vocation. Mais beaucoup, grâce à Dieu, transmettent à leurs enfants la mutation d’identité qui s’est produite de notre temps. Les Juifs sont d’origine hébraïque et l’ont oublié, les Israéliens sont des Hébreux d’origine juive et il ne faut pas qu’ils oublient leur origine juive. C’est le problème de la société israélienne : d’origine juive, il ne faut pas qu’elle renie son origine juive. Mais les Juifs, eux, ont tendance et risque de renier leur origine hébraïque. Je crois que nous sommes en plein maelstrom de mutation d’identité. Juifs et Israéliens se ressemblent beaucoup. Mais « ressembler » cela signifie que ce n’est pas la même chose.  

 

Q : Tu as fait allusion au risque d’oubli des traditions et du folklore juif pour les israéliens, j’ai une certaine peur d’une amnésie collective…  

R : J’ai compris ta question : pour nous, nés juifs, cela nous est très difficile de nous identifier avec un צַבָּר  i.e. un israélien né israélien. On projette sur lui des catégories et des schémas de pensée qui ne sont pas très adaptés à la manière dont il vit son identité. Plus important, il y a un phénomène de dialectique d’opposition avec une crispation de l’identité des צַבָּרִים

anti-juive parce qu’ils sont adossés à une identité juive anti-צַבָּר. Alors il y a une dialectique d’opposition. Ce qui se passe au gouvernement actuellement dans cet espèce de marchandage que vous avez suivi entre le parti Shass et le parti Merets parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement á cause de leur objectifs de politique extérieure, c’est une histoire de fou. Il faudrait un Balzac pour raconter cela ! Ce sont des gens qui se haïssent et font semblant de s’aimer. Il va en ressortir une intensification de la haine entre ces deux partis. Il y a un dégout de ceux qui sont au milieu dans Avodah. Et le Mavdal se frotte les mains mais cela ne change rien.

 

Voyez cette espèce de dialectique d’opposition. Quand une unité éclate, les deux ont tort.

Il y a actuellement les חֲרֵדִים en tant que דָתִים ne représentent pas la תּוֹרָה, ils représentent une manière de considérer la תּוֹרָה qui est la manière חֲרֵדִי et qui est bien précise, et qui implique le refus de l’état d’Israël tout en étant branché parasitairement sur lui. Les חִלּוֹנִים font semblant que c’est cela la תּוֹרָה, parce que cela les arrange de désigner un repoussoir : c’est cela la תּוֹרָה et on n’en est pas ! Et surtout que cela soit cela parce que nous n’en sommes pas !

Aux deux ils manquent l’essentiel.

 

Ce sont deux projections d’identités Israël, de deux ombres différentes. Mais aux deux il manque la même lumière. Vous me connaissez et vous savez que personnellement, je suis dans la tradition du Rav Kook, je préfère les חִלּוֹנִים aux חֲרֵדִים parce que les חִלּוֹנִים sont Israël par le peuple alors que les חֲרֵדִים sont Israël par la secte religieuse. Du côté des חִלּוֹנִים tout avenir est préservable tandis que du côté des חֲרֵדִים on ne sait pas où cela va.

 

Le christianisme a commencé comme cela. C’est devenu le christianisme ! Je n’ai pas dit qu’ils étaient déjà des chrétiens, c’est peut être pire ! Mais en tout cas ils sont de deux genres très différents mais ils communient dans le refus de principe de l’état d’Israël et la négociation pragmatique de la vie en hébreu en état d’Israël, grâce à l’état d’Israël !

 

Tout le monde fait comme si la société israélienne c’était soit ceux-ci, soit ceux-là. Mais ce n’est ni l’un ni l’autre donc il ne faut pas s’enfermer dans ce faux problème.

Ceux qui manquent aux deux pour se réajuster c’est la même chose : la Kaballah !

D’un côté vous avez la religion sans Kaballah et de l’autre l’irréligion sans Kaballah. C’est vraiment la même chose qui leur manque, je le sais par expérience. Dès qu’un חֲרֵדִי commence à apprendre un peu de Kaballah authentique, sa relation aux חִלּוֹנִים change. Et dès qu’un חִלּוֹנִי commence à apprendre un peu de Kaballah authentique sa relation á la תּוֹרָה change de nature.

 

L’image que j’avais montré c’est que deux mains qui n’arrivent pas à se joindre se rencontrent á l’envers parce qu’aux deux ils leur manquent l’endroit.

