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MESSIANISME
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CHEMINI - 1993

Le cours

 

(1993) שְּׁמִינִי

 

 

שְּׁמִינִי chapitre 9 jusqu’à la fin du chapitre 11, il y a entre autres 2 sujets très différents et l’étude devrait consister normalement à comprendre pourquoi ils sont reliés.

D’abord, le récit du sacrifice d’intronisation des Kohanim, après les 7 jours de préparation mentionnés à la fin de Parashah précédente.

 

Le titre de notre Parashah est :   

וַיְהִי, בַּיּוֹם הַשְּׁמִינִי  Et il arriva le 8ème jour  

Au niveau du pshat que nous allons d’abord étudier c’est que ce 8ème jour est le lendemain de la semaine des 7 jours de préparations des Kohanim qui devaient se préparer à commencer à officier dans le culte du tabernacle qui a préfiguré le temple de Jérusalem durant les 40 ans du désert.  

C’est assez caractéristique que le terme de « מִלֻּאִים » est employé par la תּוֹרָה. Ce sont les périodes de réserves, d’entrainements, pour l’armée dans le vocabulaire contemporain. 

Entrainer – trainer.

C’est une racine qui signifie « faire le plein de » d’expériences d’entrainement...  

Après cette période des 7 jours des מִלֻּאִים שִׁבְעָת, les 7 jours de préparation, c’est une période de préparation que l’on retrouve pour une Halakha très importante du jour de Kippour : le grand-prêtre était préparé pendant 7 jours jusqu’à la veille de Kippour à la עֲבֹדַה  qu’il devait réaliser et c’était au temps du 2nd Temple surtout où il y a eu un schisme entre ceux que j’appellerais les tenants de la tradition du 1er temple qui était les Pharisiens, et d’autre part la secte (qui a disparu) des Saducéens qui avait le pouvoir religieux au temps du 2ème temple.

La majorité des grands-prêtres du temps du 2nd temple étaient des Saducéens, donc en fait des hérétiques. C’est une situation extrêmement paradoxale : toute la תּוֹרָה qui nous est restée de ce temps-là  du 2ème royaume de Judah il y a plus de 2000 ans, nous est transmise par les Pharisiens qui étaient une minorité opprimée par le pouvoir Saducéen qui tenait le temple.

C’est une situation assez analogue que nous sommes peut-être en train de vivre où l’authenticité traditionnelle était minoritaire dans la société judéenne de l’époque.  

Nous avons un modèle qui nous permet de savoir nous repérer dans des situations aussi paradoxales. Par crainte des hérésies qu’introduisaient les Saducéens, surtout dans le culte du Temple, lorsque les Pharisiens en avaient le pouvoir, ils préparaient leur grand-prêtre pour le prévenir du risque de changer le rite.  

 

L’ensemble de la תּוֹרָה comporte 3 catégories de מִצוֹת. C’est un plan très familier du Talmud mais que le Maharal a mis en évidence de façon systématique :

 

  Les מִצוֹת Bein Adam le’havero qui régissent les rapports d’autrui à autrui nommées dans la culture moderne la morale,

  Les מִצוֹת qui régissent la vie spirituelle se disent en hébreu « Bein Adam Leatsmo » entre l’homme et l’identité humaine en lui,

 

  Les מִצוֹת qui régissent les rapports entre le Créateur et la créature « Bein Adam Lamaqom » nommées dans la culture moderne, la religion.

 

On apprend du Talmud (des Pharisiens car on ne sait des Saducéens que ce que le Talmud en dit par allusion et dans les Evangiles) que

 

  Dans l’ordre des מִצוֹת des rapports entre l’homme et autrui, c’est-à-dire la morale, la règle du tribunal doit être l’allégement de la loi. Car du point de vue de la nature des choses, les rapports sociaux sont terribles, et donc il faut donc compenser la compensation que la תּוֹרָה introduit du point de vue de la loi, c’est la קֻלָּה.

 

  Dans l’ordre des rapports entre l’homme et soi-même c’est l’inverse. Dans la vie spirituelle au contraire la règle c’est l’exigence la plus grande : l’homme est complaisant avec lui-même, c’est dans sa nature donc la loi compense en intégrant l’autre valeur d’exigence. La réalité de la société est une réalité terrible. Mishna : « Il faut prier pour la paix du royaume car n’était-ce la crainte du royaume (la police), l’homme avalerait son prochain vivant. » La règle de la société est une règle impitoyable et donc la תּוֹרָה réintègre la קֻלָּה. Dans la vie spirituelle c’est l’inverse, l’homme est complaisant pour lui-même. C’est dans sa nature et par conséquent la תּוֹרָה demande la plus grande exigence dans les מִצוֹת de la vie spirituelle.

 

  Dans les מִצוֹת concernant le rapport entre l’homme et Dieu, c’est ni l’allégement, ni l’exigence, mais c’est la loi comme elle est, de manière stricte.  On ne change rien. Il n’y a qu’à voir comment à partir des nuances de formulations, dans le passage des grandes catégories de la foi, de l’hébreu au grec, le christianisme est apparu. Cela y ressemble, mais cela ne fait que ressembler, donc ce n’est pas la même chose. Cela commence par des nuances : l’expression de « fils de Dieu » est authentiquement biblique mais cela  signifie la créature aimée du Créateur, qui devient en grec « Dieu le fils »... on voit bien comment un petit changement dans les formulations liturgiques fonde autre chose...

 

On raconte qu’un des grand-prêtres saducéens a été condamné pour avoir voulu enjoliver le culte en effectuant le sacrifice de Kippour avec des gants blancs, blancs comme la tunique le jour de Kippour...  Il a été condamné à mort.  Ceux qui étudient la symbolique de tous les rites savent à quel point on ne peut rien changer.

 

Explication du terme קֻלָּה que l’on traduit par « allégement de la loi ».  

Une Mishna des Pirqey Avot dit :

« Empresse-toi à une מִצְוָה légère (קַלָּה מִצְוָה) comme avec une מִצְוָה lourde (‘Houmkhah) parce que tu ne connais pas la rétribution des commandements ».  

Tu ne sais pas si une מִצְוָה qui te parait légère n’est pas très importante, car au fond, la seule règle que tu pourrais avoir c’est la sanction et une מִצְוָה qui te parait lourde tu ne sais pas si elle a moins d’importance que la 1ère.  

Il faut bien comprendre que la קֻלָּה n’est pas du tout un allégement de la loi. On croit apparemment que c’est une מִצְוָה plus facile à faire que l’autre, plus légère, car chacun possède son registre d’expérience des מִצוֹת et donc de facilité apparente ou non.  

La seule règle objective possible serait de mesurer la gravité d’une מִצְוָה par rapport à la sanction, mais comme on ne connait pas la sanction, il ne vaut pas mieux d’essayer de jouer à l’évaluer.  

Très souvent on a affaire à une מִצְוָה extrêmement importante que l’on croit être une קֻלָּה, un allégement de la loi, tout simplement parce que le privilège de la familiarité avec la מִצְוָה fait qu’elle est facile à accomplir apparemment.  

Exemple : on parle souvent de Beit Shamaï qui serait dur dans la loi et Beit Hillel qui serait au contraire léger dans la loi. On ne se rend pas compte qu’en réalité c’est l’inverse. Dans la Halakha selon Beth Shamaï on prend plus de précautions car on a affaire à des gens moins pieux que dans la Halakha selon Beth Hillel où l’on prend moins de précautions.  

Exemple de la question du Mouktsé le Shabbat.

Il y a des utilisations de biens que l’on s’interdit le Shabbat parce que cela risque de mener à la violation du Shabbat. Beit Shamaï ne connait pas le Mouktsé qui est très important pour Beth Hillel.

