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CHELAH LEHHA - SÉRIE 1985

Le cours

 

 (1985)    שְׁלַח-לְךָ

 

 

La Parashah שְׁלַח-לְךָ est assez longue mais du point de vue du problème historique, c’est ce que l’on connait habituellement en français sous le nom de l’affaire des explorateurs.  

Nous avons étudié précédemment le programme qui était donné pour la sortie d’Egypte, en particulier au début de la Parashah de וַיֵּרָא du livre de שְׁמוֹת. Ce sont des choses que je vais rappeler qui sont de l’ordre de l’évidence historique, mais étant donnée la nature de l’histoire d’Israël au niveau de la réalité, et pas seulement au niveau de son projet de vérité, on est obligé de les étudier et de l’approfondir.  

Un principe qui devrait aller de soi, qui simplement tend à se renseigner par information,  sur ce que dit le récit de la bible, concernant le projet de la sortie d’Egypte, c’est de traverser rapidement le désert en 11 jours de marches d’après ce que nous savons des textes, depuis la sortie d’Egypte à proprement parler. Cf aussi la Parashah de בְּשַׁלַּח dans le livre de שְׁמוֹת. Et là, au début de la Parashah שְׁלַח-לְךָ : si les choses s’étaient passées normalement... à partir du moment où Israël accompagné du עֵרֶב רַב, tout ceux qui sont sortis d’Egypte en même temps que les tribus d’Israël sans en faire partie, s’ils étaient sortis d’Egypte pour accomplir le projet de la sortie d’Egypte : ils seraient arrivés en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל très rapidement : 11 jours de marches, si on avait suivi le chemin de la côte qui est appelée dans le récit de la תּוֹרָה Derekh Erets Peloushtim.  

C’est l’expression employée dans la Parashah de בְּשַׁלַּח du livre de שְׁמוֹת. 

Très rapidement sur ce point, c’est que le pays que l’on appelle à ce moment du texte, le pays de Kenaan, parce qu’il était occupé par un certain nombre de peuplades, 7 suivant le texte, ou 10 ou 13, suivant que l’on compte tout le pays de Kenaan des 2 rives du Jourdain, ou simplement depuis le Jourdain jusqu’à la mer, il y a différentes populations suivant que cela concerne tout אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל ou bien simplement la partie de אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל qui va du Jourdain jusqu’à la mer.   

Chaque fois que se trouvent les versets qui énumèrent ou 7 peuples ou 10 peuples ou 13 peuples, cela revient au même puisqu’il s’agit des peuplades qui occupaient la terre nommée jusque là Erets Kenaan, nommée ainsi d’après le nom de la peuplade la plus forte, les Cananéens.  

Alors que cette terre était appelée au temps de Patriarches אֶרֶץ הָעִבְרִים, la terre des Hébreux.  

En particulier, un verset très précis dans le livre de בְּרֵאשִׁית, lorsque Joseph est convoqué par le Pharaon pour qu’il lui explique ses rêves et qu’il lui demande qui il est, Joseph lui dit : « car j’ai été capturé du pays des Hébreux ».

Gn. 40.15 : כִּי-גֻנֹּב גֻּנַּבְתִּי, מֵאֶרֶץ הָעִבְרִים

Et d’après le contexte Pharaon comprend de quoi il s’agit.

 

Cette terre faisait partie, depuis la distribution des terres aux différentes nations issues de la tour de Babel, de l’héritage de Shem et elle est la terre de la lignée des Hébreux. Ever est un descendant de Shem et elle a été occupée par toute une série de peuplades, pas forcément sémites, en particulier le peuple de Kenaan qui est un descendant de ‘Ham.

Pendant ce temps, les Hébreux étaient en exil, en particulier dans la civilisation d’Our-Kasdim d’où Abraham est sorti.   

La 1ère fois que le texte nous parle d’Abraham, chapitre 14.13 de בְּרֵאשִׁית,  il est appelé « אַבְרָם הָעִבְרִי ».  

Le projet de la sortie d’Egypte était donc de rejoindre le pays d’Israël, nommé Erets Kenaan jusqu’à un certain stade. Elle va recevoir un nouveau nom dans la Parashah de שְׁלַח-לְךָ .  

Si le projet de la sortie d’Egypte avait pu se réaliser directement, immédiatement, un peu de façon idéale dans l’ordre du récit, mais on va se heurter aux difficultés de la réalité, alors cela aurait été directement 11 jours de marches en traversant la côte, que l’on appelle Erets Pelishtim.  

 

C’était le comptoir dans le pays de Kenaan tout ce qui va depuis Aza (Gaza), Ashkelon, Ashdod toute cette bande côtière-là s’appelait Erets Pelishtim, occupée par une peuplade qui n’était ni de Shem ni de ‘Ham mais de Yafet, les Caftorim suivant un Midrash. (Les Crêtois). 

Par la suite, l’histoire à partir de Rome qui a occupé la Judée à partir de la destruction du 2nd Temple, a donné à ce pays le nom de Palestine qui est le nom d’Erets Pelishtim, la terre de Philistins. Mais son nom biblique jusqu’à la sortie d’Egypte c’est Erets Kenaan.  

 

La 1ère question que nous allons nous poser est de savoir pourquoi cette terre s’appelle Erets Kenaan. La réponse Pshat que je viens de donner c’est qu’elle est nommée du nom de ses occupants, et parmi les 7, 10 ou 13 peuplades, les Cananéens était la population la plus forte.  