Dans le principe, tant les חֲרֵדִים que les חִלּוֹנִים, c’est le même Israël sorti du peuple juif, mais dans la réalité c’est très différent : l’un a pour objectif la nation d’Israël et l’autre a pour objectif la confession religieuse חֲרֵדִי... Et encore une fois ceux qui ont connu la vie des premières communautés judéo-chrétiennes ou judéo-musulmanes d’ailleurs sont pris de panique de voir que cela recommence: vouloir substituer à la nation d’Israël une église !        

J’espère que vous êtes rassurés, tout va bien…

 

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2ème thème :

 

Je voudrais arriver au deuxième texte, sur le début de la Parashah de לֶך לְךָ.

Voilà la question que je voudrais mettre en évidence :    

Lorsque Dieu s’adresse à Abraham il s’adresse à un descendant d’Ever, donc un hébreu, qui se trouve dans une diaspora du temps qui était la diaspora de Babel, celle de la Chaldée, la Mésopotamie de l’antiquité, la première Babel.  

 

Il faut d’abord découvrir que l’histoire d’Israël commence dans une sortie d’exil. La תּוֹרָה prend l’histoire à ce moment-là  parce que c’est la sortie d’exil qui va constituer de façon irréversible la résurgence de l’identité hébraïque. Il y a eu des épisodes analogues depuis le 1er homme. A chaque temps de la civilisation humaine il y avait à chaque époque une société de type Israël pour la civilisation du temps considéré. Elle a systématiquement échoué jusqu’à la famille d’Abraham. Raison pour laquelle la תּוֹרָה commence son récit là où cela émerge.  

 

La Talmud enseigne de façon précise qu’à chaque stade de civilisation il y a une société de type מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים וְגוֹי קָדוֹשׁ  avec à sa tête un Moïse. Et puis cela échoue à chaque fois jusqu’au temps où on arrive à la famille d’Abraham sortant de cette mission en diaspora de Babel pour reconstituer Israël sur la terre des Hébreux.  

Un Midrash nous éclaire sur la question de savoir ce que faisaient les Hébreux à Babel. Ce n’est pas autre chose que la question : Que font finalement les Hébreux ou les Juifs partout où ils sont en dehors de leur terre ?

Ils sont en mission de diaspora, là où la civilisation passe.

 

En ce temps-là la civilisation dominante c’était Babel, alors on trouve donc les Hébreux à Babel. Les Cananéens occupaient alors le pays des Hébreux. La תּוֹרָה le dit de façon très claire, et je ne comprends pas comment les gens font semblant de se tromper : ce pays de Canaan est appelé par la תּוֹרָה le pays des Hébreux et n’est nommé terre de Canaan que parce qu’il est occupé par les Cananéens. [Gn.15:6] וְהַכְּנַעֲנִי אָז בָּאָרֶץ  Et le Cananéen habitait le pays. Mais il s’agit de « אֶרֶץ הָעִבְרִים » comme on l’apprend dans l’histoire de Joseph dans la prison d’Egypte et qu’il raconte aux ministres emprisonnés avec lui :

כִּי-גֻנֹּב גֻּנַּבְתִּי מֵאֶרֶץ הָעִבְרִים car volé j’ai été volé du pays des Hébreux .

 

C’était la région de Shkhem : qui étaient présent comme Hébreux à l’époque ? Jacob et ses fils ! Mais pourtant les ministres de Pharaon savent de quoi il s’agit.  

De la même manière pendant 2000 ans en « Palestine » - comme les Romains l’ont nommé - quelques rescapés et les Juifs partout ailleurs, là où la civilisation passe, et puis tous savaient que la Palestine était le pays des Juifs !

Alors maintenant c’est le pays des Palestiniens, vous savez pourquoi…  

 

Alors en tout cas, on va lire un texte qui montre que la vocation d’Abraham commence par une initiative de la famille d’Abraham, avec à sa tête Abraham, sans aucune révélation de Dieu lui demandant de quitter le pays d’Our-Qasdim pour aller au pays de Canaan: le temps est arrivé où Abraham a diagnostiqué qu’il faut décrocher de l’exil et il rentre chez lui. Il sait où il va. Au congrès de Bâle de cette époque on avait beau dire l’Ouganda, c’est quand même Israël !  