Beth Hillel est Makhmir et apparemment Beth Hillel est Mékhil. Les hommes de l’école de Shamaï sont tellement scrupuleux dans l’observance du Shabbat qu’ils n’ont pas besoin du Mouktsé, alors que les hommes de Hillel ont besoin d’un échafaudage qui s’appelle le Mouktsé.

Dans le repas de Shabbat : les Qlipot des amandes : pas le droit de les débarrasser parce qu’on n’a pas le droit de débarrasser de la nappe quelque chose qui n’est pas de la nourriture.  

Principe : la תּוֹרָה est plus coulante avec les gens plus scrupuleux (Shamaï) et elle est plus scrupuleuse avec les gens plus coulant (Hillel). 

En général, dans le secteur des rapports de la vie sociale lorsque le דִין בֵּית a décidé et a choisi plutôt du côté de la קֻלָּה c’est à cause de la nature du problème à résoudre, et non pas parce qu’on fait des aménagements avec la loi.  La קֻלָּה ne signifie pas prendre des libertés avec la loi.

 

***

 

Il y a un récit qu’au moment de l’intronisation des Kohanim, le 8ème jour des מִלֻּאִים au terme des 7 jours de préparations à leur service, il est arrivé une catastrophe.

Les fils de Aaron sont intervenus dans le rite en apportant ce que la תּוֹרָה va appeler « זָרָה   אֵשׁ » un feu étranger sur l’autel : cela signifie un excès de zèle et ils ont été frappés de mort par un feu descendu du ciel qui les a foudroyés.  

Et donc Aaron a été en deuil.

Un homme en deuil ne peut pas réaliser le sacrifice comme il aurait dû être fait.

Il y a donc une catastrophe qui va changer la course du temps qui est mis à l’indice וַיְהִי, בַּיּוֹם הַשְּׁמִינִי parce qu’il y a eu un manquement au rite.

 

=> Il y a donc un 1er récit :

La faute des fils d’Aaron, suivi du deuil d’Aaron et du changement de rite dans le sacrifice.

S’en suit une controverse entre Moshe et Aaron après cet évènement. Moïse questionne Aaron sur l’acte du sacrifice. Il s’agissait du sacrifice d’intronisation de l’ensemble du culte des Kohanim. D’où l’importance de l’événement.  

Il y a quelques citations du Malbim sur les sources du Talmud et du Midrash qui précisent de quelle nature était la faute des enfants d’Aaron. Formellement, c’est une sorte d’enthousiasme subjectif apportant sa propre flamme à la lumière de la foi. La motivation subjective était très positive. On peut se demande pourquoi une punition sanctionne ce surcroit de ferveur ? C’est pourquoi j’ai rappelé en introduction que dans les rapports entre l’homme et Dieu, on ne doit rien changer car ce n’est pas entre nos mains.

 

=> 2nde partie de la Parashah:

Les règles de la cacheroute qui vont apparaitre dans le livre de וַיִּקְרָא, qui en principe est le livre de l’ensemble des dispositions pour les Kohanim et la tribu de Lévi, c’est pourquoi on l’appelle en français le « Lévitique », qui fait apparaitre une série de dispositions concernant tout Israël : comment manger cachère ?  

On a l’habitude d’étudier cette Parashah en se demandant quel lien il y a entre ces deux faits relatés dans la Parashah de שְּׁמִינִי? L’habitude fait que l’on ne s’étonne plus de leur proximité.

Mais c’est très étonnant que les deux choses soient liées dans le récit de la תּוֹרָה ?

En quoi ce récit de la catastrophe du huitième jour, après la semaine de מִלֻּאִים, est-il lié à cette nécessité de manger cachère ?  

Autre exemple dans le livre de בְּרֵאשִׁית où des choses analogues vont survenir : une allusion à la cacheroute est liée à un récit de catastrophe dans l’ordre des engendrements dans l’histoire.

 

Texte du récit de la faute d’Aaron :

Le chapitre 9 est la description du sacrifice qui devait être fait pour que la Shekhinah apparaisse sur l’autel.

 

Chapitre 9. Verset 24

וַתֵּצֵא אֵשׁ מִלִּפְנֵי יְהוָה וַתֹּאכַל עַל-הַמִּזְבֵּחַ אֶת-הָעֹלָה וְאֶת-הַחֲלָבִים וַיַּרְא כָּל-הָעָם וַיָּרֹנּוּ וַיִּפְּלוּ עַל-פְּנֵיהֶם

 « Et un feu sorti de devant Hashem et consuma ce qui se trouvait sur l’autel, l’holocauste et les graisses de la עֹלָה et tout le peuple vit et ils chantèrent et ils se prosternèrent. »

 

Ce feu du ciel qui descend est le signe que Dieu agréé ce culte. Et voilà que les fils d’Aaron vont apporter en plus un feu étranger au feu qui vient du ciel.

Il y a une confirmation par la transcendance, cela vient d’en-haut, et voilà qu’on juge qu’il est nécessaire d’y apporter quelque chose de l’ordre de l’immanence.

 

1er verset chapitre 10

וַיִּקְחוּ בְנֵי-אַהֲרֹן נָדָב וַאֲבִיהוּא אִישׁ מַחְתָּתוֹ וַיִּתְּנוּ בָהֵן אֵשׁ וַיָּשִׂימוּ עָלֶיהָ קְטֹרֶת; וַיַּקְרִיבוּ לִפְנֵי יְהוָה, אֵשׁ זָרָה--אֲשֶׁר לֹא צִוָּה, אֹתָם

 « Et les enfants d’Aaron Nadav et Avihou prirent chacun son encensoir et ils placèrent dans les encensoirs du feu et ils placèrent sur le feu de l’encens et en cela ils ont approché devant Hashem un feu étranger qui ne leur avait pas été prescrit. »  

Cette expression אֲשֶׁר לֹא צִוָּה אֹתָם   est très importante :

La gravité vient du fait que cela ne leur avait pas été demandé et non que la chose soit un mal en soi. Mais dans le contexte où cela intervient, cela détruit un certain ordre.  

Dans l’histoire de la philosophie on retrouve ce problème ainsi :

Est-ce que les idées vraies sont vraies parce que Dieu l’a décidé ou est-ce parce qu’elles sont vraies que Dieu les considère comme vraies ? C’est un problème difficile en philosophie.

 

Il y a cette clause de gravité : c’est grave parce que ce n’est pas ce que la loi a demandé. Autrement ce n’est pas grave : ceux qui ne sont pas soumis à la loi on va les féliciter de faire ce que Nadav et Avihou ont fait. Mais Nadav et Avihou sont soumis à la loi de la תּוֹרָה : ils sont en faute pour avoir fait ce que la תּוֹרָה n’a pas demandé. Ils se sont substitués à la תּוֹרָה. Ce qu’ils ont fait en soi n’est pas mal puisque c’est bien : c’est bien de faire participer son enthousiasme, sa ferveur, au culte demandé à Israël. Mais comme ce n’est pas le culte demandé à Israël, cela devient un mal. Si un non-Israël fait cela on le félicite. Mais Israël n’a pas à le faire puisqu’il n’a à faire que ce que la loi d’Israël lui demande...

 

Exemple : Talmud (Kiddoushin 31a): « plus grand est celui qui a obligation de faire quelque chose et qui le fait que celui qui fait la même chose sans obligation ». On pourrait penser d’après la culture générale que c’est l’inverse. Celui qui de lui-même de façon autonome fait ce que la loi demande sans que la loi le lui demande est plus grand que celui qui ne fait que son devoir ? Explication du Talmud : La nature humaine est ainsi faite qu’il suffit que la loi demande quelque chose pour que l’instinct s’y oppose. On a donc plus de mérite quand on a reçu l’obligation de la faire quand même que lorsqu’on le fait sans obligation.