Et puis, voilà qu’il y a eu les 40 ans dans le désert, c’est-à-dire que dans le 1er projet cette parenthèse n’était pas du tout prévue. Voir surtout à ce sujet les premiers versets du livre de דְּבָרִים.   

 

11 jours pour arriver en Erets Kenaan.  

Nous savons la nécessité de cette parenthèse car le peuple tel qu’il se trouvait au moment de la sortie d’Egypte comportait deux genres de peuples : les descendants des tribus que la תּוֹרָה appelle les בְּנֵי יִשְׂרָאֵל et le עֵרֶב רַב tout ceux qui se sont adjoints à eux que la תּוֹרָה appelle « הַעַם » le peuple. Chaque occurrence du terme « le peuple » c’est l’indication d’identité «  עֵרֶב רַב ».

Chaque fois que le terme est בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, il s’agit des descendants des tribus des Hébreux en exil depuis la famille de Jacob. Et lorsque nous avons l’expression בְּנֵי יִשְׂרָאֵל הַעַם c’est les 2 à la fois.

 

Nous avons vu précédemment les différentes illustrations de ces différenciations de nomination. 

Le récit montre qu’une fois arrivé au désert, l’attitude du peuple est de mettre fin au programme de la sortie d’Egypte avant la dernière étape qui est l’entrée en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל.  

 

Je reviens au 1er point : celui de la nomination de cette terre comme Erets Kenaan.  

Nous allons étudier un Midrash, sur un verset que je vais vous indiquer, et ensuite je vous lirais un autre Midrash montrant la problématique de l’appartenance de cette terre.

 

C’est un problème assez mystérieux ce fait que c’est un terre qui est objet de contestation et de réclamation de la part de nombreux peuples, à des degrés différents. C’est un problème tellement énorme qu’il dépasse la raison humaine, à des niveaux différents par l’humanité entière. Chacune se réclamant de motivations particulières, religieuses, historiques ou politiques. C’est un phénomène tellement massif que l’on s’habitue aux choses les plus énormes sans en voir l’énormité.  

C’est d’autre part une terre dont tout le monde est censé savoir selon le seul témoignage historique que l’humanité entière a accepté pour des raisons de foi ou non qu’elle est censée être la terre promise à Israël...  

Ces deux événements-là sont différents mais se rejoignent dans la même perplexité.  

 

Cela veut dire d’une part, qu’il faut comprendre pourquoi l’humanité entière réclame cette terre, par réclamation particulière et spécifique déléguées à travers la chrétienté, l’islam....  

Et d’autre part pourquoi, alors qu’il semble évident que c’est la terre d’Israël, le peuple d’Israël est lui-même en perplexité dans sa propre relation avec sa terre ?  

Toute la difficulté de la sortie d’Egypte est d’accomplir la promesse des Patriarches. Ne sortent d’exil que ceux qui sont apparemment sensibles à cela. Et voilà qu’arrivé dans le cadre du désert, on la refuse !   

 

Il y a un enseignement du Maharal tiré du livre Guévourot Hashem qu’il a consacré à toute cette époque de la sortie d’Egypte, de la traversée du désert et de l’arrivée en Israël, qui dit ceci : 

Si c’était la génération de la sortie d’Egypte qui était elle-même entrée en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל, il n’y aurait jamais eu de contestation sur le lien entre le peuple d’Israël et la terre d’Israël.

Cette première contestation de l’humanité entière sur le lien direct apparemment évident entre le peuple d’Israël et la terre d’Israël n’aurait pas eu lieu s’il n’y avait pas cette même problématique de perplexité et de doute dans le peuple d’Israël lui-même.  

C’est un problème auquel on a fini par s’habituer dans la réalité mais qui au niveau théorique est invraisemblable et incompréhensible. Devant un problème aussi massif, on ne peut pas le comprendre au niveau des explications partielles. C’est une question tellement énorme qu’on l’a fait éclater en petites parties pour lesquelles on tente de donner des problématiques d’explications partielles qui ne font qu’évacuer la massivité du problème global.  

Je reprends la formule du Maharal : « si la génération de la sortie d’Egypte était elle-même entrée en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל, il n’y aurait jamais eu un problème de cet ordre ».  

 

D’après le Maharal de Prague, si les בְּנֵי יִשְׂרָאֵל étaient entrés en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל, autrement dit s’ils n’avaient pas commis la « faute des explorateurs », ils y seraient restés pour toujours, et n’auraient pas connu les exils dans lesquels ils furent plongés (cf. Netsa'h Israël chap. 8).  

Le Maharal nous oblige à considérer le problème de l’intérieur : si c’était la génération de la sortie d’Egypte, dont c’était le programme, le projet (la question est de savoir pourquoi les Hébreux sont sortis de l’Egypte ?) et les textes bibliques qui en parlent sont très clairs :

Il y eut une intervention de Dieu pour les faire sortir d’Egypte, car d’Egypte on ne sortait pas, et c’était bien en vue d’accomplir les promesses faites aux Patriarches : ce qui revient 100 fois dans les versets de donner à la descendance d’Abraham, de Isaac et de Jacob, dans son identification précise et rigoureuse, (Abraham mais pas Lot, Isaac mais pas Ismaël, Jacob mais pas Esaü...) la terre promise aux Patriarches.  

 

Il faut retrouver cette étonnement devant cet événement massif et la familiarité que l’on en a nous fait oublier le problème : la génération qui précisément est sortie d’Egypte pour cela, ne veut pas entrer en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל!!!   

Il y a donc un problème intérieur qui est la clef du problème extérieur qui reste incompréhensible si on ne l’étudie pas au niveau requis. Qu’y a t-il sur cette terre pour que l’humanité entière la réclame contre toute évidence ?   