 

 בְּרֵאשִׁית Chapitre 11 verset 31:

 

וַיִּקַּח תֶּרַח אֶת-אַבְרָם בְּנוֹ וְאֶת-לוֹט בֶּן-הָרָן בֶּן-בְּנוֹ וְאֵת שָׂרַי כַּלָּתוֹ אֵשֶׁת אַבְרָם בְּנוֹ וַיֵּצְאוּ אִתָּם מֵאוּר כַּשְׂדִּים לָלֶכֶת אַרְצָה כְּנַעַן וַיָּבֹאוּ עַד-חָרָן וַיֵּשְׁבוּ שָׁם

Et Terah prit Abram son fils et Lot fils de Haran son petit fils et Sarah sa bru femme d’Abram son fils et ils sortirent ensemble d’Our Qasdim pour aller en direction du pays de Canaan Ils arrivèrent jusqu’à ‘Haran et s’installèrent là-bas.  

 

Dans tout ce qui précède, il n’y a aucune indication que Dieu s’est adressé à אַבְרָם  ou à Terah pour leur dire d’aller au pays de Canaan.

 

Il faut encore une fois s’étonner de ce que tant de gens croient qu’Abraham était mésopotamien qui subitement devient hébreu parce que Dieu lui a donné rendez-vous en terre de Canaan.

אַבְרָם est bien un hébreu descendant de Ever qui est en diaspora de Babel, le temps y est arrivé où l’on jetait les Hébreux dans les fours crématoires de Nimrod.

 

Le Midrash est très clair : Our-Qasdim, la fournaise de Qasdim, le frère d’ אַבְרָם, Haran a été jeté dans la fournaise et אַבְרָם  a décidé de rentrer. Nous sommes la génération d’Our-Qasdim. Les rescapés des fours crématoires de Rome. Et Abraham ce sont les rescapés des fours crématoires de Nimrod à Babel.  

 

וַיָּבֹאוּ עַד-חָרָן וַיֵּשְׁבוּ שָׁם.  Ils arrivèrent jusqu’à ‘Haran et s’installèrent là-bas.  

 

On voit dans ce texte les pérégrinations de la famille d’Abraham. Ils quittent Our-Qasdim en direction du pays de Canaan et ils s’arrêtent en chemin à Haran qui est encore en Babylonie.

 

Chapitre 12 verset 1

וַיֹּאמֶר יְהוָה אֶל-אַבְרָם לֶךְ-לְךָ מֵאַרְצְךָ וּמִמּוֹלַדְתְּךָ וּמִבֵּית אָבִיךָ אֶל-הָאָרֶץ אֲשֶׁר אַרְאֶךָּ.

Et Dieu dit à Abram va pour toi de ton pays de ta terre natale - lieu de naissance de ta maison paternelle vers le pays que Je t’indiquerai. 

 

Mais Dieu ne lui a jamais rien indiqué ! Regardez ce qui se passe-là : Dieu dit à אַבְרָם: quitte là où tu crois être chez toi à Our-Qasdim et va au pays que Je te montrerais...

Cela veux dire : si tu arrives là où il faut aller Je me montrerai à toi.  

 

Finalement, on retrouve ce לֶךְ-לְךָ au mont Moriah au moment de la יִצְחָק עֲקֵדָת.

Sur ce mont Moriah, Dieu se révèle à Abraham pour lui confirmer qu’il est bien arrivé là où il fallait arriver !

 

Au Verset 5, la même indication :

וַיִּקַּח אַבְרָם אֶת-שָׂרַי אִשְׁתּוֹ  Et prit Avram Saraï sa femme

 

לוֹט בֶּן אָחִיו  וְאֶת et Lot fils de son frère

 

וְאֶת כָּל רְכוּשָׁם אֲשֶׁר רָכָשׁוּ  et toutes les possessions qu’ils avaient faites

 

וְאֶת הַנֶּפֶשׁ אֲשֶׁר עָשׂוּ בְחָרָן  et toutes les personnes qu’ils avaient faites à ‘Haran  

 

Le Midrash explique qu’Abraham y convertissait les hommes et Sarah les femmes. C’est le נֶּפֶשׁ qu’ils ont fait à ‘Haran. Il y a la tradition selon laquelle tous les convertis à travers le temps sont les réincarnations de ces convertis dont on ne sait ce qu’ils sont devenus dès que l’histoire des Hébreux recommence. On enseigne alors qu’ils reviennent à travers tous ces convertis qui rejoignent Israël. Je voudrais vous expliquer un peu le fondement de ce Midrash : c’est tellement inouï qu’un גוֹי veuille devenir Israël que les rabbins veulent nous expliquer qu’il n’y a pas de fumée sans feu : c’est grâce à Abraham. Un de mes maîtres disait : quand tu vois un goï qui aime les Juif c’est tellement miraculeux que c’est sûrement un descendant de juifs.)