 

Cela se rattache au problème général: lorsque la תּוֹרָה et l’instinct demande la même chose cela est très suspect. A qui obéit-on réellement ? A la vertu ou à la nature ? On est à l’aise que lorsque la תּוֹרָה demande des choses contraires à l’instinct. C’est la vertu. Lorsque la nature et la vertu vont dans le même sens c’est très suspect. Il n’y a pas d’ambigüité lorsque la תּוֹרָה prescrit des choses auxquelles l’instinct s’oppose.

 

Exemple : Le Taam de la מִצְוָה de manger du poisson le vendredi soir.

Qui va être capable de mettre la כַּוַּנַה adéquate dans la מִצְוָה du poisson du vendredi soir ?

Celui qui n’aime pas le poisson ou celui qui mange un mauvais poisson !

Dans les autres cas c’est ambigu.

C’est pourquoi très rapidement dans l’histoire les Rabbins ont décidé que l’accomplissement des מִצוֹת même sans כַּוַּנַה est valide.

 

Exemple au niveau de la sémantique : 2 mots hébreux qui se ressemblent beaucoup : Aani = pauvre et Anav = humble. Presque le même mot. La Guémara va dire qu’un homme n’est vraiment humble que s’il est riche parce que s’il est pauvre on ne pourra pas savoir s’il est vraiment humble par humilité ou humble par pauvreté.  

Le problème général est très important : A quelle condition la vertu est-elle authentique ? Nous n’avons aucun critère sauf lorsqu’elle s’oppose à l’instinct. Mais tant qu’elle s’oppose à l’instinct ce n’est pas encore la vertu que le Créateur a demandé. La véritable קְדוּשַה c’est quand la vertu est naturelle. Mais quand la vertu est naturelle, est-ce la vertu ou est-ce la nature ?  

Cela s’étudie.

Et à ma connaissance le maître qui a le plus étudié le problème est Maïmonide dans les Shmoneh Prakim lorsqu’il se pose la question « qui a le plus de mérite ? »

Celui qui doit faire violence à sa nature pour faire le bien ou celui qui fait le bien naturellement ?

Qui a le plus de mérite ? Maïmonide cite là une controverse entre les philosophes et la תּוֹרָה. Au Chapitre 4 des Shmoneh Prakim.

 

***

 

Retour au sujet :

1er verset chapitre10

וַיִּקְחוּ בְנֵי-אַהֲרֹן נָדָב וַאֲבִיהוּא אִישׁ מַחְתָּתוֹ, וַיִּתְּנוּ בָהֵן אֵשׁ, וַיָּשִׂימוּ עָלֶיהָ, קְטֹרֶת; וַיַּקְרִיבוּ לִפְנֵי יְהוָה, אֵשׁ זָרָה--אֲשֶׁר לֹא צִוָּה, אֹתָם

 « Et les enfants d’Aaron Nadav et Avihou prirent chacun son encensoir et ils mirent dans l’encensoir du feu et ils placèrent sur le feu de l’encens et (en cela) ils ont approché devant Hashem un feu étranger qui ne leur avait pas été prescrit. »

 

On voit en quoi le feu est « étranger », en ce qu’il ne leur a pas été prescrit. C’est une très belle chose qu’ils ont faite mais qui n’a rien à voir avec ce que la תּוֹרָה demande. Un bel enthousiasme qui ne leur a pas été demandé. La תּוֹרָה a elle des raisons de demander ce qu’elle demande. Le problème a de nombreuses dimensions.

 

Exemple du Kouzari sur la faute du veau d’or :

Le fait de se représenter par un symbole la transcendance divine n’est pas une faute, une véritable idolâtrie, il ne s’agit que de la représentation par un symbole. Ce n’est pas l’idolâtrie, c’est le vrai Dieu que l’on veut représenter. Le paganisme érige une force du monde créé en divinité. Lors de la faute du veau d’or, ils voulaient représenter symboliquement la manifestation du Dieu vrai.

Où était la faute ? Dans le choix d’un symbole que la תּוֹרָה n’a pas demandé.  

C’est d’ailleurs un problème très vaste. S’y trouve l’essentiel de ce qu’on peut appeler la théologie juive concernant le problème de la représentation de la souveraineté de Dieu.

 

Premièrement : il est interdit d’avoir quelque représentation que ce soit. Et voilà qu’on trouve dans les synagogues des représentations ! La seule représentation cachère du point de vue de la תּוֹרָה est les lettres de l’alphabet hébraïques car elles sont les éléments du discours de la תּוֹרָה, les outils de la création avec lesquels Dieu a créé le monde d’après le Midrash. Sur les deux tables dans la plupart des synagogues se trouvent inscrites les lettres Alef, Beit... Youd. C’est la seule symbolique autorisée. C’est la Parole qui a été la seule manifestation de la présence de Dieu dans le monde qui est autorisée par la תּוֹרָה : Il y a un verset très clair :

 

דְּבָרִים - וָאֶתְחַנַּן   4:12

וַיְדַבֵּר יְהוָה אֲלֵיכֶם, מִתּוֹךְ הָאֵשׁ:  קוֹל דְּבָרִים אַתֶּם שֹׁמְעִים, וּתְמוּנָה אֵינְכֶם רֹאִים זוּלָתִי קוֹל  « ....Vous n’avez vu aucune figure seulement la voix »

 

Donc ce sont les lettres de l’alphabet seules qui sont autorisées pour représenter la manifestation de Dieu dans le monde. Certaines synagogues représentent les signes du zodiaque reliés aux 12 tribus et ce n’est pas interdit.  

Par conséquent, ce n’est pas la chose en elle-même d’avoir pris le signe du zodiaque du temps qui était une faute mais c’était le fait de l’avoir fait alors que la תּוֹרָה ne l’avait pas demandé. Ce symbole dans leur pensée devait remplacer Moïse et non pas Dieu lui-même ; et leur faute a d’abord été de diviniser Moïse. Nous avons dans le récit de la faute du veau d’or toute la naissance du christianisme avant la lettre. L’adoration du médiateur... etc.

 

C’est ce qu’on peut ajouter sur ce « יְהוָה לֹא צִוָּה». 

 

Pour notre culture contemporaine c’est ce que j’appellerais le subjectivisme ou l’immanentisme dans l’approche de la תּוֹרָה. Beaucoup de l’élite juive contemporaine tombent dans ce défaut en s’imaginant qu’ils embellissent la תּוֹרָה par leur subjectivité. C’est idéal lorsque cela coïncide avec ce que la תּוֹרָה demande : c’est un ‘Hidoush. Mais un ’Hidoush c’est un ’Hidoush de quelque chose qui existe déjà. Un Shinouï, un changement, c’est interdit. On félicite pour le ’Hidoush mais le Shinouï est interdit. Le ‘Hidoush c’est le renouvellement d’une valeur qui fait qu’elle reste elle-même (אֶחָד). Mais le Shinouï-changement est interdit. Shinouï c’est l’altération et le changement de cette valeur qui devient deuxième - Shnéiah.

Shinouï = אסור

Hidoush = צריך

Rav Kouk : Tsarikh leqadesh et e’hadash vele’hadesh et heqadosh

Mais le Shinouï est interdit.

Hidoush c’est le temps de la lune. Shinouï c’est le temps du soleil.

Avec le Shinouï on devient autre, avec le ‘Hidoush on reste soi-même.

 

Il y a deux choses dont il faut se garder : le Shinouï et refuser le ‘Hidoush.

Celui qui refuse le ’Hidoush reste préhistorique : en son temps il avait raison, mais il est décalé, anachronique. Celui qui fait un Shinouï est anachronique dans l’autre sens et est peut-être préfiguriste - avant-gardiste  mais c’est un risque énorme.