Lorsque les Chrétiens affirment que c’est la terre où s’est révélé leur messie, c’est une explication seconde, à postériori. Cela déplace le problème un peu plus haut : et pourquoi c’est là précisément que cela s’est passé ?  

L’islam dit 2 choses au sujet de la terre : la descendance d’Ismaël, l’origine ethnique, c’est l’héritage d’Abraham notre père mais le Coran fait d’Ismaël l’héritier et non Israël. Et Mahomet a eu le rêve de son envol sur une jument ailée depuis la montagne du temple, donc cela appartient à l’islam…  

 

Début de verset de la Sidra :  

13:1-2

וַיְדַבֵּר יְהוָה, אֶל-מֹשֶׁה לֵּאמֹר

Dieu s’adressa à Moïse en disant

 

שְׁלַח-לְךָ אֲנָשִׁים וְיָתֻרוּ אֶת-אֶרֶץ כְּנַעַן אֲשֶׁר-אֲנִי נֹתֵן, לִבְנֵי יִשְׂרָאֵל: אִישׁ אֶחָד אִישׁ אֶחָד לְמַטֵּה אֲבֹתָיו, תִּשְׁלָחוּ--כֹּל, נָשִׂיא בָהֶם

Envoie toi-même des hommes pour explorer le pays de Canaan, que je destine aux enfants d'Israël; un homme, un homme par tribu paternelle vous enverrez, chacun prince parmi eux.

 

Il y a intérêt à lire le texte précédent où nous voyons une mise en doute des promesses préalables et on enchaine sur la mise en doute de la promesse centrale qui est celle la terre.  

 « Envoie pour toi des  אֲנָשִׁים»  

Lorsque la תּוֹרָה emploie ce terme אֲנָשִׁים pluriel de « אִישׁ » celui-ci ne veut pas dire simplement homme dans son sens usuel, mais homme de valeur, de grande personnalité...  

Question : pourquoi לְךָ ?

Le midrash explique ce «   לְךָ» : pour toi, pour ton bien.

 

Ici l’explication du Midrash est très différente : cela signifie « envoie si tu veux »  si tu le juges nécessaire, et si tu envoies, c’est toi qui envoies, engageant ta responsabilité...  

Des אֲנָשִׁים: gens de valeurs, en qui tu auras confiance, et c’est toi qui les choisira.

Dieu va ensuite aider en inspirant Moïse à choisir ces chefs des tribus.  

 

וְיָתֻרוּ אֶת-אֶרֶץ  qu’il visitent le pays (dans le sens d’en faire un rapport au peuple) . On traduit habituellement « qu’ils explorent » mais le terme n’est pas celui d’explorer dans le sens d’espionner mais plutôt dans celui du tourisme.  

Quel est l’enjeu ?

C’est que c’est la promesse d’une terre qui vaut la peine d’y habiter הַטוֹבָה אֶרֶץ et qu’ils rapportent un témoignage d’exploration au peuple que la terre est bien conforme à la promesse : la terre où coule le lait et le miel.  

 

Cela nous fait comprendre pourquoi le Midrash dit « שְׁלַח-לְךָ ». C’est que Dieu ne juge pas cela nécessaire mais Moïse a ses raisons pour le demander et le décide.  

D’où la question : Pourquoi est-ce devenu nécessaire ?

Est-ce qu’il n’allait pas de soi, s’agissant de l’accomplissement d’une promesse, d’aller jusqu’au bout ? Est-ce qu’il n’y a pas là, encore une fois, un doute grave dans la foi ? S’agit-il encore d’une épreuve de la sincérité et de l’authenticité de la foi ?  

 

« , אֲשֶׁר-אֲנִי נֹתֵן, לִבְנֵי יִשְׂרָאֵל Que je donne aux enfants d’Israël »  

Il faut expliquer pourquoi il s’agit d’Erets Kenaan

Que je donne aux enfants d’Israël... l’implication c’est « pas au עֵרֶב רַב ».

Ce sont les בְּנֵי יִשְׂרָאֵל qui sont concernés par la terre et s’il y a doute c’est que ce doute vient d’ailleurs. Après, nous verrons que lorsqu’il y aura cette catastrophe et que les explorateurs reviendront eux-mêmes paniqués de ce qu’ils ont vu, alors c’est le terme de הַעַם, le peuple qui va de nouveau être employé par le texte.

 

On est habitué à l’idée que Israël envoie des explorateurs dans la גּוֹלַה, alors imaginez que les communautés de la גּוֹלַה envoient des explorateurs en Israël pour faire un rapport à leurs communautés : cette terre est-elle bonne, est-elle celle de la promesse ? Imaginez le résultat !  

אִישׁ אֶחָד אִישׁ אֶחָד לְמַטֵּה אֲבֹתָיו, תִּשְׁלָחוּ--כֹּל, נָשִׂיא בָהֶם

 Un par tribu, vous enverrez vous choisirez des princes parmi eux   

 

Analyse de l’expression וְיָתֻרוּ אֶת-אֶרֶץ כְּנַעַן.

 

15:1

וַיְדַבֵּר יְהוָה, אֶל-מֹשֶׁה לֵּאמֹר

 

15:2

דַּבֵּר אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, וְאָמַרְתָּ אֲלֵהֶם: כִּי תָבֹאוּ, אֶל-אֶרֶץ מוֹשְׁבֹתֵיכֶם, אֲשֶׁר אֲנִי, נֹתֵן לָכֶם

Parle aux enfants d'Israël et dis-leur: Quand vous serez arrivés dans le pays de vos habitations que je vous donne.  

