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EPIDÉMIE : ENTRE IMMANENCE ET TRANSCENDANCE

par Olivier Cohen, le 21/06/20

 

Epidémie : Entre Immanence et Transcendance

 

Est-ce que l’événement que nous venons de traverser collectivement est un événement de l’ordre de la transcendance ?

 

On a l’habitude de dire, en simplifiant beaucoup les choses, que la transcendance c’est ce qui échappe au domaine des hommes, qui est extérieur à la cité, alors que l’immanence est plutôt à l’intérieur. On parle également souvent de ces notions en termes géométriques. Ce qui est transcendant est de l’ordre de la verticalité alors que ce qui est immanent est horizontal.

 

Manitou insérait ces concepts dans un cours qu’il avait l’habitude de donner dans une introduction à la cabale et qui avait pour titre « le cercle et la droite ».

 

Le cercle représente le déterminisme des lois de la nature avec un cycle qui se répète de façon rigoureusement identique et inexorable. La nature est enfermée dans sa propre condition de laquelle elle ne peut s’échapper, à l’image de ce cercle qui tourne sur lui-même pour arriver là où il était parti au départ, alors que la droite représente l’objectif que se fixe l’homme pour parvenir à se réaliser, et qui à chaque fois qu’il pense pouvoir l’atteindre, s’éloigne à l’infini à l’image de cette droite qui ne finit jamais et dont on aimerait parvenir à arrêter la course mais en vain. Et l’homme révèle ainsi sa finitude face à l’infini de cette droite.

 

Ce n’est pas le néant qui a précédé l’être expliquait Manitou, c’est l’être qui a précédé le néant, puis il y a eu une néantisation d’un point d’être pour faire exister le vide c’est à dire la place du monde dans l’être. Autrement dit le monde vient du néant mais l’être a précédé le néant et a fait exister le vide à l’intérieur de l’être par un acte de retrait qu’on appelle dans notre tradition le « TsimTsoum ». Le « Tsim Tsoum », c’est cet acte de retrait, de rétractation, d’évidement du créateur pour laisser place à une forme sphérique vide au départ, et qui représentera la place du monde dans l’être. Pour que cette place soit vide il faut que la lumière qui y était présente originellement ait été rejetée de ce vide. Mais cette lumière qui a été évacuée va avoir tendance à vouloir revenir avec force et impétuosité, c’est la tendance de l’absolu à vouloir revenir de là où il a été retiré avec force. Pour éviter que cette lumière ne revienne de là d’où elle a été expulsée, pour préserver cette place du monde, il faut faire jouer une force, inouïe, surpuissante. Cette force préserve, protège, maintient la place du monde dans l’être car si elle ne jouait pas la place du monde serait détruite, avalée par l’être absolu.

 

Cette force qui protège la place du monde et dont on dit, chose dangereuse pour notre avenir, que l’intensité dépend de la conduite morale de l’homme, s’appelle en hébreu la « Gvoura », c’est la vaillance. Mais qu’est ce que cela signifie la vaillance lorsqu’on parle du créateur ? Est-ce que le créateur pourrait ne pas être fort, ne pas être vaillant ? Cette vaillance, c’est en réalité être plus fort que soi-même, c’est être capable de maitriser son instinct. Cette force est phénoménale car si elle ne joue pas la place du monde est absorbée, avalée par la tendance naturelle de l’être à revenir d’où il a été retiré.

 

Cette force, c’est une limite, une limite entre le créateur et son monde, le monde qu’il a créé, la créature en train d’être engendrée. Et on voit apparaître les deux concepts qui nous permettent d’avancer dans une tentative d’approche des notions de transcendance et d’immanence : D’un côté le cercle, cette forme sphérique, qui a été vidée de l’être, qui représente le monde et qui va être insérée dans un conditionnement et un déterminisme duquel il ne peut pas échapper, mais qui est également la condition de la liberté de l’homme. Et de l’autre cette force, cette vaillance, cette limite, cette ligne droite infinie qui dit à sa divinité : « jusque là mais pas plus » et qui dit à son monde : « jusque là mais pas plus », afin précisément que la place du monde, le lieu de l’homme, puisse être créé et préservé.

 

Le cercle et la droite, entre immanence et transcendance.

 

Et l’homme, comme sorte de compromis, se situe entre les deux, à mi-chemin entre le cercle et la droite Par exemple son visage est un compromis un mélange entre droites et cercles.

 

L’objectif pour l’identité humaine est donc de briser le conditionnement naturel pour parvenir à se libérer du déterminisme et devenir une personne libre, un peuple libre. C’est précisément ce que nous avons vécu au moment de la sortie d’Egypte avec une libération à deux niveaux : Tout d’abord une libération vis-à-vis de la domination, de l’aliénation par rapport à la volonté de quelqu’un d’autre, d’un autre individu, c’est l’événement de la sortie d’Egypte à proprement parlé, puis dans un second temps, une libération par rapport à la domination et à l’aliénation que les lois de la nature ont tendance à avoir sur nous, avec l’événement du 7ème jour de la sortie d’Egypte et la déchirure de la mer rouge.

 

Tout cela pour nous amener à l’événement transcendant par excellence qui est l’événement de la révélation de la loi morale sur le mont Sinaï.

 

Autrement dit lorsqu’un homme, un peuple parvient à briser les lois de conditionnement naturel, à se libérer du déterminisme dans lequel il était inséré cela l’amène à un événement de transcendance, et ce lien toujours, le cercle et la droite, le déterminisme naturel dont il faut se libérer, entre immanence et transcendance. Lorsqu’il échoue, l’homme se résume à un être de « nature » et perd sa capacité à devenir une personne humaine, il reste soumis aux lois impersonnelles et déterminées de la nature.