 

Verset 10:2

וַתֵּצֵא אֵשׁ מִלִּפְנֵי יְהוָה, וַתֹּאכַל אוֹתָם; וַיָּמֻתוּ, לִפְנֵי יְהוָה

 « Et un feu sortit de devant Hashem et les a dévoré. Et ils moururent devant Hashem».

 

On va retrouver ce thème dans la Parashah de אַחֲרֵי מוֹת: on y apprend par liaison de textes ce qui les a amenés à apporter ce « אֵשׁ זָרָה». On apprend qu’ils étaient ivres alors qu’il est interdit au Kohen de boire du vin. Je pourrais vous faire toute une analyse sur l’ivresse du vin qui se fait prendre pour l’ivresse spirituelle.

Il y a 2 types d’ivresses du vin :

 

  Celle qui mène à la joie de l’esprit et,

  Celle qui mène à l’ébriété.

 

Cf. Shir hashirim où beaucoup d’expressions de versets montrent cela : l’ivresse du vin est d’ordre religieux mais risque d’être de l’ordre de l’ébriété. Quoiqu’il en soit, c’est l’ivresse du vin positive,  la vraie ivresse de la joie que donne le vin, lorsqu’on a bu le vin de la joie, on a la joie de vivre.  C’est le plus grand acte de foi que l’on peut faire devant le Créateur : être heureux de vivre. Le vin plus que tout autre alcool révèle cette joie de vivre religieusement authentique. Cela est interdit au Kohen car il risque de basculer dans cette faute : l’ivresse mène à la faute rituelle.  

Cela se rattache à la fête de Pourim où il faut avoir l’expérience de l’ivresse jusqu’au moment où l’on risque de confondre le bien et le mal et s’arrêter là. Confondre Mardochée et Haman, jusque-là et pas au-delà.  

 

A retenir les 2 fautes :

 

  Avoir apporté un feu étranger.

  Avoir bu avant le service.

 

C’est pourquoi c’est interdit au Kohen après tout cet épisode, Dieu se révèle à Aaron pour donner ce commandement. Les Kohanim ne devront pas boire de vin avant le service. Au point qu’on ne dit pas la כֹּהֲנִים בִּרְכָּת à l’office de Min’hah, parce qu’on a mangé à midi et qu’on a risqué de boire du vin. Même pas le jour de Kippour, un jour de jeûne, pour pas qu’on en déduise que l’on pourrait dire כֹּהֲנִים בִּרְכָּת à Min’hah. A Min’hah de Kippour non plus on ne dit pas כֹּהֲנִים בִּרְכָּת de telle sorte de ne pas avoir l’air de soupçonner le Kohanim d’avoir bu du vin à Kippour...  

Cela donne deux explications de cette faute et nous verrons qu’ils en existent 2 autres tirées des versets (cf. Malbim)

 

Verset 8 chapitre 10 :

Juste après cet épisode la תּוֹרָה révèle que les Kohanim ne doivent pas boire de vin, d’où l’induction que c’était parce qu’ils avaient bu du vin qu’ils sont tombés dans la faute du « אֵשׁ זָרָה » d’avoir apporté le feu étranger.  

 

Le Pshat de la faute c’est le feu étranger mais ce qui mène à la faute « yeder averah » - ce qui mène à la transgression – c’est le vin.

 

10:8

וַיְדַבֵּר יְהוָה, אֶל-אַהֲרֹן לֵאמֹר Et Dieu dit à Aaron :

יַיִן וְשֵׁכָר אַל-תֵּשְׁתְּ אַתָּה וּבָנֶיךָ אִתָּךְ, בְּבֹאֲכֶם אֶל-אֹהֶל מוֹעֵד--וְלֹא תָמֻתוּ:  חֻקַּת עוֹלָם, לְדֹרֹתֵיכֶם

le vin et l’alcool tu ne boiras pas toi et tes fils avec toi lorsque vous vous approcherez de la tente d’assignation vous ne mourrez pas. Décret permanent pour toutes vos générations

 

וּלְהַבְדִּיל בֵּין הַקֹּדֶשׁ וּבֵין הַחֹל וּבֵין הַטָּמֵא, וּבֵין הַטָּהוֹר

Pour pouvoir différencier le saint du profane et l’impur du pur.

 

וּלְהוֹרֹת, אֶת-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל--אֵת, כָּל-הַחֻקִּים, אֲשֶׁר דִּבֶּר יְהוָה אֲלֵיהֶם, בְּיַד-מֹשֶׁה

que Dieu leur a transmis par l’entremise de Moïse ».

 

C’est-à-dire que le fait de boire du vin rend inapte, non seulement au culte, mais à l’enseignement du culte. Parce que le vin est un véhicule d’une intoxication qui fait mélanger les valeurs.

 

Il y a 2 sortes de vins :

  יַיִן  hamessamea’h le vin qui rend joyeux,

  יַיִן  hamishtakekh le vin qui rend ivre

 

Nous allons étudier ce que les sources disent sur le titre de la Parashah pour trouver le lien entre cette catastrophe et la cacheroute.

C’est la distinction des espèces entre espèces interdites à la consommation et espèces permises à la consommation. Il s’agit de règnes entiers. Il ne s’agit pas d’animaux totem, par analogie avec le totémisme, que l’on interdit de consommer ici à cause du respect que l’on devrait au totem.  

Dans les explications universitaires concernant la cacheroute sous cette appellation des « interdits alimentaires », on rattache la plupart du temps des interdits de ce type au totémisme.  

C’est-à-dire que, dans toute société, il y a des choses inconsommables par respect pour l’ancêtre supposé. Ou inversement, les animaux consommables pour pouvoir s’approprier les vertus de l’ancêtre ou du Totem... Ce sont les explications de types universitaires qui ne fonctionnent pas car il s’agit de classes entières de règnes entiers d’êtres vivants et si la תּוֹרָה énumère certains animaux c’est parce que les critères risquent d’être confondus avec d’autres  règnes, alors on a ici une table d’animaux qui serait suspecte. On ne saurait pas décider à quelle classe ils appartiennent alors on les nomme individuellement.

 

J’ai étudié une thèse structuraliste sur la cacheroute mise en forme par un des anciens attachés culturel français à Tel Aviv du nom de Sollers. [ndlr. J.Soler  73 - Sémiotique de la nourriture dans la Bible ?]

C’est un structuraliste non juif qui a fait une étude magistrale des lois de la cacheroute et il a compris la cohérence de la portée de la cacheroute, et il explique, par ce biais-là, la grande différence avec le christianisme qui va rendre caducs toutes ces lois avec des célèbres formules : « Ce n’est pas ce qui entre mais ce qui sort de la bouche qui rend impur », « tout vous est permis »… il montre bien que l’on veut abattre les barrières de différenciation. C’est dans le même contexte que « ni juif, ni grec », ni homme ni femme, et ni casher, ni tarouf...  

Dans tous les cas, 2 choses à rappeler :

Le sens du verbe וַיְהִי et il arriva que et le sens du mot שְּׁמִינִי huitième.  

Là se rassemblent tout une série de sources qui indiquent que la sortie d’Egypte était la fin de l’histoire de ce Monde-ci et qu’on devait entrer dans le Monde-à-venir en entrant dans le temps de transition entre ce Monde-ci et le Monde à Venir, c’est à dire les הַמַשִיחַ  יֵּמוֹת.

Il y a des textes qui indiquent qu’à la sortie d’Egypte, le monde se transfigurait. Les malades guérissaient, tous les défauts disparaissaient, les morts étaient en train de ressusciter... et puis voilà que la faute l’a empêché et que le monde a continué l’histoire de ce Monde-ci. Les 40 ans de la génération de la sortie d’Egypte sont un temps exceptionnel, privilégié. Cela a échoué mais cela aurait pu réussir !