וַיְדַבֵּר יְהוָה, אֶל-מֹשֶׁה לֵּאמֹר

Après toute cette histoire, la génération va être condamnée car elle a suivi le rapport des explorateurs et il est annoncé que cette génération restera dans le désert et que leurs enfants entreront dans le pays de Kenaan.  

 דַּבֵּר אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, וְאָמַרְתָּ אֲלֵהֶם: כִּי תָבֹאוּ, אֶל-אֶרֶץ מוֹשְׁבֹתֵיכֶם, אֲשֶׁר אֲנִי, נֹתֵן לָכֶם  

« Et Dieu dit à Moïse, parle aux enfants d’Israël... »  

Je crois que c’est important que dans ces textes il s’agit toujours de בְּנֵי יִשְׂרָאֵל: si les אֲבוֹת ont reçu une promesse qui ne peut pas être réalisée : elle sera réalisée par les enfants.  

וְאָמַרְתָּ אֲלֵהֶם Tu diras à leur sujet,

כִּי תָבֹאוּ, אֶל-אֶרֶץ מוֹשְׁבֹתֵיכֶם  lorsque vous viendrez aux pays de vos habitations (מוֹשְׁבֹתֵיכֶם  => le pays de votre ishouv, le pays où enfin vous serez installés)  

 

L’origine du concept est dans Parashat וַיֵּשֶׁב  37.1:

וַיֵּשֶׁב יַעֲקֹב, בְּאֶרֶץ מְגוּרֵי אָבִיו--בְּאֶרֶץ, כְּנָעַן

et Jacob s’installa comme chez lui dans le pays où ses pères avaient voyagé comme étrangers.  

Ce pays est appelé ici « le pays que je vous donne ».

Commence toute une série de prescriptions de rites dans le culte du temple.

 

Voilà ce que dit le Midrash sur le chapitre 15 :  

Lorsque vous arriverez dans le pays de votre habitation (résidence au sens de s’installer de façon définitive)  

L’expérience d’Israël après 2000 ans d’exil est énorme. Le fait d’arriver dans le pays a quelque chose de mystérieux.

 

Midrash :

Rabbi Zakaï a dit : voilà ce qu’Israël dit (pourrait dire) devant Dieu :

« Ribono Shel Olam, dans tout endroit de la תּוֹרָה, Tu appelles ce pays Erets Kenaan, et ici le pays de votre résidence ? »  

La תּוֹרָה appelle ce pays Erets Kenaan. Par conséquent, le problème d’Israël à qui Dieu à travers cette תּוֹרָה donne cette terre Erets Kenaan. D’où ce qui semble justifier la contestation des nations et la perplexité d’Israël lui-même vis-à-vis de leur terre de Kenaan ? Mais dans ce verset enfin tu nous dis « le pays dans lequel vous allez vous installez »... vous êtes chez vous ???

 

Dieu leur a répondu : « Par votre vie, je l’ai donné à Abraham ».  

Je rappelle une analyse importante : en hébreu, chaque fois que le peuple parle de cette promesse que Dieu a faite de cette terre, il n’emploie jamais le mot de promesse mais le mot de donner. Ce n’est pas c’est « la terre promise » c’est « la terre donnée ». Ce terme de « terre promise » est indexé à toute une interprétation théologique de nature chrétienne dans laquelle la terre est seulement promise. Mais la terre est déjà donnée ! Pour l’obtenir il faut le mériter, s’y installer...

Si je parle de terre promise, il y a toute une série d’implications : Dieu vous l’a promise pourquoi la prendre ? Attendez qu’Il vous la donne...etc.  

 

Une belle traduction d’André Chouraqui : « la terre de promission ».  

Dieu leur a dit : « par votre vie ! Je l’ai donné à Abraham et à Isaac et Jacob, et tous les trois nous le savons du texte. Dieu répond donc : prend mon texte et tu verras écrit dans Mon texte.

« Et c’est le fils qui hérite du père ».

C’est pourquoi ici je vous dis qu’elle s’appelle « אֶרֶץ מוֹשְׁבֹתֵיכֶם ».  

[Je crois qu’il est important de lire ce Midrash à la lettre. Ce don de la terre aux Pères, n’est réalisé que lorsque les enfants en héritent. Cela signifie qu’elle devient la terre où ils vivent. Si les enfants d’Israël revenus de leur exil sont vraiment chez eux dans la terre donnée à leur père, alors à postériori cela confirme que la terre a été donnée. Sinon elle s’appelle encore Erets Kenaan.]

 

« Et pourquoi Kenaan a mérité que cette terre soit appelée de son nom ? »  

Il y a là une réponse inouïe du midrash.  

« Parce que lorsque Kenaan a entendu qu’Israël arrivait, il a fait place nette ! »

« Alors dit HQBH : tu as ouvert la porte ? La terre sera appelée de ton nom. »  

 

Ce Midrash est extraordinaire ! Il y a un privilège de nomination à ceux qui ont été les gardiens de la terre, bien qu’étant les occupants concurrents, pendant qu’Israël n’y était pas.

On ne peut trouver ce Midrash que chez les rabbins juifs (sans pléonasme).  

Ce que dit le Midrash c’est que la תּוֹרָה a donné cet honneur à Kenaan tant qu’elle n’était pas « אֶרֶץ מוֹשְׁבֹתֵיכֶם ». Tant qu’Israël n’y est pas, elle s’appellera Erets Kenaan. C’est la récompense du fait d’avoir gardé la terre tant qu’Israël n’y était pas.  