 

וַיֵּצְאוּ לָלֶכֶת אַרְצָה כְּנַעַן et sortirent pour aller en direction du pays de Canaan

 

וַיָּבֹאוּ אַרְצָה כְּנָעַן et il arrivèrent au pays de Canaan.

 

Cette famille quitte Our-Qasdim, s’installe provisoirement à ’Haran, quitte ’Haran, et va au pays de Canaan. Où vont-ils ? Ils rentrent chez eux tout simplement !

Ce pays est le pays des hébreux, occupé par les Cananéens quand les Juifs étaient à Our-Qadim.  

 

Un Midrash explique ce que les Hébreux faisaient à Babel. Il raconte la vocation d’Abraham.

Enfant, il retrouve le monothéisme hébreu et son père Térah était fabricant et marchand d’idoles. Il avait une boutique où il fabriquait les idoles.  

Abraham détruit les idoles au moyen d’une hache qu’il met ensuite dans les mains de la plus grandes. Terah rentrant demande à Abraham ce qui s’est passé.

 

- « Un païen est venu offrir une offrande aux idoles qui se sont disputées pour savoir laquelle aurait l’offrande et c’est la plus forte qui a gagné ! »

- « Qu’est-ce que tu racontes, c’est impossible ! »

- « Fais écouter à ton oreille ce que tu dis avec ta bouche »  

 

Le Midrash explique ainsi comment Terah s’est converti à la religion d’ אַבְרָם qui est revenu à la religion de ses ancêtres les Hébreux. Les Hébreux ne commencent pas avec Abraham mais commencent avec Ever qui est une souche de Shem d’avant la diaspora humaine.

C’est pourquoi il y a les גּוֹיִם, résultat de la diaspora humaine, et les descendants des Hébreux, ceux qui sont devenus Israël. Les autres se sont instaurés en rivalités d’Israël.

 

On va se poser la question de la signification de ce Terah fabricant-marchand d’idoles:

Par équivalence, en termes philosophiques, Terah fabriquait les idéaux des גּוֹיִם. Une idole est le support matériel qui symbolise un idéal. Alors il était en fonction de juif de diaspora: fabricant d’idéaux. Il était le grand-prêtre du paganisme de Mésopotamie. Le fabricant d’idoles c’est le grand-prêtre du temps. Il s’était fait avoir et s’était donc paganisé, piégé dans son rôle et sa fonction diasporique. Si j’osais je dirais un peu ce qui est arrivé à Lustiger… A force d’être Israël au service de la France il est cardinal de France...

 

Voilà ce que faisaient les Hébreux à Our-Qasdim. Je pris cela un peu sous forme de Midrash, mais c’est très sérieux. Ce Midrash définit la fonction de l’identité hébraïque de diaspora au temps des Hébreux chez les גּוֹיִם : officiellement ils sont marchand de céréales : intermédiaires en nourritures terrestres. Mais en réalité ils sont médiateurs en nourritures spirituelles. Cela va ensemble mais l’un cache l’autre.

 

Yossef a ses frères arrivés en Egypte : « לִרְאוֹת אֶת-עֶרְוַת הָאָרֶץ בָּאתֶם.» traduit par « vous êtes venus espionner le pays ». Mais en hébreu cela signifie « vous êtes venus voir la nudité du pays », « le pays est devenu nu, vous venez le recouvrir, c’est votre fonction ».

Ils répondent : «  Non ! Nous sommes des marchands de blé... »

Je ne sais pas si vous voyez le dialogue. Alors Joseph leur dit :  

« A moi vous racontez cela ? Je suis Yossef votre frère... »

 

C’est cela que les Hébreux faisaient à Our-Qasdim. Et quand Abraham diagnostique le temps des fours crématoires, il décroche. Vous voyez l’analogie. Quand le peuple d’Israël diagnostique le risque de solution finale, on fonde le sionisme : le 1er sioniste c’est Abraham.

Qu’est-ce qu’il a entendu ?

"Sauve-toi !" : " לֶךְ-לְךָ!"  

Où ? Chez toi ! Et si tu y arrive tu M’y trouveras là-bas...

 

La première chose que Dieu avait à dire à אַבְרָם: Rendez-vous chez toi, J’ai des choses à te dire.

 

La première chose que Dieu avait à dire à Moïse en Egypte: fais-Moi sortir ce peuple et ramène-le chez lui : là-bas, Je te parlerai... Entretemps, l’épisode dans le désert ils ont voulu un petit séminaire, la Yéshivah du désert. Et alors Moïse leur a dit : c’est bientôt Hanoukka, à Jérusalem vous aurez le Ner entier, ici vous aurez le semi...naire.

 

 

 

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