Je vous donnerais une indication qui me semble très souvent négligée : toute la תּוֹרָה שֶׁבִּכתָּב ne concerne que la génération de la sortie d’Egypte. Elle ne s’est révélée qu’à cette génération-là. Avant, après c’est תּוֹרָה שֶׁבְּעַל פֶּה, mais מֹשֶׁה תוֹרָת concerne la génération de la sortie d’Egypte, qui a eu le privilège d’avoir l’expérience des évènements de révélations. Pas seulement l’évènement de la révélation de la parole de la תּוֹרָה, mais la révélation de Dieu à travers les événements, et de la sortie d’Egypte, et du Sinaï, et de tout ce qui s’est passé durant ces 40 ans. C’est une génération de géants exceptionnels que la תּוֹרָה appelle Dor Déah - la génération de la connaissance. Mais ce n’est qu’au bout de 40 ans qu’il se dévoile qu’il y a eu incapacité de fonder vraiment cette connaissance à l’expérience de laquelle on avait été appelée dans cette génération.

En particulier, Judah Halévi lorsqu’il parle de la faute du veau d’or donne le principe suivant : « Il ne faut juger cette génération qu’à la hauteur où elle se trouvait ». On fait semblant, nous modernes, d’avoir un jugement méprisant sur ce qu’on appelle « la génération du désert », expression qui est connotée négativement en français. Mais en hébreu c’est « Dor Deah » cette génération qui a été appelée à la connaissance et qui a trébuché sur la connaissance. Mais c’est sur la connaissance qu’elle a trébuchée, non pas sur l’ignorance. Elle a été appelée à la révélation et c’est à ce niveau-là qu’il y a eu difficulté.

Au fond, il y a une discussion talmudique dans le traité Sanhédrin pour savoir si la génération du désert aura droit au monde à venir ou pas, il y a 2 opinions :

  • elle n’y aura pas droit car elle l’a déjà eu, ils ont déjà eu leur part de עוֹלָם הַבָּא.
  • elle y a droit car ils le méritent

C’est une génération exceptionnelle.

J’entends souvent la thèse des historiens juifs qui disent que la grandeur du judaïsme c’est que les fondateurs étaient des gens comme nous. C’est tout le contraire : Abraham, Yitzhak, et Yaaqov sont les fondateurs d’une identité qui a traversé l’histoire humaine en cataclysme. Lorsqu’on fera le bilan de cette manière d’être homme d’Israël et le bilan de l’humanité toute entière sur 4000 ans, on s’apercevra que ceux qui ont instauré cette identité sont loin d’être des gens comme nous. Nous sommes des microbes par rapports à eux. Nous sommes des individus d’un ensemble qui s’appelle Israël. Ils étaient à eux seuls Israël, cet ensemble dont nous sommes une infime partie.

Idem avec « Dor Deah » génération fondatrice de géants. Toute la תּוֹרָה ne concerne qu’eux, et dans les מִצוֹת, et dans les événements. Nous parlons par ouï-dire de ce qui pour eux était connaissance directe.  

On oublie que la révélation a eu lieu parce qu’on a oublié qu’elle a cessée. Il y a un temps de l’histoire où la révélation a cessé. Alors cela nous fait oublier qu’elle a eu lieu avant. On parle de notre temps comme si c’était le même que celui de la Bible. Tous ces grands personnages sont dans l’identité d’Israël de chaque contemporanéité. Dans chaque génération, ils sont tous présents mais suivant l’envergure de la génération. Quand c’est une petite envergure, on ne se rend plus compte de quoi on parle lorsque l’on parle des modèles, des fondateurs.  

Plan de l’étude : Le récit de l’histoire est structuré ainsi d’après la תּוֹרָה

Les 6 jours du commencement, le 7ème qui est l’histoire de l’humanité, et le 8ème lorsque l’histoire de l’humanité aura réussie est le jour dans lequel on passera.  

Exemple de compréhension directe d’après les textes : dans le récit de la création, à la fin de chacun des 6 jours du commencement se trouve un verset refrain « et ce fut soir, ce fut matin, jour un.. »  Deuxième ... le sixième. ». Il n’y a pas écrit « et ce fut soir, ce fut matin jour 7ème. Cela veut dire que depuis הָרִאשׁוֹן אָדָם, on est encore dans ce 7ème jour du commencement. Il n’est pas fini.

Depuis הָרִאשׁוֹן אָדָם on est encore dans ce 7ème jour du commencement. On espère qu’il va s’achever quand Eliyahou Hanavi qui vient le samedi soir, comme vous le savez, nous dira de passer au 8ème jour. Le 8ème jour que j’appelle par approximation « jour messianique ».    

Pirqey de Rabbi Eliezer : Le 7ème jour n’est pas clos et son inauguration ne sera indiquée que Laatid lavo. Les 6 premiers jours sont révolus, le 7ème est en cours d’histoire jusqu’à sa réussite. Et lorsqu’il aura réussi il sera écrit « Et ce fut soir et ce fut matin jour 7ème » dans la Bible des temps messianiques. Pour chacun des jours, il y a un projet : exemple du 1er jour « יְהִי אוֹר Qu’il y ait lumière » et cela s’est réalisé « וַיְהִי-אוֹר  il y eut lumière » Et on peut alors dire « il y eut un soir, il y eut un matin etc...  

Le verset qui résume le projet pour le 7ème jour se trouve au début de la Parashah de קְדֹשִׁים.  

וַיִּקְרָא - קְדֹשִׁים Chapitre 19, Verset 2

דַּבֵּר אֶל-כָּל-עֲדַת בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל, וְאָמַרְתָּ אֲלֵהֶם--קְדֹשִׁים תִּהְיוּ:  כִּי קָדוֹשׁ, אֲנִי יְהוָה אֱלֹהֵיכֶם

Parle à toute l’assemblée des בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל et tu leur diras : « Soyez saints car je suis קָדוֹשׁ Moi Hashem votre Dieu ».

 

C’est le verset qui récapitule le projet du 7ème jour. Et lorsque cela sera réalisé, que l’être de sainteté existera, alors il y aura écrit : «  Et ils furent קְדֹשִׁים et ce fut soir et ce fut matin jour 7ème ».

Et on passera au jour 8ème. Et, comme par hasard, le mot de שְּׁמִינִי a toute une série d’assonances avec le jour messianique.

שְּׁמִינִי veut dire huitième de même racine que שֶׁמֶן huile – l’onction qui oint le מַשִיחַ au jour 8ème - le jour du מַשִיחַ. Il y a l’expression française désignant les gens important par le terme de « huile », « une grosse huile » provient du temps de l’onction..  

יּוֹם, הַשְּׁמִינִי - שְּׁמִינִי c’est huit. Toutes les fêtes qui ont 8 jours sont des fêtes messianiques : les fêtes bibliques ont toutes 7 jours, certaines en ont 8 par exemple.  עֲצֶרֶת שְּׁמִינִי, שָׁבֻעֹת par rapport à פֶּסַח, c’est une indication de la fin des temps. Hanoukka c’est évident. C’est le thème de l’huile : ‘Hashmonayim.

Voilà ce qu’on entend dans la Parashah : וַיְהִי בַּיּוֹם הַשְּׁמִינִי  « Et il arriva le huitième jour » c’était le jour où l’on passait du temps ancien, du monde d’avant, la civilisation de l’Egypte qui va s’annuler, עוֹלָם הַזֶּה, pour rentrer dans le עוֹלָם הַבָּא; mais, catastrophe, on ne s’en est pas sorti ! Alors on reste dans le 7ème jour. Et c’est indiqué par le verbe de וַיְהִי.