 

Le maire de Nataniya de l’époque s’appelait Benamou.

Il avait invité des Sheikhs arabes avec qui il négociait du temps de sa jeunesse l’achat des terrains de toute cette bande côtière qu’on appelle Erets Pelishtim, depuis l’Egypte jusqu’à Naariah là-haut. Tout cela était du sable et c’est lui qui était chargé par l’Etat d’Israël d’acheter ces terrains-là. Il évoquait cela avec ses amis arabes, leur demandant pourquoi ces négociations pour une terre que vous savez à nous ? « Il faut payer les années de gardiennage tant que vous n’étiez pas là... »    

 

Dans le Zohar un texte dit que la descendance d’Abraham par Ismaël est la seule de tous les peuples de la terre qui a le pouvoir d’occuper cette terre tant qu’Israël n’est pas là.  

C’est ce que confirme cette anecdote.  

 

Cette terre c’est אֶרֶץ מוֹשְׁבֹתֵיכֶם. Ce terme est une sorte de qualification pour אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל très précise qui renvoie à l’histoire d’Israël en גָלוּת  pendant toute l’histoire du monde mais qui a une terre qui est nommée par le nom de Kenaan tant qu’Israël n’est pas là, honneur donnée à Kenaan, à condition que Kenaan au moment où Israël revient, ouvre la porte. Ce qui n’a pas tellement été le cas. 

C’est un cas unique qu’un peuple revienne sur sa terre et la rachète !

 

Imaginez les Européens arrivant en Amérique et achetant l’Amérique aux Indiens ? 

Ils se sont débrouillés autrement.

Vous me direz que les Européens ne sont pas originaires d’Amérique du Nord ?

Qui le sait ?  

Aucun peuple au monde ne peut dire avec certitude d’où il est. Il peut simplement indiquer la terre qu’il a conquise en arrivant. Mais personne ne sait d’où il vient.

C’est un verset très clair des prophètes : « on rachètera le champ avec de l’argent »  

 

La fin du Midrash est très importante :

Alors dit HKBH : puisque tu as ouvert la porte, la terre sera appelée de ton nom. …Et Je te donnerai une belle terre comme ta terre ».

Dieu parle à Kenaan : puisque tu as achevé ta mission de gardiennage d’une terre que tu as occupé aussi par la force...

Et Je te donnerai une belle terre comme ta terre.  

Et laquelle ? L’Afrique !  

Le commentaire dit : on peut supposer que l’intention du Midrash, c’est Akarta c’est à dire Tunis.  

Dans ce pays il y avait les comptoirs phéniciens et ce sont eux qui ont conquis ce pays qu’on appelle aujourd’hui la Tunisie.  

 

Verset « Tes ennemis arriveront contre toi par un chemin et repartiront par 7 chemins »

Et effectivement ils sont partis dans 7 pays arabes différents... il y a là une coïncidence

Avant la lecture du Zohar : Piroush ha soulam sur Parashah וַיֵּרָא.

 

J’en viens au Midrash Rabba du début de בְּרֵאשִׁית :

Rabbi Yoshuah au nom de Rabbi Lévi : פָּתַח …

Chaque fois qu’un Midrash emploie l’expression פָּתַח  cela signifie que l’on va donner une préface à un enseignement. Peti’hah préface.  

 

Dans le Midrash, il y a 2 méthodes soit פָּתַח , il a ouvert le verset pour voir ce qu’il y a dedans. Soit פָּתַח, il a expliqué le verset pour dire plus que ce que le verset dit :  

 

Il explique donc un verset des Psaumes :

כֹּחַ מַעֲשָׂיו הִגִּיד לְעַמּוֹ לָתֵת לָהֶם נַחֲלַת גּוֹיִם

« La force de  Ses actes il l’explique à Son peuple, pour leur donner l’héritage des Nations. »

(C’est un des midrashim sur lesquels Rashi s’est basé pour sa première explication de la תּוֹרָה) 

 

Midrash : Pour quelle raison Dieu a-t’il révélé à Israël ce qui a été créé les premiers jours et ce qui a été le 2ème jour ?  

Cela veut dire tout ce récit historique qui va depuis la création jusqu’à la sortie d’Egypte et après seulement viennent les מִצוֹת. Rashi a posé sa question à sa manière.  

 

La réponse est : « à cause des idolâtres. » Pourquoi à cause des idolâtres ?

Pour qu’ils ne contestent pas Israël en leur disant :

 « N’est-ce pas que vous êtes une nation de voleurs, pillards ? » Alors Israël leur répondront en leur disant : « et vous, n’est-ce pas que c’est une rapine que vous avez entre les mains ? N’est-il pas écrit dans דְּבָרִים chapitre 20 verset 23 « Les Crétois (Caftorim) sortis de Crête (civilisation de l’antiquité très forte) ont détruit le peuple habitant ce pays (la terre des Hébreux) et se sont installés à leur place ».  

 

L’argument contre ceux qui traiteront Israël de pillards et voleurs de terre sera celui-ci.  

« Mais le monde et tout ce qu’il renferme appartient à HQBH, qui l’a créé lorsqu’Il l’a voulu Il vous l’a donné et lorsqu’Il l’a voulu Il l’a pris de vous. Et c’est ce qui est écrit : « pour pourvoir fonder en légitimité la terre que les גּוֹיִם  réclament comme leur héritage (נַחֲלַת גּוֹיִם) pour pouvoir leur donner»  

C’est un des versets qui nous renvoie au thème général de cette étude : pourquoi les גּוֹיִם réclament-ils cette terre ?  