 

Alors comment parvenir à caractériser un événement de l’ordre de la transcendance ?

 

Lorsqu’un événement de cet ordre intervient, il impacte chaque personne concernée par l’événement. Il suscite la stupeur, la stupéfaction, la mise en retrait, l’inclinaison. Au « tsim tsoum » du créateur, à sa rétractation pour permettre de créer l’autre et lui laisser une place pour exister, répond, lors d’un événement de transcendance, un acte symétrique de retrait, de rétractation d’évidement de l’homme et de la femme. Devant le dévoilement d’une transcendance, la créature se rétracte pour laisser la place à son créateur, elle se retire, fait place nette dans un mouvement naturel et instinctif d’inclinaison et d’évidemment, comme pour témoigner (enfin) d’un phénomène qui le dépasse infiniment.

 

D’autre part, un événement de transcendance ne se produit qu’une seule fois. Lorsqu’il se renouvelle il n’est plus de l’ordre de la transcendance mais appartient désormais à la cité des hommes et devient donc un événement de l’ordre de l’immanence. Une preuve : il y a des dizaines de Moise aujourd’hui, ils sont tous authentiques, ils révèlent la Torah qui a été révélée sur le mont Sinaï, mais personne ne les écoute ! Ils ne saisissent personnes ou presque. On a ici l’exemple d’un événement de l’ordre de la transcendance qui lorsqu’il se répète cesse d’être transcendant et devient immanent, Peut être reste t’il quelques éclats, quelques étincelles de la transcendance originelle, mais à partir du moment ou un événement c’est dévoilé, il appartient à la cité, et devient de l’ordre de l’immanence.

 

C’est probablement la raison pour laquelle on nous dit dans notre tradition que désormais la loi morale est accessible et c’est à nous de l’actualiser afin de pouvoir l’adapter à chaque période, la réactualiser pour pouvoir l’appliquer sur terre. Avec plusieurs réserves cependant, et c’est certainement pour préserver ces réserves que des pages du Talmud nous racontent que parfois il y a un silence en bas chez les sages qui sont chargés de mettre en application cette loi parce qu’il y a un silence en haut. Mais ces considérations dépassent un peu le cadre de notre réflexion.

 

Pour mettre en perspective ces considérations il peut alors être intéressant de se demander si l’événement que nous sommes en train de vivre collectivement, avec cette pandémie à l’échelle de la planète, est un événement de transcendance ?

 

D’un côté il apparait comme un événement de transcendance pure. C’est la première fois que la planète entière, ou presque, est confinée, retirée de son propre monde. La stupeur, le saisissement qu’a occasionné dans un premier temps cette pandémie a laissé la place, dans un second temps, à un mouvement de rétractation de l’humanité sans précédent dans l’histoire contemporaine, et ce mouvement peut témoigner assurément qu’un événement de l’ordre de la transcendance était à l’œuvre.

 

Et si c’est le cas alors on peut se demander si d’autres événements du même ordre ne sont pas à venir dans l’attente que l’humanité parvienne à une forme de « libération collective », pour avancer dans le programme de délivrance qui nous a été révélé par nos sages.

 

D’un autre côté, les soupçons de certains chercheurs, notamment américains, sur les origines du virus qui aurait été créé par inadvertance dans des laboratoires Chinois nous glacent et renvoient d’un coup cet événement à un événement de l’ordre de l’immanence. Pour progresser dans notre volonté déraisonnable d’éternité à titre individuel, l’humanité a risqué de mettre un terme à la possibilité d’une éternité de l’humanité à l’échelle collective. En plus de décrire une humanité qui se détruit elle-même, pour répondre à une volonté individuelle de toute puissance, elle fait passer un événement issu de la société des hommes, appartenant exclusivement à la cité des hommes, pour un événement de l’ordre de la transcendance, ce qui est l’une des définitions les plus traditionnelles de l’idolâtrie et du paganisme. Et à la verticalité envisagée au départ comme un chemin d’espérance, comme une ligne de progression et d’ascension, l’humanité, qui ne peut pas réussir à se dépasser elle-même, à se « transcender » elle-même, nous renvoie à une horizontalité à laquelle elle ne peut échapper.

 

« La culture contemporaine est une sorte de renonciation à l’identité humaine et un consentement à être un être de nature. » disait Manitou comme pour sous-entendre que la civilisation contemporaine avait échoué à se libérer des conditionnements naturels et du déterminisme.

 

Immanence et transcendance, entre chute vertigineuse et élévation spirituelle et morale.

Quelle que soit la nature de l’événement que l’humanité vient de traverser collectivement, il faudra savoir apprendre de cela pour nous permettre de reconnaître avec le plus de précisions possibles le prochain événement de l’ordre de la transcendance qui fera irruption dans notre monde afin d’essayer de le comprendre et d’en tirer les justes enseignements pour notre avenir, si nous voulons en avoir un à l’échelle de l’humanité.

 

Olivier Cohen

Depuis les enseignements de Manitou

 

 





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Annie Lemer

17 Juin 2020 à 22h54

Cette droite infinie n'est pas sans faire penser à l'essentielle תקווה espérance qui s'articule autour de קו ligne ( droite probablement) cette énergie positive qui dilate le cœur humain et s'affirme comme un défi devant l'horizon de tous les possibles...