 

Règle du Talmud => chaque fois qu’un récit commence par le verbe וַיְהִי  cela annonce une catastrophe. « וַיְהִי, בִּימֵי » « et il arriva aux temps de » il faut s’attendre au récit d’une catastrophe. Ici nous avons la formule analogue « וַיְהִי בַּיּוֹם הַשְּׁמִינִי  »

 

Résumé de l’explication du Rav Kouk :

 

Règle de le grammaire hébraïque : la conversion du passé en futur et du futur en passé.

יְהִי  est un futur « sera »  et וַיְהִי  c’est un passé.

וַיְהִי avec le Vav : le futur est transformé en passé. « Et il arriva que… »

Le Vav conversif qui transforme le futur en passé « il est arrivé ».

Le terme הָיָה  c’est le passé, וְהָיָה futur « et il arrivera que ».

 

Règle talmudique :

Un récit qui commence par וַיְהִי c’est une catastrophe

Un récit qui commence par וְהָיָה c’est une joie, cela annonce un bonheur

 

Il y a une question dans le Talmud où l’on cite plusieurs exemples : 

« וַיְהִי, בִּימֵי il arriva au temps de »  qui est censé annoncer une catastrophe...

Objection : le début de Meguilah

 Esther   וַיְהִי, בִּימֵי אֲחַשְׁוֵרוֹשׁ. Or cela a été un salut !

 Il y a deux réponses : La réponse de la Guémara, on la vit de notre temps, c’est qu’on a perdu Esther : le prix à payer pour le salut d’Israël c’est que Esther devienne la femme d’Assuérus. Les engendrements de la royauté d’Israël sont passés chez les גּוֹיִם: Esther c’est la fin d’une histoire qui commence à Sarah. Cf. le Midrash disant : « Sarah a vécu 127 ans, Esther a gouverné sur 127 provinces ». L’histoire des engendrements messianiques d’Israël commence à Sarah et s’arrête à Esther. Et avec Esther cela rentre chez les גּוֹיִם. C’est une des raisons pour lesquelles le Shoulkhan Aroukh impose une בְּרָכָה lors de la rencontre d’un roi גּוֹי : lui ne le sait pas mais nous le savons que c’est par délégation de la royauté d’Israël qu’il est roi. Remarquez que de notre temps toutes les royautés s’éteignent, l’une après l’autre. Cela a commencé avec la royauté d’Italie avec la guerre de 14 et presque toutes après la guerre de 1945... Reste l’Angleterre. Mais c’est imminent. Et c’était spectaculaire de voir la fin de la dynastie du Shah, et puis celle de l’Ethiopie, le roi des rois des rois etc... Nous sommes dans un temps où la royauté s’éteint chez les גּוֹיִם et où elle se prépare en Israël.   La figure de la reine Esther est très étudiée dans la Guémara à ce sujet : les תּוֹלְדֹת sont passées chez les גּוֹיִם, et c’est pourquoi le nom de Dieu n’apparait pas dans Meguilah Esther. C’est un enseignement du Sefer ‘Hassidim du Rokea’h :

Le nom de Hashem n’apparait que sur les engendrements de l’homme : la première apparition du nom de Hashem dans le texte de la תּוֹרָה c’est : « בְּיוֹם, עֲשׂוֹת יְהוָה אֱלֹהִים--אֶרֶץ וְשָׁמָיִם » parce que c’est  אָדָם תּוֹלְדֹת Adam qui commencent. Et quand les תּוֹלְדֹת sont en court-circuit et entrent dans la clandestinité, le nom de Hashem disparait du livre d’Esther.  

Enseignement du Rav Kook donné à 2 niveaux :  

  • le passé comme tel est un malheur : c’est déjà arrivé ! Il y a là une sensibilité différente de la culture contemporaine qui met l’âge d’or au passé, alors que la sensibilité juive le situe dans l’avenir. La question des גּוֹיִם c’est : qu’est-ce qui a dû se passer pour qu’on en soit là ? Alors que la question d’Israël c’est : qu’est ce qui nous attend pour devoir passer par là ? Ce sont 2 sensibilités radicalement différentes. Dans le temps d’Israël, la nuit vient d’abord, et le jour vient après. Chez les גּוֹיִם c’est l’inverse : le jour d’abord, l’âge d’or, et la nuit ensuite : c’est un pessimisme. L’étude de la littérature des גּוֹיִם révèle cette obsession pour le « c’est arrivé ! »  Le passé comme tel est à l’indice « וַיְ» le malheur. Alors que l’avenir encore en espérance est toujours gros de tous les bonheurs possibles éventuels. Alors si en plus c’est un avenir qui s’est transformé en passé alors c’est encore plus un vrai malheur « וַיְהִי ».  Si c’est un passé qui va se transformer en futur, c’est encore plus un vrai bonheur. C’est ce que nous avons ici : « וַיְהִי », il faut s’attendre à une catastrophe : c’est la catastrophe qui s’est produite au huitième jour qui était possible consécutif à la sortie d’Egypte ou à la préparation des מִלֻּאִים dans notre passage.

 

  • A un 2eme niveau, c’est l’histoire du monde : les 7 jours sont achevés car la sainteté est réussie en Israël et on passe ensuite au 8ème.. mais au moment du passage c’est la catastrophe : on ne sait plus faire le sacrifice ! Il y a une discussion des חֲכָמִים תַּלְמִידֵי: Ma’hloqet. Comment est venue cette discussion des חֲכָמִים תַּלְמִידֵי? Par Nadav et Avihou qui ont apporté un « אֵשׁ זָרָה» et on ne savait plus comment était la halakha !

Nous allons voir cela maintenant : la différence de Halakha entre le sacrifice d’initiation entre Moïse et Aaron :

 Chapitre 10 verset 2

וַתֵּצֵא אֵשׁ מִלִּפְנֵי יְהוָה, וַתֹּאכַל אוֹתָם; וַיָּמֻתוּ, לִפְנֵי יְהוָה                                     « Un feu est sorti… et consuma Nadav et Avihou »

Verset 12

וַיְדַבֵּר מֹשֶׁה אֶל-אַהֲרֹן וְאֶל אֶלְעָזָר וְאֶל-אִיתָמָר בָּנָיו הַנּוֹתָרִים קְחוּ אֶת-הַמִּנְחָה הַנּוֹתֶרֶת מֵאִשֵּׁי יְהוָה, וְאִכְלוּהָ מַצּוֹת אֵצֶל הַמִּזְבֵּחַ:  כִּי קֹדֶשׁ קָדָשִׁים, הִוא

Et Moïse parla à Aaron et à Eléazar et à Itamar (après la mort de Nadav et Avihou), les fils restants à Aaron, et il dit : prenez l’offrande qui reste du sacrifice de Hashem et mangez-la ».  

Il fallait consommer le sacrifice pour assurer l’expiation des fautes qui empêchaient que le culte puisse commencer. Voilà la Halakha que Moïse transmet : ce qui reste de l’offrande, mangez-la. Or, on verra que Aaron n’en mange pas car il était en deuil : c’est ainsi que la catastrophe est arrivée : un grain de sable qui a arrêté l’histoire du monde.  

« Et mangez-la, accompagnée de מַצּוֹת, près de l’autel, car c’est une offrande du plus haut niveau de sainteté.  

וַאֲכַלְתֶּם אֹתָהּ, בְּמָקוֹם קָדוֹשׁ, כִּי חָקְךָ וְחָק-בָּנֶיךָ הִוא, מֵאִשֵּׁי יְהוָה:  כִּי-כֵן, צֻוֵּיתִי

Vous la consommerez dans un endroit saint car c’est ta part et la part de tes enfants que te donne la loi ».  