 

 « C’est pourquoi Il a raconté à Son peuple la force de Ses actes. »   

La raison pour laquelle la תּוֹרָה est précédée par le récit de l’histoire depuis la création jusqu’à la sortie d’Egypte, c’est pour pouvoir légitimer l’entrée des Hébreux sortant d’Egypte en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל. Parce que la תּוֹרָה dit elle-même, le Midrash il-y-a 2000 ans, la תּוֹרָה 4000 ans, dit qu’au moment où Israël voudra entrer sur sa terre au moment où Israël sortant d’exil voudra rentrer dans אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל, il y aura une contestation générale : « Peuple de pillards »...etc.

 

Rashi se base sur Midrash pour dire que c’est la raison pour laquelle la תּוֹרָה ne commence pas par la 1ère des מִצוֹת donnée à la sortie d’Egypte. Pour cela, il était nécessaire de raconter toute l’histoire depuis le commencement du monde. 

Il était donc nécessaire d’éclairer qui sont Moïse, Aaron et ce qu’ils font en Egypte...etc. c’est-à-dire à postériori raconter toute l’histoire depuis le commencement de l’histoire du monde....

Donc cette préface était nécessaire.  

 

Autres commentateurs :

Il était nécessaire pour que les גּוֹיִם qui croient en l’autorité de la תּוֹרָה sachent comment Dieu donne une terre à qui Il la donne. C’est écrit dans la תּוֹרָה que cette terre concerne les descendants des Patriarches. Et tout le monde le sait.

La contestation des גּוֹיִם portent non sur le fait qu’Israël ait pris cette terre mais sur le fait qu’il l’ait prise par la force. Alors qu’il aurait dû la prendre comme un héritage, נַחֲלַת גּוֹיִם, c’est l’expression du Midrash « נַחֲלַת גּוֹיִם » i.e. la terre que les גּוֹיִם considèrent comme un héritage.

 

Cette espèce d’invraisemblance du monde entier refusant la terre à Israël alors que tous savent que c‘est la terre d’Israël, et quelque que soit les explications secondes et partielles qui sont données, le fond du problème reste.  

L’argument est : « Si la terre est promise par Dieu à Israël. Israël devrait attendre que Dieu la lui donne, mais vous l’avez prise par la force ! »  

L’expression de Rashi est : « Vous êtes des brigands car vous l’avez conquise par la force ».  

Le raisonnement évacue l’invraisemblance première : Pourquoi avoir besoin de passer par le récit de la création du monde alors qu’il suffisait de citer les multiples versets de cette même תּוֹרָה où il est fait mention du don de la terre par Dieu aux descendants de Jacob, fils d’Isaac, fils d’Abraham ?  

 

Il semble que dans la réponse Israël ne cite pas le verset qu’il faut !?

Si déjà, il s’agit des גּוֹיִם sensibles aux arguments de la Bible, alors cite des versets qui sont des arguments valables mais ne cite pas un enseignement théologique : toute la terre appartient à Dieu et Il l’a donne à qui Il veut....  

C’est qu’en réalité la contestation des גּוֹיִם n’est pas tellement que la terre ait été promise à Israël mais porte sur la manière dont Israël doit la recevoir. 

« Si Dieu vous l’a promise et bien attendez qu’Il vous la donne sur un plateau d’argent ! » le plateau du Golan…   

C’est exactement la conception théologique des גּוֹיִם. Ce que Dieu promet, Il le donne par grâce pour les גּוֹיִם alors que dans la תּוֹרָה, Dieu donne à qui le mérite. L’argumentation des גּוֹיִם on l’entend aujourd’hui.  

Il y a un verset que je vais vous citer de mémoire :

Dans ce récit de la création il y a un verset dans lequel Dieu promet la terre à הָרִאשׁוֹן אָדָם :

« וַיְבָרֶךְ אֹתָם, אֱלֹהִים, וַיֹּאמֶר לָהֶם אֱלֹהִים פְּרוּ וּרְבוּ וּמִלְאוּ אֶת-הָאָרֶץ, וְכִבְשֻׁהָ... emplissez la terre et conquérez-là. »

Voilà ce qui est dit au 1er homme.  

 

Rashi a utilisé intentionnellement dans l’argumentation des גּוֹיִם, le même terme qu’emploie la תּוֹרָה pour dire comment Dieu donne la terre à qui Il la donne.  

Rashi avait dit : לִסְטִים אַתֶּם, vous êtes des brigands car vous avez conquis par la force la terre des 7 peuples.  

 

La question de Rashi est : pourquoi citer le verset de la création du monde, alors qu’il y a tant de verset de la promesse concernant la terre ?

Si déjà ces גּוֹיִם sont sensibles à l’argument tiré de la bible, il faut leur donner un verset plus adéquat et sans équivoque ni ambigüité.

Mais il faut citer tout ce que Dieu a créé pour comprendre que toute la terre Lui appartient et Qu’Il la donne à celui qui le mérite.  

Nous trouvons le verset où Dieu donne la terre à l’homme en général et dans ce verset est employé le même mot que celui de la contestation des גּוֹיִם. « Emplissez la terre et conquerrez-là ! »

Prend-là de force ! Voilà comment Dieu donne la terre à l’homme à qui il la donne. La terre est à toi, conquiers-là !  

Les גּוֹיִם font cette erreur théologique qui ne comprend pas comment Dieu donne la terre à qui il la promet.  C’est l’homme qui a pris ce que Dieu devait lui donner.  