 

Cela veut dire : Le rôle du prêtre c’était de pouvoir manger de la nourriture pour laquelle aucune faute n’avait été faite contre le peuple. Toute nourriture pour le peuple étant handicapée par la faute du problème économique. Les offrandes apportées au temple sont des prélèvements d’offrandes effectués avant la commercialisation des récoltes : c’était une nourriture קָדוֹשׁ = nourriture consacrée et qui ne peut l’être que si elle est prélevée avant le circuit économique de la récolte. Donc, c’est une nourriture pour laquelle aucune faute n’a été faite. Donc un tel repas peut expier les fautes que le problème économique entraine : toute faute est provoquée pas l’appétit de jouissance qui fait que si on ne mange pas, on ne vit pas, mais c’est parce que on est obligé de manger qu’on fait des fautes, et cela s’appelle le problème économique. Il faudrait ici une analyse de vocabulaire marxiste pour que cela soit bien clair. La plus-value du pain que l’on achète, c’est la faute de l’exploitation d’un ouvrier : ce pain ne peut pas être saint. Mais nous sommes obligés de manger pour vivre... C’est cela qui déculpabilise les fautes que l’on est obligé de faire parce qu’il faut manger pour vivre.    Et la כַּוַּנַה du peuple est d’être comme le Kohen qui n’a pas à faire de fautes pour manger et c’est ce qui déculpabilise de cette faute involontaire qui est la faute entrainée par le jeu de la vie. C’et parce qu’il faut manger pour vivre qu’il y a des fautes. Le Kohen a une vie consacrée où il peut manger et vivre sans que sa nourriture n’ait été grevée d’une faute économique.  

Le culte du sacrifice était un repas parfait, mangé par l’homme parfait, habillé des vêtements parfaits, dans la maison parfaite : c’est le geste de vie parfait qui était le comportement de sainteté. Il fallait donc manger ce sacrifice. Mais il y a un empêchement : le deuil. Comment manger du sacrifice ?  D’ou l’injonction de Moïse « Mangez-le », « car c’est ainsi que j’ai reçu l’ordre ».  

10:13

וַאֲכַלְתֶּם אֹתָהּ, בְּמָקוֹם קָדוֹשׁ, כִּי חָקְךָ וְחָק-בָּנֶיךָ הִוא, מֵאִשֵּׁי יְהוָה:  כִּי-כֵן, צֻוֵּיתִי

Mangez le dans un endroit saint car c’est ta part et la part de tes enfants en provenance du feu de Hashem car c’est ainsi que j’ai reçu l’ordre.

 

10:16

וְאֵת שְׂעִיר הַחַטָּאת, דָּרֹשׁ דָּרַשׁ מֹשֶׁה--וְהִנֵּה שֹׂרָף; וַיִּקְצֹף עַל-אֶלְעָזָר וְעַל-אִיתָמָר, בְּנֵי אַהֲרֹן, הַנּוֹתָרִם, לֵאמֹר

Et concernant le חַטָּאת chercher a cherché Moïse. Et voici…

 

 Et quand Moïse vient voir comment cela s’est-il passé, voilà que le bouc du sacrifice, דָּרֹשׁ דָּרַשׁ  - Moïse l’a recherché...

On nous signale que le mot de דָּרֹשׁ est le mot qui est à la fin de la moitié de la תּוֹרָה et que le mot de דָּרַשׁ  est le mot qui est au début de l’autre moitié de la תּוֹרָה  

« Moïse l’a cherché et voici qu’il a été brûlé »

et pas mangé !

« Moïse se mit en colère contre Eléazar et Itamar bnei Aaron qui étaient restés en disant :

Je crois avoir donné suffisamment d’indications pour montrer à quel point c’était important : Le principe sur lequel tout le culte de la תּוֹרָה repose vous l’avez annulé ? On ne peut donc pas commencer ! Parce que c’est cela le culte de la תּוֹרָה : c’est le fait que le Kohen mange une partie du sacrifice d’expiation. Une partie était brûlée et une partie lui revient parce que c’était le fait du Kohen, cela s’appelle la manducation en théologie : Le Kohen doit manger ce sacrifice qui par sa manducation déculpabilise les fautes du peuple.   Or, nous voici dans une impasse : une impossibilité de manger de la viande car le jour même il était en deuil. Pourquoi en deuil ? Parce que ses fils étaient trop pieux ! Je ne sais pas si vous vous rendez compte du drame ?   

10:17

מַדּוּעַ, לֹא-אֲכַלְתֶּם אֶת-הַחַטָּאת בִּמְקוֹם הַקֹּדֶשׁ--כִּי קֹדֶשׁ קָדָשִׁים, הִוא; וְאֹתָהּ נָתַן לָכֶם, לָשֵׂאת אֶת-עֲו‍ֹן הָעֵדָה, לְכַפֵּר עֲלֵיהֶם, לִפְנֵי יְהוָה

Pourquoi n’avez vous pas manger le sacrifice d’expiation à l’endroit de sainteté puisque c’est le sacrifice de sainteté et que Dieu vous l’a donné pour expier la faute de l’assemblée pour faire expiation pour eux devant Dieu ?

 

10 :18

הֵן לֹא-הוּבָא אֶת-דָּמָהּ, אֶל-הַקֹּדֶשׁ פְּנִימָה; אָכוֹל תֹּאכְלוּ אֹתָהּ בַּקֹּדֶשׁ, כַּאֲשֶׁר צִוֵּיתִי

Voici qu’on a pas approché le sang vers la sainteté intérieure (je ne vous explique pas mais devinez !), il fallait le manger comme j’en ai été ordonné.

 

10 :19

וַיְדַבֵּר אַהֲרֹן אֶל-מֹשֶׁה, הֵן הַיּוֹם הִקְרִיבוּ אֶת-חַטָּאתָם וְאֶת-עֹלָתָם לִפְנֵי יְהוָה, וַתִּקְרֶאנָה אֹתִי, כָּאֵלֶּה; וְאָכַלְתִּי חַטָּאת הַיּוֹם, הַיִּיטַב בְּעֵינֵי יְהוָה

Et Aaron parla à Moïse : c’est vraiment ainsi, aujourd’hui a été approchés devant Hashem les sacrifices d’expiations, mais voici (qu’aujourd’hui) il m’est arrivé ce qui m’est arrivé. Et aurais-je mangé l’expiation du jour est-ce que cela aurait plus à Dieu ?

10:20

וַיִּשְׁמַע מֹשֶׁה, וַיִּיטַב בְּעֵינָיו

 « Et Moïse entendit et la chose lui a plu.»   

Moïse : Aaron a bien compris la Halakha mais ce n’est pas ainsi qu’il fallait faire... Voilà le drame en question dans « וַיְהִי, בַּיּוֹם הַשְּׁמִינִי » 

 

Lien entre une catastrophe et l’indication des lois de la cacheroute:  

 

La תּוֹרָה nous raconte dans le livre de בְּרֵאשִׁית une histoire incompréhensible que Jacob a rencontré un ange, qu’il a lutté avec lui toute la nuit et que Jacob est plus fort mais l’ange a réussi à le blesser à la jointure de la hanche. La תּוֹרָה ajoute immédiatement « et c’est pourquoi les enfants d’Israël ne mangeront pas le גִּיד הַנָּשֶׁה le nerf sciatique (nommé ainsi à tord car il s’agit du nerf innervant les parties sexuelles de la bête.)  

Quel rapport ?

Parce qu’un ange aurait déboité la hanche de Jacob on ne mangerait pas le nerf en question גִּיד הַנָּשֶׁה?

 

Quel rapport ?  

Le Talmud s’empare du verset en disant:

 אֶת-גִּיד הַנָּשֶׁה   עַל-כֵּן לֹא-יֹאכְלוּ בְנֵי-יִשְׂרָאֵל  

 [C’est pourquoi les Juifs pieux en France ne mangent pas de gigot car le rabbinat a reconnu son incapacité à ôter le nerf de cette partie de l’animal.]