Les sionistes laïques de la conférence de la semaine dernière disaient : on ne peut plus attendre que Dieu donne il faut prendre : le Rav Kook a dit Casher ! C’est cela qu’il faut faire !  

 

Après la guerre des 6 jours, un journaliste scandinave a demandé à Moshe Dayan : vous ne croyez pas que Dieu vous a un peu aidé ?  Réponse de Moshe Dayan : vous n’avez rien compris c’est nous qui l’avons un peu aidé !  

Rav Aviner : il y a dans le שְׁמַע קרִיאָת « et il arrivera si tu accomplis Mes commandements que Je donnerai ta récolte en son temps... »

 

-Un juif pieux est allé dans son champ, s’est assis sur un tabouret et s’est mis à attendre…

- Passa un autre juif pieux  qui lui a demandé : que fais-tu ?

- J’attends la récolte ! C’est écrit Si vous pratiquez Mes commandements je donnerais vos récoltes en son temps... J’ai pratiqué les commandements j’attends la récolte

- Et si tu prenais une pelle un pioche, des semailles etc... ?

- Non, c’est Dieu qui doit me la donner la récolte !  

 

Dieu donne la terre en disant cette terre elle est à toi et Israël attend au lieu de la prendre....  

 

Q : ……

R : en réalité c’est Tera’h qui a pris l’initiative d’après le verset dans le chapitre 11 et Dieu se révèle à Abraham pour lui dire que c’est bien cela qu’il fallait faire.]

C’est la même idée avec cette controverse de l’idéologie entre ceux qui croient et ceux qui ne croient pas. Idem avec le verset : Je vous donnerais la pluie en son temps : lorsque la pluie tombe c’est Dieu qui la donne. Pareil pour la terre, pendant 2000 ans on ne pouvait pas, alors il est clair que c’est Dieu qui la donne.  

Je précise maintenant ce que j’entends par une argumentation passionnelle et que les logiciens appellent la logique affective, la logique des avocats.  

La logique des savants c’est de raisonner pour arriver à une conclusion que l’on n’en connaissait pas. Il y a les prémisses des raisonnements et la conclusion qui fait apparaitre la vérité. La logique affective c’est que l’on connait à l’avance ce que l’on veut démontrer. Par conséquent, on ne peut pas raisonner avec des avocats. (C’est un métier honorable mais il faut se méfier de la logique affective).  

 

Rav Harlap : Il y a ceux qui croient aux miracles mais qui ne voit pas l’arrivée du miracle.

Il y a ceux pour qui le miracle est arrivé mais qui ne voient pas que c’est un miracle.  

Talmud :

« Celui à qui arrive un miracle est incapable de voir que le miracle est arrivé ».  

Heureusement qu’il y a des גּוֹיִם pour nous expliquer que c’est un miracle.  

 

Dans le verset de בְּרֵאשִׁית « remplissez la terre et conquérez-là » l’ordre est anormal : il aurait dû évoquer la conquête de la terre avant son remplissage. L’ordre est anormal.  

C’est aussi comme cela qu’à la sortie d’Egypte cela s’est passé avec Josué. Les Hébreux se sont débrouillés pour entrer dans le pays et après sont survenues les guerres.  

De notre temps c’est la même chose. Toutes les guerres d’Israël sont partie du centre vers la périphérie. Alors que les guerres de conquêtes cela va de la périphérie au centre.  

Un éclairage est donné par le Midrash dès le début du commentaire de la תּוֹרָה, c’est ce qui en fait le caractère très impressionnant : pour dire  pourquoi la תּוֹרָה a-t-elle une préface historique au lieu de commencer par les מִצוֹת ?  

Réponse du Midrash : Parce que lorsque les enfants d’Israël sortiront d’exil, on leur contestera la terre. Et donc il fallait raconter l’histoire...  

 

Na’hmanide sur ce commentaire de Rashi sur ce Midrash :

Ramban reprend le verset : כֹּחַ מַעֲשָׂיו הִגִּיד לְעַמּוֹ לָתֵת לָהֶם נַחֲלַת גּוֹיִם

Il faut comprendre ce « לְעַמּוֹ » : Ne croyez pas que c’est écrit pour convaincre les גּוֹיִם, car même écrit dans la bible, ils ne seront pas convaincus. C’est qu’il faut convaincre les Juifs eux-mêmes !  

Nous sommes devant un problème où ni le recours au texte, ni l’érudition scripturaire, ni le raisonnement, ni l’idéologie théologique ou non, ne sont capables à donner une réponse à ce problème.

 

Il y a une option d’attitude à l’avance, cela nous renvoie à notre problème de logique affective.

Si c’était la génération de la sortie d’Egypte qui était entrée en Israël il n’y aurait pas eu besoin d’explorateurs. Le seul fait d’avoir besoin d’explorateurs, c’est déjà toute la catastrophe.  

 

Rashi sur le 1er verset de la Parashah :

כֻּלָּם אֲנָשִׁים

כָּל אֲנָשִׁים שֶׁבַּמִּקְרָא לְשׁוֹן חֲשִׁיבוּת, וְאוֹתָהּ שָׁעָה כְּשֵׁרִים הָיו

Tous des hommes (אֲנָשִׁים) : Toutes les fois que le texte emploie le mot אֲנָשִׁים (« hommes »), c’est pour souligner la considération dont ils sont l’objet. Et à ce moment-là, ils étaient irréprochables. Chacun d’entre eux étaient homme de distinction.  