 

Guémara : Cette loi n’a été usitée qu’après le Sinaï où les enfants d’Israël s’appellent Bnei Israël les enfants d’Israël.

 

Tant que la תּוֹרָה n’est pas promulguée au mont Sinaï, tous les commandements donnés avant n’ont pas force de loi, d’obligation. Ce n’est que lorsqu’Israël devient la collectivité d’Israël, soumise à la תּוֹרָה, que cela prend force de loi.

Le Talmud nous décrit cela sans être frappé par ce lien entre un ange qui a frappé Jacob et le fait qu’il faille manger casher : voilà le principe de la cacherout qui commence là.

Il y a quelque chose d’analogue ici, suite à une catastrophe, Jacob heurté au כַּף-יֶרֶךְ,  les règles de la cacherout sont rappelées. Une catastrophe s’est produite : Jacob est atteint au כַּף-יֶרֶךְ à l’emboiture de la hanche et apparait une règle de cacherout ! De la même manière ici : une catastrophe s’est produite et la תּוֹרָה va devenir prolixe sur les lois de la cacherout ! שְּׁמִינִי toutes les lois de la cacherout font suite à la catastrophe qui a empêché l’entrée dans le huitième jour.

 

Histoire de Jacob :

Je vous cite comment le Shla’h explique un passage du Zohar à ce sujet

Dans la Guémara et le Zohar on nous donne la raison de la couleur bleu תְכֵלֶת pour Jacob.

Cf. le drapeau d’Israël - tekhelet velaban et non « takhol velaban » ce n’est pas le même bleu.

La Guémara dit [Sotah 17a]: « ki tekhelet domé layam, yam domé larakiah, ve raqiah domé la kissé hakavod » c’est le bleu de l’épaisseur de la profondeur de la mer qui ressemble au bleu de l’épaisseur de la profondeur du ciel, qui ressemble au trône de la Gloire. » 

Yam - Raqiah - Kissehakavod => rashé tevot = Youd Resh Kaf => Yerekh = la hanche.

Et le כַּף du יֶרֶךְ, c’est le הַכַּבוֹד כִּסֵּא.

Donc Jacob a été atteint au כַּף du יֶרֶךְ c’est à dire le הַכַּבוֹד כִּסֵּא qui correspond dans les jours de l’année à Tishea béAv. C’est à Tisha béAv que le הַכַּבוֹד כִּסֵּא a été atteint. 

Je résume mais c’est beaucoup plus profond, il y a trop de données à expliquer alors je schématise.

 ‘Hazal expliquent que Jacob a été atteint dans sa descendance par le génie d’Esaü qui va ravir à Jacob des descendants qu’il va convertir au Christianisme.

La descendance du גִּיד הַנָּשֶׁה de Jacob a été ravie par le génie d’Esaü.

Le Shla’h explique que c’est effectivement ce qui est commémoré à Tisha béav où nous avons perdu le הַכַּבוֹד כִּסֵּא, le Temple a été détruit. Le correspondant du הַכַּבוֹד כִּסֵּא sur terre – le Temple - a été détruit. 

Il y avait une prophétie dans le Midrash, qui s’est réalisée, que « le prince de Rome » serait enterré à Tisha béav  => un des papes contemporain a été enterré à Tisha béav, je crois Jean Paul 1er, c’était Shabbat et on n’a pas jeûné. C’est une prophétie monumentale.

 

Les engendrements n’étant pas achevé alors il faut manger casher car les engendrements dépendent de la manière dont on mange : l’homme devient ce qu’il mange : c’est la raison pour laquelle chaque fois que les engendrements sont en question, il faut rappeler les loi de la cacherout.

 

Fin

Q : La distinction entre la faute à sanction immédiate et la faute à sanction retardée et aménageable par le repentir. La première a-t-elle pour raison l’occurrence defarassiah - en public ?

R : C’est un des éléments, je relie cela à l’enseignement des trois fautes graves pour lesquelles il faut se laisser tuer et pas les transgresser lorsque c’est en public. Mais en privé c’est moins grave.

Q : La mort de Nadav et Avihou sanctionne également des fautes antérieures ?

R : Il y a 2 autres explications de la faute données par le Midrash:

A la révélation du Sinaï, Nadav et Avihou disaient en parlant de Moïse et Aaron : « quand est-ce que ces vieux-là vont ils disparaitre qu’on les remplace ? » Au niveau psychologique on comprend cette faute d’impatience de l’enthousiasme de la jeunesse en crise d’adolescence devant la génération dirigeante. ’Hazal expliquent ainsi : Moïse et Aaron ont représenté une manière douce de diriger le peuple : la תּוֹרָה de la הָחֲכָמִים מִּדָת à laquelle Nadav et Avihou veulent substituer la הָדִין מִּדָת. C’est effectivement le propre des adolescents d’être les princes du דִין [en français « דִין שָׂר» !], et le propre des vieux d’être les princes de la הָחֲכָמִים מִּדָת.

Il y a un vers de Victor Hugo dans « Boaz endormi »

[ndlr. : « Et l'on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens,
Mais dans l'œil du vieillard on voit de la lumière. »]

Enoncé des fautes :

  • Feu étranger,
  • Le vin,
  • Le remplacement des générations,
  • Le célibat : ils étaient célibataires dans un engagement monacale de la sainteté: recherche de spiritualité monacale.

La תּוֹרָה impose et oblige l’homme à se marier car sinon, dans son service devant Dieu, on ne sait pas de quoi il parle : de Dieu ou de la femme qu’il n’a pas ?

On ne laissait jamais un prêtre célibataire officier. Cela est resté dans le rite juif : certaines prières nécessitent que la personne soit mariée pour être assurer de la bonne כַּוַּנַה – ferveur religieuse.

C’est ce qui s’est passé au Sinaï qui récapitule toute une histoire de l’humanité.

La dernière phrase de la prophétie concerne le conflit des générations qui a commencé au 1er homme entre lui et son père, son créateur. La faute d’ingratitude qui a rompu la communication entre Dieu et l’homme. C’est le début de l’histoire de l’humanité, cette ingratitude des générations entre elles. C’est pourquoi c’est la dernière des prophéties qui dit d’Eliyahou Hanavi qu’il viendra réconcilier les pères et les fils le moment venu.

 Vous avez ici un exemple en passant du sens du lien entre ces deux types de textes.

  • le récit de la catastrophe qui a empêché que le 8ème jour soit le 8ème jour,
  • et la minutie dans la loi de la cacherout.

 Le temps des engendrements continue. Si le temps des engendrements continue il faut faire attention à la fabrication des petits d’hommes. La fabrication du Ben Adam dépend de ce que mangent les parents. Comment cela fonctionne ? Les modernes ne le comprennent pas ! On n’est obligé de faire un bilan de 3000 ans d’histoire : c’est comme cela que ça marche…!  

L’assimilation ne prend que 3-4 générations. Le dernier descendant de la 3ème ou 4ème génération qui ne mange plus comme l’ancêtre, n’est plus dans la communauté. On se demande où il est ?

Il y a toujours un espoir. Il y a des retours insoupçonnables.

Mais la règle est que 3 ou 4 générations suffisent. Rav Kouk m’a expliqué que cela correspond au temps où l’on peut encore connaitre son grand-père. C’est cela le temps de l’assimilation. Il y a des retours inattendus. Le retour des Juifs russes malgré le marxisme. Et en fin de compte, ils mangeront cachère. En tout cas, ils mangeront juif. Ou bien ils mangeront tout court parce que là-bas ils ne mangeaient pas…

 

 

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