Chaque fois que [le mot] אִנָשִׁים   [est utilisé] dans l’Ecriture, cela dénote l’importance. A cette époque, ils étaient כְּשֵׁרִים -vertueux. [Mid. Tanhouma 4]  

 

La question à laquelle répond Rashi :

Comment le texte les appellent-ils אֲנָשִׁים alors que l’on sait qu’ils vont être traitres à la promesse divine ?

Rashi explique : אֲנָשִׁים = gens important, des princes ; et à ce moment-là ils avaient tous du mérite, ils étaient tous cashers. Arrivés dans le pays ils sont devenus רֶשָעִים.

Ils ont vu ce pays et ont vu : « c’est un pays qui mange ses habitants. » Normalement ce sont les habitants qui mangent le pays ! Nous avons vu les gens qui habitent dans ce pays, ce sont des géants...

Il y a la reconnaissance : le pays où coulent le lait et le miel.

 

Beaucoup de touristes sont impressionnés de la beauté des fruits.  

Mais, mais...

 Il y a 2 manières de dire la vérité : une manière qui mène à la vie et une manière qui mène à la mort.  

Il y a là une espèce de tri qui s’effectue. C’est un grand privilège pour ceux qui arrivent après les pionniers en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל. Mais se reposent le même problème : c’est vrai ce que la תּוֹרָה dit de la terre, mais les deux à la fois... C’est une question d’attitude et de disposition. A la racine même ils avaient un problème.

 

Résumé :

Sont sortie d’Egypte les enfants d’Israël concernés par ce pays car la promesse a été faite à leur ancêtres. Sont sortis aussi le עֵרֶב רַב concernés par la תּוֹרָה mais pas par la terre d’Israël car ils n’étaient pas les enfants d’Israël. « עֵרֶב רַב » cela veut dire dans ce contexte : ceux qui ont accepté la תּוֹרָה mais pas אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל ! Je ne sais pas si leur origine est hébreux ou non-hébreux, mais c’est un problème de situation existentielle.  

C’est comme pour la faute du veau d’or : l’initiative vient du עֵרֶב רַב nommé « הַעַם » le peuple et Israël suit et se laisse influencer.  

 

Midrashim très profond : le שָּׂטָן a intérêt à ce qu’Israël ne rentre pas en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל car tant qu’Israël n’est pas sur sa terre la שְׁכִינָה n’est pas à son endroit céleste et terrestre et cela profite au שָּׂטָן. Le שָּׂטָן se déguise en חֲכָמִים תַּלְמִידֵי pour expliquer au nom de la תּוֹרָה pourquoi il ne faut pas y entrer...  

 

On est arrivé à la situation inimaginable des belles Drashot condamnant la faute des מְרַגְּלִים dans des synagogues ultra-orthodoxe anti-israélienne en terre de גּוֹיִם ! Ils ne se rendent pas compte de la contradiction délirante dans laquelle ils se trouvent !!!  

Comment les Gdolei Israël en arrivent-ils à dire le contraire de ce qu’il faut au nom de la תּוֹרָה ?

La force du שָּׂטָן c’est de rendre réel ce qui aurait pu rester une simple calomnie.  

Il y a des gens qui ont intérêt à ne pas venir en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל. Ils inventent des justifications pour protéger leurs intérêts.  

La force du שָּׂטָן est de rendre réelle les suspicions : «  שָּׂטָן מַעֲשֵׂה ».  

Quand Abraham a entendu l’ordre du sacrifice d’Isaac, le שָּׂטָן déguisé en חֲכָמִים תַּלְמִידֵי lui a fait croire à une intrigue du שָּׂטָן sous la forme de la voix divine...  

 

Il y a 7 fonctions du שָּׂטָן:

 

=> L’une d’entre elle est de mettre à l’épreuve le צַדִּיק parce que dit le Midrash : on ne met à l’épreuve qu’un métal précieux : on le passe au creuset pour en extirper les scories...

 

=> Une autre fonction du שָּׂטָן est de supprimer les צַדִּיקִים car c’est sa fonction que les צַדִּיקִים échouent : faire échouer en les tentant. Les faire fauter.   

 

D’après notre sujet, il est clair que le שָּׂטָן a intérêt à ce qu’Israël ne revienne pas sur sa terre. Sinon la שְׁכִינָה revient et le שָּׂטָן a intérêt à ce qu’elle soit en exil. « Quand Israël est en exil, la שְׁכִינָה est en exil », pour protéger Israël en exil. Sa stratégie c’est d’employer les armes qu’il peut : parler et dire au nom de la תּוֹרָה ...  

Il y a un Midrash beaucoup plus grave que cela :

« Il arrivera un temps où le שָּׂטָן s’habillera de Talet et de Tefilin, s’assiéra à la place du Rosh Yeshivah, et empêchera Israël de revenir d’exil ».  

Dans le contexte de la génération de la sortie d’Egypte, les Gdolei Israël étaient eux ceux qui se sont révoltés contre Moïse lorsqu’il leur a dit : le temps est arrivé pour accomplir la dernière étape de la promesse.  

Comprenez bien qu’à ce niveau là il n’y a aucun dialogue possible. Je crois seulement qu’il faut faire confiance dans la santé psychique des Juifs. Cette position tellement anormale et tellement contradictoire ne peut pas survivre longtemps.  

 

A partir du moment où Israël est en exil, la שְׁכִינָה est aussi en exil, et alors le monde n’est plus sous la souveraineté de la שְׁכִינָה, mais sous celui de la Sitra אַחֲרֵי. C’est la הָדִין מִּדָת lorsqu’elle est coupée de la sainteté.

 

 

 

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